Terrorisme et politiques économiques : les États-Unis après le 11-9 - article ; n°2 ; vol.70, pg 387-399
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Politique étrangère - Année 2005 - Volume 70 - Numéro 2 - Pages 387-399
Les États-Unis ont utilisé, dans l'après-11 septembre 2001, les instruments de politique économique pour créer de la stabilité et de la puissance : aide à la croissance, creusement des déficits, etc. La théorie orthodoxe rend mal compte de ce saut par rapport aux conceptions initiales de l'Administration. L'empirisme de cette dernière a pris en compte le rapport entre champ économique et champ politique : les facteurs liés à la violence ne peuvent pas être exclus de l'analyse économique.
Eric Lahille Terrorism and Economic Policy the post 9/11 Transformation in the United States The change in United States macro-economic policy since 9/11 has squeezed economic orthodoxy It is now guided by hybrid economic considerations and disturbing political and strategic decisions Though positive economic results of current economic policy are evident in spite of the challenges involved it seems necessary to reconsider the dominant paradigm The beginning of the present century has stressed the importance of violence and political phenomena in understanding and explaining current economic changes For this reason it is imperative to transcend the unrealistic but dominant conceptions of the linkage between the economics and organized violence
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 84
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

LahiIle
Jacques Sapir
Bernard Chavance
Terrorisme et politiques économiques : les États-Unis après le
11-9
In: Politique étrangère N°2 - 2005 - 70e année pp. 387-399.
Résumé
Les États-Unis ont utilisé, dans l'après-11 septembre 2001, les instruments de politique économique pour créer de la stabilité et
de la puissance : aide à la croissance, creusement des déficits, etc. La théorie orthodoxe rend mal compte de ce saut par rapport
aux conceptions initiales de l'Administration. L'empirisme de cette dernière a pris en compte le rapport entre champ économique
et champ politique : les facteurs liés à la violence ne peuvent pas être exclus de l'analyse économique.
Abstract
Eric Lahille Terrorism and Economic Policy the post 9/11 Transformation in the United States The change in United States
macro-economic policy since 9/11 has squeezed economic orthodoxy It is now guided by hybrid economic considerations and
disturbing political and strategic decisions Though positive economic results of current economic policy are evident in spite of the
challenges involved it seems necessary to reconsider the dominant paradigm The beginning of the present century has stressed
the importance of violence and political phenomena in understanding and explaining current economic changes For this reason it
is imperative to transcend the unrealistic but dominant conceptions of the linkage between the economics and organized violence
Citer ce document / Cite this document :
LahiIle, Sapir Jacques, Chavance Bernard. Terrorisme et politiques économiques : les États-Unis après le 11-9. In: Politique
étrangère N°2 - 2005 - 70e année pp. 387-399.
doi : 10.3406/polit.2005.1165
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2005_num_70_2_1165étrangère > 2:2005 politique
Terrorisme et politiques économiques :
les États-Unis après le 1 1 -9
Par Éric Lahîlle*
Éric Lahllle, docteur en science économique, est professeur d'économie industrielle
internationale à l'Institut supérieur de technologie et management (ISTM) de la Chambre de
commerce et d'industrie de Paris. Il est chercheur associé au Centre d'études des modes
d'industrialisation (CEMI) à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).
* L'auteur tient à remercier Jacques Sapir, Bernard Chavance et l'ensemble des membres du CEMI
(EHESS) pour leurs observations.
Les États-Unis ont utilisé, dans l'après-11 septembre 2001, les instr
uments de politique économique pour créer de la stabilité et de la puis
sance : aide à la croissance, creusement des déficits, etc. La théorie
orthodoxe rend mal compte de ce saut par rapport aux conceptions in
itiales de l'Administration. L'empirisme de cette dernière a pris en compte
le rapport entre champ économique et champ politique : les facteurs liés
à la violence ne peuvent pas être exclus de l'analyse économique.
politique étrangère
Si les attentats du 11 septembre 2001 et les guerres récentes ont alimenté de
nombreuses réflexions dans les sciences sociales, c'est sans doute chez les
économistes qu'ils ont fait l'objet des traitements les plus décevants. Ces
événements montrent pourtant la nécessité d'articuler l'économie et la
violence organisée.
