Libre examen et tradition chez les exégètes de la Préréforme (1517-1521) - article ; n°117 ; vol.30, pg 39-53
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Libre examen et tradition chez les exégètes de la Préréforme (1517-1521) - article ; n°117 ; vol.30, pg 39-53

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1944 - Volume 30 - Numéro 117 - Pages 39-53
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1944
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Victor Carrière
Libre examen et tradition chez les exégètes de la Préréforme
(1517-1521)
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 30. N°117, 1944. pp. 39-53.
Citer ce document / Cite this document :
Carrière Victor. Libre examen et tradition chez les exégètes de la Préréforme (1517-1521). In: Revue d'histoire de l'Église de
France. Tome 30. N°117, 1944. pp. 39-53.
doi : 10.3406/rhef.1944.2975
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1944_num_30_117_2975.Libre lixamen et lradition
chez les exégètes de la Jrrérélorme
Les — Fisher, ses travaux L' principes « é\ Apologie êqne exégétiques de de ciitique. » Rochester. de de Marc Lefèvre — Controverse de — Clichtoue Grandval. d'Étaples. sur prend — le Où La De la l'on réfutation Maria défense ramène Maydalena. de à John Lefèdeux
vre. — Les huit principes de Clichtoue. — Lefèvre publie une édition
corrigée de sa thèse. — Fisher réplique à Clichtoue. — Les huit
vérités de Fisher. — Intervention de Béda. — Lefèvre est déféré au
Parlement comme hérétique, — Conclusion.
LES TRAVAUX EXÉGÉTIQUES DE LEFÈVRE D'ÉTAPLES
En 1517, consulté par la reine-mère, Louise de Savoie, au
sujet de sainte Marie-Madeleine, Lefèvre d'Étaples publia un
petit traité, De Maria Magdalena1, dans lequel, reprenant
l'opinion de la primitive Église, il prouvait par des raisons
tirées des Évangiles et des Pères, que Marie la sœur de Mart
he, Marie de Magdala dont le Seigneur chassa les sept dé
mons, et la femme pécheresse étaient trois personnes diffé
rentes, — et non une seule et même personne, comme le vou
laient l'usage et le culte. Cette dissertation, réimprimée à
Haguenau (1518), eut une grande vogue. La même année, du
4 au 22 juillet, l'auteur en fit une deuxième édition, que Josse
Clichtoue, son disciple préféré, présenta au public par une
lettre-préface à François Du Moulin, abbé de Saint-Mesmin
et conseiller du roi. A ce nouvel opuscule était joint une autre
étude, intitulée De una ex tribus Maria2, où il détruisait l'opi-
1. De Maria Magdalena et triduo Christi disceptatio (Paris, 1517,
în-4°). — La seconde dissertation (De triduo Christi) jointe à celle de
la Madeleine, établissait que Jésus-Christ n'avait été au tombeau que
pendant deux jours et qu'il était ressuscité le troisième jour. Comme
elle n'entre pas dans le cadre de cette étude, nous n'en parlerons pas.
2, De Maria Magdalena, triduo Christi et ex tribus una Maria discep
tatio, cum epistola J. Chchtovei ad Fr. Molinum (Paris, 1518, in-4°). 40 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE
nion commune au sujet de sainte Anne, d'après laquelle celle-
ci aurait eu trois maris et trois filles. Lefèvre ne lui reconnaiss
ait que Joachim pour mari et la sainte Vierge pour fille.
LES PRINCIPES CRITIQUES DE LEFÈVRE.
L'activité prodigieuse de Lefèvre d'Étaples s'était portée
jusque-là sur la réforme de l'enseignement des Arts, de la
Philosophie et de la Théologie à l'université de Paris. Entouré
de nombreux élèves, il jouissait d'un prestige qui ne le cédait
qu'à celui d'Érasme. C'est, incidemment, qu'il s'était inté
ressé à des questions d'exégèse sur l'Évangile. En cela, comme
dans ses précédents écrits, le but qu'il poursuivait inlass
ablement était d'épurer la piété en épurant les croyances et
les pratiques chrétiennes. Bien que conçues dans un esprit
de respect et de docilité envers l'autorité de l'Église, on y
voit poindre certains principes à la fois critiques et mystiques
qui le mèneront vers la fin de sa vie dans ce no man's land
qui sépare le catholicisme de l'hérésie. S'agit-il des sources ?"
