LEnfance décapitée « Naimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde, tu ferais mieux de te plonger dans létude de la Tour de garde.* »
Maman avait pointé vers moi un index accusateur, en procureur de la foi, elle mavait sorti avec cette netteté dévangéliste : « Ce sont des plaisirs païens, tu niras pas jouer au foot cet après-midi ».
Cétait le tournoi du collège. Le lendemain la classe entière mavait rendu responsable de la défaite de léquipe. javais évoqué une grave maladie de ma mère, personne ny avait cru. Jétais le meilleur butteur de la quatrième. Un copain qui habitait le même pâté de maisons, des vieil-les bicoques de lancienne plantation de café, que la compagnie immobilière avait retapées, ce Férol navait rien trouvé de mieux de déclaré aux camarades de la classe que jétais témoin de Jéhovah. Moi qui voulait cacher mon secret à la communauté, jétais parti pour être la risée gé-nérale : « Jéhovah têtes à claques ! ».
Lannée de ma quatrième, javais juré, quaprès ma majorité, pas un jour de plus, je quitterais chez moi, ma mère et tous ses charabias. La maison était toujours remplie de gens parlant de prêche, de paradis, de vie éternelle, et de choses assez dé-sagréables pour un enfant de mon âge. Privé de foot, Javais gardé en travers de la gorge les évangiles, la bible et ses interminables révélations.