Un révélateur des rapports entre Rome et les missions au XIXe siècle : le contrôle des livres publiés en Extrême-Orient - article ; n°2 ; vol.163, pg 505-524
22 pages
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Un révélateur des rapports entre Rome et les missions au XIXe siècle : le contrôle des livres publiés en Extrême-Orient - article ; n°2 ; vol.163, pg 505-524

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Bibliothèque de l'école des chartes - Année 2005 - Volume 163 - Numéro 2 - Pages 505-524
Die von den katholischen Missionaren in Fernost abgefassten Texte waren einer strikten Kontrolle durch den Vatikan unterworfen, um zu vermeiden, dass im Ritenstreit verurteilte Fehler wieder zutage treten könnten. Ab 1770 mussten die Schriften über Religion und Kirche der Propaganda Fide geschickt werden, kleinere Texte für die Gläubigen (Katechismus und Gebetbücher) blieben im Aufgabenbereich des apostolischen Vikars. Erst die Ordnung Ojficiorum ac munerum von 1897 wies dem örtlichen Missionsleiter die Aufsicht über die Veröffentlichungen zu. Die Praxis war jedoch schon vor Leo XIII. von einer geringen Strenge in der Anwendung der Normen geprägt. Es bestand eine bestimmte Diskrepanz zwischen den von der Propaganda erlassenen Regeln, deren eigener Interpretation und der letztlichen Anwendung in den Missionen. Die Untersuchung der Buchzensur ist ein deutliches Anzeichen für die relative Autonomie der Missionen gegenüber Rom. Die Zentralisierung der Missionsangelegenheiten zugunsten der Propaganda, die man als charakteristisch für das 19. Jahrhundert angesehen hat, erwies sich als weitgehend löchrig.
Les textes composés par les missionnaires catholiques d'Extrême-Orient étaient soumis à un contrôle strict de la part de Rome pour éviter que ne ressurgissent les erreurs condamnées lors de la Querelle des rites. À partir de 1770, les écrits traitant de religion et de matières ecclésiastiques durent être envoyés à la Propaganda Fide, tandis que les petits ouvrages à l'usage des fidèles, tels que catéchismes et livres de prières, restaient du ressort du vicaire apostolique. C'est seulement la constitution Officiorum ac munerum de 1897 qui remit tout le contrôle des publications à l'ordinaire du lieu. Dans les faits pourtant, même avant Léon XIII, l'application des normes était relativement souple. Il existait un certain décalage entre les normes édictées par la Propagande, l'interprétation que celle-ci en donnait et l'application dans les missions. L'étude de la censure des livres est très révélatrice de la relative autonomie des missions vis-à-vis de Rome. La centralisation des affaires missionnaires au profit de la Propagande, que l'on voudrait caractéristique du XIXe siècle, s'avérait somme toute bien imparfaite.
The writings of catholic missionaries to the Far East were strictly controlled from Rome to prevent any renewal of the errors previously condemned in the Chinese Rites Controversy. From 1770, texts dealing with religious and ecclesiastical matters were to be communicated to the Propaganda Fide, whereas lesser works for the use of the faithful, such as catechisms and prayer books, remained the responsibility of the apostolic vicar. It was only the 1897 constitution Officiorum ac munerum that gave control over all publications to the Ordinary. In fact however, even before Leo XIII, the application of regulations was relatively flexible. There was some margin between the regulations enacted by the Propaganda, its own interpretation of them and the way they were applied in the missions. The study of the censure of books is very revealing about the comparative autonomy of the missions with respect to Rome. The centralisation of missionary affairs under the authority of the Propaganda, ostensibly a characteristic of 19th-century Church history, proved altogether quite imperfect.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Véronique Ragöt-Delcourt
Un révélateur des rapports entre Rome et les missions au XIXe
siècle : le contrôle des livres publiés en Extrême-Orient
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 2005, tome 163, livraison 2. pp. 505-524.
Citer ce document / Cite this document :
Ragöt-Delcourt Véronique. Un révélateur des rapports entre Rome et les missions au XIXe siècle : le contrôle des livres publiés
en Extrême-Orient. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 2005, tome 163, livraison 2. pp. 505-524.
doi : 10.3406/bec.2005.463764
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2005_num_163_2_463764Zusammenfassung
Die von den katholischen Missionaren in Fernost abgefassten Texte waren einer strikten Kontrolle
durch den Vatikan unterworfen, um zu vermeiden, dass im Ritenstreit verurteilte Fehler wieder zutage
treten könnten. Ab 1770 mussten die Schriften über Religion und Kirche der Propaganda Fide geschickt
werden, kleinere Texte für die Gläubigen (Katechismus und Gebetbücher) blieben im Aufgabenbereich
des apostolischen Vikars. Erst die Ordnung Ojficiorum ac munerum von 1897 wies dem örtlichen
Missionsleiter die Aufsicht über die Veröffentlichungen zu. Die Praxis war jedoch schon vor Leo XIII.
von einer geringen Strenge in der Anwendung der Normen geprägt. Es bestand eine bestimmte
Diskrepanz zwischen den von der Propaganda erlassenen Regeln, deren eigener Interpretation und der
letztlichen Anwendung in den Missionen. Die Untersuchung der Buchzensur ist ein deutliches
Anzeichen für die relative Autonomie der Missionen gegenüber Rom. Die Zentralisierung der
Missionsangelegenheiten zugunsten der Propaganda, die man als charakteristisch für das 19.
Jahrhundert angesehen hat, erwies sich als weitgehend löchrig.
Résumé
Les textes composés par les missionnaires catholiques d'Extrême-Orient étaient soumis à un contrôle
strict de la part de Rome pour éviter que ne ressurgissent les erreurs condamnées lors de la Querelle
des rites. À partir de 1770, les écrits traitant de religion et de matières ecclésiastiques durent être
envoyés à la Propaganda Fide, tandis que les petits ouvrages à l'usage des fidèles, tels que
catéchismes et livres de prières, restaient du ressort du vicaire apostolique. C'est seulement la
constitution Officiorum ac munerum de 1897 qui remit tout le contrôle des publications à l'ordinaire du
lieu. Dans les faits pourtant, même avant Léon XIII, l'application des normes était relativement souple. Il
existait un certain décalage entre les normes édictées par la Propagande, l'interprétation que celle-ci en
donnait et l'application dans les missions. L'étude de la censure des livres est très révélatrice de la
relative autonomie des missions vis-à-vis de Rome. La centralisation des affaires missionnaires au
profit de la Propagande, que l'on voudrait caractéristique du XIXe siècle, s'avérait somme toute bien
imparfaite.
Abstract
The writings of catholic missionaries to the Far East were strictly controlled from Rome to prevent any
renewal of the errors previously condemned in the Chinese Rites Controversy. From 1770, texts dealing
with religious and ecclesiastical matters were to be communicated to the Propaganda Fide, whereas
lesser works for the use of the faithful, such as catechisms and prayer books, remained the
responsibility of the apostolic vicar. It was only the 1897 constitution Officiorum ac munerum that gave
control over all publications to the Ordinary. In fact however, even before Leo XIII, the application of
regulations was relatively flexible. There was some margin between the regulations enacted by the
Propaganda, its own interpretation of them and the way they were applied in the missions. The study of
the censure of books is very revealing about the comparative autonomy of the missions with respect to
Rome. The centralisation of missionary affairs under the authority of the Propaganda, ostensibly a
characteristic of 19th-century Church history, proved altogether quite imperfect.Bibliothèque de l'École des chartes, t. 163, 2005, p. 505-524.
UN REVELATEUR DES RAPPORTS
ENTRE ROME ET LES MISSIONS AU XIXe SIÈCLE
LE CONTRÔLE DES LIVRES
PUBLIÉS EN EXTRÊME-ORIENT
par
Véronique RAGOT-DELCOURT
« Les néophytes doivent être nourris de lait, mais d'un lait qui ne contienne
pas de principes de corruption, de là viennent les lois sur l'impression des livres
nouveaux en Chine » 1. C'est en ces termes que la Propaganda Fide expliquait
et légitimait le contrôle qu'elle exerçait sur les textes édités par les missionnair
es en Extrême-Orient. Les textes émanés de la congrégation romaine chargée
du gouvernement des missions ne dissociaient jamais la diffusion des livres de
leur contrôle 2. Partout le livre religieux mettait en jeu l'orthodoxie et l'unité de
la foi. En Extrême-Orient, il était en outre trop lié à la Querelle des rites et au
débat sur la terminologie chrétienne pour ne pas présenter un danger perman
ent. La crainte n'était pas infondée, si l'on considère le danger qu'avaient
représenté pour la foi certains termes chrétiens chinois, condamnés par Rome
au xvine siècle 3.
1. « (...) Lacté quidem nutriendi sunt neophyti, sed quod corruptionis principia non contineat,
hinc ortae sunt leges de novis libris non imprimendis in Sinis » (Collectanea constitutionum,
decretorum, indultorum et instructionum Sanctae Sedis ad usum operariorum apostolicorum
n° 1863 : la Sacrée Congrégation de la Societatis Missionum ad exteros, Hongkong, 1897, 2e éd.,
Propagande [désormais S. C] au vicaire apostolique [désormais v. a.] de Cochinchine [Mgr Ta-
berd], Rome, 31 mars 1836).
2. Voir le discours du 9 octobre 1638 sur l'imprimerie de la Propagande par Francesco Ingoli
(Willi Henkel, Francesco Ingoli, erster Sekretär der Propaganda Fide, über Druckerpresse und
Mission, dans Communicatio socialis, t. 3, 1970, p. 167-168) et le rapport du consulteur D. Jaco
bini sur les synodes de 1880 (Archives de la Congrégation de Propaganda Fide [désormais ACPF],
Acta S. C, vol. 250, fol. 444-v : art. 124 de la ponenza du cardinal Alimonda pour les congrégat
ions générales de 1882). On retrouve les deux mêmes thèmes à propos du synode de Pondichéry de
1844 (ACPF, Acta S. C, vol. 208 : voto de Mgr Antonino De Luca, consulteur de la Propagande,
sur la délibération du synode de Pondichéry, février 1845).
3. V. Delcourt, Livre et mission : l'apostolat par le livre dans l'Extrême-Orient des Missions
étrangères au xixe siècle, thèse de l'École des chartes, 2003 (résumé dans École des chartes,
Positions des thèses..., 2003, p. 67-79), t. II, p. 291-295.
Véronique Ragot-Delcourt, professeur agrégée d'histoire au lycée Vaucanson des Mureaux ;
a.b.s. M. et Mme Denis Ragot, 28 rue du Général-Leclerc, F-52150 Bourmont. VÉRONIQUE RAGOT-DELCOURT B.E.C. 2005 506
Au regard de ces problèmes, l'on comprend que la Propagande ait réaffirmé
et précisé sa législation sur le contrôle des ouvrages tout au long des xvme et
xixe siècles. Les décisions qu'elle a prises au fur et à mesure ne formaient pas un
système normatif à proprement parler. Au xixe siècle, les actes du Saint-Siège
étaient peu nombreux et dépassaient rarement le cadre des réponses ponctuell
es : Rome envoyait la plupart du temps des rescrits comportant une prescrip
tion ou un induit sur un point particulier. Théoriquement, ceux-ci étaient
applicables au seul destinataire, même s'ils ont pu faire jurisprudence 4. Il
n'empêche : il existait une certaine constante dans les décisions, qu'il est
important de dégager.
L'étude du contrôle des livres présente le grand intérêt de souligner les
relations existant entre Rome et les églises missionnaires. Mettre en lumière la
construction du cadre normatif à partir du xvne siècle, son application
concrète et enfin son évolution nous permettra de déterminer si les missionnair
es avaient une certaine latitude dans leur apostolat ou si, au contraire, la
Propaganda Fide a entravé par une trop grande rigidité les innovations qui
auraient pu se faire en matière d'édition 5.
I. La mise en place dit cadre normatif.
1. Les première normes ( xvif-xvnf siècles) . — Les normes du contrôle des
livres ont été fixées dès les xvne et xviiie siècles 6. Le premier texte sur la
question a été promulgué peu de temps après la fondation de la Propagande.
Etabli par la congr&

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