La critique de Lefèvre repose sur ces deux principes r
l'Évangile l'emporte en autorité sur tous les Pères, et parmi
ceux-ci, les plus anciens méritent le plus de créance. Quant
à l'interprétation du texte sacré lui-même, il faut l'entendre,
surtout quand la lettre est obscure, d'après l'esprit évangéli-
que4. Cette méthode, plus personnelle et mystique que tradi
tionnelle, méthode allégorique au premier chef, devait déchaî
ner la Sorbonne contre son auteur et devenir pour la mission
qu'il s'était donnée, — la restauration du christianisme par
le retour au pur Évangile, — une cause d'échec et d'abandon.
CONTROVERSE SUR LE « DE MARIA MAGDALENA »
La dissertation du pieux Lefèvre sur la pluralité des Madel
eines souleva de violentes protestations de la part des théo-
3. De Noel Béda, qui personnifiait par opposition à l'humanisme l'e
nseignement traditionnel, Lefèvre disait : « Béda est bien vénérable,,
mais moins que l'Évangéliste; il raisonne bien, humainement parlant, peut-être pas assez selon l'intelligence de l'Espiit et le sens évan-
gelique. .. Il a fait un bel effort pour percer le mystère. Nous préférons
cependant à lui et aux écrivains le sens de l'Esprit et de l'Évangile,
quel qu'il soit. > (Sensum tamen spintus ac evangehcum; qutsquis is
sit, illi caeterisque scriptonbus prae fer emus) (De tnduo Christ i, p. 47).
La recherche du sens allégorique n'est autre chose que le libre examea
applique à l'interprétation de la Sainte Écriture. LIBRE EXAMEN ET TRADITION 41
logiens et des prédicateurs4. Dans cette polémique ardente,
Lefèvre eut Clichtoue pour second et tous les tenants de la
culture humaniste comme partisans5. Clichtoue, natif de New-
port, était compatriote de Lefèvre d'Étaples qu'il eut pour
maître au collège du Cardinal-Lemoine. Reçu docteur en théo
logie dès 1506, successivement précepteur des neveux de l'é-
vêque de Clermont, Jacques d'Amboise, puis de Louis Gail
lard, évêque de Tournai, il cumula leur éducation avec son
professorat en Sorbonne, sans interrompre sa collaboration
déjà ancienne avec Lefèvre dont il partagea la gloire et les
critiques jusqu'en 1520, n'écrivant rien que sous ses yeux et
d'après lui, complètement acquis à ses idées de réforme litt
éraire et théologique. L'affaire des « Trois Madeleines > nous
les montrera tous deux ayant pour adversaires, outre la
masse populaire, le victorin Marc de Grandval, le frère mineur
Nicolas Legrand, le savant évêque Fisher de Rochester, et
surtout Noël Béda, qui entra en scène au nom de la Faculté
de théologie et se présenta de suite avec une autorité inquié
tante. Si nous rappelons cette querelle, aujourd'hui bien
oubliée, une raison nous excusera : l'intérêt qui s'attache à
connaître à leur départ des méthodes de juger différentes. On
y verra pour la première fois l'esprit de tradition aux prises
avec les principes de la critique historique, deux dispositions
d'esprit, deux méthodes foncièrement hostiles : l'une d'autor
ité, conservatrice à l'excès, presque routinière; l'autre de
critique, de raison et de science : — à propos de l'exégèse,
de la Tradition, de l'histoire des documents liturgiques, des
usages et croyances populaires, etc.
V « APOLOGIE » DE MARC DE GRANDVAL.
L'attaque contre Lefèvre commença par ce qu'on nommait
de son temps une « apologie », c'est-à-dire une pseudo-étude
de science, où l'auteur, docteur en Sorbonne et prieur-curé
d'Athis7, s'excusait de « n'avoir fait qu'ouvrir la porte à d'au-
4. Disons de suite que la question de l'unité ou de la triplicité des
Madeleines est encore controversée entre les exégètes. Bossuet pensait
que la triplicité était plus conforme à la lettre de l'Évangile; les mo
dernes penchent surtout pour l'unité.
5. Entre autres le fameux théologien Jean Major et l'humaniste all
emand Pirckheîmer.
6. On trouve différentes manières d'écrire son nom. Lui-même l'écr
ivit en latin Clichtoveus, en français Clichtoue. Les Flamands et les
auteurs modernes l'appellent Clichtove. (J

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents