Vers un révisionnisme chinois - article ; n°4 ; vol.39, pg 505-516
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Description

Politique étrangère - Année 1974 - Volume 39 - Numéro 4 - Pages 505-516
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Jean Vaddi
Vers un révisionnisme chinois
In: Politique étrangère N°4-5 - 1974 - 39e année pp. 505-516.
Citer ce document / Cite this document :
Vaddi Jean. Vers un révisionnisme chinois. In: Politique étrangère N°4-5 - 1974 - 39e année pp. 505-516.
doi : 10.3406/polit.1974.1799
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1974_num_39_4_1799VERS UN REVISIONNISME CHINOIS
Perspectives en politique intérieure
par Jean VADDI
« Car l'empire est chose puissante et lourde qui ne se charrie
point dans un vent de paroles ».
(A. de Saint-Exupéry, Citadelle)
La présence du Président Mao Tse-tung bloque encore, dans une cer
taine mesure, le jeu politique, mais son action ne détermine plus l'évolu
tion sociale et économique du régime. Cette situation explique le décalage
qui existe actuellement entre une superstructure politico-idéologique en
core marquée par le romantisme révolutionnaire maoïste et une infrastruc
ture socio-économique orientée chaque jour davantage par les préoccupat
ions d'abord nationalistes d'une équipe dirigeante dominée par des ges
tionnaires modérés. Ni la disparition de Mao Tse-Tung, ni même celle de
Chou En-lai, ne devraient bouleverser l'échiquier politique. La relève des
générations permettra l'alignement progressif de la superstructure sur l'i
nfrastructure. Le régime y perdra probablement ce qui lui reste encore d'au
thentique élan révolutionnaire, mais il devrait y gagner en stabilité et en
cohérence.
1) La présence du Président Mao Tse-tung bloque encore, dans une
certaine mesure, le jeu politique.
L'ultime ambition du Président est d'engager ses héritiers, et avec eux
une Chine pétrie de ses mains, sur des voies sans retour, conformes à 506 JEAN VADDI
sa propre pensée. Pour atteindre cet objectif, il n'a pas hésité, en 1966, à
se lancer à la reconquête d'un pouvoir contrôlé par les « apparatchiks ».
La destruction du Parti et l'élimination de Liu Shao-chi lui ont permis
d'arrêter un temps le glissement du pays vers le révisionnisme. Elles ne
lui ont pas rendu pour autant le pouvoir, tombé tout naturellement entre
les mains de l'armée qui restait, en 1967, la seule force organisée et qui
sut. de 1969 à 1971, reconstruire le Parti sous sa tutelle.
Pour Mao Tse-tung, c'était tomber de Charybde en Scylla. Car l'A.P.L.
qui a été équipée par l'Union Soviétique et qui a été durement étrillée
par l'Armée Rouge en 1969 sur l'Oussouri, est soupçonnée (et ses anciens
chefs sont accusés) d'avoir été favorable à une politique de compromis
vis-à-vis de l'U.R.S.S., afin d'éviter tout risque de conflit avec un adver
saire incomparablement plus puissant. En outre, et surtout, la présence
dominante des cadres de l'A.P.L. au sein du Parti et de l'administration,
au centre et en province, menaçait le régime d'un double péril : celui
d'une consolidation de l'emprise militaire à tous les échelons, ce qui était
inacceptable pour des marxistes, même chinois (1) ; celui de la formation
de « bastions » régionaux du fait de la concentration, depuis la fin de la
Révolution culturelle, de tous les pouvoirs entre les mains de command
ants militaires qui étaient le plus souvent en place depuis fort longtemps.
La Révolution de Palais de septembre 1971 a été l'amorce, au som
met, d'une « démilitarisation » qui s'est étendue depuis à l'ensemble des
appareils du Parti et de l'Etat et qui se poursuit aujourd'hui à un rythme
rapide au niveau provincial. D'ores et déjà, l'armée en tant que telle,
qui demeure décapitée, est pratiquement éliminée de la course à la suc
cession qu'elle paraissait avoir gagnée en 1969. Ce mouvement de reflux
des militaires est une des deux tendances principales de la vie politique
chinoise de ces trois dernières années.
L'autre grande tendance est le mouvement de réintégration progressive
de la plupart des « apparatchiks » qui avaient été éliminés pendant la
Révolution culturelle. L'ampleur de ce processus de réhabilitation
s'explique par la conjonction de plusieurs facteurs : les cadres gauchistes
qui s'étaient révélés en 1966 et que l'armée s'était empressée d'évincer
en 1967-68 (sauf à Shanghaï^étaient des idéologues beaucoup plus que
des administrateurs. Or, dans la perspective de la succession, il était i
ndispensable de reconstruire sur des bases solides les appareils d'encadre
ment et d'administration. Sur ce point il y avait, et il semble encore y
avoir, accord entre les « radicaux » et les « modérés » qui, sous l'autorité
<1) On sait qu'en Chine, où les communistes n'ont pu s'emparer du pouvoir
qu'après trente ans de guerre étrangère et civile, l'armée joue traditionnellement
un rôle politique important. Ce n'est, semble-t-il, que lors de la deuxième session
du IX' CC, en août 1970, que Mao Tse-tung a, pour la première fois, accusé
publiquement Lin Piao et ses généraux d'imposer leur dictature au Comité central. CHINE 507
du Président Mao, se partagent le pouvoir depuis 1971. Enfin, à l'intérieur
de cette coalition, les « modérés » conduits par Chou En-lai, qui sont les
seuls bénéficiaires de ce double processus de « démilitarisation » et de
réhabilitation, ont pu progressivement accélérer le mouvement à mesure
que leur prépondérance se confirmait.
Nul doute que Mao Tse-tung n'ait estimé excessive, et par là même
dangereuse, cette évolution. Dangereuse pour lui-même d'abord puisque la
montée de son Premier Ministre et des « modérés » risquait de lui faire
perdre sa position d'arbitre. pour le régime ensuite, puisque
le Président, obsédé par la menace révisionniste qui pèse sur le pays, et en
particulier sur les cadres du fait même de leurs fonctions, est convaincu
de la nécessité de mener le combat « tous les sept ou huit ans » contre
la résurgence inévitable des tendances conservatrices et bourgeoises. Ce
qui présuppose l'existence à l'intérieur même du Parti d'une force de
contestation suffisamment puissante pour se faire entendre.
C'est donc à la fois pour rééquilibrer la coalition qu'il préside et pour
tenter d'abattre à nouveau l'hydre révisionniste déjà renaissante dans le
pays à la suite du mouvement de réhabilitation et de la libéralisation du
régime, que le Président Mao a décidé de lancer, dans le sillage du Xe
Congrès, le vaste de critique de Lin Piao et de Confucius
qui se poursuit actuellement. Toutefois, parce que la proximité de la suc
cession impose le maintien d'appareils solides afin de préserver l'héritage,
cette campagne de critique ne peut atteindre que des objectifs politiques
limités : elle permet d'accélérer le mouvement de « démilitarisation » et
elle consolide, sans les élargir, les positions minoritaires d'une « gauche »
qui était en perte de vitesse depuis la Révolution culturelle et qui ne doit
aujourd'hui sa survie qu'au soutien limité que lui accorde le Président
Mao. Celui-ci parvient ainsi à bloquer, dans une certains mesure, le jeu
politique. Mais, et c'est l'essentiel, malgré la radicalisation du ton de la
propagande, les « modérés » continuent de renforcer leur emprise sur le
Parti.
Il en résulte un décalage croissant entre l'idéologie officielle du régime
et la réalité politique puisque chaque jour davantage, la « défense des
acquis glorieux de la Révolution culturelle » est confiée à ceux qui en
furent les premières victimes. C'est dire que, par delà les apparences,
l'influence d'ores et déjà décisive des « modérés » s'exerce inévitablement
dans un sens peu conforme aux conceptions maoïstes.
H) L'action de Mao Tse-tung ne détermine plus l'évolution sociale et
économique du régime.
L'actuelle campagne de critique met en évidence une certaine usure du
système de gouvernement défini par le Président. Selon lui, le ré

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