La renonciation de Célestin V et l opinion théologique en France du vivant de Boniface VIII - article ; n°107 ; vol.25, pg 183-192
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La renonciation de Célestin V et l'opinion théologique en France du vivant de Boniface VIII - article ; n°107 ; vol.25, pg 183-192

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Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1939 - Volume 25 - Numéro 107 - Pages 183-192
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Jean Leclercq
La renonciation de Célestin V et l'opinion théologique en France
du vivant de Boniface VIII
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 25. N°107, 1939. pp. 183-192.
Citer ce document / Cite this document :
Leclercq Jean. La renonciation de Célestin V et l'opinion théologique en France du vivant de Boniface VIII. In: Revue d'histoire
de l'Église de France. Tome 25. N°107, 1939. pp. 183-192.
doi : 10.3406/rhef.1939.2884
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1939_num_25_107_2884LA RENONCIATION DE CÉLESTIN V
ET L'OPINION THÉOLOGIQUE EN FRANCE
DU VIVANT DE RONIFACE VIII
I.II.— France. et La sa renonciation; renonciation contro\ehse et thlologique. léaction l'opimon de publique. l'opinion — Piciie-.Tcan — publique Ctlcstin d'Olieu en V : Italie^ son (14 septemélection et en
bre 1295). Godefioid de Fontaines (1295). Picuc d'Auvergne (A'sent
1296): anal} se de sa doctrine. Encore P.-J. d'OIieu (1297). Gilles de
Rome (1297). Jean de Paris (1302-1303).
Conclusion.
La renonciation de Célestin V au souverain pontificat fut
lourde de conséquences pour l'Église de France. Les contro
verses doctrinales qu'elle souleva eurent des répercussions
directes sur les relations de Philippe le Bel et du clergé fran
çais avec Boniface VIII, puis avec Clément V. Elle suscita de
la part de plusieurs maîtres en théologie de l'Université de
Paris des écrits de formes diverses. Ceux-ci ont été publiés,
à l'exception de la « Question » que consacra Pierre d'Au
vergne à la renonciation dans son premier Quodlibet. Ce sera
combler une lacune que d'analyser pour la première fois ce
texte inédit. Avant de le replacer dans l'évolution doctrinale
dans laquelle il s'insère, nous évoquerons brièvement les
.événements qui en furent l'occasion.
I. — LA REXOXCIATION ET L'OPIXIOX PUBLIQUE.
A la mort de Nicolas IV, le 4 avril 1292, l'impuissance des
■cardinaux à se mettre d'accord pour l'élection d'un nouveau
pape entraîna pour le Saint-Siège une vacance de deux ans.
Le 5 juillet 1294, les onze cardinaux réunis en conclave à
Pérouse élurent à l'unanimité Pierre de Morrone, qui prit le
nom de Célestin V. Ermite d'une grande pureté de vie, il
avait excellé à communiquer son zèle pour la vie austère aux
disciples qu'il avait réunis, organisés en ordre religieux et
qui devaient prendre plus tard le nom de Célestins. Il s'en- 184 revue d'histoire de l'église de trwce
tendait moins bien au gou\ ornement de l'Église, en un temps
suitout où les « Spirituels -> révoltés entretenaient dans les
esprits une elTervescence périlleuse, que les politicien ï s'e
fforçaient d'exploiter au service de leurs -intérêts divers.
Les cardinaux; s'aperçurent bientôt 'de l'erreur qu'ils avaient
commise, et la question commença à se poser, dans le Sacré-
Collège, de la possibilité pour Celestin V de renoncer au trône
pontifical. On chercha des précédents dans la tradition cano
nique. Ceux qu'on y trouva sont d'origine légendahe1; du
moins les crut-on authentiques, et ils suffirent à faire envi
sager comme possible la îenonciation. Le cardinal Benoît
Gaetani s'était acquis une influence grandissante sur l'esprit
de Celestin : il se chargea de le prépaier à ce dénouement-
Après quelques hésitation i, Celestin V renonça au souverain
cardinal" pontificat le 13 décembre 1294. Le 24 décembre, le
Gaetani était élu pour lui succéder sous le nom de- Benoît
Boniface VIII2.
Cet événement extraordinaire revêtait toutes les formes du
droit. Celestin V avait exposé « les causes légitimes » qui le
déterminaient : l'humilité, le désir d'une vie plus parfaite,
l'insuffisance de son corps et de son esprit à assurer plus
longtemps le gouvernement de l'Église en des circonstances
aussi difficiles5. Les cardinaux avaient appiouvé sa décision-
Dès sa première bulle, Boniface VIII justifia son accession au
trône pontifical en rappelant les normes juridiques selon le
squelles venait de s'accomplir la renonciation de Celestin V;
il évoqua en outre les exemples de fournis par
la tradition4. Les autorités ecclésiastiques n'hésitèrent pas à
le reconnaître dès lors, et ne devaient jamais douter qu'il fût
le pape légitime.
Il s'en fallait de beaucoup que l'opinion populaire fût*
aussi sereine. Habilement exploité par les Spirituels et les.
deux cardinaux Colonna, le prestige moral qui s'attachait à
la personne de Celestin V après son « grand refus » lui atti
rait toutes les sympathies. Ses allées et venues à travers.
l'Italie, alors qu'il fuyait sans cesse vers une solitude plus,
profonde, les miracles qui, disait-on, signalaient partout son
1. Sur l'origine de ces légendes et leur cAolution au cours du Mojcn
-Age, •voir .1. DcririM.cn, die Papst-Fabeln des Mittelalters (1864), p. 45-
48 et p. 106-124.
2. Pour le récit détaillé de ces événements, \oir G. Dic.ahd, Philippe
le Bel et le Saint-Siège de 1285 à ÎSOi (1936), t. I, p. 166-207.
3. Texte dans Baronils-Theiner, Annales ecclesiastici (1871), t. XXII,.
p. 145, n. 20.
4. Registres de Bonifaie VIII, édit. G. Digxrd (1884), t. I, n. 1, col. Z. LV 1U NO\(.I\TI0N DE CtLI-STIV V 183
passage, la garde sé\ère que dut lui imposer Boniface VIII, le
posaient aux veux des fidèles en thaumaturge et en mart\i\
Boniface VIII craignait un schisme, et cette appréhension
le poursunit jusqu'à la mort de Célestin (19 mai 1296)5.
En France, le cardinal Simon de Beaulieu avait émis des
doutes sur la légitimité de Boniface VIII dès le début de
1295. Flattant la maheillance de Philippe le Bel à l'égard de
Boniface VIII, dont il avait accepté d'être le légat en France,
il lançait cet argument nom eau dans la mêlée des intérêts
et des passions en conflit. Les Spirituels du Midi de la France
regrettaient Célestin V qui les avait fa'sorisés. Ils ne tardaient
pas à exploiter, eux aussi, sa renonciation pour attiser le
mécontentement contre Boniface VIII. Les légistes de Phi
lippe le Bel et les Spirituels allaient se heurter. en France à
un obstacle infranchissable : l'accord des théologiens pour
justifier la renonciation.
IL — LA CONTROVERSE THlOLOGIQUE.
' Le premier écrit théologique que nous possédions au sujet
de la renonciation est une lettre du maître franciscain Pierre-
Jean d'Olieu, datée de Narbonne le 14 septembre 12956. Le
franciscain Conrad d'Offida était l'un des Spirituels qui
a\ aient demandé et obtenu de Célestin V qu'il les rendit indé
pendants de l'Ordre des Frères Mineurs : on s'explique qu'il
ne fût pas satisfait de voir s'éloigner du pomoir un pape
auquel il devait tant. P.-J. d'Olieu réfute à son intention des
objections soule'sées contre cette renonciation. Il invoque
d'abord un argument de fait : selon la tradition un pape qui
tomberait dans l'héiésie manifeste pourrait être déposé; le
pomoir pontifical n'est donc pas inamissible. Une distinc
tion théologique confirme cet argument : le pomoir d'ordre
et la juridiction sont séparables, le pape peut renoncer à la
seconde sans cesser de . posséder le premier, il peut cesjser
d'être pape sans cesser d'être évêque. Sans doute n'a-t-il pas
de supérieur pour accepter sa renonciation; mais il n'en
avait pas davantage pour ratifier son élection. On objecte que
le mariage contracté par l'é\êque de Rome a\ec l'Église uni
verselle est indissoluble : P.-J. d'Olieu résout cet argument
spécieux en insistant sur les différences qui existent entre ce
mariage spirituel et le sacrement de mariage.
5. Sur les lelations de Boniface VIII a\ec Célestin après sa renonciat
ion, \oir D. Tosti, Histoire de Boniface VIII, trad. Marie-Dlclos
(1834), p. 170 et sui\.
6. Éditée par/ P. L. Oligeu, O. F. M., dans l'Archivum franciscanum
historicum, t. XI (1!)18), p. 366-373. REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 186
Dès la même année 1295, la question de la renonciation se
pose à l'Université de Paris. Le premier témoignage des di
scuss

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