Un regard indien sur la politique étrangère française - article ; n°4 ; vol.67, pg 1051-1065
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Description

Politique étrangère - Année 2002 - Volume 67 - Numéro 4 - Pages 1051-1065
Quel regard l'Inde peut-elle porter sur la diplomatie française ? Selon V. Raghavan, la vision indienne permet d'identifier, sur la scène internationale, un certain particularisme français qui se manifeste, depuis De Gaulle, par une exigence d'autonomie — notamment par rapport aux Etats-Unis en ce qui concerne la défense et les affaires stratégiques —, par le dépassement de l'intérêt national à travers la construction européenne — où, par ailleurs, l'économique a singulièrement supplanté le militaire —, ainsi que par la revendication d'un monde multipolaire. Des logiques comparables entre les stratégies indienne et française en matière de sécurité, d'armement et de dissuasion nucléaire rapprochent les deux pays, même si l'Inde ne manque pas de reprocher à la France de souvent contredire, dans ses actes, les principes d'indépendance énoncés.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Vasantha R. Raghavan
Christophe Jaquet
Un regard indien sur la politique étrangère française
In: Politique étrangère N°4 - 2002 - 67e année pp. 1051-1065.
Résumé
Quel regard l'Inde peut-elle porter sur la diplomatie française ? Selon V. Raghavan, la vision indienne permet d'identifier, sur la
scène internationale, un certain particularisme français qui se manifeste, depuis De Gaulle, par une exigence d'autonomie —
notamment par rapport aux Etats-Unis en ce qui concerne la défense et les affaires stratégiques —, par le dépassement de
l'intérêt national à travers la construction européenne — où, par ailleurs, l'économique a singulièrement supplanté le militaire —,
ainsi que par la revendication d'un monde multipolaire. Des logiques comparables entre les stratégies indienne et française en
matière de sécurité, d'armement et de dissuasion nucléaire rapprochent les deux pays, même si l'Inde ne manque pas de
reprocher à la France de souvent contredire, dans ses actes, les principes d'indépendance énoncés.
Citer ce document / Cite this document :
Raghavan Vasantha R., Jaquet Christophe. Un regard indien sur la politique étrangère française. In: Politique étrangère N°4 -
2002 - 67e année pp. 1051-1065.
doi : 10.3406/polit.2002.5248
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2002_num_67_4_5248POLITIQUE ÉTRANGÈRE 4/2002
Un regard indien sur la politique Vasantha R.
RAGHAVAN étrangère française
Quel regard l'Inde peut-elle porter sur la diplomatie française ? Selon
V. Raghavan, la vision indienne permet d'identifier, sur la scène internationale,
un certain particularisme français qui se manifeste, depuis De Gaulle, par une
exigence d'autonomie — notamment par rapport aux Etats-Unis en ce qui
concerne la défense et les affaires stratégiques —, par le dépassement de l'intérêt
national à travers la construction européenne — où, par ailleurs, l'économique a
singulièrement supplanté le militaire —, ainsi que par la revendication d'un
monde multipolaire. Des logiques comparables entre les stratégies indienne et
française en matière de sécurité, d'armement et de dissuasion nucléaire rappro
chent les deux pays, même si l'Inde ne manque pas de reprocher à la France de
souvent contredire, dans ses actes, les principes d'indépendance énoncés.
Politique étrangère
La politique étrangère d'un Etat est généralement définie et mise
en oeuvre en vue de défendre et de promouvoir ses intérêts
nationaux. La politique étrangère de la France fait toutefois
figure d'exception en ce qu'elle s'efforce de construire une identité
européenne au sein d'un ordre mondialisé. Le discours officiel fait
ainsi de la création d'une zone économique européenne unifiée et de
celle d'une identité européenne en matière de défense et de sécurité
l'objet central de cette politique. Et la recherche volontariste de
l'autonomie dans les affaires stratégiques, alors même que ce pays
demeure un partenaire de premier plan dans les relations de sécurité
transatlantiques, achève de souligner son particularisme.
La fin de la guerre froide et l'imprévisibilité des nouveaux enjeux de
sécurité nationale après les attaques terroristes du 11 septembre 2001
ont encore rehaussé l'intérêt d'une politique qui a tour à tour été
Le lieutenant-général Vasantha R. Raghavan est un spécialiste international des questions de stratégie et de
défense. Il est, en outre, directeur du Delhi Policy Group. Texte traduit par Christophe Jaquet. 1052 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
jugée - selon les points de vue et le contexte - originale, imaginative,
individualiste, obstructionniste, égocentrique, voire égoïste. Mais il est
important de rappeler que la France et ses dirigeants ont toujours su
faire preuve d'une grande fermeté dans la sauvegarde des intérêts
nationaux, et ce, en dépit de tous les changements intervenus dans
l'environnement international.
Y a-t-il une vision indienne de la politique étrangère de la France ? Une
telle vision peut-elle ne pas être liée aux intérêts de sécurité de l'Inde ?
Y a-t-il des leçons à tirer des efforts continus faits par une puissance
moyenne comme la France pour conserver durablement une place
parmi les grands ? Dans un ordre international où l'interdépendance est
chaque jour rendue plus étroite par le processus de mondialisation, la
politique étrangère doit s'appuyer sur des actions de coopération et de
collaboration, et ce, à la fois sur les plans national, régional et interna
tional. Pour répondre aux nouvelles menaces contre la sécurité
nationale apparues ces dernières années, la politique étrangère doit aussi
être capable d'adapter sa praxis sans cesser de poursuivre l'essentiel de
son dessein national. Le présent texte tente d'appréhender la politique
étrangère française à travers le prisme des intérêts de sécurité indiens.
La liberté stratégique dans un monde bipolaire
II n'est pas inutile ici de rappeler les propos du général de Gaulle lors
qu'il décida, en 1966, le retrait de la France du « bras armé » de
l'Alliance atlantique, dont elle restait néanmoins membre : « La France
entend retrouver la pleine souveraineté sur son territoire, jusqu'à
présent entravée par la présence permanente d'unités militaires alliées
et par l'usage quotidien qu'elles font de son espace aérien ; elle entend
aussi cesser de participer au commandement "intégré" et de mettre ses
forces à disposition de l'OTAN. » Ces propos marquaient la naissance
d'une politique étrangère bâtie d'abord sur la confiance que donnait à
la France son statut de puissance nucléaire, mais surtout sur la stabi
lité économique et institutionnelle du pays. Ils annonçaient à la com
munauté internationale la volonté de la France de recouvrer sa
puissance, sa grandeur et son indépendance. D'une seule phrase, la
France donnait les conditions de sa participation à l'ordre interna
tional ; elle serait désormais la maîtresse de sa destinée au lieu de voir
celle-ci déterminée par l'une ou l'autre des superpuissances. UN REGARD INDIEN SUR LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE FRANÇAISE / 1053
On peut penser qu'il fallait un De Gaulle pour sortir la France de
l'orbite des deux supergrands. Mais il est vrai que ce retrait fut conséc
utif à une décennie de renaissance politique et économique du pays.
La crise de Suez, en 1956, avait sensibilisé la France et la Grande-
Bretagne à une menace nucléaire soviétique ; et un doute était né
quant à la volonté des Etats-Unis d'apporter réellement une caution
nucléaire aux pays membres de l'Alliance. Londres choisit d'y remé
dier en fortifiant sa « relation privilégiée » avec Washington. Paris pré
féra s'émanciper du « protectorat » américain sur la sécurité de
l'Europe. En outre, un certain nombre de différences entre les
membres de l'Alliance étaient apparues dans les années 1960 sur la
question de la dissuasion. Les Etats-Unis défendaient alors la doctrine
de la « réponse flexible » contre le Pacte de Varsovie. Cela signifiait
que les armes nucléaires ne seraient pas employées même si le terri
toire européen se trouvait envahi. Les incertitudes liées à cette doc
trine renforcèrent un peu plus la méfiance de la France vis-à-vis de
l'intégration nucléaire au sein de l'OTAN.
Tandis que la décision tranchée et déterminée de la France quant à sa
situation dans l'Alliance témoignait sans ambages de la foi du général
de Gaulle dans la force de son pays, son approche opérationnelle fai
sait preuve d'un grand pragmatisme. Les cercles dirigeants français
étaient parfaitement conscients de l'infériorité du statut de la France
comparé à celui des autres grandes puissances, d'où un style fait d'un
mélange d'insouciance et de fierté nationale - et d'une relative sou
plesse quant aux grandes questions internationales sur lesquelles la
France ne pouvait pousser le d

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