Problèmes de la vie pastorale en Sardaigne. Deuxième article - article ; n°3 ; vol.44, pg 251-280
33 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Problèmes de la vie pastorale en Sardaigne. Deuxième article - article ; n°3 ; vol.44, pg 251-280

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
33 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1969 - Volume 44 - Numéro 3 - Pages 251-280
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 103
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Robert Bergeron
Problèmes de la vie pastorale en Sardaigne. Deuxième article
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 44 n°3, 1969. pp. 251-280.
Citer ce document / Cite this document :
Bergeron Robert. Problèmes de la vie pastorale en Sardaigne. Deuxième article. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 44 n°3,
1969. pp. 251-280.
doi : 10.3406/geoca.1969.2645
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1969_num_44_3_2645PROBLÈMES DE LA VIE PASTORALE
EN SARDAIGNE
Deuxième article x
par Robert Bergeron
II. — LES PROBLEMES ECONOMIQUES ET TECHNIQUES
Beaucoup de pâtres pensent que leur condition pourrait être améliorée
par une simple consolidation des cours des produits, c'est-à-dire en
premier lieu du fromage, puisque, compte tenu des aptitudes surtout
laitières de la brebis sarde, le lait représente plus de 60 % de la valeur
de la production, la viande — essentiellement d'agneau — 30 % et
la laine moins de 5 %.
1. L'ÉCOULEMENT DES PRODUITS
Les modalités de la vente du lait
Les industriels par l'intermédiaire de leurs représentants passent des
contrats pour l'année laitière avec les pâtres. La brièveté de ces contrats,
leur précarité — ils peuvent être dénoncés facilement par les industriels — ,
ont pesé sur l'organisation de la production du fromage, l'industriel
hésitant parfois à améliorer son réseau de fromageries, le pâtre ne
cherchant guère à la qualité de son produit. A l'image de ce
que nous verrons pour les contrats de location, cette brièveté des contrats
unissant pâtres et industriels a pu apparaître comme une adaptation
aux conditions changeantes du marché. En fait son origine est surtout
dans la méfiance réciproque des deux parties et elle a été plus source
de sclérose que de progrès. Dans le contrat, un certain nombre de
garanties sont exigées, surtout en faveur de l'industriel. On y fixe le
1. Voir Revue de Géographie de Lyon, vol. 42, n° 4, 1967. 252 R. BERGERON
jour de la première fourniture par les mots « le jour où ouvrira la
fromagerie » — c'est toujours dans les derniers jours de décembre ou les
premiers jours de janvier — et la date de la dernière fourniture, vers la
fin mai, à moins que, par « mauvaise réussite » du produit, la fromagerie
ne doive fermer avant. Dans ce cas, le contrat devient caduc, sans
contrepartie pour le pâtre qui n'a plus qu'à faire du fiove sard'o pour
utiliser son lait. Le doit donner aussi des garanties, quant à la
régularité et la pureté des fournitures. On trouve spécifiés sur ces
contrats les lieux de ramassage, les défauts que le lait ne doit pas
avoir, le type de récipient à utiliser. L'acquéreur se réserve le droit
d'analyser le lait, avec pénalisation ou rupture de contrat en cas de
mauvais résultats.
Toutefois les industriels ne traitent pas toujours avec tous les pâtres
suivant les mêmes conditions. Les rapports peuvent être différents, qu'il s'agisse d'un pâtre important, un de ces prineipali à la
puissance comparable à celle des armentari du Latium, ou d'un pâtre aux
ressources modestes et souvent incertaines. Ce dernier, contraint de
demander des avances à l'industriel, est parfois traité sans beaucoup
de ménagements, tandis que le premier, parce qu'il dispose d'une vérita
ble indépendance financière, bénéficie de conditions toujours plus avan
tageuses bien que tenues secrètes.
Le paiement du lait au pâtre s'effectue donc en plusieurs temps. Une
première partie lui est versée sous forme d'arrhes lors de l'établissement
du contrat bien avant l'ouverture de la saison laitière, souvent en
septembre-octobre 2 : c'est le moment où il faut payer le loyer du pâturage,
parfois même dès la fin de la précédente saison. Les sommes avancées
aux pâtres peu aisés, et ils sont la majorité, doivent être recouvrées
par l'industriel avant la fin de la saison laitière. C'est la marque d'une
grande dépendance du secteur pastoral à l'égard de l'industrie froma-
gère ; ceci nous rapproche de l'aviculture moderne, mais les modes de la
pastorizia restent pourtant très archaïques.
Le reste du paiement est réparti mensuellement avec, en fin de saison,
un rajustement sur le prix de place (c'est-à-dire le prix que le lait a
pu atteindre sur la place de Macomer, par exemple, pour la région qui en
dépend, et qui est calculé en fonction du cours du fromage). Ceci semble
être la garantie d'une juste rétribution pour le pâtre ; en fait les indust
riels possèdent en partie le contrôle des prix dans la mesure où, par
leur entente, ils « conditionnent » le prix de place et où l'ajustement
sur ce dernier n'est ni automatique ni régulier et exige parfois d'âpres
discussions où les pâtres les mieux armés, c'est-à-dire les prineipali,
sont les plus informés.
Les rapports entre industriels et pâtres sont souvent déséquilibrés au
profit des premiers et sont loin d'être uniformes. Certes on peut penser
que les variations de prix sont inévitables dès lors qu'il n'y a pas de
2. En sarde, septembre se dit capitanni, le début de l'année ; on voit combien
décisive a été l'influence de la pastorizia. VIE PASTORALE EN SARDAIGNE 253
prix du lait de brebis déterminé par l'administration, comme c'est le
cas pour le lait de vache. Mais il y a de ces variations qui ne se justifient
pas par des différences de qualité ou de régularité. Elles proviennent
surtout de l'état du véritable rapport de force qui s'est établi entre
pâtres et industriels. C'est qu'en Sardaigne, « on est passé de l'él
evage autarcique séculaire à la phase de production industrielle en
régime d'économie libérale » 3. Aussi la pastorizia n'a-t-elle pu s'adapter
à ce changement et ne peut-elle lutter à armes égales avec la force
organisée des industriels fromagers, l'oligarchie des industriels du fr
omage comme l'appelle le professeur Pampaloni. Souvent celle-ci a pu
s'assujettir les pâtres et retirer d'eux le plus de bénéfice possible,
faisant de la pastorizia un secteur « colonisé ». Cette impression est
d'autant plus ancrée chez les pâtres que les industriels, les négociants,
et même les ouvriers fromagers sont souvent d'origine continentale, du
Latium et des Pouilles surtout, ou étrangère, grecque parfois comme à
Siliqua, voire française comme à Oschiri.
La faiblesse du secteur coopératif
Face à cette mainmise, à cette puissance du secteur industriel, il y
eut et il y a surtout maintenant, un essai de réaction de la part des pâtres
pour tenter d'établir des rapports directs avec le marché par la création
de coopératives ; cependant ce secteur coopératif demeure faible et
mal organisé.
A partir de 1907 à Bortigali, 1910 à Aidomaggiore et surtout après
1918, des coopératives naissent un peu partout. Pour diriger l'ensemble
on assiste même en 1926 à la naissance de la Fédération des Coopér
atives laitières qui a pour but :
— l'émancipation de l'industrie fromagère sarde,
— la standardisation du produit,
— la création de nouveaux types de fromages et l'étude de nouveaux
débouchés, autres que l'Amérique,
— l'ouverture à Macomer d'une école pratique de fromagerie.
C'était là un programme audacieux et qui eut été très profitable
à la pastorizia. Mais la crise de 1929 fut funeste à la Fédération et
son œuvre ne fut jamais réalisée.
D'autre part les coopératives ont commis des erreurs regrettables
dont les pâtres eux-mêmes portent une lourde responsabilité. Certains
voyaient dans la coopérative une organisation moins exigeante que les
industriels à l'égard de la nature du produit. D'ailleurs la coopérative paie
le lait sans tenir compte de sa qualité de pureté et de rendement qui
différencie le lait du pâtre scrupuleux de celui du pâtre négligent. La
coopérative travaille sans intention de spéculation, et une fois sa pro-
3. Traduit de Aldo Gentili, // pcoblema délia pastorizia sarda e la sua soluzione
coopérative, Ediz

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents