Émile-G. Léonard. Histoire générale du protestantisme. t. l : La Reformation  ; n°2 ; vol.160, pg 218-230
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Revue de l'histoire des religions - Année 1961 - Volume 160 - Numéro 2 - Pages 218-230
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Publié le 01 janvier 1961
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Langue Français

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Jean Boisset
Émile-G. Léonard. Histoire générale du protestantisme. t. l : La
Reformation
In: Revue de l'histoire des religions, tome 160 n°2, 1961. pp. 218-230.
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Boisset Jean. Émile-G. Léonard. Histoire générale du protestantisme. t. l : La Reformation. In: Revue de l'histoire des religions,
tome 160 n°2, 1961. pp. 218-230.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1961_num_160_2_7708218 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
Émile-G. Léonard, directeur d'Études à l'École pratique des
Hautes Études, Histoire générale du protestantisme. T. I : La
Reformation, in-8°, 402 p., relié avec jaquette, 32 pi., 4 cartes.
Presses Universitaires de France, Paris, 1961.
Tenter de retracer V Histoire générale du protestantisme est une
entreprise de telle envergure qu'il faut, pour la concevoir et la réaliser,
une maîtrise quasi totale des faits et des idées ; il y faut aussi un
engagement de lutteur avec la suite des événements, afin de pouvoir
écrire, avant tout, l'histoire des hommes de chair, de cœur et de
pensée qui ont vécu ces événements, et qui ont fait l'Histoire.
« L'Histoire est un jeu dangereux pour celui qui, voulant y
atteindre l'homme, s'y engage à plein lui-même. Et je n'ai pas parlé
des difficultés plus propres encore que comporte cette sorte de corps
à corps. On entend bien que la connaissance intime de l'homme a
comme base l'amour ou la sympathie. Comme base et comme moyen ;
mais nous voilà devant un nouveau scandale : l'amour ou la symp
athie, technique historique...
« ... L'homme est-il, d'ailleurs, aimable ?
« ... C'est peut-être ici que la position de l'historien protestant
est privilégiée. Plus que quiconque, il sait le mauvais cœur de l'homme.
Mais il sait aussi qu'il doit aimer son prochain. Chez lui, la compréhens
ion et la sympathie ne dégénéreront ni en indifférentisme, ni en
indulgence. »
C'est l'auteur même de V Histoire générale du protestantisme qui
a écrit ces lignes1 ; elles y situent avec bonheur l'optique et la
méthode du présent ouvrage. On les retrouve dans la compréhension
de cette grande geste que furent la naissance et la genèse du pro
testantisme ; on les devine pour ce qui concerne le long travail de
recherches, l'accumulation patiente des éléments dont la synthèse
produit l'érudition ,7>7 pages de bibliographie à la fin du volume
— sans compter les idées, les faits, les documents connus et non cités,
parce qu'ils ont aidé à tisser la trame même et le fil des connaissances ; sont incorporés à la pensée même du penseur).
Il fallait toutes ces qualités, de savoir, de cœur, d'analyse et de
synthèse, de vie, pour mener à bien cette immense et généreuse
tâche ; il y fallait aussi la connaissance acquise sur place et aujour
d'hui, des choses dont on parle en se tournant vers hier. M. Léonard
est sans doute l'historien protestant contemporain qui connaît le
mieux le sujet qu'il aborde, pour en avoir étudié l'ampleur, pour en
avoir longuement examiné le tissu, et pour en avoir vu, aujourd'hui
1} Émile-G. Léonard, L'historien devant l'homme (travaux présentés aux
Rencontres universitaires internationales du Collège Cévenol, Le Chambon-sur-
Lisrnon (Haute-Loire), éd. Carrefour, Librairie Jacques Martin, Le Chambon-sur-
Liimon, l'jr»4, pp. 4Г»-1б">. •
ANALYSES ET COMPTES RENDUS 219
dans le monde, les fruits : son enseignement dans le^ Universités
étrangères, ses missions dans les divers pays de l'ancien et du nouveau
monde lui ont apporté cette connaissance, et il l'a vécue.
Ainsi armé, il aborde l'étude de la Réformation. Reformation
de quoi ? De l'Église, bien sur ! Est-ce si certain que cela, à l'origine ?
Ne s'agit-il pas davantage d'une re-formation de la piété ? Mais
c'est dire qu'il y avait eu, avant la Réformation, une déformation,
et avant la déformation, une formation ; et c'est alors dans le trésor
chrétien des siècles antérieurs à la Réformation qu'il faut chercher
la source de la Réforme. Quel bouleversement des conceptions que
l'on nous enseignait il y a une quarantaine d'années ! On disait
alors : la Réforme, c'est le retour aux convictions, aux croyances,
à l'organisation '?) de Г « Église primitive ». Mais comment s'était
opéré ce retour ; par quel cheminement à rebours, du xvie siècle au
ier ; par quel saut de géant le temps avait-il été remonté ? Et pouv
ait-il l'être ? Mais oui : le miracle de l'imprimerie mettait la Bible
à la portée de tous. Comme s'il n'y avait pas une tradition biblique,
du Ier au xvie siècle, et comme si, pour imprimer la Bible, il n'était
pas nécessaire qu'elle fût connue, et qu'aient existé des manuscrits
de ses livres, des copies de son texte ! Et ces copies, étaient-elles
ignorées avant l'avènement de l'imprimerie ? On n'a jamais, devant
moi, pendant mes années studieuses d'adolescent, abordé ces ques
tions. Et l'enseignement reçu laissait entendre que la Réformation
était une bombe offensive jetée par Dieu sur le xvie siècle du chris
tianisme, pour que ce christianisme, précisément, fût chrétien. La
Réforme ? Une génération quasi spontanée d'esprit de révolte contre
le catholicisme, et d'inspirés.
Et M. Léonard écrit, au début de son ouvrage : <• Je tiens à marquer
dès maintenant — car c'est une des positions de principe et des
lignes directrices de ce livre — que la Réforme, bien plus qu'une
révolte contre la piété catholique, en fut l'aboutissement, la floraison »
(p. 10). « Fils émancipé de l'Église catholique, le protestantisme
a pris en charge, pour une grande partie des chrétiens, la tâche qui
avait incombé à celle-ci « (ibid.).
Ainsi abordée, l'histoire du protestantisme est celle-là même de
Г É dise.
L'intention mise à jour s'appuie sur des réalités. Il y avait,
avant le xvie siècle, une piété vivante ; et elle avait ses caractères
propres. D'abord, le théocentrisme, mis en évidence par le manuel
de la princesse Dhuoda (vers s 12) ; ensuite, le christocentrisme,
enseigné par saint Bernard chez qui l'on trouve des formules éto
nnamment « luthériennes » : « Qu'est-ce qui sauve ? c'est la grâce.
Que devient alors le libre arbitre ? Il est objet «lu salut ». et qui
déjà s'élève contre le monarchique appareil de Rome) ; et il y a, 220 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
encore, l'appel à la sainteté, de saint François. Autant de points
sur lesquels la hiérarchie resta aveugle, mais auxquels furent attentifs
l'albigéisme et le valdisme, les « amis de Dieu », les frères de la vie
commune, et tant d'autres, soucieux d'union directe avec le Christ ;
et Jean Hus, qui permit la manifestation nationale du sentiment
religieux, pendant que, un peu partout, l'organisation ecclésiastique
restait déficiente.
Point de première importance, qui fait déjà pressentir ce qui
sera une des pratiques essentielles de la Réforme : la piété des fidèles
demeure vivante, parce qu'elle se manifeste dans la vie familiale.
Ainsi se montrent la solidité des aspirations personnelles et la menace
d'écroulement de l'autorité. La Bible, par-dessus les pratiques
ecclésiastiques, subvient aux désirs des fidèles « pour y trouver Dieu »
(p. 1Г>) : c'est, au xive siècle, la floraison de la deuotio moderna, et de
la mystique dans les pays rhénans.
La piété, d'ailleurs, à cette époque, est favorisée par le malheur
des temps ; mais également favorisé le désarroi des âmes auquel ne
peuvent répondre les théologies du moment. D'où viendrait la
réponse ? Elle viendra des chrétiens humanistes, qui, dès la fin de
la seconde moitié du xve siècle, portèrent des affirmations ou adoptè
rent des attitudes réformatrices (pp. 18 ss.) ; d'autres outrèrent des
affirmations exaltantes pour l'homme et pour sa liberté libératrice
et rég&#

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