Nouvelles considérations sur le caractère général des peuples sémitiques et en particulier sur leur tendance au monothéisme - article ; n°1 ; vol.3, pg 67-100
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1859 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 67-100
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1859
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Ernest Renan
Nouvelles considérations sur le caractère général des peuples
sémitiques et en particulier sur leur tendance au monothéisme
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 3e année, 1859. pp. 67-100.
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Renan Ernest. Nouvelles considérations sur le caractère général des peuples sémitiques et en particulier sur leur tendance au
monothéisme. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 3e année, 1859. pp. 67-100.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1859_num_3_1_66188SÉANCES DU MOIS DE JUIN. 67
haut à son entrée. Cette hauteur augmente progressivement jusqu'à Ja
chambre du fond où l'on peut se tenir debout. Elle est presque circulaire et
couverte d'une énorme pierre plate. A gauche de celte_chambre, et séparée
d'elle par une large pierre plate placée de champ, est une petite cellule
ronde où l'on a trouvé avec quelques débris de charbon et d'ossements,
des pierres de haches de différentes grandeurs et deux colliers d'or dont
l'un se trouve encore dans le cabinet de Mme Lebail de Plouharnel. La
seconde cellule est semblable à la première et n'a point de chambre laté
rale; quant à la troisième, elle a paru à L'auteur de la lettre plus petite et
se trouve à peu près comblée par les éboulements. Ce tumulus est construit
de terre et de pierres que l'on enlève journellement,· il cessera donc d'exister
si l'Académie n'intervient activement pour conjurer cette destruction. Il en
est malheureusement de môme pour une partie des monuments déjà décrits
par les auteurs : par exemple, le beau cromlech de Gellainville, près de
Chartres. Les allées de Garnac elles-mêmes sont bien déchues de la magnif
icence sauvage qu'elles offraient au commencement de ce siècle.
L'Académie charge M. le Secrétaire perpétuel d'écrire en ce sens à
M. le Ministre d'État et à M. le Ministre de l'instruction publique.
M. Vauvilliers, ancien conseiller d'État, ancien secrétaire général du
ministère de la marine, fait hommage d'une édition nouvelle des Ôdës de
Pindare, traduites par M. J.-F. Vâuvilliers, son oncle^ qui fut un des
membres distingués de la savante compagnie.
M. Renan achève la lecture de son mémoire communiqué, inti
tulé : Nouvelles considérations sur le caractère général des peuples
sémitiques et en particulier sur leur tendance au monothéisme.
ANALYSE.
I. « Pour juger le caractère d'une nation et d'une race, il faut
considérer ce qu'elle a fait dans le monde , ce par quoi elle a mar
qué sa trace dans l'histoire, ce en quoi elle a réussi. Cela posé, quelle
est l'œuvre de la race sémitique-envisagéedans l'ensemble de l'his
toire universelle ? Cette œuvre , c'est évidemment la prédication et
la fondation du monothéisme. Les trois grands faits généraux par
desquels la race sémitique fait son apparition hors du domaine
étroit que la géographie lui assigne sont le judaïsme, le christianisme
et l'islamisme. Or, en quoi se résument ces trois faits, auxquels nul
autre dans l'histoire des religions ne saurait être comparé? En la SEANCES Dû MOIS DE JUIN. 68
conversion du genre humain au culte d'un Dieu unique. Aucune
partie du monde n'a cessé d'être païenne que quand une de ces
trois religions y a été portée.... Une sorte d'inoculation sémitique
est nécessaire pour rappeler l'espèce humaine à ce qu'on a appelé
la religion naturelle, avec assez peu de raison, ce semble, puisque,
en réalité , l'espèce humaine , en dehors de la race sémitique , n'y
est guère arrivée par ses instincts naturels. »
Telle est la thèse soutenue et développée dans ce mémoire.
M. Renan commence par établir que. si le judaïsme , le christi
anisme et l'islamisme lui-même sont l'œuvre d'une seule tribu de la
race sémitique, on ne peut s'empêcher de faire figurer ce trait
dans le caractère général de la race tout entière, car « le caractère
général d'une race doit être dessiné d'après celui des fractions qui
le représentent le plus complètement ». Mais l'auteur espère prou
ver que le monothéisme n'a pas été l'apanage du seul peuple juif
dans la race sémitique, et, divisant les Sémites en deux branches :
1° les nomades ou Arabes, Hébreux et peuples voisins de la Pales
tine, et 2° les populations sédentaires formant les sociétés plus or
ganisées de laPhénicie, de la Syrie, de la Mésopotamie, del'Yémen,
il s'applique à démontrer que le monothéisme a toujours eu dans la
première de ces branches son boulevard le plus sûr, et qu'il est
loin d'avoir été étranger à la seconde.
Pour démontrer la première de ces deux thèses, il faut prouver
que le fond de la religion hébraïque, dès la plus haute antiquité , a
été le monothéisme, et 2° que les autres sémites nomades ont dû
avoir à l'origine une religion peu différente de celle des patriarches
hébreux.
L'ensemble des écritures juives nous présente les Hébreux comme
monothéistes , au moins depuis Abraham. On a invoqué en faveur
de l'attribution du polythéisme aux Hébreux primitifs la forme plu
rielle ftElohim au lieu du singulier Eloah; mais cette forme est un
idiotisme propre à la langue hébraïque et qui s'applique aux mots
abstraits aussi bien qu'à ceux qui impliquent une idée de majesté.
Le polythéisme, d'ailleurs, ne réside pas dans le simple fait de con
cevoir le principe divin comme une pluralité; il part de la distinc
tion fondamentale des principes du monde, chacun de ces principes DU MOIS DE JUIN. 69 SÉANCES
ayant son nom propre et son individualité. Tous les autres noms
de la divinité chez les Hébreux expriment l'Être par excellence et
unique.
Il n'est pas possible de concevoir le changement complet qui se
serait accompli au profit des Abrahamides et aurait fait de cette
tribu polythéiste les plus zélés partisans de l'unité divine, il faudrait
regarder cette tribu comme très-supérieure en intelligence et en v
igueur de spéculation à tous les peuples de l'antiquité, ce qui est i
nsoutenable, car, à part la supériorité de son culte, le peuple juif est
un des moins doués pour la science, la philosophie, l'art militaire
et la politique; ses institutions sont purement conservatrices ; les
prophètes, qui représentent excellemment son génie, sont des
hommes essentiellement réactionnaires, qui se reportent toujours
vers un idéal antérieur. Comment expliquer dans un semblable nii»
lieu une révolution d'idées aussi profonde ? Il faut ajouter qu'un
abîme sépare le monothéisme sémitique, qui est une religion, du
déisme , principe philosophique capable de satisfaire quelques es
prits cultivés, mais qui a toujours été impuissant à remuer les
masses.
Le monothéisme n'est pas et ne peut être l'œuvre personnelle de
Moïse. Il ne l'a pas davantage emprunté à l'Egypte. L'état de la
religion égyptienne à cette époque reculée nous est inconnu. ( Ob
jection de M. de Rougé. A.) L'œuvre des réformateurs juifs con-
A. — Objection de M. de Rougé.'
Dans la séance du 11 mars, M. de Rougé rappelle qu'il a démontré dans un
mémoire communique à l'Académie en 1857, que la religion de l'ancienne
Egypte, à une époque très-reculée, avait été le monothéisme. Le texte dont
il a donné la traduction est formel, et l'interprétation qu'il en a proposée ne
paraît au savant égyptologue pouvoir présenter aucun doute.
M. Renan a cherché ce mémoire, mais il n'a pu se- le procurer.
M. de Rougé dit qu'en effet il est demeuré inédit (!).
(1) L'analyse en a été publiée dans nos comptes rendus de février 1857. réimprimas eu
volume. Voy. t. i, p. 62.
Non-seulement le dogme de l'unité divine ressort des interprétations dn savant Con
servateur du Louvre, mais on y voit la notion suiva

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