Genèse et premières années d un groupement œcuménique français : « l Amitié » (1926-1940) - article ; n°151 ; vol.53, pg 269-289
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Genèse et premières années d'un groupement œcuménique français : « l'Amitié » (1926-1940) - article ; n°151 ; vol.53, pg 269-289

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1967 - Volume 53 - Numéro 151 - Pages 269-289
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Étienne Fouilloux
Genèse et premières années d'un groupement œcuménique
français : « l'Amitié » (1926-1940)
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 53. N°151, 1967. pp. 269-289.
Citer ce document / Cite this document :
Fouilloux Étienne. Genèse et premières années d'un groupement œcuménique français : « l'Amitié » (1926-1940). In: Revue
d'histoire de l'Église de France. Tome 53. N°151, 1967. pp. 269-289.
doi : 10.3406/rhef.1967.1477
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1967_num_53_151_1477GENÈSE ET PREMIÈRES ANNÉES
D'UN GROUPEMENT ŒCUMÉNIQUE FRANÇAIS
« L'AMITIÉ » (1926-1940)*
Après des siècles de luttes ouvertes ou larvées, et d'ignorance
mutuelle, les grandes confessions chrétiennes s'engagent actuelle
ment, de manière tout à fait officielle, dans la voie de la recherche
en commun sur leurs principaux points de désaccord, tandis que,
dans chacune d'entre elles, les autorités religieuses invitent les
fidèles à mieux connaître le frère chrétien, et, si possible, à témoi
gner avec lui de l'unité profonde du christianisme ; les documents
du Conseil œcuménique des Églises ou le décret sur l'œcuménisme
du récent Concile du Vatican font foi de cette évolution.
Dès à présent, ce changement de mentalité qui se manifesté
aussi bien dans le catholicisme que dans le monde protestant ou
dans les Églises d'Orient, constitue un fait important de l'histoire
religieuse du xxe siècle. On le doit, semble-t-il, pour une large
part à de multiples initiatives individuelles, au « travail d'au moins
trente ans dans des colloques strictement privés » \ à de petits
groupes isolés qui ont préparé le rapprochement en cours.
« L'Amitié », fondée en 1926-1927 sous le nom d' « Association
chrétienne de professeurs » a, est, en France, l'un des premiers,
* La rédaction de cet article n'a été possible que grâce à l'obligeance de
M. Miroglio qui a bien voulu nous prêter sa collection de l'Amitié, des origines
à 1940 : ce bulletin intérieur d'un mouvement privé est introuvable dans le»
bibliothèques publiques. M. et Mme Miroglio, Mlle Perchenet, M. Devivaise,
responsables passés et actuels de « l'Amitié », ont complété notre information
par leur réponse à nos questions, écrites ou orales ; qu'ils en soient vivement
remerciés. Nous remercions aussi M. le Professeur Rémond qui nous a fait
part des observations que lui suggérait la lecture de notre manuscrit.
1. Irenikon, 1966, n° 2, p. 170 : conférence du Dr Visser't Hooft, alors
secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, à Bruxelles, le 21 jan
vier 1966.
2. En dehors de quelques brèves notices de présentation, notamment dans
Ie3 publications de la Paroisse Universitaire, peu de choses ont été écrites sur
les premiers pas de l'Amitié : A. Miroglio, « Petit historique », dans l'Amitié,
janvier 1937, p. 22-38 ; A. Perchenet, « Une expérience œcuménique,
l'Amitié », dans le Semeur, n° 1, 1963, p. 30-36 et « Vie de l'Amitié, nouvelles
des groupes », dans l'Amitié, avril 1965, p. 13-27. É. FOUILLOUX 270
sinon le premier mouvement qui ait eu pour but de rassembler
des chrétiens de diverses confessions et de les faire réfléchir
sur leurs divisions ; de plus, en contraste avec tant d'autres
entreprises éphémères, « l'Amitié » présente l'avantage d'avoir
poursuivi et de poursuivre encore actuellement la tâche qu'elle a
choisie dès ses origines, aidée en cela par son homogénéité, puis
que, au moins jusqu'en 1940, elle comprend uniquement des
enseignants auxquels s'ajoutent quelques ecclésiastiques 8. Une
telle continuité est précieuse car elle permet, à travers les viciss
itudes d'un mouvement, aussi faible soit-il numériquement, de
suivre l'évolution de l'attitude de chrétiens séparés vis-à-vis de
cette nouveauté qu'est encore, vers 1930, l'œcuménisme.
En 1926-1927, au moment où naît « l'Amitié », les Conversations
de Malines viennent d'être interrompues après la mort de deux
des principaux protagonistes, le cardinal Mercier et Monsieur
Portai ; par ailleurs, Rome ne cache pas sa réprobation à l'égard
du Mouvement œcuménique dont les premières grandes conférences
viennent de se tenir à Stockholm (1925) et à Lausanne (1927) :
l'encyclique Mortalium animas, du 6 janvier 1928, est une critique
serrée des tendances au « panchristianisme » qui s'y seraient
manifestées. La création d'un mouvement à vocation unioniste,
avec participation catholique, ne peut, dans ces conditions, que
susciter de grosses difficultés : « l'Amitié », qui ne recrute guère de
catholiques, voit ses fondateurs, presque tous protestants, mettre
en sommeil les préoccupations religieuses au profit des questions
professionnelles, et il faut attendre une crise décisive, en 1932-
1934, pour que la primauté du souci œcuménique soit affirmée de
nouveau ; ce choix définitif, sanctionné par l'adhésion à «l'Amitié »
d'un nombre croissant de catholiques, permet à un véritable
dialogue théologique et spirituel de s'établir au sein du mouve
ment.
La fondation (1926-1927).
« I. Il est fondé une Association Chrétienne de Professeurs, ouverte
aux membres des trois ordres de l'enseignement public et privé...
III. L'Association, sans avoir aucun caractère confessionnel, et
respectueuse des convictions de chacun, fait appel à tous ceux qui,
3. « Le statut de l'Université en France, son caractère de laïcité ouverte,
la position de la plupart des chrétiens <y enseignant les établissaient sur un
pied d'égalité et facilitaient un dialogue où le réformé ne se sentait plus minor
itaire. La même formation intellectuelle, l'attitude objective et critique...
permettaient des échanges fructueux... Notre labeur a été d'abord intellectuel,
théologique, parce que c'était notre métier et notre vocation humaine. »
(A. Perchenet, loc. cit., p. 35). GENÈSE ET PREMIERES ANNÉES DE « l'aMITIE » 271
voulant s'inspirer dans leur activité professionnelle, soit individuelle,
soit corporative, de leur idéal chrétien, désirent mettre en commun
leurs expériences d'éducateurs et se prêter un mutuel secours 4 ».
Tels sont les deux articles essentiels des statuts de juillet 1927
qui constituent l'acte de naissance officiel du nouveau mouvement.
Mais à cette date, celui-ci possède déjà une histoire.
Pendant les vacances de Pâques 1926, un petit groupe d'amis,
« tous membres très fidèles de la Fédération française des Asso
ciations Chrétiennes d'étudiants » 5, sont réunis près de Pontoise
à l'occasion d'un camp organisé par la Fédération. Jeunes pro
fesseurs, ils souhaitent que le lien établi pendant leurs études
survive à leur dispersion, d'où un projet d'association qui grou
perait des enseignants « désireux de mettre en commun leurs
expériences d'éducateurs et d'apporter leur concours à l'œuvre
de la Fédération... »6. Après cette rencontre, deux de ses initia
teurs, Jacques Bois et Abel Miroglio, tous deux protestants et
professeurs de philosophie, jettent les fondements du futur grou
pement : des contacts sont pris, et, dès la rentrée scolaire de
l'automne 1926, des groupes locaux s'organisent à Metz — où
enseigne A. Miroglio — et à Strasbourg, tandis qu'une « Cons
tituante » est convoquée pour l'été 1927 afin de préciser la nature
et les buts de l'association.
Elle siège du 17 au 20 juillet au château d'Argeronne, en Nor
mandie 7, et compte sept membres, parmi lesquels trois seulement
se trouvaient à la réunion de l'année précédente 8 ; mais, fait
important, un catholique est présent en la personne de Louis
Doucy, professeur de philosophie au collège de Cambrai. La
révision du projet primitif de statuts résulte

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