Recherches récentes sur l'ésotérisme juif, II (1954-1962) (premier article) - article ; n°1 ; vol.164, pg 39-86

G. Vajda

Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1963 - Volume 164 - Numéro 1 - Pages 39-86
48 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Philosophie et théologie

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• Publié le: 01 janvier 1963
• Nombre de lectures: 17
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Georges Vajda
Recherches récentes sur l'ésotérisme juif, II (1954-1962)
(premier article)
In: Revue de l'histoire des religions, tome 164 n°1, 1963. pp. 39-86.
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Vajda Georges. Recherches récentes sur l'ésotérisme juif, II (1954-1962) (premier article). In: Revue de l'histoire des religions,
tome 164 n°1, 1963. pp. 39-86.
doi : 10.3406/rhr.1963.7897
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1963_num_164_1_7897Recherches récentes
sur résotérisme juif
II
Depuis l'aperçu que nous avons publié ici-même en 19551,
les recherches n'ont pas chômé dans le vaste champ de réso
térisme juif ; la mauvaise littérature concernant ce thème
qui ne s'y prête malheureusement que trop s'est également
accrue de quelques productions indésirables. Le moment nous
semble favorable d'esquisser, pour la troisième fois dans cette
Revue, l'état des questions, dans les limites de notre info
rmation et sous réserve de notre impéritie.
Faisant la part de l'inévitable arbitraire, nous répartirons
sur neuf sections la matière de notre exposé.
I. — Questions générales et ésolérisme prézôharique.
II. — Kabbale et philosophie.
III. — Éditions et éludes de textes.
IV. — La Kabbale non spéculative.
V. — Le Zôhar.
VI. — La Kabbale après le Zôhar.
VII. — Le sabbataïsme2.
1) Voir RHB, janvier-mars 1955, pp. 62-92. — Comme dans ce dernier article,
nous reproduirons, pour les travaux écrits en hébreu, la traduction en langue euro
péenne qui figure, le cas est maintenant presque général, au sommaire même des
publications respectives (ainsi dans Sefunot, Tarbiz, Zion), ou, à défaut, nous
traduirons, entre guillemets, le titre du livre ou de l'article recensé. Nous inclurons
aussi dans le présent aperçu quelques travaux antérieurs à 1954 qui nous ont
échappé lors de la rédaction de notre rapport précédent.
2) Sur l'emploi des formes « sabbataïsme » et « sabbataïste » de préférence à
« sabbathéen » et « sabbatianisme », je me suis expliqué dans REJ, CXIX, janvier-
juin 1961, p. 185, n. 1. REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 40
VIII. — Le hassîdisme.
IX. — La Kabbale chrétienne.
I. — Questions générales et ésotérisme prézôharique
II suffira de noter pour mémoire quelques ouvrages qui
ne font point avancer le problème et marquent même un
recul sur les travaux scientifiques actuels dignes de ce nom ;
c'est le cas de la médiocre compilation que M. Henri Sérouya
a pu faire réimprimer avec une préface qui ne l'améliore
aucunement1, du livre de M. A. Safran, plus nuisible par ses
sophismes et ses distorsions de textes qu'utile par la relative
compétence de l'auteur2, du petit ouvrage de vulgarisation
de M. Guy Casaril qui a résumé en un style agréable une partie
des Grands courants de la mystique juive de M. Seholem, mais
dont l'apport personnel suscite bien des réserves3.
Allons plutôt directement aux contributions majeures que
nous devons une fois de plus à M. G. Seholem ; elles nous
fourniront une bonne partie de la matière dans cette première
rubrique du présent rapport.
Outre une édition allemande (avec bibliographie mise à
jour ?) de son Major Trends que nous regrettons de ne pas
avoir reçue4, M. Seholem a publié, à peu d'intervalle, deux
1) La Kabbale, Paris, 1957. Le bref aperçu dans lequel cet homme de lettres
a résumé ses élucubrations est plus éloquent dans sa platitude que toute critique :
La Kabbale du point de vue religieux, philosophique et historique, Revue de
Synthèse, avril-juin 1956, pp. 171-177.
2) La Cabale, Paris, Payot, 1960 ; voir notre compte rendu, R1IR, juillet-
septembre 1961, pp. 79-86.
3) Rabbi Siméon Bar Yochal et la Cabbale, Paris, Éditions du Seuil [1961];
nous l'avons recensé dans REJ, CXXI, 1962, pp. 222-225. — D'un niveau bien
supérieur est l'anthologie de textes mystiques juifs (du Talmud de Babylonie à
l'écrivain J.-L. Perez, mort en 1915) procurée, en langue danoise, ce qui en borne
la diffusion aux pays Scandinaves, de M. Raphaël Edelmann : Jedisk Mystik
(t. XI de la collection « Verdensreligionernes Hovedvaerker »), Copenhague, 1954.
Nous remercions le savant conservateur du département hébraïque de la Biblio
thèque royale de Copenhague qui nous a offert son ouvrage dont nous ne connais
sions pas encore l'existence en 1955.
Nous n'avons pas vu Joseph Wallman, The Kabalah, from its inception to its
evanescence, Brooklyn, Theological Research Publication Co. [1958 ?].
4) Die judische Mystik in ihren Ilauptstrômungen, 1957. .
RECHERCHES RÉCENTES SUR l'ÉSOTÉRISME JUIF 41
ouvrages capitaux sur les origines de la mystique juive et la
Kabbale archaïque.
Le premier1, très technique, se compose d'une série d'études
dont nous ne pouvons retenir ici que quelques traits saillants,
en renvoyant pour des détails plus amples, mais non suffi
sants, à une recension que nous en avons faite ailleurs2.
Pour dire l'essentiel en peu de mots, voici la conclusion
vers laquelle convergent les analyses de M. Scholem. Exta
tique ou théurgique, le mysticisme a droit de cité dans le
judaïsme rabbinique dès une époque assez ancienne pour (pie
la solution de continuité entre l'idéologie de certains apo
cryphes et parfois des écrits néo-testamentaires se trouve
grandement réduite, et parfois même supprimée (ainsi le
ravissement de saint Paul — II Corinth., XII, 2-4 — s'insère
dans un cadre familier non seulement à la seconde généra
tion chrétienne, mais au judaïsme contemporain) ; extrême
ment réservé à l'égard du '( gnosticisme » imputé par certains
aux sectaires de « Qumràn », l'auteur apporte bien des preuves
de l'antiquité de la mystique extatique de la Merkaba qui
se conjugue du reste avec le légalisme, si l'on tient à ce terme,
fort strict des grands Docteurs du Ier et du 11e siècle de
l'ère usuelle3. D'autre part, une « tradition » théurgique, elle
aussi très ancienne, ne laisse pas de circuler parmi les
ésotéristes juifs ; dans ce domaine, les contacts entre le
judaïsme! « mystique » et la gnose sont indéniables ; les gnos-
tiques empruntent en transformant, sans ménager l'invective
et la raillerie à l'adresse du judaïsme mis à contribution en
même temps qu'honni par eux. Une; bonne partie du volume
traite de questions d'angélologie et de démonologie, notam-
1) Jewish Gnosticism, Merkabah Mysticism and Talmudic tradition, New York,
The Theological Seminary of America, 1960, in-8° de vu -f- 126 patres.
2) REJ, CXX, juillet-décembre 1961, pp. 385-390. — II faut aussi consulter
sur ce sujet l'important article de M. David Flusser, Scholems' recent book on
Merkabah Literature, dans Journal of Jewish Studies (sigle JJS), XI, 1960,
pp. 59-68.
3) Voir également sur ce point l'excursus en hébreu sur le Cantique des Can
tiques par M. Saul Lieberman, dans Jewish Gnosticism, pp. 118-126, et les obser
vations du même savant sur Tôseflâ Hagïgâh II, 1-7 dans son commentaire monu
mental en hébreu Tasefla ki-Fshutah, t. V, New York, 1962, pp. 1286-1296. .
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ment de Metatron, de Yaldabaoth; de Lilithet de divers:
textes magiques, d'interprétation; délicate et controversée1.
Dans nos précédents rapports nousr avions exposé les
recherches publiées en hébreu par M: Scholem sur les débuts
de-la Kabbale spéculative2. Dans un; livre récent, publié en
allemand3^ en attendant qu'il le soit en anglais, puis en fran
çais, le professeur de Jérusalem a repris cette enquête sur une
plus vaste échelle. Reprenons à notre tour, très succinctement,
les thèmes dont il' traite dans ret ouvrage.
L'idée dominante du •; livre est que malgré ses contacts
parfois très étroits: avec la philosophie, la Kabbale juive
constitue un phénomène essentiellement religieux ; c'est donc
comme tel qu'elle doit être décrite et analysée par l'historien.
Cette manière d'aborder la question porte en elle la condamnat
ion, malgré la part de vérité qu'elles peuvent contenir, des
conceptions r de Gra