Notre-Dame et les paroisses de Paris au XIIIe siècle - article ; n°147 ; vol.50, pg 27-33
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1964 - Volume 50 - Numéro 147 - Pages 27-33
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Adrien Friedmann
Notre-Dame et les paroisses de Paris au XIIIe siècle
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 50. N°147, 1964. pp. 27-33.
Citer ce document / Cite this document :
Friedmann Adrien. Notre-Dame et les paroisses de Paris au XIIIe siècle. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 50.
N°147, 1964. pp. 27-33.
doi : 10.3406/rhef.1964.1727
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1964_num_50_147_1727NOTRE-DAME
ET LES PAROISSES DE PARIS AU XIIIe SIÈCLE
La cathédrale de Maurice de Sully n'a pas été seulement le
monument fastueux qui a marqué une date dans l'histoire de
l'art, ni seulement l'église de l'évêque et du chapitre. Elle s'est
montrée aussi un foyer spirituel actif qui, dès son apparition,
exerça une influence considérable sur la vie religieuse de Paris
et en particulier de ses paroisses. C'est là un aspect de son rayon
nement qui a été trop peu souvent mis en lumière, un fait de
sociologie religieuse qu'il paraîtra sans doute intéressant de
voir dégager ici.
Il ne sera pas difficile de le faire, en rappelant, d'abord, que
la reconstruction de la cathédrale fut à l'origine d'un important
réajustement des structures paroissiales de la ville, telles qu'on
les retrouvera encore presque identiquement les mêmes à la
veille de la Révolution ; mais en soulignant aussi, en second lieu,
comment le prestige du nouvel édifice et, plus encore peut-être,
la volonté arrêtée des évêques de Paris en firent dès le xme siècle
le centre d'incessants échanges spirituels entre le clergé de Notre-
Dame et les églises parisiennes.
S'il fut un grand bâtisseur, on sait que Maurice de Sully s'avéra
aussi un habile administrateur. Au moment où il entreprenait
la réédification de sa cathédrale, il se voyait en même temps
placé devant deux nouveaux problèmes à résoudre. Le premier,
en relation directe avec cette audacieuse reconstruction, était
la réorganisation de la vie paroissiale dans la Cité. L'autre lui
était posé par l'essor que prenait la ville sous Philippe-Auguste,
ce roi qui, pour faire de Paris une véritable capitale, décidait
d'incorporer les faubourgs du Petit-Pont et du Grand-Pont
à l'intérieur d'une nouvelle enceinte urbaine.
Si l'on veut bien comprendre la nécessité où se trouvait l'évêque 28 A. FRIEDMANN
de réajuster la vie paroissiale de la Cité, il faut se rappeler que
jusqu'au xie siècle, à Paris comme un peu partout ailleurs, la
cathédrale avait été l'unique paroisse de la ville, comprise alors
à l'intérieur de l'île. A sa tête se trouvait placé l'archiprêtre de
Paris, qui exerçait un droit de surveillance sur l'ensemble du
clergé urbain. Le vieux rempart gallo-romain en délimitait si
rigoureusement le territoire que sur ses abords extérieurs les
maison de la rue de la Pelleterie — notre quai aux Fleurs —
relevaient d'une église de la rive droite, Saint-Jacques-de-la-
Boucherie. Mais la physionomie religieuse de la Cité au xie siècle
se complétait d'une façon pittoresque et bien difficile à imaginer
aujourd'hui, depuis qu'Haussmann est passé par là. Je veux
parler de ce chapelet de petites églises — plus d'une quinzaine
et la plupart d'origine monastique — qui gravitaient autour
de l'église-mère. Ce furent précisément plusieurs de ces modestes
lieux de culte qui, élevés successivement au rang de chapelles
paroissiales, préparèrent au cours du xne siècle la réorganisation
de la Cité. On le constatait dès le premier tiers du siècle à Sainte-
Geneviève-des-Ardents, Saint-Christophe et Saint-Barthélémy, au
moment où l'on était témoin dans cette région d'un accroiss
ement de population dont M. Jean Guerout a démontré la con
nexion avec la reconstruction en pierre du Grand-Pont 1. Sans
qu'il soit toujours facile d'en préciser la fonction exacte, il est
certain que tous ces lieux de culte n'allaient trouver leur plein
emploi qu'avec la reconstruction de la cathédrale, lors d'une
réorganisation générale de la vie paroissiale de la Cité qu'elle
rendait nécessaire et que Maurice de Sully opéra vers 1183.
Cette année-là en effet, Philippe-Auguste faisait don à l'évêque
de la vieille synagogue de la Cité, sur la rue de la Juiverie, pour
lui permettre de construire à sa place une église (ad edificandam
ibi ecclesiam). De toute évidence, je crois l'avoir démontré ailleurs 2,
la nouvelle église Sainte-Madeleine mettait un dernier trait au
plan territorial des douze paroisses de la Cité, qui restera presque
le même jusqu'au xvme siècle. Mais cette réorganisation prend
toute sa signification si on la rapproche d'un événement anté
rieur seulement de quelques mois. Le 19 mai de l'année précé
dente, le légat du Saint-Siège Henri de Château-Marçay venait
de consacrer l'autel de l'abside de Notre-Dame, alors entièr
ement achevée. Manifestement, les paroisses nouvellement cons
tituées vers 1183 sur l'initiative de Maurice de Sully avaient
1. J. Guerout, « Le Palais de la Cité à Paris... », dans Mémoires de la
Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Ile-de-
France, t. I (1949), p. 140.
2. Paris, ses rues, ses paroisses du moyen âge à la Révolution. Origine et
évolution des circonscriptions paroissiales (Paris, 1959), p. 107-119. NOTRE-DAME ET LES PAROISSES DE PARIS 29
recueilli la vie paroissiale de la Cité, si longtemps abritée sous
les voûtes de la vieille cathédrale en voie de disparition.
C'était un autre problème que posait à l'administration épis-
copale l'extension de la ville, quand en 1190 Philippe- Auguste
entreprenait la construction d'une nouvelle enceinte. Il s'agis
sait alors pour elle de garantir la juridiction spirituelle de l'évêque
sur toute l'étendue de la ville agrandie. Maurice de Sully lui-
même, vraisemblablement, s'y employa le premier en divisant
la ville en deux archiprêtrés. A côté de l'ancien archiprêtre
urbain, en effet, on voit entre les années 1191 et 1205 en appar
aître un autre à Saint-Séverin, placé désormais à la tête des
paroisses de l'ancien faubourg méridional. On constatait en même
temps que l'archiprêtre de Notre-Dame avait quitté la cathédrale
pour aller s'établir dans l'église Sainte-Madeleine et exercer de là
son autorité sur la Cité et la rive droite. Mais les successeurs
de l'évêque vont aller plus loin, ne craignant même pas de s'affron
ter aux deux puissantes abbayes de la rive gauche, celles de
Sainte- Geneviève et de Saint-Germain-des-Prés, afin de ramener
dans la juridiction épiscopale les paroisses qui en dépendaient
et que la nouvelle enceinte venait d'enfermer dans la ville. L'entre
prise s'avéra particulièrement ardue quand, en 1202, Eudes
de Sully tenta de faire valoir ses droits sur Saint-Jean (Saint-
Étienne-du-Mont à partir de 1225) et Sainte-Geneviève-de-la-
Cité, deux églises qui étaient détenues par les Génovéfains, II
n'y fallut pas moins qu'une menace d'excommunication et
l'intervention personnelle du pape Innocent III. Dans l'église
de la Cité on vit même un jeune archidiacre — juvenis archi-
diaconus, dit Etienne de Tournai qui nous l'apprend — rouer
de coups et expulser manu militari le religieux qui la desservait,
puis s'emparer de ses ornements... En 1211, à Saint-Germain-
des-Prés, Pierre de Nemours réussira plus facilement à faire
reconnaître ses droits sur les deux églises Saint-Côme et Saint-
André-des-Arts, érigées sur le domaine de l'abbaye mais à l'inté
rieur des nouveaux murs.
A côté de la reconstruction de la cathédrale, on peut dire que
la réorganisation paroissiale de la Cité, la division de la ville
en deux archiprêtrés et l'unification des juridictions urbaines
au profit de l'évêque constituèrent trois aspects intimement liés
de cette essor religieux qui accompagna la renaissance de Paris
sous Philippe- Auguste 8, et dont la

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