Va-t-on vers une crise de régime aux Etats-Unis ? - article ; n°3 ; vol.38, pg 307-342
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Description

Politique étrangère - Année 1973 - Volume 38 - Numéro 3 - Pages 307-342
L'autocratie présidentielle et la révolte du Congrès : la question du pouvoir financier. Watergate ? coup arrêt ?
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Janet Finkelstein
Va-t-on vers une crise de régime aux Etats-Unis ?
In: Politique étrangère N°3 - 1973 - 38e année pp. 307-342.
Résumé
L'autocratie présidentielle et la révolte du Congrès : la question du pouvoir financier.
Watergate ? coup arrêt ?
Citer ce document / Cite this document :
Finkelstein Janet. Va-t-on vers une crise de régime aux Etats-Unis ?. In: Politique étrangère N°3 - 1973 - 38e année pp. 307-
342.
doi : 10.3406/polit.1973.2014
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1973_num_38_3_2014VERS UNE CRISE DE RÉGIME VA-T-ON
AUX ÉTATS-UNIS ?
par Janet FINKELSTEIN
L'autocratie présidentielle et la révolte du Congrès : la question
du pouvoir financier.
Watergate ? coup d'arrêt ?
L'extension de la puissance des Etats-Unis, tant militaire qu'éco
nomique, à des responsabilités mondiales, leur hégémonie qui dé
passe même sectoriellement les frontières du monde capitaliste,
a conféré une importance croissante au pouvoir d'Etat, seul organe
capable de faciliter la mise au point d'anciennes et de nouvelles for
mes de pénétration économique et de surveiller le maintien des autres
nations dans son système de production.
Mais dans la mesure où le fonctionnement de l'appareil devient
plus complexe, le pouvoir d'Etat tend à se concentrer. Depuis la deu
xième guerre mondiale, presque tous les pays occidentaux ont évolué
dans le sens d'une importance croissante de l'exécutif. En même
temps, on a vu se modifier les critères de décisions du pouvoir poli
tique ainsi redéfini. Cette modification est d'autant plus sensible que
les intérêts, que doit incarner le pouvoir politique, deviennent moins
nationaux, plus internationaux et même transnationaux. On atteint
aujourd'hui avec le développement des firmes géantes transnation
ales, dont le siège se trouve aux Etats-Unis pour la plupart, une
étape nouvelle dans l'histoire du développement capitaliste qui se ré
percute sur la nature de l'Etat Nation et surtout de l'Etat Nation amér
icain dont les valeurs et les critères politiques de décision sont en 308 FINKELSTEIN
passe d'être remplacés par une vision incontestablement plus globale
que locale.
Le déplacement du pouvoir politique vers l'Exécutif aux dépens
du Congrès a pris une nouvelle tournure avec la tentative faite par le
Président Nixon, depuis sa deuxième élection, de concentrer entre ses
mains le pouvoir financier. Le Congrès résiste à cette invasion de son
domaine, mais la raison de son mécontentement doit être bien préci
sée : le Congrès est probablement bien moins opposé au contenu de
la politique présidentielle qu'à la façon dont elle est menée. Il s'agit,
pour cette raison même, d'une lutte qui porte sur la question constitu
tionnelle de la séparation et de la répartition des pouvoirs mais le
Congrès n'a pas montré une volonté d'apporter des modifications
profondes aux critères de décision.
Cette étude n'essaie pas de déterminer si le Congrès exerce une in
fluence positive ou négative à l'égard de la politique, mais pose une
question plus fondamentale : lui est-il permis de jouer un rôle actif
dans la formulation de la politique ? Et pour aller plus loin, on peut
douter que, si la participation du Congrès était réelle, il agisse diff
éremment de l'Exécutif.
Le conflit institutionnel que nous invoquons ici avait déjà pris une
forme définie, bien avant qu'un groupe d'hommes masqués aient été
arrêtés en juin 1972 dans le quartier général du parti démocrate. De
puis l'élection du Président Nixon, en fait, l'élargissement des pou
voirs et des compétences que s'attribue l'Exécutif s'est sans cesse man
ifesté ; l'affaire Watergate est la confirmation caricaturale de cette
tendance à l'abus de pouvoir mais elle n'en est pas le premier signe.
Elle est une indication parmi d'autres de l'emprise présidentielle sur
la politique américaine. L'exploitation de l'affaire sert avant tout à
informer le public : c'est-à-dire à dévoiler les conséquences lo
giques qui découlent d'un système politique complexe poussé
jusqu'au bout. Qu'une telle affaire ait pu être montée et gardée se
crète pendant presque un an, c'est déjà beaucoup dire sur la puis
sance de l'Exécutif.
Il faut déterminer avant tout si la poursuite de l'affaire entraînera
l'affaiblissement de la Présidence, ou si elle s'attaquera simplement au
Président actuel. Déjà avant l'éclatement de l'affaire, quelques ins
tances politiques s'étaient adressées aux tribunaux ordinaires afin de
résoudre l'impasse entre l'Exécutif et le Congrès. La vraie confronta
tion manifestée par l'affaire du Watergate se situera simultanément ÉTATS-UNIS 309
entre les trois branches du gouvernement : entre le Président et le
Congrès, entre le Président et les tribunaux, enfin entre les tribunaux
et la commission d'enquête du Congrès.
Jusqu'à présent, Watergate n'a pas visiblement infléchi la politique
nixonienne, comme nous le verrons à travers la lutte menée par le
Congrès depuis le mois de janvier. Watergate est bien une affaire po
litique mais qui porte sur les problèmes institutionnels ; et ce n'est
pas seulement la politique intérieure américaine qui est en jeu : la
crise monétaire internationale, la politique mondiale du pétrole et de
l'énergie, la réduction des troupes américaines outre-mer, sont toutes
concernées directement par la gestion du pouvoir financier qui est
mis en cause actuellement au sein du système américain.
L'autocratie présidentielle
II faut préciser que la « dictature élue », ou la « conception acti
viste » de la Présidence, pour adopter le langage des « political scient
ists », remonte à l'Administration F.D. Roosevelt. Néanmoins pres
que tous les présidents contemporains ont sauvegardé au moins l'a
pparence et ont accepté d'avoir à traiter avec le Congrès (1). Or,
le Président Nixon paraît disposé à ne pas même garder une forme
illusoire de bons rapports avec le Congrès. Au cours de son premier
mandat, le Président Nixon a dirigé seul les affaires de l'Etat. Il a
pris la décision des bombardements, des négociations du Vietnam et
celle de « geler » des crédits votés par le Congrès, sans rencontrer la
presse, sans se présenter devant ses concitoyens, et sans consulter le
Congrès. Cette autonomie croissante de la fonction présidentielle
pose un problème institutionnel grave, dans la mesure où il paraît ne
plus se limiter au domaine international.
Une des preuves les plus éclatantes du développement de ce pou-
(1) Pour donner une coloration bipartisane au gouvernement en période de crise,
Roosevelt fit entrer dans son cabinet deux républicains respectés (Henry L. Stimson
et Frank Knox). De même, à la fin de la guerre, Truman insista pour que les
dirigeants du Congrès des deux partis, ainsi que île Secrétaire d'Etat, soient associés
aux négociations et à la formation des Nations Unies. Ces gestes qui n'ont nulle
ment empêché que l'autorité réelle soit celle du Président, furent plutôt symboliques
et destinés à donner l'impression d'unité nationale. D'autre part, le Président John
son, grâce à ses relations intimes avec le Congrès, réussit à faire passer non seule
ment la Résolution étonnante du Golfe du Tonkin, mais aussi la pJus grande
partie de son programme intérieur au titre de la « Great Society, War on Poverty ». FINKELSTEIN 310
voir de décision propre au Président avait été l'envoi sans avertiss
ement d'un émissaire en Chine, et l'annonce que les Etats-Unis sou
tiendraient l'admission du gouvernement de Pékin aux Nations Unies.
Quant aux bombardements du Vietnam, non seulement Nixon n'avait
pas tenu compte des avis des sénateurs, mais contrairement à ses pré
décesseurs, il n'avait même pas pris la peine de prévenir, pour la for
me, les dirigeants du Congrès. En outre, le Président a systémat
iquement

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