Le Sinaï, montagne de feu dans un désert de ténèbres - article ; n°2 ; vol.167, pg 129-155
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1965 - Volume 167 - Numéro 2 - Pages 129-155
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 0
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Kœnig
Le Sinaï, montagne de feu dans un désert de ténèbres
In: Revue de l'histoire des religions, tome 167 n°2, 1965. pp. 129-155.
Citer ce document / Cite this document :
Kœnig Jean. Le Sinaï, montagne de feu dans un désert de ténèbres. In: Revue de l'histoire des religions, tome 167 n°2, 1965.
pp. 129-155.
doi : 10.3406/rhr.1965.8161
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1965_num_167_2_8161Le Sinaï iiioiitacfiie de feu
dans un désert de ténèbres
Le désert où nous transportent les deux séries de topo-
nymes sinaïtiques, ceux du pèlerinage et ceux des pérégri
nations des Hébreux de l'exode, diffère complètement des
autres déserts connus des anciens Israélites1. Sa singularité
est extrême. On n'en aperçoit pas d'emblée le rapport avec
les allusions de l'Ancien Testament au paysage sinaïtique,
parce que ces allusions sont dispersées et peu explicites, et
que plusieurs sont contenues dans des textes qui sont restés
incompris. Mais, si l'on entreprend de les regrouper et de
procéder à une comparaison systématique entre le cadre
géographique des localisations et les traits descriptifs que l'on
relève dans les textes, l'identité des deux paysages devient
manifeste. La région délimitée grâce aux toponymes est bien
celle qui a inspiré les évocations littéraires du Sinaï, de son
site, des déserts qui l'environnent et des manifestations théo-
phaniques dont il a été le théâtre. A la convergence des deux
itinéraires s'ajoute la convergence de la tradition toponymique
et de la tradition littéraire : cette dernière jonction confirme
à la fois la localisation et l'homogénéité des indices descriptifs
et théophaniques dispersés dans les textes.
La caractéristique la plus importante de ce paysage, tel
qu'il transparaît à travers les allusions littéraires de l'Ancien
Testament, est, sans contredit, l'activité volcanique à l'époque
1) Voir l'analyse des toponymes en rapport avec la région du Sinaï et les deux
itinéraires du pèlerinage et des pérégrinations nomades, dans Itinéraires sinaï-
tiques en Arabie,, Revue dt :V Ilisloire, des lieli'jinns, 1%-t. Carte dans La localisation
du Sinaï et les traditions des scribes, '2e partie, Пегие ďllisloire et de Philosophie
religieuse*, НИИ, р. '«10.4. 130 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
historique. Nous avons vu que la tradition théophanique
présuppose des manifestations éruptives, quelles qu'aient été
les amplifications secondaires qui ont compliqué les textes
d'éléments non volcaniques1. Or, si la majorité des cônes vol
caniques de la région comprise entre l'ancien centre madia-
nite occidental2, Teima et Médine se sont éteints après les
phases géologiques3, quelques-uns étaient encore actifs à
l'époque historique4. Le Bedr est de leur nombre. Les Bédouins
qui hantent ses environs, et dont Musil a recueilli le témoi-
1) Aperçu du problème littéraire de la combinaison des allusions volcaniques
avec d'autres éléments, au début de : Itinéraires... Détails sur ce problème dans La
localisation... (2e partie;.
2) Comme dans Itinéraires..., l'expression de « centre rnadianite » sert à désigner
le site qui se trouve au débouché de la vallée al-Abyaz, dans l'antrle que dessine
la côte arabe, en face de la pointe de la péninsule dite sinaïtique. La désignation
n'implique pas qu'il s'agisse du principal ni du plus ancien centre de irroupement
madianite.
.'{) D'après J. Dresch et P. Birot, il convient de distinguer en Arabie occi
dentale, du nord au sud, « des coulées (...) étalées en immenses champs de lave ...,
et des appareils volcaniques de types divers ». Les auteurs indiquent que la partie
méridionale est la mieux connue. En Arabie centrale, « les plaquatres de coulées
basaltiques couvrent des surfaces beaucoup plus étendues qu'au sud, mais elles
sont moins bien connues ». On y trouve « des cônes isolés ou groupés, dont certains très frais ». Les auteurs notent que l'activité à l'époque historique est attestée
par une éruption qui eut lieu en 1256, dans la région de Médine (La Méditerranée
orientale et le. Moyen Orient, Paris, 1956, pp. 231 s.\ Sur l'éruption historique, voir
la note suivante.
