Tiers-ordre franciscain et catholicisme social en France à la fin du XIXe siècle - article ; n°184 ; vol.70, pg 181-194
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Tiers-ordre franciscain et catholicisme social en France à la fin du XIXe siècle - article ; n°184 ; vol.70, pg 181-194

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1984 - Volume 70 - Numéro 184 - Pages 181-194
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Marie Mayeur
Tiers-ordre franciscain et catholicisme social en France à la fin
du XIXe siècle
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 70. N°184, 1984. pp. 181-194.
Citer ce document / Cite this document :
Mayeur Jean-Marie. Tiers-ordre franciscain et catholicisme social en France à la fin du XIXe siècle. In: Revue d'histoire de
l'Église de France. Tome 70. N°184, 1984. pp. 181-194.
doi : 10.3406/rhef.1984.3328
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1984_num_70_184_3328TIERS-ORDRE FRANCISCAIN
ET CATHOLICISME SOCIAL EN FRANCE
A LA FIN DU XIXe SIÈCLE
Léon XIII, le pape de l'Encyclique Rerum novarum, est aussi le
pape de l'Encyclique Auspicate, le 17 septembre 1882, qui invite au
développement du Tiers-ordre franciscain, et de l'Encyclique Huma-
num genus le 20 avril 1884. Celle-ci, pour lutter contre la maçonnerie,
appelle au progrès du Tiers-ordre :
« Cette association est une véritable école de liberté, de fraternité, d'égalité,
non selon l'absurde façon dont les francs-maçons entendent ces choses, mais
telles que Jésus-Christ a voulu en enrichir le genre humain et que saint
François les a mises en pratique ».
Essor du Tiers-ordre, restauration de l'ordre social chrétien, ce sont
bien deux volets d'un même projet, même si Rerum novarum est pos
térieure aux encycliques qu'on vient d'évoquer. Voilà une première
raison de s'interroger sur les liens entre Tiers-ordre franciscain et le
catholicisme social dans la France de la fin du xixe siècle, qui vit l'essor
si remarquable du Tiers-ordre. Mais surtout, les congrès du Tiers-ordre
franciscain, de 1893 à 1900, à l'heure de la floraison de la « seconde
démocratie chrétienne » constituent un épisode considérable, souvent
abordé d'un livre à l'autre \ et qui mérite réflexion. Une étude récente *,
inédite, a éclairé cette histoire. En s'appuyant sur son apport, et sans
recourir à des sources nouvelles, qui mériteraient examen 8, on évoquera
certains épisodes de cette histoire, et on s'efforcera surtout d'en dégager
la signification, en la situant dans l'histoire complexe du catholicisme
social.
1. Des indications dans E. Lecanuet, La vie de l'Église sous Léon XIII, p. 635-
636. Un chapitre bien informé, malgré une certaine discrétion dans G. Guitton,
Léon Harmel, t. II, p. 118-138, Spes, 1927. Quelques pages dans P. Trimouillé, Harmel et l'usine chrétienne du Val des Bois (1840-1914), Lyon, 1974, pp. 185-
187. On se reportera surtout à Pierre Dabry, Les catholiques républicains, Histoire
et souvenirs, Paris, 1905, p. 499-519.
2. Jean-Marie Burnod, En marge de la deuxième démocratie chrétienne : l'orien
tation sociale du Tiers-ordre franciscain en France, 1893-1901, mémoire de la VIe sec
tion de l'ÉPHÉ, 1974, 190 p. Ce travail a été préparé sous la direction de
P. Leuillot.
3. Tout particulièrement à Rome.
R.H.Ê.F., t. LXX, 1984. 182 J.-M. MAYEUR
Les 18, 19 et 20 juillet 1893 se réunit au Val-des-Bois, près de Reims,
chez l'industriel Léon Harmel, une c commission d'études pour l'orga
nisation du Tiers-ordre franciscain ». Elle associe les représentants de
sept provinces franciscaines 4, quelques séculiers et laïcs liés au Tiers-
ordre, et préoccupés par la « question sociale : l'abbé Garnier, le cha
noine Dehon, fondateur des Prêtres du Sacré-Cœur, l'abbé Raux,
directeur au grand séminaire d'Arras, en tout quatorze franciscains,
une vingtaine de prêtres et laïcs. La réunion, véritable tournant dans
l'histoire du Tiers-ordre, est issue de l'initiative d'un homme, Harmel,
et de l'impulsion d'un petit groupe proche du Tiers-ordre, celui de la
revue marseillaise Le XXe siècle. Ce n'est pas le lieu ici de refaire la
biographie de Léon Harmel, si profondément associé à l'histoire du
catholicisme social. Il est indispensable toutefois de relever que l'aff
iliation du patron champenois au Tiers-ordre remonte à 1862. Cherchant,
au soir de sa vie, la grâce qui avait eu 1' « influence déterminante sur
sa vie d'homme fait », il écrivait :
« Je dois convenir que c'est le Tiers-ordre... Dès lors, ma vie, mon apos
tolat ont été imprégnés de la mentalité franciscaine, de son imperturbable
optimisme et de ses enthousiasmes »fi.
Par ses voyages et les pèlerinages qu'il conduit à Rome, Harmel eut
l'occasion d'entrer en relation avec le ministre général des Frères
Mineurs, le Père Louis de Parme •. Il lui soumit le projet, déjà présent
à la fin de 1891, d'un petit congrès franciscain ', et obtint son assen
timent.
Le vœu d' Harmel : étudier les missions du Tiers-ordre face à l'évo
lution de la société, rejoignait l'article anonyme publié en février 1893
dans le XXe siècle : « Aperçu sociologique sur le Tiers-ordre francis
cain ». La revue avait été fondée en mai 1890, à Marseille, par des
jeunes gens de l'Association catholique de la Jeunesse française,
Alexandre Bergasse, B. Borelli, Joseph de Saint- Ferréol, Sylvio de Mon-
léon. A leurs côtés se trouvait un prêtre qui avait été un animateur
de l'Œuvre des Cercles catholiques d'ouvriers, et qui présidait la fra
ternité franciscaine de Toulon, l'abbé Pastoret. Le XXe siècle, dès ses
débuts, prit un ton violemment anticapitaliste 8. L'article anonyme sur
4. Quatre françaises, une de Piémont, une de Belgique, une des Pays-Bas, cf.
J.-M. Burnod, op. cit.
5. Notes intimes du 17 février 1914, citées par G. Guitton, op. cit., p. 119. •.
6. G. Guitton, p. 120. Il lui adresse en 1888 le Catéchisme du patron.
7. P. Trimouille cite une lettre du 30 décembre 1891 au Père Jules. Harmel y
évoque une réunion avec le Père provincial de Paris : elle a envisagé un apostolat
populaire à Paris, et un petit congrès pour étudier comment le Tiers-ordre pourr
ait < convertir » la société, notamment le c quatrième état », op. cit., p. 185.
8. La revue se fit une « spécialité de la critique du capitalisme », écrit M. Tur-
mann, Le développement du catholicisme social depuis V Encyclique « Rerum novarum » ?,
idée», directions et problèmes généraux, Paris, 1900, p. 155. TIERS-ORDRE FRANCISCAIN ET CATHOLICISME SOCIAL 183
le Tiers-ordre dénonçait le capitalisme, invitait à combattre l'usure
et le prêt à intérêt, dans la tradition franciscaine. Ce texte servit de
rapport à la commission réunie au Val-des-Bois, ce qui donne à penser
qu'il émanait d'un des membres de la commission9. La commission
formula le vœu que ce document fût imprimé en brochure. Il donna
lieu à deux publications successives, dont le changement de titre est ,
significatif : « Les Frères mineurs, le Tiers-ordre franciscain et le mou- s
vement social actuel d'après l'Encyclique Auspicato », modifié ensuite
en « Les Frères mineurs, le Tiers-ordre franciscain et le capitalisme » 10.
Somme toute, même si la commission réunie au Val-des-Bois avait pu
faire telle ou telle réserve, elle souscrivait aux deux affirmations majeures
de la brochure :.
« Le Tiers-ordre qui a émancipé les peuples du Moyen âge, doit reprendre
sa mission trop longtemps négligée et travailler à la délivrance du peuple
dans le monde moderne »... « Le Tiers-ordre, sans se ranger parmi les advers
aires du capital, ne doit pas hésiter à traiter le capitalisme en ennemi » u.
La réunion du Val-des-Bois trouva une double approbation romaine.
Le Père Louis de Parme confia au Père Jules du Sacré-Cœur, la fonc
tion de commissaire général du Tiers-ordre pour la France. Il était
chargé de mettre à exécution « avec autant de prudence que de zèle » ia
les vœux définis au Val-des-Bois. D'autre part, Léon Harmel, fut reçu
le 24 mai par Léon XIII, qui se félicita de l'évolution du Tiers-ordre :
« Voilà douze ans que je demande que le Tiers-ordre de Saint François
revienne à ses premières traditions. » ia.
Le commissaire général et les commissaires provinciaux qui l'assi
staient se réunirent à nouveau au Val-des-Bois

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents