La conception du langage chez Hamann et Rosenzweig - article ; n°4 ; vol.213, pg 501-534
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1996 - Volume 213 - Numéro 4 - Pages 501-534
Hamann and Rosenzweig on Language
In the first section similarities and differences between Hamann's and Rosenzweig's understanding of language are shown, Hamann as a critic of the Enlightenment and Rosenzweig as a critic of idealism. Both reject reason as a primary source of knowledge in favor of language and senses. The second section « Myth and the Bible » shows how Hamann and Rosenzweig developed a theory of biblical language, accepting myth as being prior to biblical thinking. A third section includes Benjamin's and Scholem's similar concepts of language. A final section discusses the political implications of Hamann's , Scholem's and Rosenzweig's criticisms of the Enlightenment : the « divided Jew » proposed by the Enlightenment proved to be a dead end road, leaving the European Jews defenseless.
Cet article compare la conception du langage chez Hamann critique des Lumières et chez Rosenzweig critique de l'idéalisme. Les deux penseurs nient que la raison soit la source première de la connaissance et attribuent ce rôle au langage dans sa dimension historique ainsi qu'aux sens. Hamann et Rosenzweig ont développé une théorie du langage biblique où le mythe est présenté comme préexistant à la pensée. Vient ensuite une présentation d'une conception similaire du langage chez Benjamin et Scholem. Enfin, une dernière partie montre que la critique des Lumières par Hamann, Scholem et Rosenzweig comporte des implications politiques : en effet la figure du « Juif clivé » chère aux Lumières s'avéra être une impasse qui laissa les Juifs d'Europe sans défense.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Rivka Horwitz
La conception du langage chez Hamann et Rosenzweig
In: Revue de l'histoire des religions, tome 213 n°4, 1996. pp. 501-534.
Abstract
Hamann and Rosenzweig on Language
In the first section similarities and differences between Hamann's and Rosenzweig's understanding of language are shown,
Hamann as a critic of the Enlightenment and Rosenzweig as a critic of idealism. Both reject reason as a primary source of
knowledge in favor of language and senses. The second section « Myth and the Bible » shows how Hamann and Rosenzweig
developed a theory of biblical language, accepting myth as being prior to biblical thinking. A third section includes Benjamin's and
Scholem's similar concepts of language. A final section discusses the political implications of Hamann's , Scholem's and
Rosenzweig's criticisms of the Enlightenment : the « divided Jew » proposed by the Enlightenment proved to be a dead end road,
leaving the European Jews defenseless.
Résumé
Cet article compare la conception du langage chez Hamann critique des Lumières et chez Rosenzweig critique de l'idéalisme.
Les deux penseurs nient que la raison soit la source première de la connaissance et attribuent ce rôle au langage dans sa
dimension historique ainsi qu'aux sens. Hamann et Rosenzweig ont développé une théorie du langage biblique où le mythe est
présenté comme préexistant à la pensée. Vient ensuite une présentation d'une conception similaire du langage chez Benjamin et
Scholem. Enfin, une dernière partie montre que la critique des Lumières par Hamann, Scholem et Rosenzweig comporte des
implications politiques : en effet la figure du « Juif clivé » chère aux Lumières s'avéra être une impasse qui laissa les Juifs
d'Europe sans défense.
Citer ce document / Cite this document :
Horwitz Rivka. La conception du langage chez Hamann et Rosenzweig. In: Revue de l'histoire des religions, tome 213 n°4,
1996. pp. 501-534.
doi : 10.3406/rhr.1996.1202
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1996_num_213_4_1202RIVKA HORWITZ
Université Ben Gurion, Beer-Sheva, Israel
La conception du langage
chez Hamann et Rosenzweig
Cet article compare la conception du langage chez Hamann critique
des Lumières et chez Rosenzweig critique de l'idéalisme. Les deux pen
seurs nient que la raison soit la source première de la connaissance et
attribuent ce rôle au langage dans sa dimension historique ainsi qu 'aux
sens. Hamann et Rosenzweig ont développé une théorie du langage
biblique où le mythe est présenté comme préexistant à la pensée. Vient
ensuite une présentation d'une conception similaire du langage chez
Benjamin et Scholem. Enfin, une dernière partie montre que la critique
des Lumières par Hamann, Scholem et Rosenzweig comporte des impli
cations politiques : en effet la figure du «Juif clivé» chère aux Lumières
s'avéra être une impasse qui laissa les Juifs d'Europe sans défense.
Hamann and Rosenzweig on Language.
In the first section similarities and differences between Hamann 's
and Rosenzweig s understanding of language are shown, as a
critic of the Enlightenment and Rosenzweig as a critic of idealism. Both
reject reason as a primary source of knowledge in favor of language and
senses. The second section « Myth and the Bible » shows how Hamann
and Rosenzweig developed a theory of biblical language, accepting myth
as being prior to biblical thinking. A third section includes Benjamin 's
and Scholem' s similar concepts of language. A final section discusses the
Hamann' s , Scholem's and Rosenzweig's critpolitical implications of
icisms of the Enlightenment : the «divided Jew» proposed by the
Enlightenment proved to be a dead end road, leaving the European Jews
defenseless.
Revue de l'Histoire des Religions, 213-4/1996, p. 501 à 534 Introduction
Heschel a dit : « Nous ne serons jamais à même de com
prendre que l'esprit est révélé sous forme de paroles si nous ne
découvrons pas cette vérité vitale, à savoir que l'esprit est pouv
oir, c'est-à-dire engagement. »' Cette conception de la parole
est le sujet de notre investigation à travers les œuvres de
Johann Georg Hamann (1730-1788) et de Franz Rosenzweig
(1886-1929).
Pour ces deux penseurs, le langage n'est pas une convention
entre les humains mais une propriété intrinsèque de la nature sym
bolique propre à l'être humain lui-même. Leur conception du lan
gage s'oppose à l'approche objective et abstraite du rationalisme
qui voyait dans le langage un moyen au service d'une fin pratique.
Leur théorie du rejette le panlogisme sous toutes ses
formes : celle que lui ont donnée Platon ou Aristote aussi bien que
celle qu'il revêt chez Maïmonide, Leibniz ou Hegel.
Pour Rosenzweig et Hamann, c'est le langage qui est pre
mier, tandis que, pour les rationalistes, c'est la pensée. Les pen
sées peuvent voler, être objectives, totalisantes, elles peuvent
traiter de l'essentiel, alors que le langage est limité par le temps
et doit se fonder sur les mots avec l'expression et l'histoire qui
leur sont propres. Le langage est prononcé dans le cadre d'une
situation personnelle, il insiste sur ce qui est irréductible au
général, il repose sur l'autre et sur l'approche de l'autre ; c'est
un dialogue plutôt qu'une constatation objective. Le langage
passe par le truchement de l'individu qui s'exprime par des
intonations vivantes et une écriture unique en son genre. Bref,
le langage vise à véhiculer ce qui est laissé pour compte par la
philosophie rationnelle. Le langage compris de cette façon
constitue la pierre d'angle de la philosophie antirationaliste de
ces deux penseurs. Ce qui les intéresse au premier chef, c'est la
littérature bien plus que la logique ou les mathématiques, la
1 . Abraham Joshua Heschel, God in Search of Man, New York, Scrib-
ner, 1956, p. 25. HAMANN ET ROSENZWEIG 503
parole vive plutôt que la parole écrite, la lettre personnelle plu
tôt que le manifeste public, en un mot l'individu étouffé par
l'universel.
Hamann et Rosenzweig rejetèrent tous deux l'idée selon
laquelle la raison serait à même de tout contenir et permettrait
à la fois de comprendre toutes choses et de résoudre la totalité
des problèmes humains. De même que Hamann s'opposa à la
philosophie rationnelle des Lumières, de même Rosenzweig
contesta la philosophie rationnelle de l'idéalisme.
Dans La des Lumières, Ernst Cassirer évoque en
ces termes le début du XVIIF siècle :
« Le xvnf siècle est pénétré de la conviction selon laquelle la raison
est unique et immuable. Elle est identique pour tous les sujets pensants,
toutes les nations, toute les époques et toutes les cultures. De la variété
des croyances religieuses, des maximes et des convictions morales ou
des opinions et jugements théoriques, on peut extraire un élément sûr et
durable qui est en lui-même permanent et dont l'identité et la perma
nence expriment l'essence réelle de la raison. »2
Hamann, disciple et critique des Lumières, précurseur de
Kierkegaard, interprète la raison dans un autre sens. Pour lui,
ce n'est pas la base de toutes choses, mais une entité qui pré
suppose les sens et la dimension historique et qui résulte d'une
situation particulière. Elle n'est pas immuable, mais susceptible
d'être influencée par le temps et l'espace, voire même troublée
par les convoitises et le péché3. Il n'y a pas de type général de
raison qui serait commun à tous les êtres humains. Dans une
de ses lettres, il écrit que « l'idée du bon sens [c'est-à-dire d'une
raison universelle] est la plus vile, la plus arbitraire et la plus
impudente des forfanteries; c'est une pétition de principe»4.
Hamann rejette le culte de la raison et écrit : « L'objet de votre
admiration et de votre dévotion n'est pas Dieu, mais seulement
2. Ernst Cassirer, La philosophie des Lumières (trad. P. Quillet), Paris,
Fayard, 1966-1983 (2e éd.), p. 41.
3. Johann Georg Hamann, Sokratische Denkwûrdigkeiten, Aesthetica in
nuce, commentaires de Sven-Aage Jorgensen, Stuttgart, 1968, p. 168. Cita
tion d'une lettre parue dans Johann Georg Hamanns Briefwechsel, éd. W. Zie-
semer et Arthur Henkel, Wiesbaden, 1955, 1, 356 p., 25 sq. (abrégé en ZH).
4. Johann Georg Hamann, Sâmtliche Werke, édité

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