Svantovit et l Apollon d Amyklai - article ; n°1 ; vol.211, pg 15-58
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Svantovit et l'Apollon d'Amyklai - article ; n°1 ; vol.211, pg 15-58

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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1994 - Volume 211 - Numéro 1 - Pages 15-58
Svantovit and Apollo of Amyklai
The annual great festival celebrated by the Slav inhabitants of Rügen Island before the German conquest is fairly well known, as is the god Svantovit to whom it was dedicated thanks to the description given by the Danish historian, Saxo Grammaticus. It resembles the Huakinthia, a festival celebrated once a year in Sparta, not only in its overall structure (a solemn phase is followed by a joyous phase the following day) but also in almost all of its ritualistic details. The heortological resemblance is supplemented by a theological resemblance : the points of similarity between the god Svantovit and Apollo of Amyklai, to whom the Huakinthia were dedicated, are detailed and abundant and even include some unusual aspects such as the plurality of bodies. Such points of similarity are not fortuitious but imply a common héritage.
La grande fête annuelle célébrée par les Slaves de l'île de Rügen, avant sa reconquête germanique, est relativement bien connue, ainsi que le dieu Svantovit auquel elle était consacrée, grâce à la description de l'historien danois Saxo Grammaticus. Elle correspond non seulement dans sa structure d'ensemble (alternance d'une phase solennelle et d'une phase gaie, séparées par une nuit), mais dans la quasi-totalité de ses détails rituels à une fête célébrée annuellement à Sparte, les Huakinthia. Cette ressemblance héortologique se complète d'une ressemblance théologique : entre le dieu Svantovit et celui auquel étaient consacrées les Huakinthia, l'Apollon d'Amyklai, les ressemblances sont précises et nombreuses, jusques et y compris dans des aspects aussi singuliers que la pluralité des corps. De tels accords excluent le hasard et impliquent l'héritage commun.
44 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Bernard Sergent
Svantovit et l'Apollon d'Amyklai
In: Revue de l'histoire des religions, tome 211 n°1, 1994. pp. 15-58.
Abstract
Svantovit and Apollo of Amyklai
The annual great festival celebrated by the Slav inhabitants of Rügen Island before the German conquest is fairly well known, as
is the god Svantovit to whom it was dedicated thanks to the description given by the Danish historian, Saxo Grammaticus. It
resembles the Huakinthia, a festival celebrated once a year in Sparta, not only in its overall structure (a solemn phase is followed
by a joyous phase the following day) but also in almost all of its ritualistic details. The heortological resemblance is supplemented
by a theological resemblance : the points of similarity between the god Svantovit and Apollo of Amyklai, to whom the Huakinthia
were dedicated, are detailed and abundant and even include some unusual aspects such as the plurality of bodies. Such points
of similarity are not fortuitious but imply a common héritage.
Résumé
La grande fête annuelle célébrée par les Slaves de l'île de Rügen, avant sa reconquête germanique, est relativement bien
connue, ainsi que le dieu Svantovit auquel elle était consacrée, grâce à la description de l'historien danois Saxo Grammaticus.
Elle correspond non seulement dans sa structure d'ensemble (alternance d'une phase solennelle et d'une phase gaie, séparées
par une nuit), mais dans la quasi-totalité de ses détails rituels à une fête célébrée annuellement à Sparte, les Huakinthia. Cette
ressemblance héortologique se complète d'une ressemblance théologique : entre le dieu Svantovit et celui auquel étaient
consacrées les Huakinthia, l'Apollon d'Amyklai, les ressemblances sont précises et nombreuses, jusques et y compris dans des
aspects aussi singuliers que la pluralité des corps. De tels accords excluent le hasard et impliquent l'héritage commun.
Citer ce document / Cite this document :
Sergent Bernard. Svantovit et l'Apollon d'Amyklai. In: Revue de l'histoire des religions, tome 211 n°1, 1994. pp. 15-58.
doi : 10.3406/rhr.1994.1329
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1994_num_211_1_1329BERNARD SERGENT
SVANTOVIT ET L'APOLLON D'AMYKLAI
La grande fêle annuelle célébrée par les Slaves de Vile de
Rtigen, avant sa reconquête germanique, est relativement bien
connue, ainsi que le dieu Svantovit auquel elle était consacrée,
grâce à la description de l'historien danois Saxo Grammaticus.
Elle correspond non seulement dans sa structure d'ensemble
(alternance d'une phase solennelle et d'une phase gaie, séparées
par une nuit), mais dans la quasi-totalité de ses détails rituels
à une fête célébrée annuellement à Sparte, les Huakinthia. Cette
ressemblance héortologique se complète d'une ressemblance théo
logique : entre le dieu Svantovit et celui auquel étaient consacrées
les Huakinthia, l'Apollon d'Amyklai, les ressemblances sont
précises et nombreuses, jusques et y compris dans des aspects
aussi singuliers que la pluralité des corps. De tels accords
excluent le hasard et impliquent l'héritage commun.
Svantovit and Apollo of Amyklai
The annual great festival celebrated by the Slav inhabitants
of Rtigen Island before the German conquest is fairly well known,
as is the god Svaniovit to whom it was dedicated thanks to the
description given by the Danish historian, Saxo Grammaticus.
It resembles the Huakinthia, a festival celebrated once a year
in Sparta, not only in its overall structure (a solemn phase is
followed by a joyous phase the following day) but also in almost
all of its ritualistic details. The heortological resemblance is
supplemented by a theological resemblance : the points of
similarity between the god Svaniovit and Apollo of Amyklai,
to whom the Huakinthia were dedicated, are detailed and
abundant and even include some unusual aspects such as the
plurality of bodies. Such points of similarity are not fortuitious
but imply a common héritage.
Revue de l'Histoire des Religions, ccxi-1/1994, p. 15 à 58 Lors de leur expansion vers la Germanie, les Slaves avaient
occupé le vaste territoire compris entre l'Oder et l'Elbe ; la
tribu des Ranes, sans doute fraction du grand peuple des
Vélètes (sis dans l'ultérieur Brandebourg), occupait l'île de
Rtigen, et ils avaient fondé dans la péninsule située au nord-
est de l'île, à Arkona, un sanctuaire consacré à leur dieu
principal, Svantovit ; il devint le plus important des lieux
cultuels des Slaves occidentaux.
C'est par un historien danois, Saxo Grammaticus, que nous
connaissons le sanctuaire, la forme de la statue du dieu, la fête
annuelle et les rituels prophétiques associés. Voici un condensé
de son texte, débarrassé des circonvolutions stylistiques qui
l'alourdissent, donné par Georges Dumézil, pour une raison à
laquelle je reviens ci-dessous, dans son livre La courtisane et les
seigneurs colorés, Paris, 1983, p. 207-208 (= Saxo, Gesta
Danorum, XIV, 39, 2-10, éd. J. Olrik et M. Raeder, 1931,
p. 464-465) :
2. L'historien décrit d'abord la ville ď « Arkon », défendue d'un
côté par la mer, ailleurs par des murailles si hautes que les flèches
n'en atteignent pas le sommet, puis, sur une place nue (planities)
au centre de la ville, le temple de bois, opere elegantissimum, aux
murs extérieurs couverts de peintures, à une porte, entouré d'une
double enceinte.
3. Puis il passe à l'idole du dieu. Bien plus haut que la taille
humaine, il avait quatre têtes avec autant de cous, en sorte qu'il
paraissait regarder l'assistance des quatre côtés, avec les cheveux
et la barbe rasés suivant l'usage des Rugiens.
Il tenait dans sa main droite une corne (cornu) faite de divers
métaux. Le prêtre, spécialiste des rites, la remplissait de vin chaque
année et, d'après l'apparence du liquide (ex ipso liquoris habitu), pré
disait ce que serait la récolte de l'année.
Il avait le bras gauche recourbé, en forme d'arc. Il avait l'air de
porter une tunique descendant jusqu'aux jambes, lesquelles étaient
faites de bois divers et si bien ajustées aux genoux qu'il fallait regarder
de très près pour voir la jonction. Les pieds étaient posés sur le sol,
la plante légèrement enfoncée dans la terre. Svantovit et Г Apollon ďAmyklai 17
Non loin (haud procul), on voyait le mors et la selle (frenum ac
sella) de l'idole et plusieurs insignes de sa divinité.
4. La fête annuelle était célébrée après la moisson, devant la
population de l'île assemblée. Après le sacrifice des victimes, avait
lieu un repas solennel. La veille, le prêtre, barbu et chevelu contrair
ement à l'usage général, était entré dans la chapelle (sacellum), dont
l'accès était défendu à tout autre, et avait balayé le sol avec grand
soin, courant à la porte à chaque expiration ou aspiration, « afin de
ne pas souiller la présence du dieu par l'haleine d'un mortel ». 5. La
foule passait la nuit devant la porte. Le lendemain, le prêtre enlevait
à l'idole la coupe (poculum) qu'elle tenait et la regardait attentiv
ement ; s'il apparaissait que la quantité de vin avait diminué, il
concluait que l'année suivante connaîtrait la pénurie et ordonnait
qu'on fit des réserves sur la récolte de l'année en cours ; dans le cas
contraire, il prédisait l'abondance des champs. Ainsi, d'après cet
auspice, il recommandait de faire un usage soit plus restreint, soit
plus libre des ressources existantes. Puis, après avoir répandu le vin
aux pieds de l'idole, il y versait de nouveau du vin, faisait semblant
de le lui donner à boire et prononçait des prières pour lui-même et
pour la patrie, et demandait pour ses compatriotes plus de richesses
et plus de victoires. Ensuite, il buvait la coupe (poculum) d'un trait
aussi rapide que possible, la remplissait à nouveau et la replaçait
dans la main droite de l'idole.
En outre, on apportait sur le lieu du culte une galette miellée en
forme de roue, si grande qu'elle atteignait presque la taille d'un
homme. Le prêtre la plaçait entre lui et la foule et demandait aux
Rugiens s'ils le voyaient. S'ils répondaient qu'ils le voyaient, il expri
mait le souhait que la galette de l'année suivante fût assez grande
pour qu'il ne pût plus être vu. Cette prière avait pour objet non pas
son propr

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