point sur la situation en Belgique - Dossier: terrorisme (1/4)
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point sur la situation en Belgique - Dossier: terrorisme (1/4)

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Dossier: terrorisme, retour à l'avant-plan (1/4)
Les procès du GIA et les menaces d'attentats contre la Belgique, des Mac Donald's incendiés par l'ALF, deux membres des Cellules communistes combattantes libérés, pas de doute, le terrorisme revient à la une de l'actualité. Le point de la situation en Belgique avec un gendarme du programme terrorisme du Bureau central de recherches, un enquêteur de la BSR de Bruxelles et Michèle Coninsx, magistrat national.
BRUXELLES. -Revue: A quelles formes de terrorisme -international et national-sommes-nous confrontés en Belgique?
Pour d'évidentes raisons de sécurité, notre interlocuteur a souhaité conserver l'anonymat.
"En matière de terrorisme international, pour le moment, nous devons tenir compte du fondamentalisme islamique et le groupement le plus connu n'est autre que le Groupe islamique armé. Diverses opérations judiciaires ont déjà été menées (NDLR: voir liste des incidents) et plusieurs individus ont été arrêtés. De cinquante à cent membres proches de cette organisation sont encore présents en Belgique."
"Et en juin dernier, un communiqué du GIA, publié dans un journal égyptien, menaçait notre pays d'attentats...."
Revue: Cette menace était-elle réellement sérieuse?
"Après une étude minutieuse du document, les services spécialisés sont arrivés à la conclusion que oui. Pourquoi? Entre autre parce que le langage utilisé était typique de celui qui est employé habituellement par ces islamistes. Et certaines données mentionnées dans ce communiqué ne pouvaient être connues que du GIA... La menace était donc bien réelle."
Revue: Mais après les opérations menées contre ces fanatiques religieux partout en Europe, et en particulier en Belgique, disposaient-ils encore des moyens pour commettre un attentat?
"La Belgique et d'autres pays européens ont en effet été très actifs dans la lutte contre le GIA. Nous n'avons pas hésité à mener des actions lorsque nous disposions d'informations concrètes. Et nous devons constater que depuis les derniers attentats à Paris, perpétrés en octobre 1996, aucune nouvelle attaque n'a été commise et revendiquée par le GIA. Cela démontre que nos opérations étaient bien ciblées et qu'apparemment, le GIA ne bénéficie plus des moyens logistiques et opérationnels dont il disposait auparavant."
"Cela dit, il serait présomptueux d'affirmer qu'il n'y a plus aucun réseau en Europe. Nous n'avons toutefois jamais cru qu'une cellule opérationnelle du GIA puisse commettre une série d'attentats dans notre pays, mais on ne sait jamais..."
"En matière de terrorisme, nous ne pouvons prendre aucun risque. D' importantes mesures de sécurité ont donc été prises et une partie d'entre elles restent en vigueur car la menace n'a pas totalement disparu."
Revue: Quels sont les autres groupes internationaux implantés chez nous?
"Notre deuxième priorité au niveau international, c'est la problématique turco-kurde, avec en premier lieu le mouvement indépendantiste et d'extrême gauche kurde, le PKK. Nous avons recensé de 450 à 500 membres de cette organisation en Belgique. Leurs activités? S'ils n'ont pas (encore) commis d'attentats chez nous, ils organisent des réunions, des camps d'entraînement, des récoltes de fonds et des "activités culturelles". Pour eux, un défilé militaire avec des M16 à la main est une activité culturelle! Nous avons appris par après que ces armes étaient factices, mais tout de même..."
"Ils sont très actifs dans le domaine du racket: chaque Kurde de Belgique devrait s'acquitter d'un "impôt révolutionnaire" de dix pour cent de ses revenus. Et malheur à celui qui ne paye pas ou qui ose déposer une plainte."
"Nous devons également tenir compte de la présence à Bruxelles du parlement kurde en exil."
"Ajoutez à cela divers groupements turcs comme DHKP-C (une centaine de membres d'extrême gauche, l'ancien Dev Sol), les Loups gris (250 à 300 personnes d'extrême droite), le Milli Görus (mouvement islamique fort d'environ 450 individus), et vous imaginez aisément que la confrontation de ces organisations peut être très violente."
"Chez nous, nous retrouvons aussi bien une imposante communauté turque qu'une forte communauté kurde. Et ces mouvements peuvent les manipuler. Nous avons connu des incidents à Bruxelles au cours desquels les nationalistes kurdes ont incendié des bâtiments qui appartiennent au PKK. Et lors de l'arrestation du leader kurde Öcalan par les services de sécurité turcs, des Kurdes ont occupé l'ambassade de Grèce à Bruxelles."
"Ces deux communautés viennent régler leur conflit en Europe pour influencer les discussions internationales."
Revue: Et les Basques de l'ETA et les Irlandais de l'IRA?
"Les problèmes posés par ces deux groupements sont toujours limités aux territoires
espagnol et irlandais. Ils commettent leurs attentats dans ces deux pays. On ne peut cependant pas exclure que ces organisations aient des bases logistiques dans d'autres pays de l'Union européenne (l'ETA en France, par exemple). Mais pour le moment, nous ne disposons pas de données concrètes permettant d'affirmer que l'ETA ou l'IRA utilisent la Belgique comme base de repli. "
Héros...
Revue: Existe-t-il une forme de terrorisme belge?
"Au niveau national, nous devons surveiller l'extrême gauche et l'extrême droite."
"En ce qui concerne l'extrême gauche, nous avons subi dans les années 84-85 les attentats des Cellules communistes combattantes. Depuis l'arrestation des quatre auteurs principaux, en décembre 1985, le problème a été résolu chez nous, comme dans les autres pays européens." " L'Allemagne était confrontée aux Factions Armée Rouge, la France à Action directe et l'Italie aux Brigades rouges, etc. Depuis cette période, la problématique du terrorisme d'extrême gauche a régressé."
"Néanmoins, nous constatons depuis l'an passé une réactivation de ces groupements dans certains pays. Les Brigades rouges, en Italie, ont revendiqué un attentat sur un secrétaire d'Etat italien et en Grèce, l'organisation Novembre 17, dont on n'avait plus entendu parler depuis de nombreuses années, est redevenue active. Nous devons donc rester très vigilants et veiller à ce qu'une nouvelle forme de terrorisme d'extrême gauche ne se développe pas."
"En Belgique, deux membres des CCC ont été libérés. Pierre Carette, le leader est, lui, encore en prison. Il y a quelques mois, il a accordé une interview dans laquelle son language reste identique à celui qu'il y a dix ans."
"Autre incident, la découverte en avril 1997 d'un garage cachant des explosifs et des armes appartenant aux CCC. Ce qui est vraiment inquiétant, c'est que la location de ce garage a été payée durant toutes ces années."
"Et parfois, lors de perquisitions, nous retrouvons encore des photos, des affiches des CCC chez des jeunes de 17 ou 18 ans. Pour eux, ce sont des héros... C'est relativement inquiétant."
Le BCR coordonne les enquêtes
BRUXELLES. - Le programme terrorisme du Bureau central de recherches a été créé en mars 1997. A cette époque, plusieurs attentats meurtriers avaient remis le terrorisme à l'avant-plan (au World Trade Center de New-York, dans le métro parisien, etc.) Le lieutenant général Willy Deridder, alors commandant de la gendarmerie, s'était demandé si la gendarmerie était prête à réagir face à de telles situations, tant au niveau de la police administrative que de la police judiciaire. Et il avait estimé, après analyse, que la coordination des différentes enquêtes en matière de terrorisme au sein du corps n'était pas assurée à cent pour cent. Un programme terrorisme fut donc créé au sein du BCR.
Ses missions? La coordination, l'appui et le contrôle de toutes les enquêtes antiterroristes menées par la gendarmerie.
Une quinzaine de personnes travaillent au sein de ce programme: onze gendarmes dont cinq officiers, deux analystes stratégiques, une secrétaire et une dactylo.
"Avec ces quinze personnes, nous devons naturellement nous limiter aux priorités, c'est-à-dire pour le moment, l'islamisme fondamentaliste, la problématique turco-kurde, le terrorisme national d'extrême gauche et d'extrême droite ainsi que l'éco-terrorisme", explique l'un des onze gendarmes.
Le programme a noué d'étroites relations avec tous les services chargés de lutter contre le terrorisme, dont la Sûreté de l'Etat. "Nous entretenons des contacts quotidiens avec la Sûreté, tant durant les opérations, que pour l'approche policière globale de ce phénomène", précise l'un des responsables.
B.D
Dossier: terrorisme, retour à l'avant-plan (2/4)
Revue: Et l'extrême droite?
"Au niveau du terrorisme, l'extrême droite pose moins de problèmes parce qu'elle est politiquement mieux encadrée. Les gens qui entretiennent des affinités avec l'extrême droite disposent de canaux politiques pour s'exprimer et ils ont moins de raisons de chercher la publicité" terroriste." "
"Des néo-nazis existent chez nous, mais dans une moindre mesure que dans d'autres pays. Ceci dit, de nombreux incidents terroristes aux Etats-Unis nous incitent à la prudence: n'oublions pas que l'attentat d'Oklahoma a été perpétré par un membre d'une milice d'extrême droite."
Revue: Ne sommes-nous pas confrontés à de nouvelles formes de terrorisme?
"Si, certainement. Il y a d'abord l'écoterrorisme de l'Animal Liberation Front (NDLR: voir encadré). Il faut également signaler le cyberterrorisme. Nous vivons de plus en plus dans une société informatisée et les systèmes sont vulnérables. Des gens comme ReDaTtAcK le prouvent. Et s'ils sont vulnérables, ils constituent des cibles potentielles. On connaît déjà quelques exemples, notamment aux Etats-Unis, où des mouvements terroristes ont bloqué des systèmes informatiques de l'Etat."
"Autres possibilités: le terrorisme avec des armes NBC, c'est-à-dire nucléaires, bactériologiques et chimiques. Je pense ici à l'attentat au gaz sarin commis dans le métro de Tokyo par la secte Aoum. Puisque les produits sont facilement accessibles et que le know-how est disponible sur Internet, le risque d'attaque chimique est toujours réel."
"En matière nucléaire, l'évolution est telle qu'il est toutefois peu probable que des organisations terroristes structurées utilisent une arme nucléaire. Le risque existe mais il est très faible."
 
L'ALF de plus en plus "professionnel"...  
BRUXELLES. - Les incendies de restaurants Mac Donald's commis ces derniers mois en Flandre ont été revendiqués par l'Animal Liberation Front (ALF), une organisation composée entre autres d'anarchistes et d'activistes écologiques. Leur but: lutter pour le bien-être de l'animal. Il s'agissait, pour la Belgique, de la première manifestation d'une forme plus récente de terrorisme, l'écoterrorisme.
. Un gendarme du BCR témoigne: "Les premiers incidents que nous avons connus dans notre pays datent de juin 1998." "L'écoterrorisme provient de pays anglo-saxons comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qui ont été confrontés à de nombreux incidents. Plus récemment, des attentats ont été perpétrés aux Pays-Bas et maintenant chez nous, mais aussi en Finlande, en Suède et dans une moindre mesure en France."
"En Belgique, depuis juin 1998, nous avons connu quelque deux cents incidents allant du simple graffiti sur la façade d'un restaurant à l'incendie d'un Mac Donald's ou de camions travaillant pour des firmes du secteur de la viande."
"Nous constatons que les actions de l'ALF sont de plus en plus "professionnelles". Auparavant, il leur arrivait de tenter de bouter le feu aux... vitres d'un fast-food. Depuis lors, ils ont malheureusement perfectionné leurs connaissances et savent comment procéder pour faire partir un restaurant en fumée. Nous suivons actuellement plusieurs pistes très valables."
"Cela dit, il faut savoir que la structure d'une organisation comme l'ALF est tout à fait différente de celle des organisations terroristes
d'il y a dix ou quinze ans, au sein desquelles il existait une hiérarchie très claire, presque militaire: leaders-lieutenants-exécutants. L'écoterrorisme, comme d'ailleurs le fondamentalisme islamique, repose sur des structures moins développées, composées de différentes cellules qui ne se connaissent pas toujours et qui utilisent Internet comme moyen de communication. Même si nous parvenons à arrêter les auteurs des méfaits perpétrés actuellement, il n'est pas exclu que d'autres faits soient commis par après par des individus se revendiquant de l'ALF..."
Financement
B.D
Revue: Les armes utilisées ne sont-elles pas de plus en plus sophistiquées?
"Pas vraiment. Bien sûr, tout le monde a entendu parler des stylos piégés, des cassettes vidéo piégées, de la puissance d'un explosif comme le Semtex..."
"Mais ce que je peux en tout cas affirmer, c'est que les bombes qui sont utilisées actuellement dans la plupart des attentats sont peu sophistiquées. Il est très facile de fabriquer un engin explosif avec des grenailles. Les bombes qui ont servi lors de l'attentat du World Trade Center â New-York ou lors de ceux commis â Moscou en septembre 1999 ont été fabriquées avec des matériaux très simples."
Revue: Existe-t-il des liens entre le terrorisme et le grand banditisme?
"Certainement. Actuellement, nous constatons que les groupements terroristes s'occupent de plus en plus de la criminalité de droit commun: trafic de drogues, hold-up, trafic d'armes, falsification de documents, trafic de voitures..."
"Pourquoi? Parce qu'il y a dix ans, avant la chute du Mur de Berlin, le monde était séparé en deux blocs et certains pays finançaient les groupes terroristes. Maintenant, le terrorisme d'Etat est de moins en moins important: les auteurs doivent trouver leurs sources de financement ailleurs, c'est-â-dire dans la criminalité..."
Revue: Comment lutter efficacement contre le terrorisme?
"Une lutte antiterroriste efficace nécessite d'abord une coopération internationale sans failles. Mais il faut aussi se doter d'un arsenal législatif adapté, spécifique â cette forme de criminalité. En Belgique, cela n'existe pas encore. La justice doit recourir â la loi sur les organisations criminelles, au concept de l'association de malfaiteurs ou aux infractions de droit commun relatives, par exemple, â la législation sur les armes."
"Si Farid Mélouk, de la cellule du GIA qui a été démantelée en mars 1998 â Ixelles, n'avait pas tiré sur les gendarmes qui ont procédé â la perquisition, il n'aurait peut-être été condamné qu'â une ou deux années de prison au lieu des neuf ans qui lui ont été infligés par le tribunal."
"Et enfin, pour affaiblir les organisations terroristes, il faut également lutter contre leurs sources de financement. Je crois que c'est la meilleure solution."
 
Attentat sur la personne d'Hadri Enver
Benoït Dupuis
Attentat à la bombe à l'Université catholique de Louvain - valise piégée 59 blessés -
Attentat contre l'agence Turkish Airlines à Bruxelles
Attentat contre la Halkbank
Attentat contre le centre culturel turc de Herstal
Terrorisme en Belgique: faits marquants des dix dernières années 01-12-Attentat à la bombe à l'Université Libre de Bruxelles -1989  valise piégée - 3 blessés 00-02-1990 16-02-1990 13-07-1991 14-07-1991 29-08-1995 11-12-1995 12-02-1996 05-03-1998 01-05-1998 09-07-1998 09-08-1998
Attentat à la grenade contre des gendarmes à Villeroux - 2 blessés
Attentat contre le bâtiment d'Henri Batasuna à Bruxelles
Arrestation de huit militants du GIA
Incendie N.V. Belgameat (ALF)
Incendie dans le bain de boules du Quick de Kontich
Incendie Mc Donald's à Anvers (ALF)
13-08-1998 29-08-1998  07-11-1998 17-11-1998 11-04-1999 13-05-1999 24-05-1999 27-06-1999 29-06-1999 10-07-1999 12-08-1999 26-09-1999
Incendie Mc Donald's à Anvers (ALF)
Incendie Mc Donald's de Puurs - restaurant compltement détruit (ALF) Incendie de cinq containers derrière le Quick se trouvant au GB de Deinze (ALF) Incendie de trois maisons lors des émeutes de Bruxelles suite à l'arrivée du leader kurde Ocälan à Rome le 12-11-1998 Incendie d'un camion de l'Ets Lintor (traitement des volailles) (ALF -De Rode Haan) Incendie au Mc Donald's de Sint-Niklaas - importants dégâts au bâtiment (ALF - De Rode Haan) -Incendie d'un camion de l'Ets Lintor (traitement des volailles) (ALF -De Rode Haan)
Menace d'attentat du GIA
Attentat contre le bâtiment du Vlaams Blok à Bruxelles, place Madou.
Incendie d'un camion à Anvers (ALF)
Incendie Mc Donald's de Merksem - restaurant complètement détruit
Arrestation de membres du DHKP-C à Knokke + saisie d'armes et faux documents
Source: Bureau central de recherches, programme terrorisme
Dossier: terrorisme, retour à l'avant-plan (3/4)
La plupart des brigades de surveillance et de recherches des grandes agglomérations du pays comptent en leur sein des équipes de spécialistes du terrorisme. L'une des plus célèbres d'entre elles est la "Cel-Ter" de la Brigade de surveillance et de recherches de Bruxelles. Elle s'est formée au début des années 80 sur la base de la section info de l'unité.
"L'analyse, c'est la base de tout"  
BRUXELLES. - A cette époque, cette section a beaucoup enquêté sur les affaires de terrorisme d'extrême gauche. "Mais nous travaillions alors de manière beaucoup trop réactive", se remémore l'un des gendarmes de la BSR. "La recherche d'informations, toute la partie proactive de notre travail, était quelque peu négligée."
En 1985, la cellule terrorisme fut réellement créée. Forte d'une dizaine d'hommes, elle enquêtait surtout sur les mouvements d'extrême gauche, dont les CCC.
Aujourd'hui, la "Cel-Ter" compte une vingtaine de gendarmes spécialisés dans certains milieux ou domaines d'activité: le monde arabo-musulman, la problématique turco-kurde, celle des Balkans et les groupements d'extrême gauche.
Islamisme
Le démantèlement des cellules du GIA en Belgique est, par exemple, à mettre en bonne partie à l'actif de la "Cel-Ter" de la BSR de Bruxelles.
Le spécialiste du monde arabo-musulman, c'est le premier chef Alain Grignard. Gendarme et islamologue, il donne également des cours àl'Université libre de Bruxelles, ainsi qu'à Paris. Il est en outre l'auteur de nombreuses publications sur le monde arabe et l'influence des mouvements islamistes sur celui-ci. Il pose àcet égard un avis qui lui a déjàvalu d'être taxé de ...sympathie pour les islamistes. "Ce qui est totalement faux", s'insurge-t-il. "Je ne partage pas du tout le projet de société qu'ils défendent, loin de là... Mais le terrorisme, il faut toujours l'étudier de façon analytique pour savoir àqui on a affaire. L'analyse, c'est la base de tout. Dans 99% des cas, le terrorisme, c'est une affaire de groupes qui demandent une meilleure redistribution de la richesse et de l'égalité sociale, que ce soient les écoterroristes ou les islamistes."
"Je peux vous affirmer que le  mouvement islamiste n'est pas un mouvement religieux, mais bien révolutionnaire qui prône une meilleure répartition des richesses et qui a pris pour
substrat théorique, non pas un ouvrage qui préconise la lutte des classes, mais une lecture politique d'une révélation religieuse. Les islamistes se basent sur le projet politique du prophète Mahomet pour réclamer une redistribution des richesses."
"Les systèmes politiques mis en place dans le monde arabo-musulman ont engendré des inégalités sociales extraordinaires", poursuit Alain Grignard. "Et ces régimes ont été importés par l'Occident à l'époque coloniale. Ils ont suscité un certain espoir au sein des populations avant de les décevoir et d'engendrer ainsi une grande lassitude doublée d'une importante aspiration revendicative."
"La situation de ces pays a en outre été aggravée par la chute du Bloc de l'Est. En effet, avant, avec la dualité Est-Ouest, un pays sous-développé pouvait toujours essayer d'accéder à une parcelle d'autonomie en adhérant à l'un des blocs. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, et ces pays sont donc totalement livrés à eux-mêmes."
"Tout est réuni favoriser pour les aspirations révolutionnaires dans tous les pays du Tiers-monde qui n'ont, de plus, pas les mêmes références intellectuelles que nous parce que leur système éducatif est très peu développé. Les gens n'ont pas accès à diverses théories qui leur permettent de se forger leurs propres opinions. Donc, le seul écrit à la portée du plus grand nombre, et avec une compréhension très aléatoire, c'est le Coran. Et au sein de ce monde, il existe une grande variété d'individus. Il y a de "vieux fous" qui veulent qu'on en revienne à l'époque du prophète. Mais ce n'est pas la majorité, c'est même presque une caricature."
"La plupart des idéologues islamistes savent comment nous "fonctionnons" en Europe. Ils nous connaissent, car beaucoup d'entre eux ont étudié dans les universités européennes. Et ils savent très bien utiliser des populations désemparées par les inégalités sociales."
 
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