La contribution des églises et monastères de l ancienne Gaule au sauvetage des Lettres antiques - article ; n°101 ; vol.23, pg 473-485
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La contribution des églises et monastères de l'ancienne Gaule au sauvetage des Lettres antiques - article ; n°101 ; vol.23, pg 473-485

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1937 - Volume 23 - Numéro 101 - Pages 473-485
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 13
Langue Français

Extrait

Émile Lesne
La contribution des églises et monastères de l'ancienne Gaule
au sauvetage des Lettres antiques
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 23. N°101, 1937. pp. 473-485.
Citer ce document / Cite this document :
Lesne Émile. La contribution des églises et monastères de l'ancienne Gaule au sauvetage des Lettres antiques. In: Revue
d'histoire de l'Église de France. Tome 23. N°101, 1937. pp. 473-485.
doi : 10.3406/rhef.1937.2838
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1937_num_23_101_2838La contribution
•des Églises et Monastères
de l'ancienne Gaule
au sauvetage
des Lettres antiques
•et monastiques do sauvetage Le l'antiquité. sauvetage : disparition et — des épiscopales. du Conservation auteurs Moyen des Age. païens — anciennes des Conservation — par chefs-d'œuvre Raisons les écoles. bibliothèques d'être des — classiques. ouvrages et Formation caractère ecclésiastiques didactiques — d'écoles Imporde ce
tance du rôle des églises et monastères français dans ce sauvetage.
Le sauvetage des auteurs païens
3>ar les bibliothèques ecclésiastiques et monastiques du Moyen Age.
Parmi beaucoup d'obscurités que présente l'histoire du
naufrage de la culture antique en Occident à la suite des
invasions, quelques faits ressortent clairement et d'abord
•celui-ci : nous ne conservons des Lettres latines que ce qui a
été sauvé par les bibliothèques ecclésiastiques et monasti
ques.
Sans faire fi, pour l'histoire de la culture latine, des don
nées fournies par l'épigraphie ou l'archéologie et qui ont été
exhumées depuis le temps de la Renaissance, mais surtout
dans les- cent dernières années, on doit reconnaître que ces
sciences ne nous ont à peu près rien révélé qui appartienne
à l'histoire littéraire. Les papyrus égyptiens ont modestement
enrichi notre collection de classiques grecs. La littérature
latine n'a bénéficié d'aucune découverte de même ordre. Tout
ce qui nous reste des textes des classiques latins provient des
manuscrits antiques, conservés ou copiés dans les églises et
monastères à partir du vie siècle.
Ne nous étonnons pas que des textes d'inspiration païenne
nous aient été transmis uniquement par le canal des authen
tiques représentants du christianisme. L'Église qui, à la fin
31 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 474
du IVe siècle, a triomphé et de l'État romain et de la pensée-
antique, s'est efforcée de conserver de d'un et de l'autre ce qu£
pouvait être maintenu. Les autorités romaines avaient pu
jadis se faire livrer les livres chrétiens pour les anéantir.
L'Église n'a pas répondu par un geste semblable. Aucun des-
siens n'a songé, au Ve siècle, à proscrire les écrits des philo
sophes, orateurs, historiens et poètes païens. La conciliation
était faite entre la pensée chrétienne et la culture antique.
Tout ce que celle-ci avait produit de beau, de solide et de
vrai était accepté par l'Église et immunisé par l'adaptation
qu'en avaient faite en son sein tant d'esprits cultivés. L'Église
avait à craindre 1' « airesis »; elle faisait jeter au feu — nos
érudits modernes peuvent le regretter — les écrits des héré
tiques considérés comme dangereux; elle n'avait rien à redout
er des écrits des païens, aucun besoin et nul souci de les
détruire, mais bien plutôt de garder intacte, autant qu'il était
possible, la culture littéraire que leur devait un Jérôme, un
Ambroise, un Augustin, après un Cyprien et un Tertullien.
C'est en conformité avec une tradition antérieure au dépé
rissement de la culture que, dans les royaumes barbares, les
églises et monastères furent légataires de l'héritage antique..
Les ouvrages des anciens qu'ont conservés les manuscrits des-
bibliothèques d'églises ont été presque tous sauvegardés vo
lontairement, intentionnellement. Une part très faible l'a été
fortuitement dans les palimpsestes, où parfois un texte an
cien classique a été recouvert par une œuvre plus récente.
Toutefois, l'inventaire des palimpsestes, dressé en 1904
par Emile Châtelain, ne comporte que cent dix numéros, rela
tifs pour la plupart à des fragments de peu d'importance et,.,
parmi les textes ainsi retrouvés, une trentaine seulement
appartiennent à des auteurs classiques païens. A vrai dire,
en dehors d'une partie du De Republica de Cicéron, de plu
sieurs discours du même orateur, de quelques fragments de
Tite-Live, Plaute, Sénèque, Pline l'Ancien, le reste des palimps
estes ne présente qu'un faible intérêt pour l'histoire de la
littérature classique.
L'argument des palimpsestes a servi pourtant naguère à
inculper le clergé et les moines du haut Moyen Age d'avoir-
systématiquement détruit les Lettres antiques, bien loin d'en
avoir sauvé les restes. « Plût au Ciel, s'écriait Michelet, que
les Bénédictins n'eussent jamais su lire et écrire ! Mais ils
eurent la rage d'écrire et de substituer des ineptes grimoires
aux chefs-d'œuvre sublimes qu'ils ne comprenaient points
Sans eux, la fureur des barbares et des dévots eût été à peu
près stérile. La fatale patience des moines fit plus que Pin— ÉGLISES AU SAUVETAGE DES LETTRES ANTIQUES 475* LES
cendie d'Omar. * — Je lis encore dans la première édition du
Larousse (1874): « Ce qui a sauvé Virgile, Horace, Juvénal,.
Lucrèce, Martial, Catulle, ce ne fut pas leur valeur propre,
dont ces ânes bâtés (les moines) se souciaient fort peu, c'est
que, dans le nombre des copies, il s'en trouvait de tout
petits formats, dont leur industrie ne pouvait rien faire...
Loin de rien sauver, ils ont détruit le plus possible et les
efforts de vingt générations d'érudits ne parviendront jamais
à réparer le dommage qu'un seul d'entre eux faisait en une
journée. »
II n'y a pas un paléographe moderne qui reprendrait à son
compte une telle interprétation de la coutume antique — elle
était en usage dès le temps de Cicéron — d'utiliser plusieurs
fois la même membrane, vu la rareté et cherté du parchemin.
Si cette pratique, toujours fâcheuse, a sévi davantage du vu*
au ixe siècle, c'est que le parchemin fut particulièrement rare
et cher à cette époque. Traube en Allemagne, Châtelain en
France, se sont trouvés d'accord pour reconnaître qu'aucune
idée de destruction des textes classiques n'a présidé au grat
tage des manuscrits. Parmi les textes recouverts qui subsis
tent, le plus grand nombre appartiennent à des livres chré
tiens. Les palimpsestes ne nous ont jamais conservé un ou-,
vrage complet. On ne sacrifiait pas un manuscrit entier et
en bon état pour former de nouveaux cahiers; on ramassait
surtout les débris inutilisables de livres mutilés, jetés au
rebut ou gardés seulement en vue d'un grattage qui per
mettrait d'en tirer parti. Il faut se féliciter qu'ils aient eu ce
sort, car s'ils n'avaient pu être ainsi réemployés par mor
ceaux pour former de nouveaux assemblages, les textes qui
ont pu être lus par les paléographes modernes auraient à
jamais péri.
Raisons d'être et caractère de ce sauvetage :
disparition des anciennes écoles.
Si ce que nous gardons des Lettres latines a été sauvé par
les bibliothèques des églises et monastères, il n'est pas moins
évident qu'elles ne nous en ont conservé qu'une part assez
maigre. Et s'il a été fait un choix, cette part nous paraît peu
judicieusement choisie. Pourquoi une part seulement ? Pour
quoi une part si modeste ? Pourquoi ne comprend-elle pas
toute la moelle de la culture latine ?
La réponse est très simple. Les églises et monastères du
haut Moyen Age n'ont pas gardé tout l'héritage parce qu'ils
n'en avaient ni la charge, ni le moyen, ni le besoin. REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 476
Comment leur faire grief de ne pas avoir conservé tout le
dépôt, alors qu'il n'était constitué pr

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