Pneumatisme et eschatologie dans le christianisme primitif (deuxième article) - article ; n°1 ; vol.133, pg 103-161
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1947 - Volume 133 - Numéro 1 - Pages 103-161
59 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Maurice Goguel
Pneumatisme et eschatologie dans le christianisme primitif
(deuxième article)
In: Revue de l'histoire des religions, tome 133 n°1-3, 1947. pp. 103-161.
Citer ce document / Cite this document :
Goguel Maurice. Pneumatisme et eschatologie dans le christianisme primitif (deuxième article). In: Revue de l'histoire des
religions, tome 133 n°1-3, 1947. pp. 103-161.
doi : 10.3406/rhr.1947.5567
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1947_num_133_1_5567Pneumatisme et eschatologie
dans le christianisme primitif
(Deuxième article)
Certains éléments de la pensée eschatologique de Paul
contiennent, en germe, sinon sa négation, du moins sa trans
formation par actualisation et spiritualisation. La cause du
salut ne se situe pas dans l'avenir, mais dans un passé qui est
acquis puisqu'elle est toute dans ce qui a été accompli par
la mort, la résurrection et la glorification de Jésus-Christ.
C'est par là qu'est rendue possible la justification qui est
au point de départ de la rédemption. C'est par elle que, par
la défaite des puissances démoniaques, la domination divine
sur le cosmos a été rétablie. Ainsi, si le salut tant humain que
cosmique peut rester futur quant à son achèvement, il est
cependant actuel en ce que sa cause est réalisée et, pour ce
qui est du salut humain, en ce qu'il commence à se manifester
dans l'Église, préfiguration prophétique du Royaume de Dieu.
L'eschatologie paulinienne n'a pas d'équilibre logique
parce qu'elle s'est intégré des éléments qui la contredisent ou,
du moins, dont le développement ne peut que la contredire.
La perturbation, si on peut ainsi parler, porte principalement
sur deux points. D'abord, il y a, quant au temps au moins,
une certaine dissociation entre le sort de l'individu et celui
du monde, puisque le salut humain, en son principe, commence
à .se réaliser dans l'ancien ordre cosmique. C'est indubitable
ment le caractère de l'expérience religieuse de l'apôtre, le
fait que le salut a été pour lui l'objet d'une expérience, et
non plus seulement d'une espérance, qui explique cette
transformation. REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 104
Mais le déséquilibre logique de la pensée eschatologique
de Paul est aussi en rapport avec une des antinomies fonda
mentales de la religion, qui est à la fois individuelle et collec
tive. Le péché et le salut, s'ils ont un caractère cosmique,
sont cependant pour Paul des faits éminemment personnels.
Chacun porte la responsabilité de son péché et doit en subir
les conséquences, et c'est aussi par quelque chose d'essentie
llement personnel, la foi, que le pécheur peut entrer dans la
voie du salut. L'apôtre a le sentiment que chaque Chrétien,
individuellement, a été l'objet de l'amour du Christ. Il parle
du Fils de Dieu qui l'a aimé et qui s'est donné pour lui [Gai.,
2, 20). Et pourtant, il y a une solidarité de tous les fils d'Adam
dans le péché, comme il y a une solidarité dans le salut.
« Comme tous meurent du fait1 d'Adam, de même tous2
recevront la vie du fait du Christ » (/ Cor., 15, 22). La rédempt
ion n'a d'ailleurs pas pour but d'assurer le salut d'un nombre
plus ou moins grand d'individus, mais de constituer le peuple
messianique, d'édifier l'Église, corps du Christ.
Il y a une autre raison encore pour laquelle le salut est
resté, pour Paul, lié à un fait cosmique. Pas plus que la
rédemption, le péché n'est un fait uniquement humain. Dans
Rom., 1, 18-32, Paul expose que le premier péché, source
de tous les autres, est l'idolâtrie. 0r l'idolâtrie n'est qu'une
adhésion donnée par l'homme à la révolte de Satan qui s'est
dressé contre Dieu et a réclamé pour lui l'adoration due
à Dieu seul3. Cette révolte a ouvert un drame qui ne peut
arriver à sa conclusion par la seule rédemption humaine,
mais qui n'y arrivera que lorsque la révolte de Satan aura été
vaincue et que l'ordre cosmique aura été rétabli.
1) La préposition èv nous paraît avoir ici un sens instrumental.
2) II y a dans les épîtres de Paul trop d'affirmations catégoriques de l'anéan
tissement final des pécheurs pour qu'on puisse lui attribuer l'idée d'un salut
final universel.
3) Dans le développement christologique de l'épître aux Philippiens (2, 6 ss.),
la première détermination relative au Christ préexistant est négative. Le morceau
est comme un volet d'un diptyque. Il est facile de reconstituer l'autre. Il devait
se rapporter à Satan qui a tenté de se faire adorer et qui a entraîné les hommes
dans sa révolte contre Dieu. '"* <• PNEUMATISME ET ESCHATOLOGIE 105
Ainsi le manque d'équilibre de la pensée paulinienňe et
même — le terme n'est pas trop fort — ses contradictions ne
résultent pas seulement de ce que Paul, dans le bouillonn
ement de sa vie suractive, n'aurait pas eu le loisir, voire même,
si on veut, la force d'esprit nécessaires pour procéder à une
réorganisation systématique de sa pensée en actualisant tot
alement son eschatologie.
Cette eschatologie, malgré tout ce qu'elle doit à la tradition,
n'est pas une eschatologie juive retouchée ; c'est réellement
une eschatologie nouvelle. Son originalité éclate si on la
compare à l'eschatologie juive. Celle-ci peut^ être qualifiée
de radicalement futurique. Non seulement son objet n'a
pas encore été réalisé, mais la cause même de sa réalisation n'a
pas été manifestée sur plan du monde présent et ne
peut, par suite, être l'objet que d'une espérance et d'une foi.
L'épître aux Hébreux,- le seul livre du Nouveau Testament
qui définisse la foi, la caractérise ainsi : « La foi est une
certitude des choses que l'on espère, un assurance de celles
qu'on ne voit pas » ("Ecruv Se iziaxiç, èA7uÇo[jivcùv йтгосттастьс,
7rpay[xáT(ov 'ekzyypç où (3Xs7to[xév(úv) (11, 1). Les deux éléments
de cette définition ne se recouvrent pas exactement. Ils ont
en commun l'affirmation que l'objet de la foi échappe aux
modes habituels et normaux de la connaissance, mais c'est,
' d'un côté, parce qu'il n'a pas encore de réalité, et c'est,- de
l'autre, parce qu'il appartient à un ordre de réalités que les
sens et la raison ne peuvent pas atteindre. Mais ce qui fait
„ l'unité de la définition, c'est que, de part et d'autre, il s'agit
d'une connaissance surnaturelle, donc dérivant d'une révéla
tion. Il s'agit de la connaissance de réalités qui ont, pour
l'homme, une valeur pratique de premier ordre puisque ce
sont elles qui affectent sa destinée éternelle. On pourrait donc
parler de deux types de foi, qui restent d'ailleurs connexes,
l'une étant la foi-espérance, l'autre la foi-expérience.
- L'eschatologie juive repose tout entière sur la foi-espé-
. rance, tandis que l'eschatologie paulinienne repose aussi, et
repose surtout, sur la foi-expérience. Du judaïsme à Paul, la REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 106
zone «de l'espérance s'est, peut-on dire, rétrécie, la venue du
Messie ayant passé du domaine des choses espérées à celui des
choses4 acquises. La foi de Paul garde pourtant une orienta
tion eschatólogique du fait que l'œuvre du Messie n'est pas
enfermée tout entière dans le passé, dans l'accomplissement
de l'œuvre rédemptrice, ni dans le présent, dans l'action du
Christ dans la vie du croyant et dans celle de l'Église, mais
qu'elle concerne aussi l'avenir, non seulement parce que
l'œuvre accomplie dans la vie du croyant et dans celle de
l'Église n'est pas achevée, mais encore, et peut-être même
surtout, à cause du rôle que le Christ jouera dans le^drame
final de la résurrection et dans le rétablissement de l'ordre
cosmique par l'anéantissement des puissances hostiles à Dieu.
Il serait, peut-être, possible, en se plaçant4 sur un plan
purement idéologique, de tenter une discrimination entre les
éléments de la

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