Le P. Yves de Paris et le courant libertin - article ; n°108 ; vol.25, pg 297-315
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le P. Yves de Paris et le courant libertin - article ; n°108 ; vol.25, pg 297-315

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1939 - Volume 25 - Numéro 108 - Pages 297-315
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Julien Eymard
Le P. Yves de Paris et le courant libertin
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 25. N°108, 1939. pp. 297-315.
Citer ce document / Cite this document :
Eymard Julien. Le P. Yves de Paris et le courant libertin. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 25. N°108, 1939. pp.
297-315.
doi : 10.3406/rhef.1939.3542
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1939_num_25_108_3542LE P. YVES DE PARIS
ET LE COURANT LIBERTIN
II.Une I. nella, néfaste. P. —Pomponazzi. Averroïstes Yves découverte Position H. — de G. Le Paris. du Bruno, et — De de P. Platoniciens. Sa anima, — l'abbé Yves. philosophie. Cardan. Le le problème H. livre L'éternité Vanini. Bremond. — des des Le — « P. de libertins. Enchantements — L'âme Yves l'univers, L'œuvre dénonce du monde objections apologétique », son le : De influence Campa- épicuFato. du
riennes contre la Providence. L'impiété de Vanini.
III. Les sceptiques. Montaigne et Charron. — Montaigne : la dignité
de l'homme, l'instinct des animaux. — Les pyrrhoniens : Charron :
son rationalisme, religion et prudhommie. Le débat des religions.
L'hérétique du P. Yves.
IV. Apologistes et libertins. — Le P. Yves ce combat pas des fantômes,
il est pourtant en retard sur son temps. — L'exemple de la création.
— Les Quatrains du déiste. — Le P. Yves et Cyrano de Bergerac. —
Les « libertins sérieux ».
Conclusion : Le P. Yves n'a pas remarqué l'évolution du libertinage.
Peut-on le lui reprocher ?
Lorsque l'abbé H. Bremond commença son immense His
toire littéraire du sentiment religieux, il ignorait tout du
P. Yves et jusqu'à son nom. Ou plutôt, il l'entrevoyait comme
un de ces êtres fictifs que nous nous créons à nous-mêmes et
qui incarne pour nous la perfection souveraine, l'idée enfin
d'une époque ou d'un mouvement. C'est à Rome qu'il le ren
contra sans le chercher et dès qu'il l'eut découvert, quelle
surprise, quel éblouissement, quelle joie parfaite à la vue de
ce bel esprit lumineux ! Pogge ne fut pas plus ému lorsqu'il
découvrit le De institutione de Quintilien* dans les oubliettes
de Saint-Gall. Aussi bien, faisant sienne une citation du P. Ma-
thoud1, il parlait avec amertume du silence criminel des
capucins (de Yvone nostro silentibus perperam capucinis) et
il reprochait à ces religieux de n'avoir presque rien fait jus-
1. Le R. P. Mathoud, religieux bénédictin (1639-1705), auteur de nom
breux ouvrages historiques, écrivit sur le P. Yves de Paris un éloge
funèbre qui se trouve à la Bibliothèque d'Auxerre (Bibliothèque d'un
Sénonais, t. IX, p. 421 et suiv.).
XL- REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 298
qu'à nos jours pour sauver la mémoire d'un de leurs plus"
grands hommes2.
C'est pour répondre à ce reproche que je prends aujour
d'hui la plume. L'abbé H. Bremond a présenté le P. Yves
comme un précurseur des Pensées*. Le principal ouvrage du
capucin, la Théologie naturelle, fut en effet composé de 1633
à 1637 contre les esprits forts de ce temps4. Les libertins qui
doutent de Dieu et se gaussent des divines autorités sont pris
coutoisement à partie; toutes leurs objections sont passées
au. crible et les raisons qui prouvent « la «vérité de notre
religion très sainte », exposées longuement dans toute leur
force. Les « adversaires de la vérité » doivent « rendre les
armes » et « s'enrôler dans les troupes victorieuses du Se
igneur Jésus ».
Mais ces adversaires, quels sont-ils ? ou plutôt quelle est
leur pensée ? Je voudrais pour ma part contribuer à éclaircir
ce problème. Je n'interrogerai qu'un seul témoin, le P. Yves
de Paris : je lui demanderai le nom de ceux qu'il combat, je
le questionnerai sur leur doctrine et je confronterai ses répons
es avec celles de ses contemporains.
/. _ P0MP0NAZZI5.
Le principal adversaire du P. Yves, celui qu'il pourchasse
en toute occasion, c'est sans aucun doute Pomponazzi. L'on
s'étonnera peut-être que ce philosophe, mort vers 1525, soit
encore attaqué vers 1633. Mais au cours du xvi" siècle, les
éditions de ses ouvrages se sont multipliées, et même en 1635
Ant. Sirmond nous signale qu'un impie vient de rééditer le *
traité du Padouan sur l'immortalité de. l'âme6. De 1600. à
1650, la plupart des apologistes le prennent à partie7 et pres-
2. H. Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France,
t. I, p. 421, 424, 425.
3. H. du religieux, t. I, p. 4S7.
4. Yves de Paris, la Théologie naturelle, t. I : De l'existence de Dieu
et de la création (1633) ; t. II : De l'immortalité de l'âme, des anges et
des démons (1635) ; t. III : Des perfections de Dieu, de sa Providence,
de sa justice (1636); t. IV : De la religion chrétienne (1637).
5. Pomponazzi, né à Mantoue vers 1462, enseigne à Padoue, puis à
Bologne; meurt vers 1522. Il, écrivit en particulier : De » immortalitate
animae (1518), De naturalium effectum admirandorum causis sive de
incantationibus (publié en 1556), De fato (1520). Voir : F. Fiorentino,
P. Pomponazzi. Studi storichi sulla schola bolognese et padovana del
secolo XVI (Florence, 1869) ; L. Ferri, Intorno aile doctrine psichologi-
che di Pomponazzi (Rome, 1875).
6. Ant. Sirmond, De immortalitate animae demonstratio physica et
aristotelica adversus Pomponatium et asseclas (Paris, 1635).
7. H. Busson, la Pensée religieuse française de Charron à Pascal (Paris,
1933), p. 124-126. LE PÈRE YVES DE PARIS ET LE COURANT LIBERTIN
que tous les libertins font plus d'une fois son éloge8. Vanini,
" vulgarise sa pensée qui est en 1615 l'âme du rationalisme,
et nombreux sont les jeunes gens qui ont écouté à.Padoue
les leçons de Cremonini, le plus célèbre de ses disciples.
Aussi bien, jamais peut-être l'erreur ne s'est présentée plus
perfide. Pomponazzi se garde bien, à ce qu'il prétend, d'atta
quer les croyances de ses pères : excellent catholique, il con
fesse de toutes ses forces l'immortalité de l'âme et la divinité
du Christ. Malheureusement il est aussi philosophe, et vra
iment ce n'est pas sa faute si les conclusions de ses raisonne
ments ne sont pas ' conformes aux articles de sa foi. Sans
doute il croit fermement à la vie future, bien qu'il ne la
puisse démontrer; au contraire, s'il étudie cette question avec
Aristote pour guide, il conclut volontiers que l'âme humaine,
immortelle secundum quid, est mortelle per se. Les miracles
du Christ sont de vrais miracles, car l'Église l'affirme; mais
la raison ne peut les distinguer des prodiges païens ou des
effets merveilleux des- astres et de l'imagination. La Provi
dence, sans doute, gouverne le monde, mais si l'on se fiait aux
seules lumières naturelles, il faudrait admettre le fatum des
stoïciens.
Et c'est bien là ce que dénonce le P. Yves. Il rappelle que
selon le concile de Vienne, l'immortalité de l'âme peut se
prouver par démonstration de philosophie, même selon les
principes d'Aristote; puis il ajoute : « Cela condamne l'op
inion de Pomponace qui a entrepris le contraire. Je le combats
aux occasions et je ne crois pas avoir laissé aucun de ses
arguments sans réponse. »9 Et de fait, si Pomponazzi pro
clame que l'homme, milieu du monde, se rattache aux purs
esprits per accidens et per essentiam* aux animaux10, le
P. Yves répond que, suivant la loi générale, les natures mi
toyennes tiennent davantage du principe supérieur11. Si Pomp
onazzi objecte que l'âme est vraiment forme du corps et par
suite simpliciter mortalis, puisqu'elle est actus materiaei2, le
P. Yves déclare que notre âme est seulement l'acte du corps
en ce sens qu'elle lui donne la force de se nourrir et de se
mouvoir13. Contre les preuves morales, le philosophe padouan
8. R. Charbonnel, la Pensée italienne au XVIe siècle et le courant
libertin (Paris, 1919), p. 55-57, 62-63, 70-71.
9. Yves de Paris» la Théologie naturelle, t. II, p. 13.
10. Pomponazzi, De immortalitate animae (Tubingue, 1791), p. 51,
52, 53.
11. Yves de Paris, la Théologie naturelle, t. II, p. 195, 196, 197.
12. Pomponazzi, De ..., p. 26, 31, 37.
13. Yves de Paris, la t. II, p. 446, 447. REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 300
écrit que la

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents