L universalité du christianisme en confrontation - article ; n°1 ; vol.27, pg 42-57
17 pages
Français

L'universalité du christianisme en confrontation - article ; n°1 ; vol.27, pg 42-57

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
17 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Autres Temps. Les cahiers du christianisme social - Année 1990 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 42-57
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Samuel K. Ada
L'universalité du christianisme en confrontation
In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. N°27, 1990. pp. 42-57.
Citer ce document / Cite this document :
Ada Samuel K. L'universalité du christianisme en confrontation. In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. N°27,
1990. pp. 42-57.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_1990_num_27_1_1400L'UNIVERSALITE
DU CHRISTIANISME
EN CONFRONTATION
culture africaine et christianisme
Samuel K. Ada
La constante affirmation de l'universalité de l'Eglise n'est pas seul
ement comprise comme sa vocation — appelée à ... — mais comme une
réalité de foi et de vie chrétiennes. Mais cette réalité nous présente aussi
dans l'histoire et dans les temps présents des manifestations de confrontat
ions. Comment comprendre ces confrontations à l'intérieur de l'univer
salité ? Et dans ce « gentlemen's agreement » le christianisme africain
trouve-t-il une place naturelle et normale ou crée-t-il un désordre inadmiss
ible ?
RAISONS ET LIEUX DE CONFRONTATIONS
À L'INTÉRIEUR DU CHRISTIANISME
Ce qui nous intéresse particulièrement ici, ce ne sont pas les conflits du
christianisme avec les institutions de la société ou des sociétés environnant
es, mais les différences qui surgissent et se vivent à l'intérieur du christi
anisme lui-même.
1. La première source de confrontations à l'intérieur du christianisme
vient du fait que le christianisme se constitue à partir d'une rencontre,
celle qui a lieu entre l'Evangile et la société. J'entends par Evangile,
non seulement ce qui est rapporté dans le Nouveau Testament mais,
dans sa totalité, la Bonne Nouvelle de l'amour de Dieu pour l'human
ité, telle qu'elle commence par le récit de la Création et se termine
avec le livre de l'Apocalypse. Deux entités différentes qui se rencont
rent et cheminent ensemble, même sous une seule et unique dénominat
ion, portent inévitablement dans leur union le germe de la confrontat
ion; heureusement, devons-nous ajouter immédiatement, car c'est
Samuel Ada est secrétaire général de la CEVAA (Communauté Evangélique d'Action
Apostolique).
42 cela qui entretient le dynamisme et la croissance de l'union, à condi
tion qu'elle en soit une véritable, où les règles du jeu sont respectées.
2. Nous pouvons faire une analyse plus serrée de cette union entre
l'Evangile et la société en constatant qu'il existe un double aspect de
cette rencontre : d'une part celle qui se réalise avec des sociétés diffé
rentes, et d'autre part celle qui se renouvelle au sein de la même société
en perpétuelle évolution ou mutation. A titre d'exemple et pour expli
citer ce dernier cas, prenons le protestantisme occidental de ces der
niers siècles. Dans cette rencontre entre l'Evangile et la société occi
dentale, nous avons successivement :
— au 18e siècle, la naissance du christianisme libéral sous l'influence
du rationalisme de la philosophie des Lumières;
— au 19e siècle, l'apparition du piétisme, avec la domination dans la
société du romantisme, lequel est un adversaire déclaré du
rationalisme triomphaliste;
— au 20e siècle enfin, l'émergence d'un christianisme qui, en réponse
aux interpellations des différents courants de pensées des temps
modernes, se définit comme un de l'engagement
d'une personne libre et majeure.
Nous notons toutefois que l'apparition d'un type de christianisme
ne met pas fin aux précédents qui continuent avec plus ou moins de
succès à lutter pour leur perpétuation au sein de la masse chrétienne.
Ainsi actuellement, coexistent dans le monde protestant occidental les
trois formes de christianisme (en simplifiant les choses); chacune
d'entre elles, soit possède explicitement ses écoles et ses communautés,
soit d'une façon anonyme, crée parmi les chrétiens des courants de
pensées, d'attitudes et de comportements dont les sujets ignorent les
sources réelles.
3. Le monde africain est naturellement confronté au même problème à
partir du moment où l'Evangile lui est annoncé. La société est appelée
à recevoir cet Evangile dans le cadre de sa civilisation, de ses structures
sociales et de ses courants de pensée. Cette rencontre se révéla plus
complexe encore par le fait que, d'une part, là où les sociétés africai
nes étaient elles-mêmes en difficiles confrontations avec des sociétés
culturellement différentes et, d'autre part, l'Evangile annoncé était
déjà inclus dans un christianisme particulier de ces sociétés étrangères.
En termes plus clairs, le naissant se trouvait avoir à vivre
deux confrontations étroitement mêlées :
43 — due à la rencontre entre l'Evangile et la société l'une, interne,
d'accueil;
— l'autre, externe, provenant de la présence d'un christianisme
d'importation.
Outre les difficultés d'enracinement de l'Evangile dans les sociétés
africaines — ce qui en soi n'a rien de particulier ou d'extraordinaire —
le message évangélique avait aussi à tenir compte du fait que toutes les
activités de ces sociétés étaient déjà soumises à la religion. Dès lors, un
christianisme occidental qui distinguait, voire même séparait les activi
tés sociales de l'adoration, pouvait-il réellement faire admettre ce
système de pensée et de foi à ceux qui unissaient les deux réalités —
sociales et spirituelles — dans leur vie ? Le problème se pose encore
aujourd'hui et d'une façon plus cruciale, le christianisme étant consi
déré comme une religion purement spirituelle et les problèmes matér
iels et sociaux étant confiés à d'autres adorations. Un des éléments de
confrontation que nous rencontrons est donc : comment séparer la vie
matérielle et sociale des adorations anciennes et modernes pour la
relier à Christ ? La question est beaucoup plus difficile au niveau de la
culture et de la religion où la confusion entre les deux réalités est plus
fréquente. Pour certains, le retour à nos cultures signifie le retour à nos
religions traditionnelles africaines. Cette attitude est compréhensible
s'il est vrai qu'une adoration ne peut se passer d'expressions culturell
es. La question peut se poser aussi en ces termes : est-ce possible de
séparer une religion de son expression culturelle ? Si un élément cultur
el exprime une relation avec le sacré, celui-ci « informe » (donne
forme) ou modèle cette expression culturelle. Le problème revient à
savoir quel est dans un élément culturel la part de la culture propre
ment dite et la part de la religion. La solution de cette question n'est
pas facile à trouver, mais le fait qu'elle ait pu être résolue dans
l'Ancien et le Nouveau Testaments, où elle est présente, nous indique
qu'elle fait partie de notre tâche théologique.
Dans notre vie de foi, nous n'avons donc pas l'intention de confront
er nos religions africaines au christianisme, mais plutôt de provoquer
une rencontre authentique entre l'Evangile et la culture. De même,
dans cette recherche sur « l'universalisme du christianisme en confront
ation », notre préoccupation est de savoir comment notre christi
anisme africain, fait de synthèse entre la culture et l'Evangile, rencontre
les autres types de christianisme ayant nécessairement opéré la même
démarche théologique.
4. Mais ici une question se pose immédiatement : à quel type de christi
anisme celui d'Afrique se trouve-t-il confronté ? Si nous nous limitons
au monde occidental protestant — pour simplifier l'analyse — nous
venons de voir que trois types de christianisme protestant coexistent
44 actuellement : le libéralisme, le piétisme et ceux nés au cours de ce siè
cle et que je désigne sous le terme global d'engagement (à défaut d'une
appellation commune officialisée).
Historiquement, le christianisme africain était confronté au piétisme
par le canal duquel l'Evangile était parvenu au monde africain. Nous
faisons ici abstraction de 1' evangelisation de l'Afrique au cours des
premiers siècles de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents