Une politique étrangère commune : l heure de vérité ? - article ; n°4 ; vol.67, pg 879-895
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Description

Politique étrangère - Année 2002 - Volume 67 - Numéro 4 - Pages 879-895
A Common Foreign Policy: The Moment of Truth?, by Alain LAMASSOURE
The term card of European foreign policy can be summarised in one word: insignificance. If, within Europe, the European project has succeeded so well that foreign policy has no more raison d'être, outside Europe, on the other hand, where this is all the more necessary, European policy is content with speeches without action, and financing without conditions. Thus, since the fall of the Berlin wall, on such important subjects as war and peace, democracy and development, nothing would have been different in the world without the Union and its gentlemen's club. Therefore it is time that the Union took charge of its defence and its security, affirming with strength a common foreign policy, re-evaluating the definition of threats, ending the illusion of living in a world where conflicts involve only others. For this there are a number of institutional reforms that are necessary: separating diplomacy from community, revising and harmonising national foreign policies, and taking another look at what constitutes the common destiny.
Le bilan de la politique étrangère européenne peut se résumer d'un mot : l'insignifiance. Si, en Europe, l'entreprise européenne a si bien réussi que la politique étrangère n'y a plus de raison d'être, hors d'Europe, en revanche, ou celle-ci est plus que jamais nécessaire, la diplomatie européenne se contente de discours non suivis d'action, de financements jamais assortis de conditions. Ainsi, depuis la chute du mur de Berlin, sur les grands sujets de la guerre et de la paix, de la démocratie, du développement, rien n'aurait été différent dans le monde sans l'Union et son « club de gentils membres ». Il est donc temps pour l'Union de prendre en charge sa défense et sa sécurité. D'affirmer avec force une politique étrangère commune. De revoir sa définition des menaces. D'en finir avec l'illusion de vivre dans un monde ou les conflits ne concernent que les autres. Il lui faut pour cela faire les réformes institutionnelles qui s'imposent, séparer le diplomatique du communautaire, réviser et harmoniser les politiques étrangères nationales, et repenser enfin ce qui fait l'unité de son destin.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lamassoure
Une politique étrangère commune : l'heure de vérité ?
In: Politique étrangère N°4 - 2002 - 67e année pp. 879-895.
Citer ce document / Cite this document :
Lamassoure. Une politique étrangère commune : l'heure de vérité ?. In: Politique étrangère N°4 - 2002 - 67e année pp. 879-
895.
doi : 10.3406/polit.2002.5234
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2002_num_67_4_5234Abstract
A Common Foreign Policy: The Moment of Truth?, by Alain LAMASSOURE
The term card of European foreign policy can be summarised in one word: insignificance. If, within
Europe, the European project has succeeded so well that foreign policy has no more raison d'être,
outside Europe, on the other hand, where this is all the more necessary, European policy is content with
speeches without action, and financing without conditions. Thus, since the fall of the Berlin wall, on such
important subjects as war and peace, democracy and development, nothing would have been different
in the world without the Union and its gentlemen's club. Therefore it is time that the Union took charge of
its defence and its security, affirming with strength a common foreign policy, re-evaluating the definition
of threats, ending the illusion of living in a world where conflicts involve only others. For this there are a
number of institutional reforms that are necessary: separating diplomacy from community, revising and
harmonising national foreign policies, and taking another look at what constitutes the common destiny.
Résumé
Le bilan de la politique étrangère européenne peut se résumer d'un mot : l'insignifiance. Si, en Europe,
l'entreprise européenne a si bien réussi que la politique étrangère n'y a plus de raison d'être, hors
d'Europe, en revanche, ou celle-ci est plus que jamais nécessaire, la diplomatie européenne se
contente de discours non suivis d'action, de financements jamais assortis de conditions. Ainsi, depuis la
chute du mur de Berlin, sur les grands sujets de la guerre et de la paix, de la démocratie, du
développement, rien n'aurait été différent dans le monde sans l'Union et son « club de gentils membres
». Il est donc temps pour l'Union de prendre en charge sa défense et sa sécurité. D'affirmer avec force
une politique étrangère commune. De revoir sa définition des menaces. D'en finir avec l'illusion de vivre
dans un monde ou les conflits ne concernent que les autres. Il lui faut pour cela faire les réformes
institutionnelles qui s'imposent, séparer le diplomatique du communautaire, réviser et harmoniser les
politiques étrangères nationales, et repenser enfin ce qui fait l'unité de son destin.POLITIQUE ÉTRANGÈRE 4/2002
Une politique
Alain LAMASSOURE étrangère commune
l'heure de vérité ?
Le bilan de la politique étrangère européenne peut se résumer d'un mot : l'ins
ignifiance. Si, en Europe, l'entreprise a si bien réussi que la politique
étrangère n'y a plus de raison d'être, hors d'Europe, en revanche, ou celle-ci est
plus que jamais nécessaire, la diplomatie européenne se contente de discours non
suivis d'action, de financements jamais assortis de conditions. Ainsi, depuis la
chute du mur de Berlin, sur les grands sujets de la guerre et de la paix, de la
démocratie, du développement, rien n'aurait été différent dans le monde sans
l'Union et son « club de gentils membres ». Il est donc temps pour l'Union de
prendre en charge sa défense et sa sécurité. D'affirmer avec force une politique
étrangère commune. De revoir sa définition des menaces. D'en finir avec l'illusion
de vivre dans un monde ou les conflits ne concernent que les autres. Il lui faut
pour cela faire les réformes institutionnelles qui s'imposent, séparer le diplomat
ique du communautaire, réviser et harmoniser les politiques étrangères natio
nales, et repenser enfin ce qui fait l'unité de son destin.
Politique étrangère
L'union fait la force. En ce début d'un siècle qui s'annonce aussi
passionnant que périlleux, où l'avènement du monde « un » (la
« mondialisation ») bouleverse l'économie comme la culture et,
naturellement, les rapports de force entre pays, continents et même
religions, pour l'homme de la rue, la défense des intérêts et de l'ident
ité de nos pays vis-à-vis du monde extérieur est la première raison de
l'achèvement de la construction européenne. Les « Eurobaromètres »
montrent que, sur le continent même, sept personnes sur dix consi
dèrent que, désormais, l'Union européenne est le niveau pertinent
pour la politique étrangère. Alors, vox populi, vox dei ? Curieusement,
non. La situation est aussi navrante qu'étrange.
André Lamassoure, ancien ministre des Affaires européennes, est député européen et membre de la
Convention sur l'avenir de l'Europe. 880 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Entrer dans le xxie siècle
Le grand paradoxe européen
En Europe même, entre pays européens, nous avons si bien réussi
qu'il n'y a plus matière à politique étrangère. La construction d'une
union politique reste imparfaite et inachevée, mais, pour quinze pays,
le travail en commun a remplacé la relation diplomatique, tandis
qu'une douzaine d'autres nous rejoindront bientôt. Nos ambassades
bilatérales sont aussi désuètes que la vénérable Chambre des lords.
C'est un triomphe : la politique étrangère a disparu.
Hors d'Europe ? C'est un désastre : la politique étrangère a également
disparu, alors que, dans ce domaine, le besoin est plus grand que
jamais. Et cette evanescence s'explique par les effets, ici pervers, d'une
construction européenne restée à mi-chemin : nous sommes assez unis
pour renoncer à des politiques extérieures purement individuelles,
mais pas assez pour accepter une politique commune. Aussi la poli
tique étrangère européenne se limite-t-elle à une panoplie limitée : elle
parle et elle paye.
Diplomatie du verbe : peu de crises internationales échappent aux
communiqués communs des Quinze, condamnant la violence et appe
lant les parties au dialogue.
Diplomatie du chèque. Ou plutôt, le chèque sans la diplomatie. Peu
de pays tiers non industrialisés échappent à l'aide européenne. Qui
sait qu'en Russie, en Afrique, mais aussi dans les Caraïbes, en
Amérique latine et dans l'Asie du Sud-Est, l'Union est le premier
donateur d'aide publique, bien avant les Etats-Unis ? Or, ce généreux met comme un point d'honneur à ne pas assujettir son aide
de conditions politiques trop rigoureusement interprétées. Le Proche-
Orient en fournit hélas un cas d'école. L'Autorité palestinienne
dépend largement de l'aide financière de l'Europe. Pourtant, celle-ci n'a
sérieusement réagi ni à la campagne d'attentats-suicides, ni au bombar
dement par Israël des équipements publics qu'elle avait financés - sinon
pour annoncer sans sourciller qu'elle en paierait aussi... la recons
truction.
Au niveau du rôle de l'Union, la conséquence est paradoxale. Si, pour
les problèmes internes, le principe de subsidiarité inspire le partage UNE POLITIQUE ÉTRANGÈRE COMMUNE : L'HEURE DE VÉRITÉ ? / 881
des tâches entre l'Union et les gouvernements nationaux, pour les
relations extérieures, la situation est contraire : plus un problème est
important, plus les Etats reprennent systématiquement leur indépen
dance d'action, ne concédant finalement à l'Union que les sujets
mineurs, ou ceux qui ne fâchent pas. A chaque grande crise, dans
chaque capitale du continent, la profession de foi est européenne, mais
l'action est solitaire - et le résultat final insignifiant. Cette subsidiarité
« à l'envers » est illustrée par les moyens financiers mis en oeuvre : les
Quinze additionnés consacrent 70 milliards d'euros à la coopération
et à l'action extérieure, l'Union elle-même 9 milliards, et le budget de
la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) se limite à...
35 millions. C'est l'ordre de grandeur du budget d'entretien des bât
iments de la Commission européenne, et c'est moins de la moitié du
budget de Défense du Costa Rica, le seul pays continental dépourvu
d'arm

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