État présent des recherches sur la répartition géographique des « nouveaux catholiques » à la fin du XVIIe siècle - article ; n°122 ; vol.33, pg 62-107
47 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

État présent des recherches sur la répartition géographique des « nouveaux catholiques » à la fin du XVIIe siècle - article ; n°122 ; vol.33, pg 62-107

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
47 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1947 - Volume 33 - Numéro 122 - Pages 62-107
46 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jean Orcibal
État présent des recherches sur la répartition géographique des
« nouveaux catholiques » à la fin du XVIIe siècle
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 33. N°122, 1947. pp. 62-107.
Citer ce document / Cite this document :
Orcibal Jean. État présent des recherches sur la répartition géographique des « nouveaux catholiques » à la fin du XVIIe siècle.
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 33. N°122, 1947. pp. 62-107.
doi : 10.3406/rhef.1947.3035
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1947_num_33_122_3035ÉTAT PRESENT DES RECHERCHES .
SUR LA- RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
DES -NOUVEAUX CATHOLIQUES'
A LA FIN DU XVIIe SIÈCLE
La statistique des conversions qui précédèrent et suivirent
la révocation de l'Édit ' de Nantes1 (octobre 1685) n'a guère
intéressé jusqu'ici que les historiens' du. protestantisme. Ils
y *ont, à bon droit, vu une mine de renseignements sur .leurs
églises, qui avaient conservé,* depuis la promulgation de l'Édit,
un nombre de fidèles, non pas constant, mais de même ordre.
Inversement, ces chiffres ont .servi de, base aux calculs sur la
période du Désert, si mal connue directement1."
Mais une enquête aussi vaste et aussi minutieuse que celle
qui a été entreprise sur 'l'histoire de la' pratique catholique
ne peut pas négliger non plus 'l'étude de ce problème. Il' est,
en effet,- évident que la grande masse de ceux que le gouver
nement de Louis XIV considéra globalement — et sans même'
qu'ils eussent* toujours* personnellement abjuré — comme
appartenant à la religion du Roi, ne se 'conduisirent jamais,
en « fidèles'» «de l'Église romaine.- _
Une minorité s'approcha des sacrements, mais ce ne fut,
la plupart du temps, que par crainte des sanctions civiles ouv
même des 'châtiments physiques2. Lorsque les persécuteurs
1. Cf. cependant infra, n. 48 s. f.
2. Nous n'avons pas cru possible de joindre aux recherches, déjà bien
assez vastes, que nous avons > abordées ici, une enquête parallèle sur la
pratique des N. C. à«.la même époque. Disons seulement qu'elle paraît*
avoir varié d'année en année, sous l'influence, non pas 'de convictions
sincères, mais de la conjoncture politique, et des mesures, plus ou moins
brutales, que prenaient les" autorités religieuses, civiles et.., militaires
(cf. l'article De la Caisse des Conversions à la Révocation que publiera
un prochain numéro de cette i revue). Il y a des statistiques particuli
èrement intéressantes dans les travaux (cités infra) de Bligny-Bondurand*
et Lestrade sur les diocèses d'Alais et de Rieux, d'E. Arnaud, Boislisle
et Dubois sur les généralités de Grenoble, Paris et Rouen. '
' « NOUVEAUX CATHOLIQUES » 'A LA FIN DU XVIIe SIÈCLE 63 LES
se furent lassés, les soi-disant convertis semblent s'être divi
sés en deux groupes : les uns se tinrent résolument à l'écart
de la vie paroissiale et, avec l'aide intermittente des pasteurs
du Désert, pratiquèrent un culte, interdit, sans doute, mais
généralement toléré : c'est ce qui explique qu'aussitôt après
l'Édit pacificateur de Louis XVI « ceux de la R. P. R.\» se
soient retrouvés si nombreux. ,
II est pourtant clair, que le Refuge ne suffit pas à expliquer
toutes les pertes qu'ils avaient subies entre 1685 et 1787."
Certains s'étaient-ils sincèrement convertis à la religion que
leurs ancêtres avaient embrassée de force ? Il faudrait, avant
de l'affirmer, vérifier dans les registres paroissiaux et les pro
cès-verbaux de visites canoniques3 4 si le catholicisme qu'ils
professaient nominalement ne recouvrait pas une égale indif
férence pour toutes les confessions4. Il y aurait même à r
echercher si, comme le prévoyait d'Aguesseau5, l'incrédulité ne
s'est pas montrée plus contagieuse que la Réforme. Les des
cendants des victimes -» des dragonnades auraient ainsi tra
vaillé, directement et indirectement, aux surprenants succès
de - l'incrédulité au xviir9 siècle. On soumettrait' cette hypo
thèse à une première épreuve en comparant la carte de la
pratique religieuse en France au début du xixe siècle (catho
liques et protestants réunis) avec celle que nous examinons
ici.
La méthode généralement* suivie pour déterminer le nombre
des « N. C. » consiste à évaluer celui des protestants, à la»
veille de la Révocation et à en déduire le total présumé des
fugitifs. Malheureusement, chacun de ces chiffres a fait l'ob
jet des estimations les plus divergentes. Vers 1685 les « mieux
informés se contredisaient déjà de façon étonnante. Si un
pasteur s'écriait qu'il y avait 1.900.000 familles de la reli-
3. G. Le Bras, Introduction à l'histoire de la pratique religieuse en
France, Paris, 1942, t. I,. p. 94.
4. Fénelon ■ le < prévoyait dès le 8 mars 1686: « Les restes de cette
secte vont tomber peu à peu dans une indifférence de religion pour tous
les exercices extérieurs, qui doit faire trembler. Si on voulait leur faire
abjurer le christianisme et suivre l'Alcoran, il n'y aurait qu'à mont
rer les dragons... C'est un redoutable levain dans une nation,» (à Bos-
suet, dans Correspondance de Bossuet, éd. Urbain-Lévesque, Paris, 1910,
t. III, pp. 199-200). Cf; aussi la lettre de Tessé (13 novembre 1685) citée
par C. Rousset, Histoire de Louvois, 6e éd., Paris, 1879y t. III, p. 476.
5. Le Chancelier rapporte que son père pensait que « les événements
feraient connaître tôt ou tard combien il est plus dangereux de n'avoir
point de religion que d'en* avoir une mauvaise » (Œuvres complètes,
nouvelle édition p. Pardessus, Paris, 1819, t. XV, p. 320; cf. aussi pp.
325, 329). ■ - ,
REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 64
gion6,,ses confreres'' Jurieu7 et Brousson8 se contentaient de
parler de 2 millions de réformés. Fait plus curieux, ce chiffre
était aussi* donné en 1690 par l'archevêque de Harlay9. Les
autorités administratives10 et religieuses11 affirmaient pour
tant d'habitude que le nombre des hérétiques n'atteignait pas
le million. Vauban écrivait 'même le 5 avril 1692 qu'avant les
conversions forcées il* n'y avait pas plus de 600.000 huguen
ots12. De .nos jours, .les évaluations vont encore de 2 mil
lions13 à 650. 00014. Prudents, la plupart des historiens préfè
rent cependant l'estimation moyenne de 1.000.000,* sans d'ail
leurs la justifier solidement15.
Mais c'est dans les calculs sur le Refuge que l'imagination
s'est donné le plus de champ. Voici -les chiffres proposés,:
800.000 s à 1.000.000 * fugitifs : A. . Court, Limiers, Doling
6. Cf. Mme de * Charnisay, Société d'histoire du protestantisme fran
çais. Bulletin. historique et littéraire (constamment cité dans cet article
1911,* t. 60, p. 237. comme : Bulletin),
7. Politique du clergé français, dern. éd., La Haye, 16*82, p. 153; Der
niers efforts de l'Innocence affligée, 4e éd* 1682, pp. 25 et 32.
8. Lettre à Lamoignon de Bâville du 1er octobre 1689 dans Bulletin, t. 64,
1915, p. 181. En> 1782, A. .Court proposait 1.500.000 (cf. G. Le BRAS^op,
cit., t. I, p. 94),
9. A l'assemblée du clergé, 31 mai 1690 (Eug. Guitard, Colbert et Sei-
gnelay contre la religion réformée, 2e éd., Paris-Toulouse, 1912, p. 143).
S'ils les avaient connues, les partisans de l'estimation de Jurieu au
raient trouvé dans ces paroles le meilleur argument. Mais* leur portée
est"" beaucoup diminuée par le fait qu'il s'agit d'un discours destiné
à magnifier les résultats de l'apostolat royal' (« on l'a vu ramener au
sein de l'Église... ! » Le même nombre se trouvait déjà en 1688 dans la
bouche d'O. Talon (Mention, Documents, Paris, 1893, p, 85).
10. Cf, C. Daux, Histoire de l'église de Montauban, Paris, 1882, t. II,
p. 49 n. et 'surtout la lettre de Louis XIV au cardinal dfEstrées : « de 8 v
à 900.000 âmes qui étaient infectées de l'hérésie, à peine en reste-t-il»
aujour

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents