RECEVOIR LE CONCILE

Hervé Chiaverini

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• Publié par: ozimiwuv
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• Langue: Français

Extrait

RECEVOIR LE CONCILE

Il y a 50 ans démarrait la préparation du Concile Vatican II. A cette occasion, un curé de

paroisses relit pour ses paroissiens l’histoire des étapes de l’accueil de Vatican II. Partage

avec ses frères et sœurs guides et scouts…

Chacun d’entre nous connaît la signification de l’expression ‘recevoir un ami’ : il s’agit de se

préparer pour l’accueillir, l’écouter et cheminer avec lui. D’une façon, que je crois très

heureuse, on utilise la même expression avec la même signification pour parler de la mise en

œuvre d’un Concile dans l’Eglise.

On se souvient que le Concile Vatican II a donné 16 documents. Les 4 documents

principaux (constitutions) concernent l’Eglise (« Lumen Gentium »), son rapport au monde

(« Gaudium et Spes »), comment Dieu se fait connaître (« Dei Verbum ») et la liturgie

(« Sacrosanctum Concilium »). Les 12 autres sont soit des développements précisant des

points particuliers (décrets) soit des prises de conscience (déclarations). Il est intéressant de

repérer dans l’histoire récente comment s’est faite la ‘réception’ de Vatican II. Quatre étapes

la jalonnent.

1) Dès la fin du Concile (1965), dans le contexte des années 60 (les ‘Golden Sixties’),

c’est le document le plus novateur sur le rapport de l’Eglise au monde (

Gaudium et Spes

) qui

retient l’attention et sur lequel le Pape Paul VI mobilise les énergies pastorales. En France,

l’époque est marquée par la crise sociale de mai 68, dont un certain nombre d’effets ‘tuilent’

puis interfèrent avec la vie de l’Eglise et la mise en œuvre du Concile.

2) En 1978, l’élection de Jean-Paul II va marquer une nouvelle étape. Se fondant sur

l’expérience du Synode de Cracovie (1972-79), le nouveau Pape va inviter à approfondir le

regard sur l’Eglise en recentrant l’attention de l’activité missionnaire de l’Eglise à son identité

profonde : c’est alors le Mystère de l’Eglise (

Lumen Gentium

) qui est au cœur des

réflexions, comme en témoigne le ‘Synode sur le Concile’ de 1985.

3) Comprendre l’Eglise comme Mystère-Communion-Mission va conduire, à partir des

années 1990, à une 3

e

étape : scruter la racine de ce qu’est l’Eglise en renouvelant la

compréhension de ce que Dieu dit à l’humanité. La constitution sur la Révélation

Dei

Verbum

recentre alors sur le projet d’amour de Dieu, le contenu de la Révélation et l’écoute

de la Bible (cf Synode 2008 sur la Bible).

4) L’élection de Benoît XVI en 2005 et sa volonté de travailler à l’unité, en particulier

avec les fidèles de Mgr Lefebvre, va entraîner le réexamen du document sur la liturgie,

Sacrosanctum Concilium

. A la charnière entre les documents sur la Révélation (qu’elle

célèbre) et sur l’Eglise (qui la célèbre), la liturgie bénéficie donc d’une attention renouvelée

ces années-ci.

Que retenir de ce parcours ? Chaque période a produit une génération de chrétiens, de

prêtres et une problématique particulière. Dire que la succession a été harmonieuse serait

inexact. Les points d’attention ont parfois tourné à l’idéologie, la partie ayant englouti le tout.

L’affectif des ressentis ont eu aussi leur part : on a crié à la ‘marée rose’, puis, plus

récemment, à la ‘marée noire’…

Accepterions-nous de regarder le Concile Vatican II comme un vitrail d’Eglise ? De

même que la variété des coloris et des formes conduit à la beauté, c’est

la synthèse

des points

d’attention du Concile qui conduit à sa réception équilibrée, dont Benoît XVI a précisé qu’elle

se situe

en continuité

(et non en rupture) avec les Conciles précédents.

P. Hervé

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