Le P. Cheminot et le duc Charles IV de Lorraine - article ; n°53 ; vol.11, pg 453-470
19 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le P. Cheminot et le duc Charles IV de Lorraine - article ; n°53 ; vol.11, pg 453-470

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
19 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1925 - Volume 11 - Numéro 53 - Pages 453-470
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1925
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Fouqueray
Le P. Cheminot et le duc Charles IV de Lorraine
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 11. N°53, 1925. pp. 453-470.
Citer ce document / Cite this document :
Fouqueray Henri. Le P. Cheminot et le duc Charles IV de Lorraine. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 11. N°53,
1925. pp. 453-470.
doi : 10.3406/rhef.1925.2370
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1925_num_11_53_2370LE P. CHEMINOT
ET
LE DUC CHARLES IV DE LORRAINE
I. Le P. Didier Cheminot. Il est nommé confesseur du duc de Lorraine. —
H. Le duc Charles IV, la duchesse Nicole et Beatrix de Cusance.
— III. Rôle du P. Cheminot dans l'affaire du divorce de Charles ItV. —
IV. La cause portée devant le SaintJSiège. — V. Le P. Cheminot à
Rome. — VI. Il retourne auprès du duc et refuse de s'en séparer,
malgré les ordres du P. Général. — VII. Le duc de Lorraine traite
avec Louis XIII et recouvre une partie de ses Etats. — VIII. Nouvelle
rupture. Excommunication du duc et de son confesseur. Soumission
du P. Cheminot.
I. — Didier Cheminot était né à Pont-à-Mousson le 21 avril
1590. Entré dans la Compagnie de Jésus en 1608, il avait
prononcé les vœux solennels de profès le 7 juin 1626. D'un
zèle ardent, d'une piété exemplaire, ce religieux n'aspirait
qu'aux missions lointaines. Deux fois, alors qu'il enseignait
la philosophie au collège de Châlons-sur-Marne, il avait
supplié le P. Général de l'envoyer dans les Indes, demande
qu'il renouvela encore au lendemain de sa profession. Peut-
être fut-il écarté à cause de certains défauts : d'un jugement
peu sûr, d'un caractère opiniâtre, il n'avait jamais inspiré une
entière confiance à ses Supérieurs. Grand fut donc l'étonnement
de tous quand on apprit, le 25 mars 1637, que le duc de
Lorraine venait de l'appeler à diriger sa conscience. Comme
s'il eût voulu en imposer à la Compagnie, Charles IV avait
entouré cette nomination de formalités solennelles et, sans
aucun accord préalable, il avait dressé des lettres patentes
quelque peu imperatives, « en conséquence de quoi, mandait-
il, nous prions et instamment requérons les supérieurs de
1. Ces pages sont tirées du tome V de l'ouvrage du P. Fouqueray, sur
La Compagnie de Jésus en France, actuellement sous presse. — Les lettres
citées sans autre indication que les recueils d'où elles sont extraites,
appartiennent aux Archives de la Compagnie de Jésus.
31 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 454
la dite Compagnie, qu'il appartiendra, de lui donner tous
congés et licences à ce nécessaires. » (25 mars 1637)\
Quelques jours après, le P. Cheminot informa le P. Général
du choix dont il avait été l'objet, et demanda son approbation.
Il n'ignorait pas, disait-il, les difficultés inséparables d'un tel
office, et se déclarait prêt à suivre fidèlement l'instruction du
P. Aquaviva pour les confesseurs des grands. « Quelques-uns,
ajoutait-il, regretteront peut-être ma présence auprès du
sérénissime prince, parce qu'ils me soupçonnent d'avoir une
doctrine relâchée ; mais je veillerai sur moi et sur ma »V
Les soupçons des confrères du P. Cheminot n'étaient pas
sans fpndement; mais le P. Général, n'ayant alors aucune
raison sérieuse de s'opposer aux volontés de Charles IV, donna
l'autorisation demandée4. Nous avons la lettre par laquelle le
prince lui exprime sa reconnaissance, et la réponse de Vitel-
leschi", supérieur général de la Compagnie. Cette dernière
montre que Sa Paternité ignorait totalement dans quelle déplo
rable situation se trouvait à ce moment le duc de Lorraine.
II. — Jeune encore, esprit brillant, caractère courageux, mais
de nature inquiète et capricieuse, Charles IV se faisait de la
sainteté du mariage la plus fausse idée. Fils de François
de Vaudemont et neveu du duc Henri II, il avait épousé la
fille aînée de celui-ci, la princesse Nicole, par motif purement
politique, pour s'assurer la courorine si vraiment la loi salique
n'était pas reconnue dans le duché. Nous avons vu que telle
était en effet l'opinion plus ou moins intéressée de Richelieu
et comment, après l'occupation de Nancy (septembre 1633),
il obtint que Nicole quittât sa capitale pour se retirer à Paris.
Or, cette séparation des deux époux allait exercer une funeste
influence sur la conduite du mari. Celui-ci, tout d'abord, témoi
gna le désir de retrouver sa femme et insista, à plusieurs
25 2.maris Patentes 1637 (Campaniœ du duc Charles historia, IV nommant t. I, n° 81). le P. Cheminot son confesseur,
3. Lettre du P. Cheminot au P. Général1 (Campaniœ historia, t. I, n° 9l2l).
4.de Vitellesichi à Cheminot, 20 mai 1637 {Lugdun., Epistolœ Ge-
neralium, t. III.
5. Lettre de Charles IV à Vitellesehi, 10 juillet 1637 (Lugdun., Epist. ad
Générales, t. I). Lettre de Vitellesehi à Charles IV, 23 août 1637 (Gallia,
Epistolœ Generalium ad externos, 16'13-1>672). P. CHEMINOT ET LE DUC CHARLES IV DE LORRAINE 455 LE
reprises, pour qu'elle vînt le rejoindre à Besançon"; puis
bientôt, errant à travers l'Europe, il l'oublia pour s'adonner
à tous ses caprices.
■Ce fut en 1634, lors de son premier séjour dans la capitale
de la Franche-Comté, que Charles IV rencontra Beatrix
de Cusance. Épris des charmes et de la beauté remarquable
de cette jeune fille de dix-huit ans, il ne tarda pas à déclarer
sa passion7, et dès lors, fertile en expédients, il chercha les
moyens de rompre avec Nicole : son mariage était nul, pré
tendait-il, comme contracté par la seule raison d'Etat à la suite
de contrainte exercée sur sa libre volonté, sa cousine elle-même
n'ayant cédé qu'aux injonctions de ses parents. A l'entendre,
le séjour de Nicole à Paris confirmait le peu de valeur de leur
union. Cependant, la famille ducale pensait tout autrement,
et, l'année suivante, tandis que Charles IV guerroyait en
Allemagne, sa sœur, la princesse de Phalsbourg, dans le dessein
de couper court au projet de divorce, parvint à marier madem
oiselle de Cusance au prince de Cantecroix, riche seigneur
de la maison de Granvelle8.
Mais le duc de Lorraine ne s'embarrassait pas pour si peu.
Revenu à Bruxelles après la victoire de Nordlingen et y ayant
retrouvé Beatrix, il lui témoigna les mêmes attentions que par
le passé. Le désir d'apparaître comme un sauveur aux yeux de
la princesse de Cantecroix et de ses compatriotes ne fut sans
doute pas étranger à la détermination qu'il prit de marcher au
secours de la Franche-Comté. A peine Dôle était-il délivré que
le prince de Cantecroix mourut emporté par la peste. Peu après,
Charles IV demanda la main de Beatrix; comme celle-ci lui
objectait qu'il était déjà marié, il résolut de faire rompre
officiellement son union avec Nicole, et trouva des casuistes et
des jurisconsultes complaisants pour en déclarer la nullité.
Sur quoi, le 2 avril 1637, en présence des témoins requis, mais
en secret, le vicaire de la paroisse Saint-Pierre de Besançon,
délégué par son curé, donna la bénédiction aux nouveaux
6. Lettres de Charles IV à la duchesse Nicole, dans lEtes Robert, Cam
pagnes de Charles IV, 1634-1638, p. £> et pièces justiflcatices, p. 433-439.
7. Dom Calmet, Hist, de Lorraine, t. III, p. 3'24. — Des Cam
pagnes de Charles IV, pp. 238, i23>9, 375-3#5,
S. D'Haussonville, iHist. de la réunion de la Lorraine à la France, t. II,
p. 2 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 456
époux8. Dès qu'elle eut connaissance de ce qui s'était passé,
la princesse Nicole fit toutes les protestations nécessaires et
attendit les événements.
III. — Ce mariage avait été célébré huit jours après le choix
du P. Cheminot comme confesseur du duc de Lorraine. On
l'accusa de s'être facilement prêté aux caprices du prince, et
l'on rendit tous les Jésuites solidaires de cette honteuse
condescendance. Qu'en est-il au juste ? et si le P. Cheminot
fut coupable, à quel point la Compagnie doit-elle porter la
responsabilité de sa faute ?
D'abord, il n'est point du tout certain que le P. Cheminot ait

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents