Nord-Sud : cessons d attendre Godot - article ; n°1 ; vol.48, pg 149-161
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Politique étrangère - Année 1983 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 149-161
North-South : the narrowness of globality, by Albert Bressand
The prolongea deadlock on the launching of « global négociations » calls for a reassessment of the North-South dialogue problématique. Whereas it had briefly been promoted to the top of the international agenda in the wake of the first oil-crisis, the dialogue has now become marginalised. Symbolism has been allowed to obscur substance. Contradictions have developed between the call for « delinking » and spécifie demands for better intégration of the South into the world economy. The « group of 77 » as such has too often neglected the « hard » agenda of commercial and debt négociations. The time has corne to find a middle way between the long term goal of a new international économie order and the pressing issues of the day. Within a more decentralized framework, the concept of « économie security » can offer such a middle ground.
Trois années consacrées sans succès au lancement d'hypothétiques « négociations globales » invitent à un réexamen d'ensemble de l'état du « dialogue Nord-Sud ». Promu brièvement, à la suite du premier choc pétrolier, au rang d'élément central de toute réflexion sur l'économie mondiale, le « dialogue » est aujourd'hui devenu un aspect marginal et rituel de la vie internationale. Demandant dans un même souffle un développement autocentré et une meilleure intégration dans l'économie mondiale, le « groupe des 77 » n'a pas su faire entendre sa voix collective à propos de négociations plus concrètes. Le moment est donc venu de repenser le dialogue autour d'objectifs de moyen terme afin de préserver le processus de développement au cours de la phase « d'ajustement » que traverse l'économie mondiale. Le concept de « sécurité économique » peut offrir un nouveau fil directeur à un dialogue revitalisé et davantage décentralisé entre enceintes globales et régionales.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Albert Bressand
Nord-Sud : cessons d'attendre Godot
In: Politique étrangère N°1 - 1983 - 48e année pp. 149-161.
Abstract
North-South : the narrowness of globality, by Albert Bressand
The prolongea deadlock on the launching of « global négociations » calls for a reassessment of the North-South dialogue
problématique. Whereas it had briefly been promoted to the top of the international agenda in the wake of the first oil-crisis, the
dialogue has now become marginalised. Symbolism has been allowed to obscur substance. Contradictions have developed
between the call for « delinking » and spécifie demands for better intégration of the South into the world economy. The « group of
77 » as such has too often neglected the « hard » agenda of commercial and debt négociations. The time has corne to find a
middle way between the long term goal of a new international économie order and the pressing issues of the day. Within a more
decentralized framework, the concept of « économie security » can offer such a middle ground.
Résumé
Trois années consacrées sans succès au lancement d'hypothétiques « négociations globales » invitent à un réexamen
d'ensemble de l'état du « dialogue Nord-Sud ». Promu brièvement, à la suite du premier choc pétrolier, au rang d'élément central
de toute réflexion sur l'économie mondiale, le « dialogue » est aujourd'hui devenu un aspect marginal et rituel de la vie
internationale. Demandant dans un même souffle un développement autocentré et une meilleure intégration dans l'économie
mondiale, le « groupe des 77 » n'a pas su faire entendre sa voix collective à propos de négociations plus concrètes. Le moment
est donc venu de repenser le dialogue autour d'objectifs de moyen terme afin de préserver le processus de développement au
cours de la phase « d'ajustement » que traverse l'économie mondiale. Le concept de « sécurité économique » peut offrir un
nouveau fil directeur à un dialogue revitalisé et davantage décentralisé entre enceintes globales et régionales.
Citer ce document / Cite this document :
Bressand Albert. Nord-Sud : cessons d'attendre Godot. In: Politique étrangère N°1 - 1983 - 48e année pp. 149-161.
doi : 10.3406/polit.1983.3294
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1983_num_48_1_3294POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 149
NORD-SUD :
Albert BRESSAND CESSONS D'ATTENDRE
GODOT
Tel le canard auquel on a coupé le cou, le dialogue Nord-Sud
Continue sur sa lancée. Bien que tout progrès sérieux paraisse
exclu, la sixième CNUCED se tiendra à Belgrade au début
de l'été prochain. Quand bien même le travail préparatoire — souvent
de qualité — se révélerait convaincant, les Etats-Unis mettront un
point d'honneur à ne rien concéder dans une. enceinte qui, pour eux,
sent le soufre. Et bien d'autres qui dénonceront cet immobilisme
s'en accommoderont sans trop de mal. A Belgrade, comme à New York
et à Genève, sans conviction mais sans examen de conscience, le
critère de progressisme restera sans doute le soutien aux « négociations
globales ». Il n'y aura jamais que trois ans et demi que l'on frappe
les trois coups. Mais Godot ne viendra pas.
