Que faire de l Irak ? - article ; n°4 ; vol.55, pg 775-792
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Politique étrangère - Année 1990 - Volume 55 - Numéro 4 - Pages 775-792
What to Do With Iraq ?, by Bassina Kodmani-Darwish
Iraq has become the only Arab country to possess ail the attributes of a regional power. Outside perceptions of this country have most often been inaccurate, especially in the United States and this has played a substantial role in feeding defiance and agressiveness of one toward the other. The invasion of Kuwait by Iraq raises the question of its further ambitions in the Middle East and consequently of how to deal with this country in the immediate and longer term, whether with or without Saddam Hussein. This paper analyses the foreign relations of Iraq, focusing on its own perceptions of the world, the Middle East and its role in the Arab world.
L'Irak est aujourd'hui le seul pays arabe possédant tous les attributs une grande puissance régionale. Les perceptions étrangères de ce pays ont été la plupart du temps déviées sinon fausses, notamment aux Etats-Unis, et ces mauvaises perceptions ont elles-mêmes une part de responsabilité dans les tensions qui sont apparues entre Washington et Bagdad. L'invasion du Koweit par l'Irak pose la question des ambitions réelles de Saddam Hussein dans ensemble du Moyen-Orient et, partant de la façon dont il convient de traiter avec l'Irak. Cet article analyse les relations extérieures de l'Irak, insistant surtout sur la vision irakienne du monde, du rapport de force international du Moyen-Orient et du rôle de l'Irak dans le monde arabe.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bassma Kodmani-Darwish
Que faire de l'Irak ?
In: Politique étrangère N°4 - 1990 - 55e année pp. 775-792.
Abstract
What to Do With Iraq ?, by Bassina Kodmani-Darwish
Iraq has become the only Arab country to possess ail the attributes of a regional power. Outside perceptions of this country have
most often been inaccurate, especially in the United States and this has played a substantial role in feeding defiance and
agressiveness of one toward the other. The invasion of Kuwait by Iraq raises the question of its further ambitions in the Middle
East and consequently of how to deal with this country in the immediate and longer term, whether with or without Saddam
Hussein. This paper analyses the foreign relations of Iraq, focusing on its own perceptions of the world, the Middle East and its
role in the Arab world.
Résumé
L'Irak est aujourd'hui le seul pays arabe possédant tous les attributs une grande puissance régionale. Les perceptions étrangères
de ce pays ont été la plupart du temps déviées sinon fausses, notamment aux Etats-Unis, et ces mauvaises perceptions ont
elles-mêmes une part de responsabilité dans les tensions qui sont apparues entre Washington et Bagdad. L'invasion du Koweit
par l'Irak pose la question des ambitions réelles de Saddam Hussein dans ensemble du Moyen-Orient et, partant de la façon
dont il convient de traiter avec l'Irak. Cet article analyse les relations extérieures de l'Irak, insistant surtout sur la vision irakienne
du monde, du rapport de force international du Moyen-Orient et du rôle de l'Irak dans le monde arabe.
Citer ce document / Cite this document :
Kodmani-Darwish Bassma. Que faire de l'Irak ?. In: Politique étrangère N°4 - 1990 - 55e année pp. 775-792.
doi : 10.3406/polit.1990.3987
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1990_num_55_4_3987POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 775
Bassma KODMANI-DARWISH Que faire de l'Irak ?
L'Irak n'est une puissance à part entière que depuis peu. Son histoire
moderne est marquée par une quête acharnée à la fois de cohésion
nationale, d'indépendance et d'un rôle régional. L'indépendance est
acquise en plusieurs étapes : formellement indépendant en 1932, l'Irak reste
lié à l'ancienne puissance mandataire. La relation politique et stratégique
avec l'Occident se prolonge jusqu'en 1958, date à laquelle les forces
nationalistes triomphent à Bagdad en renversant la monarchie et en sevrant
les relations avec la Grande-Bretagne. Suit une période où l'influence
occidentale est remplacée par une relation stratégique avec l'URSS. Ce
n'est qu'à partir des années 70 que l'Irak acquiert les moyens de prendre
ses distances vis-à-vis de Moscou et de poursuivre une ligne politique
authentiquement indépendante. Mais les années 70 sont, elles, marquées par
la volonté de construire une nation irakienne solide, condition nécessaire à
l'exercice d'un rôle régional important. Les vulnérabilités internes se révè
lent être en effet un instrument de pression aux mains des adversaires et,
partant, un handicap pour les ambitions régionales de Bagdad.
Enfin la situation géographique de l'Irak, à la charnière des deux sous-
systèmes régionaux arabes du Golfe et du Croissant fertile, constitue autant
un atout qu'une faiblesse : la chance de pouvoir prétendre à un rôle dans
les deux zones mais en même temps le risque d'être exclu des deux ou
encerclé (comme c'est le cas actuellement avec l'embargo) par les autres
acteurs. Cette position stratégique est en outre compliquée par la contiguïté
avec deux grands pays non arabes, l'Iran à l'Est et la Turquie au Nord, qui
constituent eux aussi des facteurs importants dans la conduite de la polit
ique extérieure irakienne.
Ce n'est qu'à l'issue de la guerre du Golfe, en 1988, que l'Irak semble
maîtriser tous les attributs de sa puissance et qu'il manifeste ostensiblement
son intention d'en faire usage. Mais, en affirmant que Saddam Hussein
nourrit de grandes ambitions, on dit à la fois tout et rien. On énonce une
évidence sans que celle-ci ne serve en aucune manière à éclairer sur la
façon dont il entend s'y prendre, pour atteindre quels objectifs et à quelle
échéance, ni surtout comment il faut traiter avec lui.
L'objet de cette étude est de tenter une évaluation, à la lumière de
l'invasion et de l'annexion du Koweit par l'Irak, de ce que sont les
* Maître de recherche à l'Institut français des relations internationales, directrice des études
régionales. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 776
ambitions réelles de ce pays, ses visées et les moyens qu'il entend mettre en
œuvre pour y parvenir. Pourquoi a-t-il eu recours à la force armée dans le
cas du Koweit ? Comptait-il aller plus loin ? Dans l'immédiat ou un
avenir plus lointain ? Par quelles méthodes ? Cette étude ne fait une place
à la nature totalitaire du système politique irakien que dans la mesure où
celle-ci peut éclairer les décisions en matière de politique étrangère. L'objet
n'est donc pas de porter un jugement sur un régime dont la brutalité n'est
plus à prouver l.
Perceptions de l'Irak
Au cours de son histoire récente en tant qu'Etat indépendant, l'Irak a eu,
tour à tour, une relation stratégique avec quatre grandes puissances : la
Grande-Bretagne jusqu'en 1958, l'Union soviétique au cours des années 60
et 70, la France depuis 1975 et les Etats-Unis à partir du début des années
80. Pour chacune de ces puissances, l'Irak était soit un pilier essentiel d'une
stratégie (Grande-Bretagne et URSS), soit un précieux partenaire économi
que ou politique ou les deux à la fois. A l'origine de cela, une position
stratégique particulièrement intéressante qui s'accompagne ensuite d'une
évolution politique interne favorable à l'URSS, dans un premier temps,
puis, de nouveau, aux pays occidentaux, et enfin la découverte d'une
fabuleuse richesse pétrolière puisque l'Irak détient les réserves les plus
importantes du monde après l'Arabie Saoudite (10 % des mond
iales). L'évolution des perceptions de l'Irak par les grandes puissances et
notamment par l'Amérique est au moins aussi intéressante que l'évolution
réelle du pays. Dans ces perceptions, on constate un défaut récurrent. Aussi
bien l'URSS que la France et surtout les Etats-Unis, lorsqu'ils ont vu un
intérêt stratégique à se lier à l'Irak, ont souligné les facteurs qui militaient
en faveur d'une relation privilégiée et négligé, plus ou moins consciemment,
ceux qui risquaient de la compliquer ou de la compromettre. A l'inverse,
lorsque l'Irak ne semblait pas en mesure de servir leurs intérêts, ils ont
développé une perception simpliste voire caricaturale de ce pays, omettant
parfois de voir les nouvelles opportunités de coopération possible et contri
buant à exacerber son hostilité.
Moscou a ainsi voulu substituer l'Irak à l'Egypte comme pilier de son
influence au Moyen-Orient et a conclu avec Bagdad, en 1972, un traité
d'amitié et de coopération en prenant à sa charge l'édification d'une
puissance militaire irakienne (fournitures massives d'armements et formation
des militaires irakiens). L'URSS a fermé l'œil sur la sévère répression des
communistes irakiens, estimant que la sauvegarde des relations avec un Etat
de cette importance méritaient qu'elle sacrifie ses liens avec les communi
stes. Moscou a ainsi omis de voir que l'Irak n'avait elle qu'une
alliance de nécessité et que sa politique extérieure était déterminée en
fonction de ses seuls intérêts nationaux. Lorsque Bagdad a eu les moyens
financiers de sortir de l'orbite soviétique et de diversifier ses relations, il a
aussitôt pris ses distances avec l'URSS, allant jusqu'à critiquer ouvertement
la politique soviétique dans la corne de l'Afrique et condamner officielle-
1. Samir Khalil, pseudonyme d'un opposant irakien en exil, brosse un tableau terrifiant des
structures du pouvoir en Irak et des divers instruments de contrôle, d'encadrement et de
répression mis en place par le régime baasiste (voir bibliographie). L'IRAK ET LE PÉTROLE I 777 L'OCCIDENT,
ment l'invasion de l'Afghanistan. L'anti-américanisme

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