L établissement du protestantisme en France. Des origines aux guerres de Religion - article ; n°74 ; vol.17, pg 27-81
56 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'établissement du protestantisme en France. Des origines aux guerres de Religion - article ; n°74 ; vol.17, pg 27-81

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
56 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1931 - Volume 17 - Numéro 74 - Pages 27-81
55 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1931
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Joseph Roserot de Melin
L'établissement du protestantisme en France. Des origines aux
guerres de Religion
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 17. N°74, 1931. pp. 27-81.
Citer ce document / Cite this document :
Roserot de Melin Joseph. L'établissement du protestantisme en France. Des origines aux guerres de Religion. In: Revue
d'histoire de l'Église de France. Tome 17. N°74, 1931. pp. 27-81.
doi : 10.3406/rhef.1931.2566
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1931_num_17_74_2566L'ÉTABLISSEMENT
DU PROTESTANTISME EN FRANCE
MS ORIGINES AUX GUERRES DE RELIGION
(Méthode pour traiter le sa jet au point de vue diocésain)
I. — Le sujet. — § 1er. Quelques aspects de l'histoire de Ta Réforme en
France — Qu'est-ce que la Réforme ? — Equivoque créée autour des
mots : Humanisme, Ecole de Meaux, Réforme. — Les débuts de la
Réforme en France : dates, méthodes et résultats. — La Contre-Ré
forme. — Dates, divisions et plan d'une histoire diocésaine des origi
nes de la Réforme. § 2. Difficultés que présente le sujet et disposi
tions d'esprit qu'il requiert. — Difficultés provenant de la nature du
sujet: confusion, surexcitation. — Difficultés provenant de la nature de
l'historien : il est intéressé à la solution du conflit, son éducation ne
le prédispose pas à comprendre équitablement les événements qu'il
doit raconter. — Dispositions nécessaires à l'impartialité : discipline
de la volonté, de l'intelligence et de la sensibilité.
I. -- LE SUJET
Est-il besoin d'affirmer l'intérêt que présente, pour l'his
toire ecclésiastique d'un diocèse de France, l'étude d'une
époque aussi essentiellement religieuse que le xvie siècle ?
Religieuse par l'importance, la diffusion, la complexité des
•questions dogmatiques et morales qu'elle a vu soulever ;
religieuse aussi par la violence du débat institué autour de
•convictions et de principes de vie jusqu'alors indiscutés ; par
l'émoi profond dont la conscience chrétienne a été remuée,
•et les craintes, et les douloureuses incertitudes, et les chutes
•ou les relèvements spirituels dont elle fut le témoin; rel
igieuse, enfin, par les périls que courut en notre pays l'exi
stence même de la royauté, si intimement liée à la conception
chrétienne traditionnelle : de toutes manières, cette période
appartient à l'histoire ecclésiastique de la France.
Religieuse, cette époque le fut à un double titre encore,
puisque, hélas ! elle vit une nouvelle religion se détacher de
l'ancienne et, d'un effort tenace, « dresser » — pour repren
dre l'expression habituelle aux Réformés à côté de l'Eglise
catholique, et contre elle, une Eglise qu'elle « prétendait »
plus directement apparentée à son Fondateur. REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE 28
Aux protestants comme aux catholiques, le xvi" siècle offre
donc un intérêt capital : celui d'une naissance pour les pre
miers, et, en une certaine façon, d'une « renaissance » pour
les seconds; car la Réformation n'a peut-être pas eu le mo
nopole de la réforme...
L'attention que, depuis une trentaine d'années, les his
toriens, tant laïques que d'Eglise, ont prêtée à cette période,
est la preuve indiscutable de son importance. Non que celle-
ci ait jamais été entièrement méconnue, ni que nos contem
porains la placent toujours sur son véritable plan. Aujourd
'hui, comme hier, le xvi° siècle, quelques érudits exceptés,
a surtout attiré les amateurs de polémique ou simplement
d'anecdotes. Or celles-ci ne sont qu'amusettes et piment de
l'histoire, et celle-là, jeu moins innocent, lui profite rarement.
Il est à souhaiter que, dans chacune de nos provinces, des
travailleurs étudient enfin ce phénomène religieux de la Ré
forme avec les seules préoccupations dignes de l'histoire.
C'est pour leur aider qu'on voudrait ici dire comment
se pose la question de la Réforme en France et, en raison des
difficultés que comporte ce sujet, quelles dispositions d'es
prit sont indispensables à qui veut l'aborder.
§ f*. _- QUELQUES ASPECTS
DE L'HISTOIRE DE LA RÉFORME EN FRANCE
: Qu'est-ce que la Réforme ?
Il devrait être superflu, semble-t-il, de définir la Réforme,
Pourtant ce souci s'impose désormais à qui entreprend de
retracer l'histoire religieuse du xvie siècle. Sans doute, une
définition exacte de ce mouvement fut toujours nécessaire
au point de départ de toute étude de ce genre, mais la défi
nition que nous avions accoutumé de tenir pour vraie aurait,
sinon cessé de l'être, du moins cessé de recueillir l'unanimité
des suffrages. L'un des plus en vue et des mieux informés
parmi les historiens de la Réforme, M. Henri Hauser, écrit :
« Je ne crois pas nécessaire de donner une définition du mot
Réforme. Tout au plus sera-t-il bon de rappeler aux lecteurs
qu'il ne s'agit ici que de la Réforme française... Bien anté
rieur, non seulement à la date où le nom de Calvin com
mence à être vraiment célèbre en France, mais même à la
publication de son Institution, ce mouvement réformé est
déjà, en 1536, vieux de près d'un quart de siècle, et ses ori- L'ÉTABLISSEMENT DU PROTESTANTISME EN FRANCE 29
gines se confondent presque avec celles de la Renaissance
française1. » Et plus loin : « II importe d'abord de ne pas être
dupes des mots. Nous sommes tellement accoutumés à nous
servir des termes d'humanisme, de réforme, de moyen âge,
que chacune des forces qu'ils représentent finit par nous ap
paraître comme un être distinct et vivant, comme un cham
pion qui descend, armé de pied en cap, dans l'arène. Il faut
repousser cette fantasmagorie décevante. Ni l'humanisme ni
la Réforme ne sont constitués en France vers 1530... En ce
sens [que les humanistes sont pénétrés des idées qu'on ap
pelait déjà évangéliques], tous les humanistes français sont
alors protestants; en un autre sens, on peut aller jusqu'à dire
qu'il n'y a pas alors de protestants français, car la Réforme
française n'a pas encore pris la couleur d'une protestation. »
Enfin : « On est trop disposé à juger la Réforme française
d'après Genève et d'après Calvin. » Calvin n'a pas respecté
le véritable principe de la Réforme française, celui qui se
développait harmonieusement avec « l'hérésie française » de
Meaux; car « de quel droit [est-il venu] imposer à la liberté
chrétienne le joug d'une confession de foi ? Prodigieux, mais
misérable effort qui consiste à renverser une Eglise, à boule
verser un monde et à déchirer des âmes, non pour affranchir
les consciences* mais pour changer d'orthodoxie ! ... A ceux
qui prêchaient la liberté illimitée de la pensée et de l'action,
il a répondu audacieusement en rendant le dogme plus im
placable et la morale plus sévère », et il a réussi « dans
cette œuvre impossible, d' « opposer à l'Eglise catholique
une Eglise plus catholique. » Et M. Hauser de conclure :
« La main puissante de Calvin a retardé pour près d'un siècle
l'évolution du protestantisme2. »
Pour nouvelles8 et même étranges que nous paraissent ces
idées, elles n'en trouvent pas moins des partisans dans les
rangs des protestants français et, ne fût-ce qu'en raison de la
notoriété de celui à qui j'en emprunte l'expression, comme
aussi à cause de l'estime que mérite son talent, elles récla-
• 1. Henri Hauser, Etudes sur la Réforme française (Paris, Picard, 1909),
p. 4.
2. Hauser, Etudes sur la Réforme française, pp. 12, 13, 27, 63 et 64.
Je n'ai pas suivi rigoureusement l'ordre des phrases de M. Hauser dans
les deux dernières citations, mais je ne crois pas que le déplacement
opéré en modifie aucunement le sens.
3. Nouvelles, par rapport à la notion traditionnelle généralement ad
mise ; non tout-à-fait comme date : c'

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents