Vues sotériologiques chez Nicolas Cabasilas (XIVe siècle)  - article ; n°1 ; vol.1, pg 5-57
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Vues sotériologiques chez Nicolas Cabasilas (XIVe siècle) - article ; n°1 ; vol.1, pg 5-57

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Description

Études byzantines - Année 1943 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 5-57
53 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1943
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Sévérien Salaville
Vues sotériologiques chez Nicolas Cabasilas (XIVe siècle)
In: Études byzantines, tome 1, 1943. pp. 5-57.
Citer ce document / Cite this document :
Salaville Sévérien. Vues sotériologiques chez Nicolas Cabasilas (XIVe siècle) . In: Études byzantines, tome 1, 1943. pp. 5-57.
doi : 10.3406/rebyz.1943.901
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0258-2880_1943_num_1_1_901Vues sotériologiques
chez Nicolas Cabasilas (XIVe siècle)
J'avais d'abord écrit : La théologie de la Rédemption chez
Cabasilas, pour céder à une sorte d'actualité, le nom de ce By
zantin ayant été mis en avant par W. Gass en 1849 et, et plus
récemment, par J. Rivière, parmi les théologiens grecs qui au
raient subi sur ce point l'influence de saint Anselme (1). Au fil
des pages, il a paru plus exact de parler simplement de vues
sotériologiques.
Aussi bien, l'on ne saurait avoir ici la prétention de modifier
substantiellement les conclusions de l'abbé Rivière. Mais peut-
être réussira-t-on à en nuancer sensiblement l'expression, en
appréciant la pensée de Cabasilas sur des textes reproduits in
extenso et en plus grand nombre, en y ajoutant aussi les attes
tations de VExpositio Hturgiae que Gass et Rivière ont laissées
de côté. On voudrait, par là même, mieux marquer la place exac
te de ce Byzantin dans l'histoire de la théologie et de la spiri
tualité. A cette fin, il faudra appliquer à l'étude de cet auteur
du XIVe siècle la méthode que le P. de Régnon déclarait indis
pensable pour la connaissance des anciens docteurs orientaux :
« A mon avis — écrivait-il — le seul moyen de connaître l'exac
te pensée d'un docteur grec est de le citer longuement, afin de
se familiariser avec elle. » (2)
On sait qu'une des gloires de saint Anselme est d'avoir sys
tématisé la théologie de la Rédemption autour du concept de
(1) W. Gass, Die Mystik des Nikolaus Cabasilas vom Leben in Christo, Greifs
wald, 1849, p. 76-80 de l'Introduction ; J. Rivière, Le dogme de la Rédemption. Etu
des critiques et doctunents, Louvain, 1931, p. 281-303 ; Le dogme de la Rédemption
au début du, moyen âge, Paris, 1934, p. 286 et 445.- Sur Nicolas Cabasilas, voir EO,
t. XXXV, 1936, p. 43-50; 129-167; 421-427.
(2) Th de Rêgnon, Etudes de théologie positive sur la Sainte Trinité, 3e série :
Théories grecques des Processions divines, Paris, 1898, p. 4. ETUDES BYZANTINES
satisfaction. Son ouvrage, Cur Deus homo, publié en 1098, fut
en toute vérité un de ces livres qui font époque : P.L., t. CL VIII,
col. 359-432. « Sous la forme d'un dialogue avec son disciple
Boson, Anselme y développe une thèse méthodique, en vue d'éta
blir au nom d'une dialectique péremptoire, rationibus neces-
sariis, et de caractère purement rationnel, remoto Christo quasi
numquam aliquid fuerit de Mo (préface), la stricte nécessité
de l'Incarnation et de la Passion. » (1)
En essayant, même de loin et sur de très modestes proport
ions, un parallèle entre la sotériologie du Grec Nicolas Caba-
silas et du Latin Anselme de Cantorbéry, il importe avant tout
de ne point perdre de vue ce propos initial de dialectique ration
nelle si franchement avoué par l'auteur du Cur Deus homo. De
ce chef, rien assurément de plus opposé à la mentalité du Byzant
in qui nous a laissé le De vita in Christo, les Homélies mariât
es et VExpositio liturgiae. Il ne saurait venir à la pensée de
celui-ci de raisonner sur la nécessité de l'Incarnation et de la
Rédemption en faisant abstraction du Christ, même par une
simple opération de l'esprit, « comme s'il n'avait jamais exis
té ». Si donc, d'aventure, nous constatons quelque ressemblance
dans l'argumentation de l'un et de l'autre, il nous faudra l'ap
précier en fonction de leur mentalité, respective. C 'est Animus
du côté du Cur Deus homo, et Anima du côté du De vita in
Christo, aurait peut-être dit Henri Bremond, appliquant à ce
cas comme à tant d'autres la transparente allégorie de Paul
Claudel. Ceci dit, essayons pourtant de confronter, ou tout au
moins de juxtaposer, nos deux théologiens.
Le système anselmien
La démonstration de saint Anselme « se déroule en deux l
ivres, dont le premier commence par écarter les conceptions
courantes de l'économie rédemptrice, notamment celle qu'il
(1) J. Rivière, art. Rédemption, dans le Diet, de tliéol, cath., t. XIII, 1937, col.
1942. - Même si l'on admet, avec le P. Jacquin (Les « rationes necessarian » de S.
Anselme, dans les Mélanges Mandonnet, t. II, Paris, 1930, p. 78) , que ces « raisons
nécessaires » ne désignent pas des démonstrations philosophiques au sens strict du
mot, il s'agit tout au moins d'une transposition rationnelle des vérités de foi; et cela
à. marquer une différence très tranchée avec les exposés de Cab-asilas. SOTERIOLOGIQUES CHEZ NICOLAS CABASILAS VUES
était habituel d'emprunter à la justice envers le démon (I, 7).
Une fois le terrain ainsi déblayé, l 'auteur définit le péché comme
une violation de l'honneur dû à Dieu et, en conséquence, la. sa
tisfaction comme un hommage propre à réparer cette offense
(T, 11). D'où il déduit qu'une satisfaction pour le péché s'impos
ait, au regard tant de Dieu que de l'homme (I, 12-19), mais
que celui-ci n'était pas en mesure de la fournir secundum men-
suram peccaM (I, 20-24). Ce qui ne laisse pas à l'humanité cou
pable d'autre alternative pour être sauvée que l'avènement du
Fils de Dieu (I, 25). Au second livre, Anselme remonte plus
haut, pour montrer que Dieu ne pouvait pas renoncer à son plan
sur le genre humain (II, 1-5) et que, dès lors, l'Incarnation était
nécessaire (II, 6-10). N'étant pas soumis à la mort, en l'accep
tant pour ne pas trahir sa mission, le Christ pourrait l'offrir
à Dieu en compensation de nos péchés (II, 11-13), qu'elle répa
rerait in infinitiim (II, 14-18). Ce faisant, il acquérait un mér
ite dont il a demandé et obtenu que le bénéfice fût reporté sur
nous (II, 19-20). Trois propositions, au total, marquent les éta
pes de cette dialectique. Etant donnée la création, Dieu se de
vait de pourvoir à la restauration de l'humanité déchue. A cette
fin, il devait exiger du pécheur une satisfaction complète pour
son péché. Or cette satisfaction due par l'homme était absolu
ment au-dessus de ses forces et ne pouvait être fournie que par
un Homme-Dieu. Ainsi, les conditions requises pour la rédempt
ion du genre humain postuleraient l'Incarnation, qui à son
tour, éclaire la nature et garantit la réalité de celle-là. » (1)
On saisit, par ce raccourci schématique, la forte armature l
ogique de l'argumentation anselmienne. Le même eminent crit
ique à qui nous avons emprunté cet exposé, et qui passe à juste
titre pour un des meilleurs théologiens actuels du dogme de la
Rédemption, déclare que « du point de vue catholique, le système
anselmien ne laisse pas d'être vulnérable dans plusieurs de ses
parties. Son déficit le plus saillant a toujours paru la nécess
ité qu 'il introduit à chaque moment de l 'économie rédemptrice,
et, malgré tous les essais périodiques d'interprétation bénigne,
on ne peut guère douter qu'Anselme ne l'ait entendue au sens
le plus rigoureux. Aujourd'hui surtout, beaucoup de théologiens
1) J. RiviÈBE, art. Rédemption, DTC, col. 1942-1043. ETUDES BYZANTINES
en regrettent la méthode trop exclusivement juridique, par suite
de laquelle Anselme réclame pour la satisfaction un acte stri
ctement surérogatoire, au risque certain d'isoler la mort du
Christ de l'ensemble de sa vie, ou ramène l'explication des mér
ites du Sauveur à une convention artificielle entre le Père et
le Fils au détriment de la notion paulinienne de solidarité. » (1)
Sans doute on peut conclure, avec J. Rivière : « Ces défauts
de détail, et qu'il est, au demeurant, facile d'amender, ne doi
vent pas empêcher de reconnaître la valeur unique d'une œu
vre puissante entre toutes, à laquelle, au surplus, la théologie
chr&#

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