Une mission géographique et militaire à la Guyane en 1762 - article ; n°2 ; vol.1, pg 218-231
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Description

Annales de Géographie - Année 1892 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 218-231
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1892
Nombre de lectures 59
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Henri Froidevaux
Une mission géographique et militaire à la Guyane en 1762
In: Annales de Géographie. 1892, t. 1, n°2. pp. 218-231.
Citer ce document / Cite this document :
Froidevaux Henri. Une mission géographique et militaire à la Guyane en 1762. In: Annales de Géographie. 1892, t. 1, n°2. pp.
218-231.
doi : 10.3406/geo.1892.18065
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1892_num_1_2_18065Ill
UNE MISSION GÉOGRAPHIQUE ET MILITAIRE
A LA GUYANE EN 1762.
Ce n'est pas seulement4, comme l'ont raconté tous les historiens de
la (îuyane française, en l'année i"d!)'.), après la fin de la guerre de Sept
ans, (pie Choiseul a songé à chercher en Guyane une compensation aux
pertes coloniales imposées à la France par le désastreux traité de Paris.
Dès les premiers mois de 1762, ce ministre intelligent, ne prévoyant que
trop les dures conditions auxquelles l'Angleterre allait consentir à traiter,
projeta de tirer parti de la Guyane, d'en faire une importante colonie,
« capable de résister par elle-même aux attaques étrangères, et propre à
voler avec le terris au secours des autres. colonies, lorsque les circon
stances pourroient l'exiger 1 »; enfin d'en préparer l'extension du côté
de l'Amazone. Ce fait, qui n'ajamais été mis en lumière jusqu'à présent 2,
ressort très nettement des instructions suivantes, contenues aux Archives
de la marine dans le volume intitulé Faits et Décisions de l'Adminis
tration des Colonies depuis 17Л7 à 1774'3.
« 1702, 2i avril. Instruction au Sr de Behague, Lieut1 Colel de Dragons \
1. Histoire philosophique et politique des établisse tuens et du commerce des Euro
péens dans les d/iu.r, Indes. Amsterdam, 1773, t. V, p. 25.
2. Aucun historien, à notre connaissance, n'en a encore parlé. Le Précis histo
rique de l'expédition du Kourou, publié par le ministère de la Marine en 1842, se
borne à dire accidentellement que « M. de Béhague... avn.it été envové pour
examiner l'état des fortiiications existantes, et pour en faire établir de nouvelles
d'après les plans qu'il avait emportés de Paris » (p. 9). Seul le Dr Artur, dans son
Histoire manuscrite dss Colonies françoiscs de la Guïane, a soupçonné la vérité. Au
moment de l'arrivée de MM. de Béhague et Morisse dans le pays, il écrit : « II
semble que le ministre pensoit a l'Etablissement de la nouvelle Colonie, toutte
composée de blancs sans esclaves nègres, dont des travailleurs blancs dévoient
tenir lieu. 11 paroist qu'on avoit Envoyé Ces MM. luy préparer les voyes » (t. II,
p. 739). — Notre maître, M. Pigeonneau, dans le cours qu'il a professé en 1886-87
sur l'Histoire des colonies françaises au xvin« siècle, a très bien dit que M. de
Béhague avait été envoyé en Guyane surtout pour étudier sur les lieux un projet
de colonisation.
3. Archives de la Marine, G o."i, p. 1!»2-1'J8.
l. M. de Déhngue, de Septfontaines, lieutenant-colonel réformé de dragons,
partit à Cayenne en 1762 eu qualité de commandant en second. Il prit possession le
8 mai 17G3, à la réception d'une lettre du roi, du gouvernement provisoire de la colonie
en l'absence du chevalier de Turgot, et ne cessa, d<''r> l'arrivée des premiers colons,
de signaler dans ses mémoires au roi les erreurs des fondateurs de Ja colonie du UNE MISSION GÉOGRAPHIQUE ET MILITAIRE EN 17G2. 219
« On donna ordre à M. de Bchague, Lient, Colonel fie Dragons, de.
s'embarquer à P>onbeau x pour se rendre à Cayenne pendant h1 féjour
qu'il y dpvoit faire, on lui ac.cordoit, après le Gouverneur ' le ran:? sur
tous les autres Ofiiciers de la (Colonie, et même le Commandfemiant (sic)
Sous ses ordres et en Chef en son absence.
« La mission du Sr Behaguedans celle Colonie avoit deux principúiuix
objets.
« Le 1er de connoitre par Lui-même le Local de cette Colonie qui
a voit été négligée au point que dans le Traité d'Utrecht en fixant ses
Limites du coté des Portugais on avoit confondu la rivière de. Vincent
Pinson avec celle (](><■ Amazones, quoique la p>remiè re fut éloignée de
plus fie ;?0 lienes de la seconde., ce qui auroit fait perdre a la france tout
cet espace de terrein (aie) 2. Ce malentendu ('toit trop sensible, et même
trop ridicule pour ne pas en revenir en faisant attention aux autres
articles du même traité; mais on ne pouvoit disputer aux Portugais les
deux rivieres du fleuve des Amazones qui leur avoient été cédées par
le ď traité. 8: le peu d'attention qu'on avoit donné aux cultures de l'i
ntérieur du païs avoit repondu à celles (sic) des limites, nulle population *,
Kourou. Quant M. de Fierlmont eût été nommé gouverneur général «le la Guyane,
il revint en France et y exerça divers commandements de 176B à 1T!)1. A cette
époque, il était lieutenant général quand il fut nommé gouverneur de la Martinique.
Jl ijuitt.n cette colonie, eh 1703, et mourut à Londres au début du xixa siècle.
1. C'était alors Gilbert Guillouet d'Orvilliers, qui vécut il ans de .sa vie à la
Guyane. 11 commença à servir dans ce pays en 1716, y passa par tous les grades,
fut nommé lieutenant du roi à Cayenne en 1744, et gouverneur en 1749. Il le
demeura jusqu'au S mai i7f>3, et rentra alors en France; il mourut à Rochefort
le 11 avril 17fii (Archives de la Marine, dossier Gilbert Guillouet d'Orvilliers;. Par
son long séjour à la Guyane, et par sa. famille (sou grand-père et son père avaient
été avant lui gouverneurs du paysj, il avait acquis une grande expérience des choses
de la colonie.
i. Ce n'est pas à la. question du territoire contesté que font allusion les instructions
données и M. de Béhague, mais à l'abandon de la rive tranche des Amazones aux
Portugais. Сеч mktructions reprochent aux plénipotentiaires français d'avoir, en
1713, en voulaîit seulement renoncer aux prétentions de la France sur le territoire
situé au sud du grand ilouve, cru qu'il portait le nom de Vincent Pinçon (art. s du
traité d'IHrecht), alors que ce nom aurait été réservé, à les en croire, à une, riviere
située plus de 'M lieues plus au nord, à, l'Aragouary probablement. — On peut
répondre, pour la. défense des plénipotentiaires, que le bras le plus occidental des
Amazones a été plus d'une fois appelé « riviere de Vincent Pinçon ».
Quoi qu'il en soit île ce point, il faut remarquer que nos instructions, comme
tous les documents français du xviii0 siècle, ne mettent nullement en doute que.
les possessions françaises ne- s'étendent bien nu smlde ГОуароок, jusqu'à uiin tren
taine de lieues au nord des Amazones, ne tiennent par conséquent aucun compte
des prétentions des Portugais et n'admettent pas l'existence de la question du
territoire contesté.
'.\. Art. Ю : « S. M. T. Ch. reconnaît par le présent traité que les deux bords
de la rivière «les Amazones, tant le méridional qun le septentrional, appartiennent
en toute propriété, domaine et souveraineté, à S. M. Portugaise... »
i. Dans sa Noarelle Relation <!e La France èqtiirtnxialc (Paris, 1743, \î\-{±, p. 4G),
le médecin Pierre lîarrére fournit les renseignements suivants sur la population de
la colonie : « II n'y a guère aujourd'hui plus de quatrp-viii«rt-dix habitants blancs;
on comptait, il y a quelques années, dans le recensement général, cent vingt- ■

220 ANNALES DE GÉOíHUPHIE;
nul encouragement, et nulle ressource mise en œuvre dans un païs où
elles se présentent rie tous cotés '.
« Le Sr de Behaguo devoit donc regarder la Cayenne comme un païs
nouvellement découvert où il étoit question d'établir solidement une
Colonie et proposer cet établissement d'une manière á le rendre aussi
avantageux á l'Etat politique, des Colonies, que fructueux et utile pour
le commerce de la France2.
« Pour cet effet le Sr de Behague devoit s'attacher :
« 1° à connoitre dans quel endroit on pourroit à. peu de frais pra
tiquer un Port qui fut en état de recevoir des frégates au moins de
30 Canons; les terres sont si plates et quelquefois si noy

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