Pourtant, le Nord-Sud existe. On le rencontre dans les lieux les plus
inattendus : les banques occidentales ont transféré en dix ans plus de
capitaux vers le Tiers-Monde que les propositions de « plan Marshall »
les plus folles n'ont jamais osé l'envisager. Près de la moitié des
produits industrialisés importés aux Etats-Unis viennent du Sud
— domaine dans lequel la France généreuse érige l'autolimitation en
contribution au « développement autocentré ». Des millions de tra
vailleurs mexicains, turcs ou maghrébins donnent par leur présence,
leurs revendications ou leurs espérances une physionomie différente
à l'agriculture américaine, l'industrie allemande ou l'automobile fran
çaise.
Le vrai problème n'est donc pas tant « l'échec » du dialogue que le
divorce grandissant entre les soubresauts des relations réelles et
l'abstraction grandissante du discours sur le dialogue.
Il y a en effet deux manières d'envisager les négociations globales,
l'une normative et l'autre pragmatique. La première approche est de
loin la plus commode. Si l'on croit à l'importance du dialogue Nord-
Sud et à la nécessité d'un ordre mondial plus juste, il suffît de
réaffirmer son soutien aux objectifs à long terme que symbolise le
* Adjoint au directeur de l'IFRI. 150 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
nouvel ordre économique international (NOEI). Le lancement des
négociations globales apparaît alors comme le point de passage obligé
de cette vaste remise en ordre planétaire.
Malheureusement cette approche normative, intellectuellement si
confortable, est de plus en plus en contradiction avec l'évolution
des événements et les priorités qu'impose la crise économique inte
rnationale. Trois ans de « négociations sur les négociations » n'ont
produit que désaccords, amertume et ressentiment. Le dialogue, à
l'évidence, a perdu le contact avec la « grande politique », et ce
malgré la tenue à Cancun d'un sommet de chefs d'Etat. Il n'apparaît
également que trop clairement que, quand bien même ce laborieux
processus déboucherait sur l'ouverture de négociations, leur chance de
réussite et leur impact concret resteraient problématiques.
Pourtant le réexamen des fondements institutionnels et intellectuels
du dialogue, que ce bilan amère semble appeler, provoquerait l'hostilité
des « vrais croyants ». Aux yeux de ces derniers, peu importent en
effet dix années d'échecs répétés, dès lors que l'on reste dans la
lumière de la vraie foi. Devenues signe de ralliement plus qu'objectif
concret, les « négociations globales » survivent ainsi aux conditions
qui avaient justifié qu'on les propose à la communauté des nations.
Valeurs éternelles et contextes éphémères
La proposition algérienne de lancer les « négociations globales »,
ainsi que la proposition de la commission Brandt d'organiser ce qui
devait devenir le sommet de Cancùn, peuvent être vues en effet
comme autant de tentatives pour recréer le contexte qui avait prévalu
en 1974-1975 lors des sixième et septième sessions spéciales des
Nations-Unies, dans la foulée du premier choc pétrolier. Brièvement
en effet à cette époque, le dialogue Nord-Sud en était venu à tenir
une place de tout premier plan dans l'ordre du jour des négociations
économiques internationales. Non pas que les questions Nord-Sud
n'aient pas été évoquées de nombreuses années auparavant dans le
cadre de la CEP AL puis dans celui de la CNUCED, mais la Charte
des droits et des devoirs économiques des Etats, tout comme le
Programme d'action pour l'instauration d'un nouvel ordre économique
international (NOEI) symbolisaient une prise de conscience nouvelle.
Pendant cette brève période, une réflexion sur les relations entre
producteurs et consommateurs d'énergie et, plus généralement,
le Nord et le Sud semblait s'imposer comme élément central de
toute recherche de solution à la crise de l'économie mondiale. Cette
éphémère « prise de conscience Nord-Sud » s'expliquait en réalité
par la conjonction — à nos yeux bienvenue — de deux éléments,
coïncidence qui a en réalité peu de chances de se reproduire d'ici
la fin de l'actuelle décennie. NORD-SUD I 151
Le premier élément tenait à l'héritage intellectuel des années 60.
Au cours de ces années de forte croissance et de prospérité, un
système de valeurs, d'objectifs et de préoccupations nouveau avait
progressivement pris corps. Les problèmes de production et de crois
sance semblaient résolus une fois pour toutes — souvenons-nous
des politiques dites de « réglage fin » — , tandis que l'intérêt
portait progressivement sur les questions de partage du revenu,
d'organisation sociale et de rapport à l'environnement.
Ce mouvement de pensée, dont mai 68 puis le premier succès du
premier rappor

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