La Religion civile en Amérique (Civil Religion in America) - article ; n°1 ; vol.35, pg 7-22

Robert N.Bellah

Description

Archives des sciences sociales des religions - Année 1973 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 7-22
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Philosophie et théologie

Informations

• Publié par: Archives-des-sciences-sociales-des-religions
• Publié le: 01 janvier 1973
• Nombre de lectures: 39
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Robert N. Bellah
Gwen Terrenoire
La Religion civile en Amérique (Civil Religion in America)
In: Archives des sciences sociales des religions. N. 35, 1973. pp. 7-22.
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Bellah Robert N., Terrenoire Gwen. La Religion civile en Amérique (Civil Religion in America). In: Archives des sciences
sociales des religions. N. 35, 1973. pp. 7-22.
doi : 10.3406/assr.1973.2751
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1973_num_35_1_2751Arch Sc soc des Rel. 85 1978 7-22
Robert BELLAH
LA RELIGION CIVILE EN AM RIQUE
religion that churches seriousness new men and This actually While America any sacred others It article can has of an exists other make some places and that elaborate its or argues the be perhaps own religion alongside it integrity church American have society and not its prophets own only argued does better and well-institutionalized of as light Way solemn that and perfectly synagogue It requires this that to is there of its rather all rituals genuinely religious Christianity Life own in the is such clearly celebrate accord martyrs nations and same few dimension American civil symbols have with thing differentiated care is only its religion the realized own in but the national It will and understanding also sacred is has in generalized of concerned genuinely that America from its God events faith there own this the as
certains démontrent que le christianisme est la religion de la nation et
autres que glise et la Synagogue ne célèbrent une religion vague et
diffuse de American Way of Life peu se rendent compte en réalité côté
des religions organisées et en distinguant nettement existe une religion civile
élaborée et fortement institutionnalisée Dans article que voici nous ne nous
contenterons pas de démontrer existence de ce phénomène nous soutiendrons
en plus que cette religion ou mieux cette dimension religieuse son propre
sérieux et sa propre rectitude Elle exige donc comme toute religion une approche
attentive 1)
Ce texte paru en anglais sous le titre <i Civil Religion in America dans DAEDALUS
Journal of American Academy of Arts and Sciences Boston Mass.) vol 96 no 1967 Repris
dans W.G Mc LOUGHLIN R.N BELLAH eds. Religion in America Boston Houghton Mifflin
Company 1968 pp 3-23)
La présente traduction paraît ici avec accord de Auteur et autorisation bénévole de la
revue DAEDALUS
On trouvera dans ce texte deux sortes appels de notes une série numérique pour les
notes de Auteur une série alphabétique pour les remarques de la Traductrice Ces dernières
sont toujours en italique
Comment une telle évidence a-t-elle pu échapper une analyse sérieuse La question
mérite réflexion Sans doute cela est dû en partie au caractère polémique du sujet Dès les pre
mières années du dix-neuvième siècle on trouve des groupes religieux et politiques de tendance
conservatrice qui maintiennent que la religion nationale est en fait le christianisme Certains
entre eux ont parfois proposé et ce une date aussi récente que 1950 des amendements
constitutionnels qui reconnaissaient explicitement la souveraineté du Christ Les adversaires de
cette tendance font appel au principe de la séparation de glise et de tat pour affirmer que
la conduite des affaires de la nation intrinsèquement rien voir avec la religion Entre les
deux groupes se trouvent les modérés qui soulignent le fait que tat est montré tolérant voire DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS ARCHIVES
LE DISCOURS INVESTITURE DE KENNEDY
Le discours prononcé par le président Kennedy le 20 janvier 1961 servira
illustration et de point de départ pour la présentation de ce sujet complexe En
voici les premières phrases
Nous célébrons hui non pas la victoire un parti mais une fête de
la liberté symbolisant une fin aussi bien un commencement signifiant un
renouveau aussi bien un changement Car ai prêté devant vous et devant Dieu
Tout-Puissant ce même serment solennel avaient prescrit nos ancêtres il
