Dissertation de l abbé Pirot sur le concile de Trente. Extrait des papiers de Leibniz (suite) - article ; n°15 ; vol.3, pg 317-338
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Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1912 - Volume 3 - Numéro 15 - Pages 317-338
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1912
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Charles Urbain
Dissertation de l'abbé Pirot sur le concile de Trente. Extrait des
papiers de Leibniz (suite)
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 3. N°15, 1912. pp. 317-338.
Citer ce document / Cite this document :
Urbain Charles. Dissertation de l'abbé Pirot sur le concile de Trente. Extrait des papiers de Leibniz (suite). In: Revue d'histoire
de l'Église de France. Tome 3. N°15, 1912. pp. 317-338.
doi : 10.3406/rhef.1912.2028
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1912_num_3_15_2028DE L'ABBÉ PIROT DISSERTATION
SUR LE CONCILE DE TRENTE1
xv
M. Duval, dont j'ai déjà parlé, homme vénérable pour son savoir et
pour sa piété, mais si attaché aux maximes des théologiens de delà les
monts et si prévenu contre ceux qui soutenaient des sentiments contraires^
a accusé M. Vigor 2 d'avoir attaqué le concile de Trente et de n'avoir
eu pour lui aucune considération, même dans les choses de foi. Je crois
que ces Messieurs, de part et d'autre, se sont jetés dans des extrémités
opposées, qu'il faut éviter avec soin.
M. Duval a fait un traité dans De suprema summi pontifias potestate,
où il combat particulièrement deux auteurs, M. Richer, qui avait fait le
livre De ecclesiastica et dvili potestate que M. le cardinal du Perron fit
condamner dans le concile provincial tenu à Paris en 1612, ce qu'on
appelle concile de Sens, parce qu'il était de la province assemblée à Paris,
qui n'était pour lors qu'un évêché et qui ne devint métropole que
dix ans après; et M. Vigor, conseiller du Grand conseil à Paris, qui
avait écrit des commentaires 3 sur la réponse synodale du concile de
Bâle aux nonces du pape Eugène IV, où il avait pris la défense de
Richer. Je ne suivrais aveuglément ni M. Duval, d'un côté, ni M. Richer
ou M. Vigor, de l'autre. M. Duval met le pape au-dessus du concile général
et lui donne un pouvoir absolument monarchique, sans le tempérer dans
l'exercice d'un gouvernement aristocratique ; il le fait maître des canons et
supérieur à tout ce que peut décider l'Église et sur la foi et sur les mœurs;
1. Voir la Revue, janvier-février, p. 78; mars-avril, p. 178.
2. Simon Vigor (1556-1624), neveu de Simon Vigor, archevêque de Narbonne.
Il fut conseiller au Grand conseil. On a de lui, outre l'ouvrage auquel fait
allusion l'abbé Pirot, Historia eorum quse acta sunl inter Philippum Pulchrum
et Bonifacium VIII, in-4°, Paris, 1613, Apologia de suprema Ecclesiss auctori-
tate, adversus magislrum Andr. Duval, in-8°, Troyes, 1615.
3. Publiés sous le pseudonyme de Theophilus Francus et avec ce titre :
Ex responsione synodali data Basilese oratoribus D. Eugenii papse IV in congre-
gatione general* 3 non. septembr. 1432, de auctoritate cujuslibet concilii generalis
supra papam et quoslibet fidèles, pars preecipua} et in earn commentarius, in-8°,
Cologne, 1613. 318 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE
et ainsi il ne veut pas qu'il puisse jamais y avoir appel légitime de lui au
concile. Sont toutes maximes de Pie II, élevé au pontificat, et y rétrac
tant dans une bulle faite exprès les sentiments qu'il avait eus, n'étant
encore qu'Eneas Sylvius, secrétaire du concile de Bâle, bien différent en
cela de ce que fut depuis Adrien VI, qui, loin de suivre son exemple et de
révoquer l'opinion qu'il avait eue, écrivant comme simple docteur de
Louvain, un commentaire sur le Maître des Sentences, que le pape pou
vait errer et décider faux dans une décrétale, fit, étant devenu pape, réim
primer son livre sans y rien changer, et ainsi persistant dans sa première
persuasion, que le pape enseignant l'Eglise et parlant ex cathedra n'est
point infaillible.
Dire que le pape n'est point infaillible, c'est le soumttre à l'Église qui
l'est elle-même; et le soumettre à l'Église, c'est réciproquement dire
qu'il n'est pas infaillible, puisque, s'il était infaillible, il ne pourrait
plus être corrigé par l'Église. Tous ces principes, tant pour l' affirmative
que pour la négative, sont liés : Qui dit que le pape est infaillible,
lé met au-dessus de l'Église, puisqu'il le met en droit de juger de ses canons
et de les changea Qui le dit supérieur à l'Eglise, ne le tient pas capable
d'errer, puisque, s'il pouvait errer, il pourrait être redressé par l'Église
(p. 30), qui est elle-même indéfectible. Dire au contraire que le concile
général est par dessus le pape, c'est vouloir que le pape puisse errer, puis
que, s'il était infaillible, il n'y aurait nulle autorité à quoi il pût être infé
rieur. Et dire qu'il n'est pas infaillible, c'est le faire sujet de l'Église et
l'en faire dépendre.
La Faculté de théologie de Paris, quelque respect qu'elle ait eu pour
le pape, a toujours cru qu'il était soumis à l'Eglise, qu'on pouvait appeler
de lui à l'Église, comme la France a appelé de Boniface VIII, de Jules II
et d'autres papes au concile général, et, par cette raison, elle n'a jamais
cru que le pape fût infaillible. Cela se voit par ses conclusions et par les
livres du cardinal d'Ailly, de Gerson, qui appelle ce cardinal son illustre
maître, ihclytus prseceptor meus^ et par Almàin 1, qui ont fait sur cela^
au nom de cette Compagnie, dont ils étaient, des traités exprès. Le
cardinal d'Ailly, évêque de Cambrai, contre Jean de Mohtésono, Jaco»
1. Pierre d'Ailly (1330-1420) t grand-maître du collège de Navarre, aumônier
du roi Charles VI, évêque de Cambrai reçut la pourpre en 1411. Il assista aux
conciles de Pise et de Constance . — Jean Gerson (1353-1429) succéda à soft
maître P. d'Ailly (1395) comme chancelier de l'Université de Paris, et comme lui
prit part aux assemblées de Pise et de Constance. —Jacques Almain, professeur
au Collège de Navarre, mort en 1515; son principal ouvrage est : De auc tori tale
Ëcclesise seu sacrorum conciliorum earn reprsesentantium... contra Th. de Vio, qui,
his âiebus, suis scriptis nisusest Ëcclesias Christi potestatem enermre, in-4°, Pari»,
151*. DISSERTATION SUR LE CONCILE DE TRENTE 319
bin 1; Gerson, contre les ennemis du concile de Constance, et Almain
contre Cajétan 2 ; et il est étonnant que M. Duval, docteur de la Faculté,
ait ainsi entrepris et imprimé que le pape est supérieur au concile ; que
les évêques qui assistent à ces assemblées générales de l'Église, ne sont
point proprement juges, mais simples conseillers du pape, et qu'il peut
de plein droit conclure de son autorité contre la pluralité ; que le gouver
nement de l'Église est arbitraire et dépend uniquement de l'empire de ce
chef visible; qu'il est infaillible, et que l'Église n'a qu'une infaillibilité
passive qu'elle tire de lui; que le concile n'est infaillible qu'autant qu'il suit
l'instruction du pape, comme de son souverain modérateur, qui le peut
conduire, transférer et finir comme il lui plaît, ainsi qu'il est dit dans l'acte
de l'abrogation de la Pragmatique sanction qui fut faite dans le concile de
Latran Ve, dans la sess. h. Sont des principes qu'on ne s'étonnera pas de
trouver dans Turrecremata, dans Cajétan, dans Baronius, dans Bellar-
min 3. Il serait extraordinaire que des cardinaux si attachés à la Cour de
Rome en eussent d'autres, mais il est étrange qu'un docteur français y soit
entré.
Cela ne se souffrirait pas présentement, et jamais même il ne se
devait souffrir en France, On n'y a pas toujours été obligé, comme depuis
quelques années que l'édit du roi a été fait,il y a dix ans,à enseigner les quatre
propositions qui font la déclaration du clergé sur la puissance ecclésiastique,
4. Jean de Moiitson, théologien espagnol, de l'Ordre de Saint-Dominique,
licencié de Paris, combattit dans sarésomptd (1386-87) l'Immaculée conception
et excita ainsi l'indignation delà Faculté (Du Boulay, Historia Universilatie
Parisiensis, 6 vol. in-fol., Paris, 1665-1673, t. iv, p. 618 sq. ; Quétif et Échard,
Scriptures Ordinis Prsedicalorum, t. i, p. 691).
2. Thomas de Vio, connu sous le nom de Cajétan (1469-1534), dominicain,
célèbre commentateur de saint Thomas et interprète de la Bible, cardinal en 1517.

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