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Si à cette heure le Moyen-Orient, de la Méditerranée au Golfe persique, est aux prises avec le chaos terroriste, il convient néanmoins d’ores et déjà de penser un « après ». Même si les contours de ce dernier sont encore largement flous, plusieurs des dynamiques à l’œuvre semblent devoir perdurer. Une fois vaincu le terrorisme, que restera-t-il de ces États encore jeunes, venus tardivement dans une région qui n’avait longtemps connu qu’une gestion communautaire sous l’Empire ottoman et dont le fonctionnement est arrivé à un niveau de déliquescence jamais atteint ? Ces quelques lignes ambitionnent d’apprécier la séquence idéologique actuelle qui, entre survivance étatique et cantonisation de fait, servira de matrice à l’ordre de demain.

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Publié le 08 septembre 2016
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EAN13 issn2492-248X
Licence : Tous droits réservés
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OSINTPOL
Syrie, Irak : États zombies
08/09/2016 par Frédéric Pichon
Décryptage
Si à cette heure le Moyen-Orient, de la Méditerranée au Golfe persique, est aux prises avec le chaos terroriste, il convient néanmoins dores et déjà de penser un «après». Même si les contours de ce dernier sont encore largement flous, plusieurs des dynamiques à l’œuvre semblentdevoir perdurer. Une fois vaincu le terrorisme, que restera-t-il de ces États encore jeunes, venus tardivement dans une région qui n’avait longtemps connu qu’une gestion communautaire sous l’Empireottoman et dont le fonctionnement est arrivé à un niveau de déliquescence jamais atteint? Ces quelques lignes ambitionnentd’apprécier la séquence idéologique actuelle qui, entre survivance étatique et cantonisation de fait, servira de matrice àl’ordre de demain.
Le discrédit de l’État-nation
Le nationalisme arabe qui a accompagné le déploiement de l’État moderne dans la région est un phénomène récent. On peutle faire remonter à l’expédition d’Égypte qui constitua l’une des premières rencontres entre la pensée révolutionnaire européenne et le monde arabe, maisc’est véritablementsous l’impulsion égyptienne qu’ale jour, en 1945, une première ébauche vu d’organisation panarabe: la Ligue des États arabes. Elle réunit alors, outre l’Égypte, l’Arabie Saoudite, l’Irak, la Jordanie, le Liban, la Syrie et le Yémen du
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Nord. Simple organe de concertation, elle est loin de répondre aux attentes des militants panarabes partisans d’une union de type fédérale.
La chute de la monarchie hachémite irakienne consacre la victoire de l’axe égypto-syrien qui tente alors de mettre sur pied un embryon d’État panarabe : la République arabe unie (RAU). Créée en 1958 à l’initiative du charismatique leader égyptien Gamal Abdel Nasser et avec l’aval de la direction du Baas syrien, la RAU réunit en un seul Etat l’Égypte et la Syrie, bientôt rejointes par le Yémen du Nord. L’expérience prend cependant fin dès 1961 avec le retrait de la Syrie qui s’estime lésée par une union qui s’est surtout faite au profit d’uneÉgypte dont les hommes accaparent tous les postes clés. Le Baas rencontre les mêmes difficultés que Nasser à passer de la théorie à la pratique : arrivées toutes deux au pouvoir dans les années 1960, ses branches syriennes et irakiennes entrent vite en conflit. Le rêve panarabe ne résiste donc pas aux particularismes «régionauxsi les» : nationalismes syrien et irakien sont certes largement construits,ils n’en demeurent pas moins vivaces.
Dans les années 1970, le Libyen Kadhafi tente sans grand succès de reprendre à son compte l’idéologie panarabe: son projet d’une «fédération à liens souples» associant son pays à l’Égypte et à la Syrie ne verra jamais le jour, et le «guide de la Révolution» se convertit au panafricanisme.
Toutefois, à partir des années1970, l’échec des stratégies socialisantes est acté et l’ensemble de la région s’engage dans une mutation libérale.Le désengagement de l’État de l’économie et la libéralisation de celle-ci se traduisent par une diminution des recettes fiscales et donc des capacités étatiques à assurer une assistance sociale efficace.
Ce sont les islamistes qui tirent le plus grand bénéfice de la situation en se substituant à une puissance publique défaillante pour proposer des structures de solidarité privées financées par lazakatpar des fonds venus des ou pétromonarchies du Golfe. Cette démarche leur attire en retour la sympathie de la population. Modèle du genre, les Frères musulmans égyptiens se trouvent, par exemple, à la tête de 23 hôpitaux qui soignaient, dans des conditions bien meilleures que leurs homologues publics, deux millions de personnes par an, ce à quoi s’ajoutent l’organisation de soupes populaires, des distributions de produits de première nécessité ainsi qu’un réseau d’écoles islamiques.
De plus, les Arabes se divisent face à la question de Palestine avec les traités de paix avec Israël signés par l’Égypte (1978) et la Jordanie (1994). En 2003, l’invasion américaine met fin à l’un des deux seuls régimes arabes se revendiquant encore du panarabisme en interdisant le Baas irakien. Son homologue syrien est le seul et le dernier à se maintenir dans le monde arabe, mais il a officiellement perdu son rôle de Parti unique avec la nouvelle Constitution adoptée en 2012.
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Le changement de modèle économique engagé à partir des années 13970 a rapidement eu des effets positifs sur les indicateurs globaux de croissance, un analyse plus fine montre qu’il n’a donné lieu qu’à de maigres retombées pour la collectivité, voire à des régressions, en termes de développement. Une minorité d’oligarques a capté les fruitsla croissance, ce qui a de retiré à l’État le peu de légitimité qui lui restait et a offert aux mouvements islamistes l’occasion de se rendre utiles en palliant le désengagement de la puissance publique du secteur social. Le fossé économique et social estd’autant plusle cas que la libéralisation de l’économie ne s’est pas accompagnée pas d’une libéralisation politique.Face à un pouvoir manquant de légitimité, l’islamisme politique se tenait en embuscadedans une position privilégiée au niveau de l’appui populaire.
La prégnance de la matrice islamiste
Au Moyen-Orient, le concept d’État-nation unitaire et souverain est entré en collision avec le dogme de la souveraineté exclusive d’Allah et de la supériorité de laummasur toute autre instance humaine. En toute logique l’islam rejette l’État-nation au profit de l’unité de confessionnelle. Pour le théoricien de l’islam politique égyptien, Saïd Qutb, il n’existe pas de«citoyenneté autre que celle de la foi islamique, selon laquelle l’Arabe, le Byzantin, le Perse sont égaux sous la 1 bannière de Dieu».L’Islam suivant une logique binaire ami-ennemi, ne reconnaît que l’existencede deux mondes : leDar al Islam(monde de l’Islam) et leDar al Harb(monde de la guerre). Cette conception conflictuelle du monde est le moteur de son expansion et de son organisation unitaire.
Néanmoins,si l’islam contient dès ses débuts une dimension expansionniste et une volonté de régénérer la société préexistante (la théologie islamique la désigne par le terme deJahilya, «ignorance»), la plupart des courants dits «islamistes» e e se sont constitués à la charnière des 19 et 20 siècles dans le contexte de la pénétration des idées européennes dans le monde musulman et de la situation coloniale. L’abolition du califat en 1924 suite à l’instauration de la République en Turquie a par la suitelaissé l’islam orphelin d’un magistère censé intervenir pour l’au-delà, mais aussi pour le monde d’ici-bas (din wa dunya, l’islam est foi et loi).
e Le premier courant islamiste d’importance apparaît au18 siècle avec Muhammad bin Abd al-Wahhab, natif d’Arabie qui propose une doctrine à la fois simple et révolutionnaire: le retour à l’islam originel des compagnons du Prophète. La jonction de cette tendance religieuse avec le projet politique de la dynastie des Saoud sera à l’origine de l’unification d’une grande partie de la péninsule Arabique autour du Royaume d’Arabie Saoudite.
1 Cité parOlivier Carré, Mystique et politique.Lecture révolutionnaire du Coranpar Sayyid Qotb, Frère musulman radical, Presses de la FNSP, 1984.
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La première théorisation de l’islamismesurvient plus tard et est due à un instituteur égyptien, Hassan Abd al Rahman al Banna, fondateur en 1928 des Frères musulmans (al Ikhwan al Muslimin), organisation égyptienne dédiée à la consolidation de l’islam dans les sociétés musulmanes et rejetant les régimes laïcs commeimpies(kouffar).
Son principal théoricien est toutefois Sayed Qutb. C’est lui qui met par écrit la doctrine d’al Banna dans un livre intituléA l’ombre du Coranrédigéà la fin des années 1950. Largement diffusée traduit dans plusieurs langues, ce véritable manuel de l’islamismel développe idée dekufr jusquà ses conséquences extrêmes : pas de compromis politique avec les pouvoirs en place et violence politique. Cette radicalisation politique s’accompagne d’une radicalisation idéologique. En effet, Qutb reprend le concept detakfir («assimilation aux infidèles») qui permet de déclarer infidèle un gouvernementmême s’il se déclare musulmanne fonde pas son action politique sur des principes qui intégralement islamiques. Il légitime ainsila guerre civile et l’utilisation de tous les moyens pour le pourvoir en place. En tant que force révolutionnaire, les Frères musulmans furent alors sauvagement réprimés (al Banna fut assassiné en 1949 et Qutb pendu en 1964 par les autorités égyptiennes) et les dirigeants syriens, irakiens et tunisiens notamment n’auront de cesse que de chercher à les éradiquer.
Un autre courantd’importance est le salafisme (desalaf ancêtre, c.-à-d. les compagnons du Prophète), qui se caractérise notamment parla nécessité d’imiter le mode de vie et la piété des premiers temps de l’islam. Il peut néanmoins prendre un aspect très politique, voire djihadiste, comme en Afghanistan avec les talibans ou en Syrie où opèrent de nombreuses brigades salafistes comme Ahrar al Sham.
Pour comprendre la situation qui prévaut actuellement au Moyen-Orient, on ne peutpas faire l’économie d’une analyseces héritages idéologiques qui constituent la grammaire des mouvements politiques parcourant le monde arabe. Concurrencé par la Révolution islamique iranienne, attisé par la mondialisation des modèles culturels à l’œuvreles années 1980, depuis l’islamisme politiques’est imposé comme un modèle idéologique d’appréhensiontous les de changements en cours. Au-delà de la question de sa pertinence ou de sa soutenabilité, ce modèles’est imposé comme un axe incontournable dans les représentations collectives arabo-musulmanes contemporaines.
Pétrodollars et wahhabisme
Cela étant dit, la matrice idéologique de l’islamisme ne peut être retenue comme unique facteur des évolutions actuelles. L’histoire contemporaine et les interférences étrangères ont aussi construit des représentations qui font sens dans la crise que traverse la région. Dans le monde musulman, les constructions étatiques font face à un déficit de légitimité parce qu’ellessont souvent perçues
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comme le fruit des ingérences européennes et parce que leurs frontiè5res ne recoupent pas celles des groupes humains qu’elles abritent.
Toutefois, c’estdavantage la conjonction extraordinaire du pétrole et de la opolitique de l’Occident quiprovoqué l a ’affaiblissementdes structures étatiques et la réislamisation des sociétés moyen-orientales. Les États-Unis, davantage préoccupés par le rapprochement des dictatures arabes avec l’Union soviétique et faisant de l’Arabiesaoudite leur principal appui dans la région malgré son caractère politiquement archaïque, ont laissé le Royaume saoudien inonder le monde arabo-musulman de propagande religieuse wahhabite à coup de pétrodollars. La richesse pétrolière décuplée après le choc pétrolier de 1973 a donnéà l’Arabie Saouditeune influence politique majeure sur la scène régionale. Fort de son pétrole et animé par un intégrisme religieux, le royaume saoudien a ainsi pu prétendre à une forme de successionà l’influenceottomane en étendant ses réseaux parfois bien au-delà des limites de la péninsule arabique.
Alors que le cœur vibrant du monde arabe se trouvaitsur ses franges égyptienne et syrienne, que Le Caire, Damas mais aussi Beyrouth donnaient le ton dans la diffusion des grandes idéologies dumonde arabe postcolonial, c’est de la péninsule arabique, historiquement marginalisée sur un plan culturel que vient la matrice idéologique nouvelle qui éclipse aujourd’huitout le reste ou presque. Les milliards de dollars accumulés ont été un formidable levier pour répandre dans les sociétés arabes la culture de l’intégrisme religieux le plus rigoriste, celle du wahhabisme, un dogme qui est paradoxalement associé à la réussite matérielle la plus indécente.
Dès 1979, on note que ces aspirations radicales agissent comme un effet d’entraînement sur la région dans la mesure oùla concurrence pour l’hégémonie sur les sociétés moyen-orientales passait par l’islamisme. En réaction au wahhabisme, la Révolution islamique en Iran va en apparence le nationalisme marginaliser et prétendre à son tour exceller dans la diffusion d’un Islam intégral, chiite celui-là.
Le désastre del’intervention américaine de 2003
Si l’islamisation des esprits est bien une tendance de long terme, les responsabilités américainesdurant la dernière décennie demeurent malgré tout écrasantes. La décision de Washingtond’envahir l’Irak en mars 2003 a été le détonateur du chaos islamiste régional. La fameuse «théorie des dominos» appliquée par les néoconservateurs américains en Irak en 2003 et selon laquelle l’exemple d’un Irakdémocratique allait permettre la diffusion de la démocratie à toute la région, estun échec tragique. Plus encore que l’invasion elle-même, les décisions qui suivirent donnèrent l’occasion unique à ce qui restait du nationalisme arabe d’opérer sa jonction avec l’islamisme le plus radical.
Le 23 mai 2003, Paul Bremer, tout juste nommé gouverneur d’Irak promulgue l’«OrdreN° 2» qui licencie toutes les forces militaires irakiennes. Une bonne partie des officiers irakiens rejoint alors les multiples groupes armés qui se
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constituent en réaction. Parmi ceux-ci, on trouvel’État islamique en Irak qui se renomme plus simplement État islamique en 2014. La liquidation del’appareil politico-militaire baasiste etl’organisation des élections ont rapidement abouti à deux résultats largement prévisibles : le chaos,d’une part, entretenu par tous les anciens cadres démobilisés et avides de revanche et, d’autre part,le basculement de l’équilibre politique de l’Irak au profit des chiites soutenus par l’Iran voisin.
Les accords de Sykes-Picot sont devenus, avec la destruction symbolique de la frontière syro-irakienne en juin 2014, les boucs émissaires de tous les maux du Moyen-Orient. Ils sont bien évidemment d’abord la cible de la propagande islamiste qui, au passage, montre sa capacité à recycler une forme de tiers-mondisme à travers la dénonciation des héritages de la colonisation, une colonisation pourtant révolue depuis longtemps. Ce thème a pu trouver quelque écho dans la recherche universitaire en Occident, dont certains réflexes tiers-mondistesn’ont pas totalement disparu. Faute de dénoncer l’imposture des revendications fondamentalistes et sous couvert d’expliquer le phénomène par la frustration des populations face à un ordre injuste héritéoù l’Occident une fois de plus porterait le poids de la culpabilité, une sorte de quitus est accordé à l’émergence de cet islamisme totalisant, unificateur, y compris si ce projet se réalise en exterminantau sens premier du termedes millions de citoyens, y compris desmusulmans n’adhérant pas à ce projet. Les néocons eux-mêmes 2 commencent à évoquer la fausse bonne idée d’un Sunnistanvalidant de fait une partie dela stratégie de l’État islamique qui prétend justement parler au nom de tous les Arabes sunnites.
Au-delà de la déconstruction
Il est aisé de déconstruire l’idée denation au Moyen-Orient : les frontières ayant été découpées au cordeau, elles correspondent à des rivalités passées entre grandes puissances comme en témoigne la rétrocession dès 1920 du wilaya de Mossoul par la France au Royaume-Uni pour des questions pétrolières. Néanmoins, au-delà de la déconstruction,on peut s’interrogersur le sens qu’ont fini par prendre ces constructions étatiques. Le découpage opéré par les grandes puissances a institué des entités étatiques qui se sont structurées avec le temps sur de nouvelles forces sociales. Comme le rappelle Georges Corm,«les frontières tracées par la colonisation n’ont pas été plus artificielles que d’autres, le problème étant souvent l’hétérogénéité à l’intérieur des frontières d’un seul État, car la vie des sociétés du Proche-Orient s’est historiquement cristallisée autour de grandes villes qui ont toutes eu leur heure de gloire. Ainsi en Syrie, 3 Alep et Damas; en Irak Bagdad et Mossoul.»
2 John R. Bolton, «To Defeat ISIS, Create a Sunni State»,NYTimes.com, 25 novembre 2015.
3 Georges Corm,Liban, les guerres de l’Europe et de l’Orient, Folio, 1992.
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Contestés par le panarabisme et travaillés par l’islamisme global depu7is des décennies, ces États ont finalement résisté pour deux raisons principales.C’est d’abordle cas parce que le sentiment d’appartenance aux entités que recouvrent ces États est bien vivant. Il existe incontestablement en Irak comme en Syrie un sentiment identitaire qui recouvreaussile fait d’être Syrien ou Irakien.On serait bien avisé de ne pas assimiler tous les sunnites à un Sunnistan dont la création deviendrait urgente sous prétexte que l’État islamique travaille à le créer. La majorité des habitants qui vivent encore dans les zones tenues par le gouvernement syrien sont d’obédience sunnite.Accepteraient-ils pour autant d’être associés à unÉtat qui regrouperait les sunnites d’Irak alors même que le sentiment d’appartenance nationale est encore bien vif et que les dialectes parlés dans les deux pays pour ne prendre sont très différents? Un sondage effectué en janvier 2016 pour le compte de la Fondation émiratieTabah par l’institut Zogby 4 Research Services est à cet égard sans appel . À la question suivante : «Qu’est-ce qui constitue votre principale identité?» la majorité des sondés a répondu prioritairement : «mon pays, le fait d’être Libanais, Jordanien, etc.»
Ensuite, on doit observer que la «fiction étatique» des deux États sus cités est devenue une commodité de langage qui ne recoupe pas entièrement la réalité. On distingue clairement une tendance au fédéralisme au sein de ces deux pays : en Irak, cette évolution est actée, en Syrie elle est en cours du fait notamment de la dissémination de l’outilmilitaire aux pouvoirs locaux. La question du monopole de la violence légitime conditionnera lemaintien a minima d’une structure étatique (c’est déjà le cas en Irak) etd’interlocuteurs aux puissances tutélaires intéressées par les (dés)équilibres stratégiques de la région. Il ne faut ainsi pas enterrer trop vite les États au Moyen-Orient. Leurs cadavres bougeront encore de nombreuses années.
Frédéric Pichon
4 When asked to select their principal source of identity from among the following choices: my country, being Arab, my religion, my family or tribe, or the region I am from, millennials in all countries surveyed place country, being Arab, and religion among the top three. Everywhere but Egypt and Bahrain, the respondent’s country and “being Arab” are the two principal identifiers, while religion is most important in Egypt and Bahrain. “My country” is the top choice for majorities in Morocco (59%) and Palestine (50%), and for 35% in Kuwait, as well as the second most frequently selected choice in Egypt (43%), Saudi Arabia (35%), Bahrain (31%), and UAE (14%). “Being Arab” is the top choice for majorities in UAE (66%) and Jordan (56%), as well as for 38% in Saudi Arabia and 35% in Kuwait, and the second place source of identity in Morocco (21%). Young Egyptians are least likely to say being Arab is a principal source of identity (5%). Pluralities in Egypt (49%) and Bahrain (42%) choose “my religion” as theirprincipal source of identity, with about one in five respondents in Saudi Arabia, Kuwait (19% each), and Palestine (17%) agreeing. Familial and tribal affiliation is noted as a principal source of identity by 12% of Palestinian millennials, 10% of Kuwaitis, and 10% of Jordanians, and fewer respondents in the other countries surveyed. Region is the least cited source of identity across the board.Zogby Research Services etTabahFoundation,«Attitudes on ReligionMuslim Millennial &Religious Leadership»Arab World,janvier 2016.
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Photographie :Cette carte du Moyen-Orient réalisée par satellite montre l’évolution de la concentration en dioxyde de nitrogène entre 2005 et 2014. Le déclin en Syrie est attribuable à la perturbation de l’activité économique causée par la guerre. 14 décembre 2015. Crédit : Courtoisie de la National Air and Space Agency,certains droits s’appliquent.
Pour citer ce document
***
Frédéric Pichon, « Syrie, Irak : États Zombies »,Décryptaged’OSINTPOL, 07 septembre 2016.
Lire par ailleurs
***
Yann Breault, «La dimension géo-énergétique Décryptaged’OSINTPOL, 23 octobre 2015.
***
de
la
guerre
en
Syrie»,
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