Science, société de l'information et interdépendance - article ; n°4 ; vol.64, pg 947-955

Anita Tiraspolsky

Description

Politique étrangère - Année 1999 - Volume 64 - Numéro 4 - Pages 947-955
The Future of the Information Society: a European Perspective, by Martti Ahtisaari The information society is opening up a revolutionary era. It is changing the structures of the economy by developing the service markets. Thanks to new technologies, Finland — which was hard-hit by recession in the early 1990s — has been able to regain durably stable growth. From this point of view, the key was a change of mentality and an open mind about the future. The information society also has a strong influence on culture. It tends to strengthen linguistic and cultural diversity. Lastly, it directly affects society and the individual, in particular by reinforcing civilian society. The information society has tremendous potential, but if it is to meet the ideals of freedom, shared responsibility and equality, the emphasis must be placed on citizens' participation in the decision-making process, on tolerance and on reducing inequality.
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: POLITIQUE_ETRANGERE
• Publié le: 01 janvier 1999
• Nombre de lectures: 9
• Langue: Français

Extrait

Tiraspolsky
Science, société de l'information et interdépendance
In: Politique étrangère N°4 - 1999 - 64e année pp. 947-955.
Abstract
The Future of the Information Society: a European Perspective, by Martti Ahtisaari
The information society is opening up a revolutionary era. It is changing the structures of the economy by developing the service
markets. Thanks to new technologies, Finland — which was hard-hit by recession in the early 1990s — has been able to regain
durably stable growth. From this point of view, the key was a change of mentality and an open mind about the future. The
information society also has a strong influence on culture. It tends to strengthen linguistic and cultural diversity. Lastly, it directly
affects society and the individual, in particular by reinforcing civilian society. The information society has tremendous potential,
but if it is to meet the ideals of freedom, shared responsibility and equality, the emphasis must be placed on citizens' participation
in the decision-making process, on tolerance and on reducing inequality.
Citer ce document / Cite this document :
Tiraspolsky. Science, société de l'information et interdépendance. In: Politique étrangère N°4 - 1999 - 64e année pp. 947-955.
doi : 10.3406/polit.1999.5026
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1999_num_64_4_5026:
ÉTRANGÈRE 4/99 POLITIQUE
Science, société de l'information
et interdépendance
Le développement de la société de l'information et l'évolution des
biotechnologies (génie génétique) ont permis à l'homme
d'étendre ses moyens d'interaction avec le monde et de multi
plier sa capacité d'intervention sur l'ensemble du vivant. Par
nature très différents l'un de l'autre, ces deux domaines, qui ont connu
des avancées technologiques considérables au cours des dernières
années du XXe siècle, soulèvent de nombreuses questions philoso
phiques et éthiques. L'homme a conquis, là, de nouveaux pouvoirs, et des
espaces immenses où il peut se livrer à la manipulation, à de nouvelles
batailles industrielles, commerciales, politiques et culturelles. Mais ceci
suscite bien des inquiétudes qu'expriment les participants à cet atelier
intitulé « Science, société de l'information et interdépendance ».
La société de l'information : un écosystème informationnel
Nouvel univers, nouvel espace, la société de l'information aujourd'hui
en construction va bien au-delà de la technologie. On ne doit pas
l'assimiler à une nouvelle technologie de et de la commun
ication (NTIC) que l'on peut substituer ou ajouter à une autre. Il
s'agit véritablement d'un système technologique qui intègre l'écrit,
l'image fixe, la vidéo, et la communication interactive.
Joël de Rosnay la définit comme un écosystème informationnel - un
ensemble fait d'éléments interdépendants qui modifient de façon accé
lérée l'espace et le temps, créant le cyberespace temps. Cet écosystème
change les règles de l'économie, de la politique, de la participation des
citoyens à l'éducation et à la formation. On est en présence d'une
Cet atelier, sous la présidence de John Deutch (professeur, MIT, Cambridge, Mass.), a réuni Joël de Rosnay
(directeur de la stratégie, Cité des Sciences et de l'Industrie, Paris), Philippe Kourilsky (professeur, Collège
de France, Paris), Cesare Merlini (président, Istituto Affari Internazionali, Rome). 948 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
nouvelle révolution industrielle. Les trois premières (vapeur, pétrole,
électricité) ont permis la constitution de sociétés fondées sur l'énergie
dont le développement industriel et économique s'est accéléré grâce
aux combustibles fossiles et aux moteurs. La dernière (celle des micro
processeurs) crée une société fondée sur l'information avec pour accé
lérateur l'écriture, l'imprimerie, la poste, le téléphone, la télévision,
l'ordinateur et, aujourd'hui, Internet.
L'impact de la société de l'information sur l'économie se traduit par
l'essor de la « net economy » (économie des réseaux). En quelques
chiffres, Internet a généré, à ce jour, 2,3 millions d'emplois, dont
828 000 entre le 1er trimestre 1998 et le 1er trimestre 1999 (400 000
dans le commerce électronique). Un tiers des 4 300 entreprises
recensées aujourd'hui n'existaient pas avant 1996. En 1999, la net
economy est responsable de près de 60 % de la croissance du PIB
américain (ce dernier ayant progressé de 4 % au cours de l'année).
Enfin, quelque 200 millions de personnes sont, en 1999, connectées
au réseau Internet ; on prévoit qu'elles seront 500 millions en 2003.
Enfin, on recense, à travers le monde, 7 nouveaux internautes à la
seconde.
À brève échéance, un accroissement important des débits des réseaux
de télécommunication (satellites, câble coaxial, fibres optiques...) per
mettra aux usagers (entreprises et particuliers) de développer les
échanges de données (images, sons, vidéo) sur le web. D'ici trois à
quatre ans, on peut raisonnablement envisager la fusion du téléphone,
d'Internet, des ordinateurs portables, de la télévision numérique grâce
au protocole TCP/IP {Transfer Control Protocol/ Internet Protocol),
le développement de la vidéo interactive et de la mobilité des commun
ications, enfin, une évolution importante des interfaces entre
l'homme et la machine, cette dernière pouvant reconnaître la voix et
les contours des visages. On peut également envisager le développe
ment « d'agents intelligents » capables d'assistance informatique et
Internet.
Les enjeux sont considérables. Ils sont d'abord de nature économique
(avec une analogie avec la révolution introduite par l'électricité) pour
rester compétitif ; ils sont aussi de nature juridique, reflétant la capacité
à contrôler la fiabilité et la sécurité des données, à se préserver des
nouvelles formes de délinquance. Enfin, ils sont d'ordre politique et SOCIÉTÉ DE L'INFORMATION ET INTERDÉPENDANCE / 949 SCIENCE,
humain dans la mesure où ils mettent en question les secteurs d'in
fluence et les rapports de force, où ils posent le problème de l'informa
tion citoyenne, celui de l'exclusion et de la protection de la vie privée.
Adaptation, partage, solidarité sont les maîtres-mots du nouveau sys
tème de valeurs qu'implique le développement de la société de l'info
rmation, et sont indipensables à l'essor d'une intelligence collective.
La révolution biologique
L'expansion extraordinaire qu'a connue la biologie à la fin du XXe siècle
va se poursuivre au cours du XXIe siècle. Cette conviction qui habite
Philippe Kourilsky se fonde sur la rapidité et la qualité des progrès
réalisés depuis 25 ans. En effet, depuis le décryptage en 1996 de la
séquence complète des 6 200 gènes de la levure de bière, le savoir biolo
gique ne cesse de s'étendre. En 1999, près de 148 000 gènes humains
sont répertoriés et, d'ores et déjà, on peut concevoir qu'en 2001-2003,
la séquence du génome humain sera complète à 95 %. Par bonds tec
hnologiques successifs, le développement du savoir permettra de
décoder d'ici deux ans tous les microbes pathogènes. Les certitudes
sont toutefois moins grandes en ce qui concerne la compréhension du
système immunitaire et du système nerveux central.
La révolution biologique en cours doit amener un changement de
système de thérapie et de prévention pour autant que nos sociétés
acceptent de prévenir plutôt que de guérir. Dans l'agriculture, d'ici
cinq ans, tous les génomes seront connus et l'on pourra fabriquer de
nouveaux types d'organismes génétiquement modifiés (OGM). La
recherche et la production de connaissances en matière de biotechnol
ogie présentent une façade internationale homogène avec toutefois
une avance de deux ou trois ans des Etats-Unis sur l'Europe. Cela est
peu comparé au fossé qui s'est creusé entre les pays riches et les pays
pauvres. De plus, les disparités géographiques sont encore plus acce