Curés de campagne de l ancienne France. Les curés bénéficiaires et la gestion de leurs bénéfices (suite) - article ; n°38 ; vol.8, pg 21-37
18 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Curés de campagne de l'ancienne France. Les curés bénéficiaires et la gestion de leurs bénéfices (suite) - article ; n°38 ; vol.8, pg 21-37

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
18 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1922 - Volume 8 - Numéro 38 - Pages 21-37
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1922
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre de Vaissière
Curés de campagne de l'ancienne France. Les curés
bénéficiaires et la gestion de leurs bénéfices (suite)
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 8. N°38, 1922. pp. 21-37.
Citer ce document / Cite this document :
de Vaissière Pierre. Curés de campagne de l'ancienne France. Les curés bénéficiaires et la gestion de leurs bénéfices (suite).
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 8. N°38, 1922. pp. 21-37.
doi : 10.3406/rhef.1922.2219
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1922_num_8_38_2219CUBÉS W CAMPAGNE DE L'ANCIENNE FMHGf
LES CURÉS BÉNÉFICIAIRES
ET LA GESTION £E LÇURS BÉNÉFICES
EXPLOITATION DIRECTE PAR LES CURÉS
DE LEURS BÉNÉFICES ET DE LEURS DIMES1
§. 2. La levée de leurs dîmes far les curés de camfa-
gne. — Si le souci et rembarras de se procurer une main*
d'œuvre économique et les animaux nécessaires à leurs
petites exploitations ne sont guère simplifiés aux curés
par la bonne volonté de l'administration à leur égard,
la levée de leurs dîmes leur vaut de la part des paysans
de non moindres ennuis. J'ai parlé ailleurs des difficul
tés qui se posent au sujet de l'assiette et du taux de la
dîme, et de la pluralité des décimateurs ; les litiges que
soulève la perception directe des dîmes sont plus nom
breux encore.
« C'était surtout les curés décimateurs, dit très jus
tement un auteur, qui exerçaient ainsi leurs droits, et
une certaine catégorie de curés, les curés paysans, pos
sesseurs de petites dîmes ou de faibles portions de dî
mes qui s'attachaient avec soin à faire valoir leur tem
porel, menaient une vie rustique, élevaient quelques bes
tiaux, fréquentaient les foires et ne jugeaient pas dé
shonorant de manier eux-mêmes la bêche et la pioche.
L'intérêt de ces pasteurs était bien,- en effet, de perce
voir eux-mêmes leurs dîmes, à cause de l'exiguïté de cel
les-ci; ils n'auraient pu les affermer que pour un prix
dérisoire, si toutefois ils avaient trouvé un fermier dis
posé à prendre une ferme si minime 2. »
1. V. Rev. dhiat. de l'Eglise de France, an. 1921, t. VIT, p. 353.
2. Henri Marion, La dime ecclésiaiique en France, au xviii*
siècle, p. 82-83. .
i
,
REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 22
Mais cet avantage, ils le paient bien par des tracas
d'un autre genre.
, Par qui, où, à quelle époque et comment se perçoit la
dîme ? .
Par qui d'abord ? « Em droit le décimateur ne pou
vait se présenter lui-même pour lever sa dîme. Nous
lisons, en effet, dans le Nouveau Coutumier de France :