1) La principale attestation d'une activité historique des régions volcaniques
de l'Arabie septentrionale est l'éruption de 1256, dans la région de Médine. Brèves
indications à ce sujet, dans Г Encyclopédie de V Islam (III, p. 91, Leiden-Paris, 1936).
Musil allègue, à côté d'un vers d'Antara 'sans la référence;, une notice. d'Abu'l-
Kida (Kitâb al-Muhtasar, d'après Musil, IV, p. 550, dans Г éd. Adler, que je n'ai
pu consulter. Dans l'édition du Caire, de 1907-8, le passage se. trouve au volume III,
p. 1133). Cette notice est succincte, mais elle indique que le feu apparu dans le
harral avait, la nuit, un puissant éclat, visible à une très grande distance. Musil
(The Northern Ilegáz, New York, 1926, pp. 218 s.) a négligé la source Ja plus import
ante, le récit détaillé de Samhûdî, dont on trouve des extraits dans l'ouvrage de
WťisTENFELD, Geschichle der Sladí Madina, Gottintren, i860 (= Abhandlunyen der
коп. (îesell. der Wiss. zu (îôllingen, IX), pp. 18 s. Ce document avait également été
négligé par les partisans de la thèse volcanique du début du siècle, et il est curieux
que Cressmann, pour illustrer le volcanisme, ait eu recours à l'exemple de la mon
tagne Pelée, qui n'avait rien de comparable à l'éruption sinaïtique, alors que les
matériaux publiés par Wustenfeld offraient des analogies bien plus sérieuses,
dans le voisinage de la rétrion en cause (détails sur le point de vue de(jREss\iANN dans
La localisation..., 2e partie). Les différents témoignages groupés dans la relation
de Samhùdî montrent que l'éruption de la région de Médine fut d'une ampleur et
d'une violence extrêmes. l'ne zone étendue a été affectée par le cataclysme et il
est probable que plusieurs cratères étaient en action. Tous les indices relatifs au
Bedr-iSinaï, à commencer par l'état du terrain iprécisions ci-dessous}, supposent des
faits volcaniques de bien moindre envergure. J'aurai l'occasion de revenir, dans une
autre publication, sur la relation de Samhûdî. LE SINAÏ, MONTAGNE DE FEU 131
gnage, savent que la montagne a vomi « jadis » des ilammes et
des pierres1. Ils en redoutent les abords, se souvenant que des
tentes et des troupeaux ont été détruits, et ils empêchent leurs
bêtes de paître la verdure qui couvre, par place, les abords du
Bedr. On en est réduit à des conjectures sur la date de ce
« jadis » de la tradition bédouine, mais les faits éruptifs sont
en eux-mêmes bien établis et c'est une donnée capitale qui
répond à la condition première de l'identification du Sinaï
d'après les données littéraires2.
A l'effroi des Bédouins se mêle encore un autre sentiment :
ils tiennent tout le territoire de la montagne et de ses environs
pour sacré et en interdisent l'accès à quiconque3. La croyance
des Bédouins à un caractère surnaturel de la montagne montre
que les lieux favorisent une réaction religieuse de la part d'une
collectivité en stationnement dans les environs. Si cela était
vrai à une époque récente, les mêmes lieux ont pu susciter à
haute époque des réactions analogues. Il ne faut pas non plus
exclure a priori que la tradition bédouine soit un écho tardif
de croyances transmises depuis une antiquité reculée4.
A l'activité volcanique et au caractère sacré s'ajoutent les
données topographiques. La fréquentation du hinaï par les
tribus Israélites nomades, puis par les pèlerins de l'époque de
la sédentarisation, suppose des points d'eau et de la verdure
à proximité de la montagne. En dehors de ces conditions indi
spensables aux hommes et aux troupeaux dont dépendent les
hommes, la station d'un

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