Retour à la question de l objet. Ou faut-il disqualifier la notion de discipline ? - article ; n°29 ; vol.8, pg 141-157
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Retour à la question de l'objet. Ou faut-il disqualifier la notion de discipline ? - article ; n°29 ; vol.8, pg 141-157

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Politix - Année 1995 - Volume 8 - Numéro 29 - Pages 141-157
Back to the question of the object. Or have we to disqualify the notion of discipline ?
Pierre Favre [141-157]
And if the notion of discipline was only due to a learned and aquired scholar habit of giving preliminary definitions ? Reconsidering -political science- then suggests to turn back first to the scientific practices and their social and historical transformations and not solely to the epistemology that orients them.
Retour à la question de l'objet. Ou faut-il disqualifier la notion de discipline ?
Pierre Favre [141 -157].
Et si la notion de discipline ne relevait que de cette habitude scolaire apprise et acquise de donner des définitions préalables ? Questionner la «science politique» incite alors à revenir d'abord sur les pratiques scientifiques des politistes, sur leurs transformations sociales et historiques et non exclusivement sur l'épistémologie qui les oriente.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Favre
Retour à la question de l'objet. Ou faut-il disqualifier la notion de
discipline ?
In: Politix. Vol. 8, N°29. Premier trimestre 1995. pp. 141-157.
Abstract
Back to the question of the object. Or have we to disqualify the notion of discipline ?
Pierre Favre [141-157]
And if the notion of discipline was only due to a learned and aquired scholar habit of giving preliminary definitions ?
Reconsidering -political science- then suggests to turn back first to the scientific practices and their social and historical
transformations and not solely to the epistemology that orients them.
Résumé
Retour à la question de l'objet. Ou faut-il disqualifier la notion de discipline ?
Pierre Favre [141 -157].
Et si la notion de discipline ne relevait que de cette habitude scolaire apprise et acquise de donner des définitions préalables ?
Questionner la «science politique» incite alors à revenir d'abord sur les pratiques scientifiques des politistes, sur leurs
transformations sociales et historiques et non exclusivement sur l'épistémologie qui les oriente.
Citer ce document / Cite this document :
Favre Pierre. Retour à la question de l'objet. Ou faut-il disqualifier la notion de discipline ?. In: Politix. Vol. 8, N°29. Premier
trimestre 1995. pp. 141-157.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1995_num_8_29_1905Retour à la question de l'objet
ou faut-il disqualifier la notion de discipline ?
Pierre Favre
Institut d'études politiques de Paris
IL EST DES QUESTIONS qu'il paraît nécessaire de remettre périodiquement
sur le chantier, même si l'on a le sentiment d'avoir dans le passé trouvé
pour soi une solution provisoirement suffisante. La question de savoir ce
qu'est une discipline scientifique et ce que veut dire la proposition
rarement mise en doute «la science politique est une discipline parmi les
disciplines» est de celles-là. S'il faut la réexaminer, c'est en premier lieu parce
qu'il faut tirer les conséquences d'un fait : ce que l'on croyait établi ne l'est
nullement, la force de la représentation canonique des disciplines, issue d'une
inculcation qui ne varie pas du début à la fin de la scolarité, est telle que des
réflexes sont acquis auxquels personne ne parvient à se soustraire. Qui d'entre
nous n'a jamais cédé à la nécessité, en apparence pédagogique, de définir la
science politique en une formule simple et définitive ? Les manuels, les
éditoriaux des nouvelles revues, sacrifient, comme on l'a toujours fait, au rite
de la définition préalable1. S'il faut réexaminer de loin en loin la question,
c'est tout autant parce que, s'agissant d'un problème indissolublement
épistémologique et sociologique, les deux dimensions qui y sont présentes ne
sont pas en phase et ne sauraient l'être. L'évolution travaille la pratique plus
vivement qu'elle ne sape la théorie. Aussi bien, même si l'on avait arrêté pour
soi une position, celle-ci reste toujours à questionner, et elle doit prendre en
compte les transformations sociales qui ploient dans un temps donné les
pratiques scientifiques, leur perception, leur diffusion. La sollicitation de
Politix de participer au présent numéro m'incite à un bilan, quinze ans après
avoir publié un premier article, au vrai peu diffusé, sur la question et non sans depuis retravaillé la difficulté dans sa dimension historique ou
heuristique2.
1. Ainsi fait B. Lacroix dans l'éditorial de la nouvelle revue Scalpel. Cahiers de sociologie politique
de Nanterre, 1, 1994, p. 2 : «La science politique peut être définie comme l'explicitation des
conditions et des formes du débat politique, l'explication des faits et gestes des professionnels
engagés dans cette activité et enfin l'étude de la manière dont ce déploiement d'activité affecte les
acteurs sociaux». On dira plus tard la perplexité que peut engendrer une telle définition. Ph. Braud
dans son Manuel de sociologie politique (Paris, LGDJ, 2e éd., 1994) procède à une identique
recherche préalable : «La question centrale est donc la régulation de la coercition. Elle
opère par marginalisation tendancielle de la violence physique et mise en place d'un ordre
juridique effectif. Il existe un système d'injonction [...] qui fait l'objet d'un travail politique
permanent de légitimation, en même temps que son effectivité s'appuie sur la monopolisation de
la coercition au profit des gouvernements«. Et Ph. Braud de conclure par une formule dont on
donnait tout à l'heure la forme paradigmatique : «Dès lors, à côté de l'économie et de la
sociologie, la science politique voit donc se dégager un objet propre qui la constitue comme
science sociale à part entière» (p. 16).
2. Cf. pour ne les plus citer ensuite : «La question de l'objet de la science politique a-t-elle un
sens ?», Mélanges dédiés à Robert Pelloux, Lyon, Hermès, 1980 ; -Histoire de la science politique»,
in Leca (J)> Grawitz (M.), dir., Traité de science politique, Paris, PUF, 1985, vol. 1 ; Naissances de la
science politique en France (1870-1914), Paris, Fayard, 1989, et «De quoi parle la science politique,
finalement ?», préface à Fillieule (O.), dir., Sociologie de la protestation. Les formes de l'action
[suite de la note page suivante]
Politix, n°29, 1995, pages 141 à 157 141 éléments du débat Les
Utiliser le mot «débat» revient à le faire exister, alors qu'il est en réalité peu
présent dans la discussion scientifique. Le mot laisserait à penser qu'il existe
des positions constituées et des échanges d'arguments. Tel n'est pas le cas.
Autant qu'on puisse en juger, puisque précisément personne n'en débat,
l'immense majorité de ceux qui se situent dans la science politique française
ne mettent pas en cause l'existence de la discipline, qu'ils se satisfassent d'une
référence globale et un peu vague ou qu'ils s'attachent à en définir
précisément l'objet. Ceux qui n'acceptent pas ce consensus et en appellent à
une révision des idées usuelles en la matière sont rares1 et ont souvent fait des
détours par d'autres champs, comme l'épistémologie ou l'histoire des
sciences. Tel est du moins mon cas. Il n'importe : quel que soit le caractère
fictif du présent débat dans la science politique française, il est au moins
pédagogique de mettre face à face les arguments qui les uns plaident pour le
maintien du découpage traditionnel en disciplines scientifiques et les autres
pour l'abandon de ce découpage, au moins dans sa forme classique.
La définition de l'objet de science
On l'a dit à l'orée de ce texte : il pourrait paraître de bonne méthode de
définir l'objet de la science politique chaque fois que l'on a à introduire un
cours ou un manuel, ou encore à présenter une nouvelle revue ou à légitimer
un cursus spécialisé. J'avais relevé un certain nombre de ces définitions
préalables en 1980, j'en pourrais donner maintenant vingt autres, comme
celle, argumentée avec soin et finesse, de Patrick Lecomte et Bernard Denni
(«le politique peut être défini comme le système de régulation indispensable à
la vie d'une société tissée de relations conflictuelles»2) ou cette autre de
Dominique Colas, qui conclut une introduction riche de remarques
philosophiques, historiques et lexicales : la science de la politique aurait
comme domaine «l'étude des formes de l'autorité dans les groupes
appréhendés dans leur multiplicité et leur historicité»3.
De telles définitions de l'objet de la science politique ouvrent à deux types de
discussions, internes et externes. La première accepte l'idée qu'une définition
est possible et entreprend d'évaluer celles qui sont proposées par les auteurs.
Si l'on s'arrête un instant à la définition que propose Bernard Lacroix et que
nous avons rapportée supra dans une note infra-paginale, on s'interrogera par
exemple sur la difficulté à définir la science politique par «l'explication des
conditions et des formes du débat politique» sans que ce politique là soit lui-
même défini et sans que la primauté donnée ainsi au débat soit explicitement
justifiée. La discussion se prolongerait alors sans do

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