« Tous les décimateurs soit propriétaires, soit fermiers
<( sont tenus d'establir un chercheur de dixmes, qui fera
« le serment devant les eschevins ou au greffe du baili
e liage de s'acquitter comme il faut dans la dixme des
<< fruits, au moins lorsqu'il en sera requis par la par
tie *. » Le choix de ce chercheur de dîmes n'était pas
absolument libre pour le décimateur, mais lui était plus
ou moins imposé.. Le curé d'Hagécourt, dans la déclara
tion de ses revenus, en 1689, nous apprend que dans
chaque hameau de sa paroisse, les habitants nommaient
neuf hommes qu'ils présentaient au curé pour amasser
les gerbes de dîme; sur ces neuf hommes, le curé en dé
signait un pour chaque hameau ; celui qui était choisi
prêtait serment entre les mains du curé, en présence de
la communauté, et il devait piquer, amasser, partager,
charger, décharger, délier toutes les gerbes ; pour, ce
service, il prélevait la 24e gerbe à la grange. Il est ques
tion aussi de l'élection de dîmeurs dans les comptes d'un
certain Jean de Betlange, châtelain et receveur de Bou-
lay, en Lorraine. Quant à la prestation du serment, elle
était en usage dans le Midi comme dans l'Est. Ainsi
dans la paroisse de Cérat, en Quercy, on voit, en 1772,
prêter serment un rameleur, nommé par le décima-,
teur du lieu ? ». *# \
Très généralement, c'est le décimateur qui doit aller
chercher la dîme chez le décimable et non le décimable
qui doit l'apporter au décimateur.G'est ce qu'on exprime
en disant que la dîme est quérable, non portable, et cela
est vrai à fort peu d'exceptions près, car lorsque la
dîme est portable, un dédommagement pour le décima-
1. Nouveau coutumier général de France, t. I, p. 614.
2. Gagnai, La dime ecelésiatique en France, Paris, 1911, pi
Iâ7128i DE CAMPAGNE QE L'ANCIENNE FRANCE 23 CURÉS
ble est généralement prévu *. « Des paroissiens, écrit le
curé de Bujaleuf, en Limousin, refusent de me faire
conduire par leurs boeufs et charrettes la dîme que j'ai
dans leurs domaines, quoique de tout temps ils se soient
volontairement soumis à la faire conduire, attendu que
"je ne jouis pas de la paille. Ne puis- je exiger de perce
voir ma dîme dans le champ ? Je jouirais alors de la
paille et si je suis obligé d'avoir des charrettes pour al
ler chercher ma dîme, je préférerais les avoir dî-
mer dans le champ ; la paille me défrayerait de cette
dépense immense2. » ■
Mais si la dîme est quérable, où est-elle quérable ? .
Pour les grains, la plupart du temps sur les champs,
et exceptionnellement à la grange, ou sur l'aire .;
Pour le vin, au contraire, le plus souvent au pressoir
ou au cellier, et rarement à la vigne ;
Pour les dîmes de charnage, ordinairement à l'éta-
L'époque du paiement de la dîme répond à celle de la
récolte. Tous les propriétaires ou fermiers sont alors
tenus d'avertir les décimateurs de leurs paroisses res-
peetives du jour où ils comptent faire leur récolte. Cette
signification se fait sous forme de publication au prône
de l'église paroissiale, le dimanche précédent'. Elle peut
se faire aussi hors de l'église, à l'issue de la messe pa
roissiale et par l'officier de justice. Son but est de per
mettre aux décimateurs de se trouver au moment voulu
sur les champs. Ceux-ci ainsi prévenus, il est interdit
au propriétaire de rien enlever de sa terre, pas même sa
propre part de récolte, avant que les collecteurs de dî
mes y soient passés 3. .
Mais. un cas embarrassant se présente assez fréquem
ment. Le curé ne dispose point, en général, d'un grand
nombre de dimeurs. Si plusieurs propriétaires de vil
lages ou de hameaux de sa paroisse, souvent éloignés
1. H. Marion, ouvr. cité, p. 91.
2. Lettre du curé de Bujaleuf (Haute- Vienne), du 3 août 1782
(Arch, G8 625). nat., Correspondance des Agents généraux du Clergé,
3i Marion* ouvr. cité, p. 94i . . REVUE D'HISTOIRE DE ^'ÉGLISE DE FRANCE 24
les uns des autres, lui fixent le même jour pour la levée
de leurs dîmes, il y aura, quelquefois, impossibilité mat
érielle pour les dîmeurs de se trouver, ce même jour,
sur des points très différents de la paroisse. Que se
passera-t-il alors? Les décimables pourront-ils mettre
eux-mêmes à part la dîme due au curé, et pourront-ils,
enlever leur récolte, en laissant la dîme sur le terrain l
Le Nouveau coutumier de France répond au premier
point : « Si, dit-il, les fruits estans liés et mis en monc
eaux, le rechercheur de dîmes estoit en défaut de ve
nir les décimer, devant le soleil couche, ou dans les
vingt-quatre heures après qu'ils sont mis en monceaux,
le fermier au le propriétaire des dits fruits pourra lui-
même les décimer en présence de deux témoins, ou du
moins d'un homme d'honneur, n'estant pas de sa fa
mille, valets ou manouvriers *. »
Et quant au second point, il est admis que, lorsque les,
dîmeurs ne se présentent pas au jour fixé, on les ap
pelle ordinairement par trois sommations successives ;
et si, une heure après la dernière, ils n'apparaissent pas,
le décimable peut enlever sa propre récolte, en laissant
la dîme sur le terrain2.
Si précis que soient ainsi les règlements sur ce point,
beaucoup d'abus ne laissent pas; pourtant, que de se
produire en pareil cas. Ils sont fréquents surtou

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents