Robespierre  - article ; n°16 ; vol.3, pg 397-420
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1912 - Volume 3 - Numéro 16 - Pages 397-420
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1912
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gustave Gautherot
Robespierre
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 3. N°16, 1912. pp. 397-420.
Citer ce document / Cite this document :
Gautherot Gustave. Robespierre . In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 3. N°16, 1912. pp. 397-420.
doi : 10.3406/rhef.1912.2032
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1912_num_3_16_2032ROBESPIERRE
II.I. Les que le-Grand. La Le famille « pervers. «masque Robespierristes — «Derobespierre» — La civique» Le «Chandelle dieu ». — de de Les Robespierre. : Robespierre un d'Arras». «Ânti-Robespierristes brevet — maçonnique. : — J.- Le L'« J. «Redresseur Incorruptible Rousseau, — ». Le — boursier de ». Les torts». — Le contradictde fanati- Louis-
ions de Robespierre.
III. L'élection d'Arras : charlatanisme «patriotique». — A la Constituante :
le «prêtre du Droit» et l'« ami du peuple ». — L'oracle des Jacobins. — Chez
le menuisier Duplay. Comment Robespierre fonde sa dictature. — L'ordon
nateur des massacres.
La plupart des « grands hommes » de la Révolution ^ — Bailly
Pétion, Danton, Marat lui-même — ont à Paris leur statue,
leur rue, leur plaque commemorative; Robespierre, lui, n'a pas
d'autre « monument » que l'enseigne — sur fond rouge — d'une
gargote de la ruelle du Pélican x :
RESTAURANT
A ROBESPIERRE
VINS ET LIQUEURS
N'est-ce pas un scandale?...
Celui qui a dit de lui-même : « Je ne suis ni le courtisan, ni le
modérateur, ni le tribun, ni le défenseur du peuple, je suis le
peuple lui-même 2; » celui qui, dans sa politique comme dans
sa philosophie, incarna la Révolution et établit ainsi sur les
consciences un prodigieux empire; le père, en un mot, de la
religion républicaine ne devait pas s'attendre à tant d'ingrati
tude.
N'a-t-il pas, même après son supplice — après son « martyre »,
comme diraient volontiers ses fidèles, — recueilli le tribut de
1. No 9.
2. Ditcour* du 27 avril 1792. 398 REVUE D HISTOIRE DE L ÉGLISE DE FRANCE
ferventes, parfois d'illustres admirations? « Soyons justes enfin
et ne craignons plus de le dire, écrivait courageusement cette
bonne George Sand : Robespierre est le plus grand homme de
la Révolution et l'un des plus illustres de l'histoire. » Et Louis
Blanc : « Robespierre aurait rendu impossible Napoléon. » Pour
Ernest Hamel, le premier historiographe du héros, « Robespierre
était la conscience de la Révolution. » Pour M. Henry Buffenoir,
qui, de nos jours, lui a consacré une étude iconographique aussi
remarquable que pieuse, « Robespierre fut incorruptible et mourut
pauvre... C'est là son immortel prestige... Le peuple ne prononça
jamais son nom sans un élan de gratitude spéciale. [L'eussiez-
vous cru?] Cet homme n'a pu être le noir tyran que certains ont
voulu peindre. L'être humain ne peut se dédoubler de la sorte...
Sa volonté et sa raison furent toujours droites dans leur rigueur...
Son inflexibilité, comme celle de Richelieu, n'eut qu'un but :
la grandeur de l'État et la gloire de la France.» M. Buffenoir,
dont l'ouvrage, nous le répétons, est un modèle d'élégante éru
dition, continue sur ce mode et avec un enthousiasme qui nous
oblige vraiment à achever la citation : « La noble et sévère figure
de Robespierre sera chère toujours aux âmes héroïques, avides
de beauté morale et passionnées de justice; en la contemplant,
on est consolé de toutes les laideurs, de toutes les bassesses, de
toutes les imbécillités et de tous les vices qui peuplent la terre...
Par la puissance de sa volonté, Robespierre a sa place marquée
entre Richelieu et Napoléon * ...»M. Anatole France partage —
ou plutôt semble partager — un avis aussi flatteur : « Je vois
en Robespierre le plus grand homme d'État de la Révolution...
Napoléon, qui l'admire fort, le continue. »
Mais alors pourquoi pas de statue?
Il lui en faut une, et de taille gigantesque ! C'est ce que ré
clame, à cor et à cri, la Société des Etudes robespierristes, qui a
déjà consacré à sa mémoire une importante revue — les Annales
révolutionnaires 2 — revue dont le savant directeur, M. Albert
Mathiez, retraçait l'an dernier 3 les titres qu'avait Robespierre
1. Études sur le xvme siècle : Les portraits de Robespierre, étude iconographi
que et historique, Paris, Leroux, 1910, préface.
2. Paris, Ernest Leroux.
3. Au banquet annuel de la Société de l'Histoire de 1848, 23 février 1911. —
Ypir le texte du toast de M, Mâchiez dans les Ajinales révolutionjiaires 4e ma}- ROBESPIERRE 399
à l'amour de la postérité; l'érudit historien qu'est M. Mathiez
rappelait même et faisait siennes en quelque sorte les louanges
que Saint- Just écrivait au député d'Arras le 19 août 1790, avant
même de le connaître : « Je ne vous connais pas, mais vous êtes
un grand homme; vous n'êtes point seulement le député d'une
province, vous êtes celui de l'Humanité et de la République. »
Personne ne conteste plus aujourd'hui, observait intrépidement
M. Mathiez, « l'immense popularité de l'Incorruptible ».
Par malheur, depuis le jour où Robespierre succéda sur l'écha-
faud à tant de ses victimes, cette « immense popularité » a subi
de tels dommages qu'il faut avoir pour la ressusciter ainsi une
foi bien robuste. Et nous ne parlons pas seulement de la réaction
thermidorienne, de l'époque où chacun, sentant sa tête quelque
peu raffermie sur ses épaules, donna libre cours aux haines
accumulées par l'oppression terroriste; nous ne parlons pas non
plus de l'inaptitude radicale à goûter le système de Robesp
ierre où reste une multitude de gens, par exemple les catholi
ques, pour lesquels les dogmes jacobins sont juste aux antipodes
des éternels principes de progrès social; nous parlons de fidèles
héritiers des « grands ancêtres ».
C'est M. Cahen, l'apologiste de Condorcet, qui a écrit : « Rob
espierre, qui faisait appel aux pires passions de l'humanité et
qui se défendait de les connaître,... qui, pour mieux faire écla
ter sa vertu, calomniait celle des autres, et, pour mieux servir
le peuple, cherchait à discréditer les meilleurs défenseurs de la
liberté; qui semblait [à Condorcet] un ambitieux hypocrite et
perfide, un intrigant affolé de pouvoir; qui... travaillait à perdre
les honnêtes gens pour rendre plus absolue sa dictature, ou plus
rémunérateur sa trahison 1... » C'est M. Aulard qui affirma un
jour à la Sorbonne : « Ce qu'on entrevoit de son âme à travers
ces continuelles évolutions fait horreur à nos instincts français
de franchise et de loyauté : Robespierre fut un hypocrite et il
érigea l'hypocrisie en système de gouvernement. » Et M. Aulard
rappelait le mot de Michelet : Robespierre, « triste bâtard de
Rousseau conçu dans un mauvais jour; » il rappelait aussi que
juin 1911. La même revue (mai-juin 1912, p. 395) annonce que MM. le Dr Blot-
tière et E. Lesueur, secrétaire et trésorier du « Comité du monument Robesp
ierre », reçoivent dès maintenant les adhésions.
1, Condorcet ef la Révolution française, p. 389t 400 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE
Garât 1, témoin irrécusable, qualifiait son éloquence de « ba
vardage insignifiant », de « rabâchage éternel sur les droits de
l'homme, sur la souveraineté du peuple, sur les principes dont
il parlait sans cesse et sur lesquels il n'a jamais répandu une
seule vue un peu exacte et neuve. »
Tout cela nous promet un spectacle excessivement intéressant
pour le jour où s'élèvera — enfin — la statue... Mais les
« robespierristes » l'emporteront-ils, et, s'ils triomphent, que nous
faudra-t-il en penser?
I
M. Hector Fleischmann commence ainsi l'une de ses plus
attachantes études 2 : « La vie de Robespierre respire cette
tristesse majestueuse de la tragédie dont parle si divinement Jean
Racine... » Triste et tragique, elle l'est à coup sûr; pour ce qui
est de sa « majesté », c'est une autre affaire !
Maximilien naquit en 1758, &

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