Les travaux d'économie appliquée concernant les effets macroécono
miques des attentats et des conflits sur la conjoncture américaine et
mondiale ont suscité des commentaires qui sont restés étrangement flous,
et n'ont donné lieu qu'à des explications a posteriori des enchaînements
observés. Au plan sectoriel, des analyses ont été menées dans une perspect
ive pratique de court terme. Centrées tantôt sur les circuits de financement
du terrorisme, sur les domaines de la sécurité et de la défense, sur le trans
port aérien ou l'assurance et la couverture des risques internationaux, elles
sont restées parcellaires1. Notre hypothèse est que les modèles théoriques
1. Cf. OCDE, « Les conséquences économiques du terrorisme », Paris, juillet 2002, disponible sur
<www.oecd .org/dataoecd/1 2/1 9/1 935306. pdf >.
317 étrangère 1 2:2005 politique
implicites ou explicites servant de fondements à ces travaux, dérivés du
paradigme néoclassique, en ont limité la portée. Avec le recul dont nous
disposons aujourd'hui, il semble opportun de faire le point sur des événe
ments qui remettent en question bien des idées reçues, et de voir en quoi le
tournant dans la politique économique américaine après le 11 septembre
souligne les failles de la pensée orthodoxe.
Le statut de la violence dans la théorie dominante et ses limites
La violence hors sujet dans la théorie standard2
D'un point de vue méthodologique, la théorie de l'équilibre général aborde
les changements sous l'angle d'accidents dont les causes sont exogènes.
L'économie peut être perturbée par des chocs externes (guerres, catastr
ophes naturelles, attentats, etc.), mais a priori l'économie de marché est
considérée comme le lieu de la rationalité, de l'équilibre et de l'harmonie.
Les conflits politiques et militaires sont donc exclus du périmètre de
réflexion de la théorie standard. Ils sont renvoyés vers le politique, consi
déré, depuis Walras et Pareto, comme le domaine par excellence de
l'expression des tendances irrationnelles de l'être humain. Ainsi
l'économie néoclassique semble-t-elle se construire d'emblée comme une
anti-politique3. Dans ces conditions, on comprend le silence des partisans
de la théorie de l'équilibre général pour appréhender le terrorisme et les
guerres. L'économie étant le lieu de la rationalité du comportement
humain, les attentats sont rejetés dans l'irrationnel, l'anormal et le non-
économique. Ils sont à interpréter du côté du religieux, du culturel, du
politique... où régnent les conduites passionnelles. Cette vision débouche
sur l'idée que les lois de la rationalité économique sont un rempart contre
la violence organisée. Le défaut majeur de cette approche réside dans son
caractère irréaliste. Ce n'est pas le moindre des paradoxes qu'au moment
où triomphent la doctrine et les politiques néolibérales associées à « la fin
de l'histoire », on assiste à un regain de violence.
De la rationalité économique à la violence rationnelle ?
La « théorie standard étendue4 » renverse la perspective d'origine et
procède à l'analyse économique de la violence sur la base des outils de la
théorie standard. Cette approche, partant des intuitions de
2. On reprend ici la définition de O. Favereau pour qui « la TS réduit la rationalité à l'optimisation sous
contraintes, et la coordination aux prix des marchés. Il s'agit de la théorie de l'équilibre général, issue de
Walras. » Cf. « Conventions et régulation », in Y. SaillardetR. Robert (dir.) Théorie de la régulation. L'État
des savoirs. Paris, La Découverte, 2002 (nouvelle édition actualisée), p. 511.
3. Cf. J. Sapir, « L'économie est-elle une anti-politique ? », Cahiers d'économie politique, n° 47, automne 2004.
4. Pour O. Favereau, « la TSE confirme et accentue [la] réduction de la rationalité à l'optimisation sous
contraintes et étend l'espace de choix des agents économiques aux modalités contractuelles de leurs
interactions [...]. ■■ Cf. O. Favereau, article cité [2].
388 ;
Terrorisme et politiques économiques : les États-Unis après le 11-9
Francis Y. Edgeworth, qui refusait de séparer l'économie du conflit,
s'appuie sur les travaux de Gary Becker sur la criminalité, sur le public
choice, sur la théorie des jeux et sur l'économie de l'information. Elle aborde
les phénomènes de violence en général à partir des postulats et de l'axio-
matique néoclassiques. On assiste depuis 2001 à une multiplication des
travaux sur le terrorisme5, qui aboutissent à décrire des jeux stratégiques
sophistiqués entre un État et un groupe terroriste, où chacun cherche à
obtenir le gain maximum vis-à-vis de l'autre joueur. Le calcul d'optimisat
ion des acteurs en présence aboutit alors à des situations conflictue

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