plus de cent soixante-quinze ans
Le monde est bien différent maintenant Car homme détient entre ses mains
mortelles le pouvoir abolir toute forme de pauvreté humaine et abolir aussi
toute forme de vie humaine Et cependant les mêmes principes révolutionnaires
pour lesquels combattirent nos ancêtres sont toujours remis en question dans le
monde entier les principes selon lesquels les droits de homme ne lui viennent
pas de la générosité de Etat mais de la main de Dieu a)
Le discours conclut ainsi
Enfin que vous soyez citoyens américains ou citoyens du monde demandez-
nous ces mêmes standards élevés de force et de sacrifice que nous vous deman
derons Avec notre bonne conscience comme seule récompense assurée et histoire
comme dernier juge de nos actes préparons-nous conduire ce pays que nous
aimons en lui demandant sa bénédiction et son aide mais en sachant que sur cette
Terre oeuvre de Dieu passe vraiment par nos mains
Nous venons de citer les trois passages de cette brève allocution dans lesquels
Kennedy mentionne le nom de Dieu Si nous pouvions établir le pourquoi et le
comment de ces références nous serions en mesure de mieux comprendre en grande
partie la religion civile américaine Mais une telle démarche ne avère ni immé
diate ni simple et ceux qui aux Etats-Unis étudient la religion en donneraient
probablement des interprétations fort divergentes
Considérons abord la localisation des trois références dans le texte Elles
se situent dans les deux premiers et dans le dernier paragraphes encadrant ainsi
une certaine fa on les observations plus concrètes rassemblées dans la partie
centrale du discours Au-delà de cette allocution particulière nous découvrons pres
que invariablement de semblables références Dieu dans les déclarations des
présidents américains faites dans des circonstances solennelles alors que ces
références ne figurent généralement pas dans les communications que le président
adresse au Congrès propos de diverses questions pratiques Cela étant com
ment devons-nous interpréter la place faite aux références divines
même encourageant envers les groupes religieux exemption impôts etc...) favorisant ainsi la
religion mais sans aller en adopter institutionnalisation formelle qui fait objet de mon
article En dehors du caractère polémique du sujet on peut comprendre pourquoi il en pas
été discuté sérieusement si on considère le concept spécifiquement occidental de religion
dénotant un type singulier de collectivité dont appartenance est exclusive de toute autre
idée de Durkheim selon laquelle tous les groupes ont une dimension religieuse et qui paraîtrait
évidente dans Asie du Sud ou de Est nous est étrangère Ceci rend donc difficile la perception
de telles dimensions dans notre société
Les citations suivies ïun astérisque sont tirées des documents officiels des services cle presse
de Ambassade des Etats-Unis Dans les autres cas nous avons procédé nous-même la traduc
tion LA RELIGION CIVILE EN AM RIQUE
On pourrait soutenir que les passages cités révèlent le rôle essentiellement
insignifiant de la religion dans une société américaine ultra-profane introduction
de telles références dans ce discours tout comme dans autres circonstances
de la vie civile suggère le rôle purement ceremoniel de la religion Révérence lui
étant faite en vue de se concilier les citoyens les moins éclairés il devient possible
de parler sérieusement des affaires nationales sur lesquelles la religion rien
dire observateur cynique pourrait même ajouter un président américain ne
parlant pas de Dieu risquerait de perdre des voix aux élections Un semblant de
piété est tout bonnement une des qualités requises implicitement pour accéder
aux fonctions présidentielles Exigence de tradition plus ancienne mais peu
différente de celles que on doit satisfaire pour bien passer la télévision
Néanmoins nous savons trop importance des cérémonies et des rites dans
les sociétés les plus diverses pour nous permettre de décréter première vue une
chose est sans importance sous le prétexte elle est seulement un rite Les
paroles prononcées dans les grandes occasions ne doivent pas nécessairement
être prises la lettre il empêche elles révèlent souvent des valeurs et des
attitudes profondément enracinées qui ne sont pas explicitées dans le courant
de la vie quotidienne Si nous suivons ce raisonnement nous devons nous demander
si le choix de la place des références divines dans le discours de Kennedy ne
signale pas un aspect très important et mê