Thèse au format PDF - NOTE CONCERNANT LES CITATIONS ET LES ...
765 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Thèse au format PDF - NOTE CONCERNANT LES CITATIONS ET LES ...

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
765 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Thèse au format PDF - NOTE CONCERNANT LES CITATIONS ET LES ...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 129
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

NOTE CONCERNANT LES CITATIONS ET LES TRADUCTIONS Citations Sauf mention particulière, les italiques ont été ajoutés par moi. Traductions Sauf mention particulière, les traductions sont les miennes. 1 2 INTRODUCTION 1 « [The] subject of ghosts has been among the torments of my life. » Cette confession a de quoi surprendre dans la bouche de Jeremy Bentham (1748-1832), auteur généralement associé au rationalisme. Cependant, dans ses réminiscences, transcrites par son éditeur John Bowring, il raconte que lorsqu’il était enfant, sa grand-mère et les domestiques de la maison l’ont terrorisé en convoquant des spectres répondant aux noms de Tom Dark, Rawhead et Bloody Bones. L’aubergiste voisin, Palethorp, avait été transformé en croque-mitaine. Bentham avait peur du noir, des fantômes, du diable ou encore du croque-mitaine et même adulte, il faisait 2des cauchemars quand il dormait seul. Étant donné sa « sensibilité morbide », on imagine mal le philosophe s’infliger la lecture des romans gothiques qui ont été en vogue à la fin du 3XVIIIe et au début du XIXe siècles. Pourtant, l’objet du présent mémoire est de proposer une lecture croisée des œuvres de Jeremy Bentham et de celles d’Ann Radcliffe (1764-1823), auteur de romans gothiques. Bentham lui-même, en tant que personnage historique, est parfois resté dans l’imaginaire populaire comme une figure gothique. Philip Schofield a consacré la conclusion de son ouvrage récent sur la pensée politique de Bentham à un autre aspect gothique du philosophe : l’Auto-Icon. Bentham voulait que son corps soit disséqué et utilisé dans des cours d’anatomie. Son squelette a été conservé, ainsi que sa tête momifiée. Le squelette, habillé et paré d’une 4tête en cire à l’effigie de Bentham, est conservé au University College de Londres. Dans une intervention qu’il a intitulée « Imagining Bentham », préparée à l’occasion du deux cent cinquantième anniversaire de la mort du philosophe, William Twining souligne le caractère spectral de l’Auto-Icon conservé au UCL, qualifiant la tête conservée de « ghoulish », et fait référence à une bande dessinée imaginant l’Auto-Icon sortant de sa boîte la nuit tombée pour 5hanter les couloirs de l’université. Dans un registre plus académique, Tim Marshall a proposé 1 Jeremy Bentham, The Works of Jeremy Bentham (John Bowring, éd.), 11 vols, Edimbourg : William Tait, 1843, X, p. 18. 2 Philip Schofield, Utility and Democracy, Oxford : Oxford University Press, 2006, pp. 1-2. 3 Bentham définissait lui-même sa constitution comme « morbidly susceptible ». Bentham, Memoirs, Bowring X, p. 20. 4 Schofield, Utility and Democracy, pp. 337-338. Bentham est l’auteur d’un essai intitulé « Auto-Icon; or, Of the Farther Uses of the Dead to the Living », non-publié par Bowring. Dans ce texte satirique, Bentham suggère par exemple que les Auto-Icons soient utilisées dans le théâtre, pour l’éducation, la commémoration. Schofield, Utility and Democracy, pp. 339-341. 5 « Why should we value Bentham as one of our imaginative possessions? There is, of course, a literal sense in which we at University College possess Bentham—the auto-icon, his manuscripts, and his ghoulish head locked up in the College strong-room. There are also moments in the College, and especially in the Bentham projects, when we seem to be possessed by him. » William Twining, « Imagining Bentham : A Celebration » in Current Legal Problems, 1998, vol. 51, pp. 1-36 ; 2. La bande dessinée évoquée par Twining est le n° 87 de la série Ripley’s Believe it or Not (mars 1979). Twining imagine lui-même Bentham revenant à la vie et ses réactions 3 une lecture de l’Auto-Icon par rapport au Frankenstein (1818) de Mary Shelley pour traiter la 6question de la légitimité de la dissection à l’époque romantique. Dans Utility and Democracy, les aspects gothiques de Bentham et du legs du philosophe sont situés aux marges de la réflexion, en introduction et en conclusion. L’objet de ce mémoire est de placer ces questions au centre du propos. L’héritage gothique laissé par Bentham ne se limite pas à des phobies ou bizarreries personnelles et peut-être anecdotiques. Gertrude Himmelfarb définit l’« édifice entier de la 7pensée de Bentham » comme un héritage qu’il faut exorciser. Le projet panoptique, en particulier, occupe une place sombre dans l’imaginaire contemporain. Bentham l’a lui-même assimilé à une maison hantée, renvoyant par cette comparaison au fait que, malgré des efforts 8soutenus pendant de nombreuses années, il n’a jamais réussi à la faire construire. Le panoptique lui-même est un principe architectural visant à établir une surveillance constante et omniprésente. Les cellules sont disposées autour d’une tour centrale, depuis laquelle l’inspecteur peut balayer tous les prisonniers d’un regard. Les prisonniers, en revanche, ne peuvent jamais savoir si l’inspecteur est véritablement dans sa tour. Ainsi, ils intériorisent le principe d’inspection et se comportent en conséquence. L’application du panoptique au domaine carcéral est la plus célèbre, mais n’est pas la seule, comme on l’aura l’occasion de le préciser par la suite. Dans « Variations on the Prisons », Aldous Huxley raconte une visite qu’il a rendue à l’Auto-Icon. Le portrait fourni du philosophe post-mortem n’a rien de terrifiant, Bentham 9étant présenté comme un « vieux petit monsieur » au sourire « bienveillant ». Il est loué pour son humilité, son manque de profondeur (« the kindly and sensible shallowness of the eighteenth century »), sa vision réaliste de l’individu (« [H]e thought of individuals as real people, not as mere cells in the brawn and bone of a social organism, whose soul is the State ») et l’héritage qu’il a laissé : face au monde contemporain, notamment les nouveaux moyens de communication. Il s’agit de « Bentham redivivus » : « an imagined Bentham transported to 1998 in order to comment on the present scene ». Ibid., p. 8. 6 Tim Marshall, Murdering to Dissect: Graverobbing, Frankenstein, and the Anatomy Literature, Manchester : Manchester University Press ; New York : St Martin’s Press, 1995. 7 « the entire edifice of his thought, which is our heritage ». Gertrude Himmelfarb, « The Haunted House of Jeremy Bentham », Ideas in History. Essays presented to Louis Gottschalk by his former students (R. Herr et H. T. Parker, éds), Durham (N.C.) : Duke University Press, 1965, pp. 199-238 ; p. 238. 8 « I do no like to look among Panopticon papers. It is like opening a drawer where devils are locked up—it is breaking into a haunted house. » Bentham, Works, Bowring X, p. 250. 9 « At the top of the main staircase in University College, there stands a box-like structure of varnished wood, somewhat larger than a telephone booth, somewhat smaller than an outdoor privy. When the door of this miniature house is opened, a light goes on inside, and those who stand upon the threshold find themselves confronted by a little old gentleman sitting bolt upright in a chair and smiling benevolently into space. » Aldous Huxley, « Variations on The Prisons », in Themes and Variations, Londres : Chatto and Windus, pp. 192-208 ; p. 192. 4 [F]rom the shallows of Bentham, a host of unpretentious but real benefits [have sprung]—the repeal of antiquated laws, the introduction of sewage systems, the reform of municipal government, almost everything sensible and humane in the civilization of the nineteenth 10 century. Bentham est comparé à Hegel, ce dernier étant condamné pour avoir inspiré les théories marxistes : « those Marxian theories of history, in terms of which it is possible to justify every atrocity on the part of true believers and to condemn every good or reasonable act performed 11by infidels. » Cependant, ce portrait de Bentham est obscurci par sa « passion pour l’ordre et 12la cohérence », qui s’est incarnée dans le panoptique. Le philosophe n’est pas accusé directement de totalitarisme, mais son amour de l’ordre et de « l’efficacité sociale » est soupçonné d’avoir inspiré des formes de dictature : Bentham himself was no tyrant and no worshipper of the all-efficient, ubiquitous and providential State. But he loved tidiness and inculcated that kind of social efficiency which has been and is being made an excuse for the concentration of power in the hands of a few experts 13and the regimentation of the masses. 14Le projet est qualifié de « totalitaire ». Huxley suggère que l’« esprit » du panoptique s’est incarné dans les camps de concentration : In the Nazi concentration camps hell on earth was [...] neat, tidy, thoroughly scientific. Seen from the air, Belsen is said to have looked like an atomic research laboratory or a well-designed motion picture studio. The Bentham brothers have been dead these hundred years and more; but 15 the spirit of the Panopticon […] has gone marching on to strange and terrible destinations. Ces pages de « Variations on The Prisons » permettent de souligner les questions liées au panoptique : constitue-t-il, comme Huxley semble le suggérer ici, une exception dans l’œuvre de Bentham ou bien fait-il partie intégrante du programme utilitariste ? Est-il l’ancêtre des camps de concentration nazis ? Le panoptique suscite à la fois fascination et répulsion. Les adaptations contemporaines font une exploitation gothique et dans certains cas violente du panoptique. Le documentaire de Pascal Kané intitulé « La machine panoptique » (1979), propose une mise en scène 16macabre qui insiste sur le côté sombre du panoptique. Le documentaire s’ouvre sur l’arrivée, en pleine nuit, des membres du gouvernement que Bentham emmène dans sa cave pour leur 10 Ibid., p. 193. 11 Id. 12 « Only in one field did Bentham ever sow the teeth of dragons. He had the logician’s passion for order and consistency ; and he wanted to impose his ideas of tidiness not only upon thoughts and words, but also upon things and institutions. […] In human affairs, […] the extreme of tidiness [is] an army or a penitentiary. » Ibid., pp.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents