Y a-t-il un risque mondial de déflation ? - article ; n°3 ; vol.68, pg 599-610
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Y a-t-il un risque mondial de déflation ? - article ; n°3 ; vol.68, pg 599-610

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 2003 - Volume 68 - Numéro 3 - Pages 599-610
Is there a Risk of Global Déflation?, by Patrick ARTUS
In this text, we analyse the risk of the apparition of a deflationary dynamics in Europe. Déflation must first be defined: in modem economies, it consists mostly in a reduction in inflation, to the point where real interest rates start increasing, worsen-ing the situation of borrowers and slowing down investment. This type of dynamics appears, like in Japan in the 1990's, after an adverse shock, when monetary policy reacts too slowly in the presence of excess capacity or of dis-adjustments of exchange rates. One can currently observe a situation of world-wide excess capacity in manufacturing, the under-evaluation of Asian currencies (specially the Chinese), but monetary policy has everywhere become expansionary. The large increase in the supply of liquidity by central banks does not lead to an increase in the prices of goods, but to an increase in asset prices.
Dans les économies contemporaines, la déflation se définit comme une réduction de l'inflation jusqu 'au point où les taux d'intérêt réels augmentent, aggravant la situation des emprunteurs et freinant les investissements. Ce type d'évolution apparaît, comme au fapon dans les années 1990, après un choc défavorable, quand la politique monétaire réagit trop tardivement, et quand il y a excès de capacités de production ou dérèglement des régimes de change. A cet égard, l'existence d'excès de capacités dans l'industrie mondiale et la sous-évaluation des monnaies de l'ensemble des pays émergents d'Asie, notamment de la Chine, sont aujourd'hui avérées. Mais la politique monétaire des principaux pays est devenue très expansionniste, et l'abondance des liquidités créées par les banques centrales, si elle ne pousse pas les prix des biens à la hausse, fait monter ceux des actifs (actions, obligations, immobilier, etc.). Dans ces conditions, il est prématuré de parler de déflation mondiale, même si le risque semble un peu plus élevé en Europe, du fait de politiques monétaires moins activistes.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 55
Langue Français

Extrait

Artus
Y a-t-il un risque mondial de déflation ?
In: Politique étrangère N°3-4 - 2003 - 68e année pp. 599-610.
Abstract
Is there a Risk of Global Déflation?, by Patrick ARTUS
In this text, we analyse the risk of the apparition of a deflationary dynamics in Europe. Déflation must first be defined: in modem
economies, it consists mostly in a reduction in inflation, to the point where real interest rates start increasing, worsen-ing the
situation of borrowers and slowing down investment. This type of dynamics appears, like in Japan in the 1990's, after an adverse
shock, when monetary policy reacts too slowly in the presence of excess capacity or of dis-adjustments of exchange rates. One
can currently observe a situation of world-wide excess capacity in manufacturing, the under-evaluation of Asian currencies
(specially the Chinese), but monetary policy has everywhere become expansionary. The large increase in the supply of liquidity
by central banks does not lead to an increase in the prices of goods, but to an increase in asset prices.
Résumé
Dans les économies contemporaines, la déflation se définit comme une réduction de l'inflation jusqu 'au point où les taux d'intérêt
réels augmentent, aggravant la situation des emprunteurs et freinant les investissements. Ce type d'évolution apparaît, comme
au fapon dans les années 1990, après un choc défavorable, quand la politique monétaire réagit trop tardivement, et quand il y a
excès de capacités de production ou dérèglement des régimes de change. A cet égard, l'existence d'excès de capacités dans
l'industrie mondiale et la sous-évaluation des monnaies de l'ensemble des pays émergents d'Asie, notamment de la Chine, sont
aujourd'hui avérées. Mais la politique monétaire des principaux pays est devenue très expansionniste, et l'abondance des
liquidités créées par les banques centrales, si elle ne pousse pas les prix des biens à la hausse, fait monter ceux des actifs
(actions, obligations, immobilier, etc.). Dans ces conditions, il est prématuré de parler de déflation mondiale, même si le risque
semble un peu plus élevé en Europe, du fait de politiques monétaires moins activistes.
Citer ce document / Cite this document :
Artus. Y a-t-il un risque mondial de déflation ?. In: Politique étrangère N°3-4 - 2003 - 68e année pp. 599-610.
doi : 10.3406/polit.2003.1239
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2003_num_68_3_1239POLITIQUE ETRANGERE 3-4/2003
r. *• i AD-r, ,o Y a-t-il un risque mondial Patrick ARTUS . ..,.,. ~?
de deflation ?
Dans les économies contemporaines, la déflation se définit comme une réduction
de l'inflation jusqu 'au point où les taux d'intérêt réels augmentent, aggravant la
situation des emprunteurs et freinant les investissements. Ce type d'évolution
apparaît, comme au fapon dans les années 1990, après un choc défavorable,
quand la politique monétaire réagit trop tardivement, et quand il y a excès de
capacités de production ou dérèglement des régimes de change. A cet égard, l'exi
stence d'excès de capacités dans l'industrie mondiale et la sous-évaluation des
monnaies de l'ensemble des pays émergents d'Asie, notamment de la Chine, sont
aujourd'hui avérées. Mais la politique monétaire des principaux pays est devenue
très expansionniste, et l'abondance des liquidités créées par les banques centrales,
si elle ne pousse pas les prix des biens à la hausse, fait monter ceux des actifs
(actions, obligations, immobilier, etc.). Dans ces conditions, il est prématuré de
parler de déflation mondiale, même si le risque semble un peu plus élevé en
Europe, du fait de politiques monétaires moins activistes.
Politique étrangère
Pour répondre à la question de savoir si l'économie mondiale est
aujourd'hui placée devant un risque de déflation, il faut d'abord
définir la déflation, puis observer, à partir d'exemples histo
riques, quels mécanismes peuvent déclencher une dynamique défla
tionniste.
On peut adopter une définition très « académique » de la déflation, en
ne considérant que les déflations monétaires. Il s'agit de situations où
il y a contraction forte de la masse monétaire, donc des prix. Ce type
de circonstance s'est rencontré pendant la grande dépression des
années 1930 aux Etats-Unis.
Patrick Artus est directeur de la Recherche et des Etudes à CDC IXIS. 600 / POLITIQUE ETRANGERE
On peut aussi retenir une définition un peu différente, qui nous paraît
mieux adaptée au monde contemporain : une déflation est une situa
tion où, l'inflation étant devenue très faible, voire négative, une dimi
nution supplémentaire du taux d'inflation réduit la demande. Cette
situation est anormale et donc peu fréquente : une baisse des prix st
imule normalement la demande et l'activité, pas l'inverse. Pour qu'elle
se produise, il faut qu'existe une certaine rigidité nominale : si toutes
les variables nominales varient parallèlement, le fait que l'inflation soit
basse n'a aucun effet sur l'activité réelle.
On envisage généralement deux possibilités. La première est la rigidité
des taux d'intérêt nominaux : les liquidités pures ayant un taux d'in
térêt zéro, les taux d'intérêt nominaux sur les actifs financiers ne peu
vent pas devenir trop faibles ; si l'inflation devient très faible, les taux
d'intérêt réels sont donc accrus, ce qui réduit la demande et augmente
les taux d'endettement. La seconde possibilité est la rigidité des
salaires nominaux : les salariés, n'intégrant pas entièrement les hausses
de prix dans les revendications salariales (ils sont victimes de ce que
l'on appelle l'« illusion nominale »), refusent des salaires inférieurs à
un certain seuil. Cette rigidité nominale des salaires peut aussi être due
à la réglementation du marché du travail. Lorsque l'inflation devient
très faible, les salaires réels augmentent plus vite que la productivité,
ce qui entraîne une compression des profits, de l'emploi et des inves
tissements.
Il faut également, outre ces rigidités, un mécanisme qui déclenche la
déflation. L'expérience historique en suggère trois : une réaction inef
ficace de la politique économique à un choc qui freine la demande,
d'où une dynamique qui conduit à une inflation très faible ; le dérè
glement du système de change ; la persistance d'une situation d'excès
de capacité. Reste à s'interroger sur la présence de tels mécanismes
aujourd'hui.
L'inefficacité de la politique économique :
le cas du Japon et la situation récente
Les chocs patrimoniaux et la perte de richesse du début des années
1990 ont déclenché au Japon le recul de la demande, aussi bien des
entreprises que, par la suite, des ménages. Le graphique 1 montre que A-T-IL UN RISQUE MONDIAL DE DEFLATION ? / 601 Y
Graphique 1
Japon : cours boursier, prix de l'immobilier, consommation
et investissement
Indice NIKKEI (100 en 1990, G)
35 340 Prix immobilier (GA en %, D)
320 30 Investissement productif (volume, GA en %, D)
25 300 Consommation des ménages (volume, GA en %, D)
20 280
L 15 260
Illustration non autorisée à la diffusion i- 10 240
5 220
0 200
180 -5
160 -10
140 -15
120 -20
1990 91 92 93 94 95 96 97 98 99 2000 01 02 03
Source : Datastream.
Note : GA = glissement annuel ; G = échelle de gauche ; D = échelle de droite.
les prix de l'immobilier se sont effondrés à partir de 1991 et que les
cours boursiers ont été divisés par 5 entre 1990 et 2003. Dans ces
conditions, il n'est pas surprenant que l'investissement productif ait
reculé de 1991 à 1994 et que la consommation des ménages stagne
depuis maintenant treize ans.
La politique économique adoptée en réaction à ces mauvais résultats,
en particulier dans le domaine monétaire, a été mise en œuvre de
façon très tardive : il faut attendre 1997-1998 pour voir une baisse
radicale des taux d'intérêt et surtout une accélération de l'injection de
liquidités. La variable intéressante à suivre à cet égard est la base
monétaire, c'est-à-dire l'ensemble d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents