Politique patrimoniale et singularité administrative. Les architectes des Bâtiments de France - article ; n°1 ; vol.1, pg 112-130
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Description

Genèses - Année 1990 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 112-130
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yvon Lamy
Politique patrimoniale et singularité administrative. Les
architectes des Bâtiments de France
In: Genèses, 1, 1990. pp. 112-130.
Citer ce document / Cite this document :
Lamy Yvon. Politique patrimoniale et singularité administrative. Les architectes des Bâtiments de France. In: Genèses, 1, 1990.
pp. 112-130.
doi : 10.3406/genes.1990.1016
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/genes_1155-3219_1990_num_1_1_1016т
Genèses 1, sept. 1990, p. 112130 La permanence de l'intérêt des pouvoirs publics
pour l'architecture, depuis la monarchie absolue,
s'explique sur plusieurs plans1 ; celui, d'abord, de la
formation d'une profession « stratégique » du point de
vue de la « Raison d'État » ; celui, ensuite, de la création
urbaine et de la construction de bâtiments publics; celui, POLITIQUE
enfin, du contrôle des formes héritées du passé. Or ces
trois plans recouvrent des temporalités différentes2.
PATRIMONIALE
Le premier plan éclaire les rapports tricentenaires de
l'État avec l'Académie des beaux-arts, détentrice, jus
ET SINGULARITÉ qu'à la « crise » de la fin des années 1960, d'une légitimité
forte dans la limitation et la reproduction du corps des archi
tectes ; complémentairement, il implique le contrôle de pro- ADMINISTRATIVE
fessionnalité (apprentissage, titre, triple fonction de
conception, technique et de gestion) assuré par l'Ordre
(loi du 31 décembre 1940). Le second est relatif aux
LES ARCHITECTES modalités de l'intervention publique d'après-guerre eu
égard aux déséquilibres territoriaux et aux reclassDES BÂTIMENTS
ements sociaux engendrés par la situation historique :
« dommages de guerre » d'une part, expansion, puis DE FRANCE
dysfonctionnement du marché de la construction, du l
ogement et de « l'urbanisme commercial » d'autre part.
Le dernier plan, enfin, concerne le système normatif ré
Yvon Lamy gulateur tant de la protection des ouvrages anciens -
classement, restauration, conformité de l'objet à sa
fin -que de la greffe d'une architecture moderne sur
le substrat historique urbain - pastiche ou création3.
Rapportée à la limitation du droit de propriété au nom
de critères supérieurs à l'intérêt individuel, histoire et l.La notion de contrôle architectural
semble contemporaine de la création art nationaux, la légitimité d'un tel système a consti
de l'Académie royale d'Architecture tué le fonds d'un double débat entrelacé : au cours en 1671. Dès l'origine contrôle et
des deux dernières décennies, les procédures de protecmaîtrise d'œuvre sont ainsi liés :
héritage d'une certaine tion administrative se sont accompagnées de la socia
indifférenciation ? Aujourd'hui lisation des faits patrimoniaux et environnementaux encore, la définition des compétences
architecturales ne fait pas l'unanimité. tandis qu'au même moment, les politiques d'urbanisme
s'infléchissaient vers des formes sophistiquées de pro
2. La présente étude constitue les tection architecturale dans les centres anciens. Ce débat premiers résultats d'une recherche en
a ainsi évolué, des controverses juridiques et des quescours sur les groupes d'acteurs
intervenant concurremment dans le tions d'histoire de l'art vers les nouveaux problèmes du
processus de protection. Les 204 moment : urbanisation, restauration du bâti ancien, culte architectes des Bâtiments de France
des « racines » et du passé. Et, dans la mesure où les (1/3 d'ABF ont moins de 30 ans),
répartis « en tandem » dans la modes de vie contemporains ne cessaient d'introduire
centaine de Services départementaux de nouvelles médiations entre l'acteur et son environd'architecture (Sda), forment dans la
fonction publique un groupe nement, l'acteur et sa culture, et son histoire,
relativement homogène : origine la nécessité s'est imposée de référer le patrimoine aux
libérale et Dplg ou DESA/recrutement diverses menaces que faisaient peser sur nos res- par concours/règles de conduite
112 communes. En revanche, sources naturelles, culturelles ou historiques, des mod l'intériorisation de Yéthos du
alités insuffisamment contrôlées de gestion, d'exploit fonctionnaire (neutralité de l'État,
ation, voire de communication. empiétement de la fonction sur la
citoyenneté) varie selon les
générations, les avantages
statutaires acquis en 1984, la
Imposée à l'origine par l'administration comme une mesure de « po conjoncturepolitique et idéologique
et la division de la « matière » lice », la limitation de la propriété par le biais de sa protection a été
administrative entre patrimoine et de plus en plus souvent, à partir des années 1970, revendiquée par
urbanisme. les propriétaires eux-mêmes ou par les associations de sauvegarde
qu'ils animaient : non seulement la limitation de la propriété apparaiss
3. La législation en matière de ait comme intéressante symboliquement et fructueuse économique
protection : 1887 et 1913 ment (ou fiscalement), mais cet intérêt lui-même s'est transformé en
(classement M H)/1930 (protection fer de lance d'une mobilisation collective par extrapolation d'un bien
des sites)/1943 (décret sur les de famille en bien public ou quasi public. La protection ne s'opérait
abords)/1962 (loi sur les secteurs plus « contre », mais « pour ». Autrement dit, le contrôle étatique se sauvegardés)/1976 (protection de la prolongeait sous la forme de la défense d'une cause. Le glissement nature )/l 984 (Zppau). Juridiquement
ainsi observé a correspondu à la construction d'une demande et d'une complexe et controversée, cette
pression externes à l'administration. La conjoncture favorisait la pro législation reste problématique sur
motion du thème patrimonial, le discours patrimonial ayant pour « ver le plan de sa critériologie (qui a
tu » de globaliser le cas particulier du monument en le rattachant à vieilli) et sur le plan de ses
concepts ; le concept de site en un enjeu local ou national de sauvegarde. A cela s'ajoutait, dans les
particulier comme « tableau » de premières années de la décennie 1970, la sensibilisation au thème de
peinture vivant est-il adapté à la protection de l'environnement.
l'urbanisation des sites ?
Pivot d'une relation triangulaire - urbanisme, monu-
mentalité, environnement - la catégorie de patrimoine va
alors couvrir un champ élargi connectant, à un pôle, la
discipline du droit successoral privé avec, à l'autre, le
domaine public des valeurs et des biens collectifs ina
liénables. Déplacement sémantique, certes, mais aussi
reclassement opéré entre faits juridiques et faits de cul
ture, objets matériels et objets symboliques, traces d'an
cienneté et témoins de l'histoire. La catégorie a affecté
autant le monde des choses et des formes que celui
des significations. L'action des architectes de l'État
s'inscrit dans ce cadre : une politique différenciée de
la protection. Architectes en chef des Monuments his
toriques et architectes des Bâtiments de France, les
deux corps recrutés par l'État à cette fin, répondent à
une double identité et se réfèrent à un double symbol
isme de la protection.
Tel Janus, l'architecte des services d'État est tour
à tour agent médiateur (contrôle de légalité de la pro
tection, maîtrise d'ouvrage et négociation selon le
principe « L'État fait faire, plus qu'il ne fait ») et créa
teur, maître d'œuvre unique dans les travaux dits de
« gros œuvre » (Architecte en chef) et dans ceux dits
d'« entretien courant » (Abf). En outre, le statut lui
113 Yvon Lamy concède, à certaines conditions, l'exercice en libéral. Politique patrimoniale
et singularité administrative La double fonction de médiation et de création se re
flète dans la métaphore du « dire » (d'avertissement,
de conseil et d'autorité) et du « faire » (le parti de
plan et l'œuvre)4. 4. C'est de façon plus générale la
distinction entre métiers d'art et
Quant au symbolisme de la protection, son message professions de l'art, entre c

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