Le mythe du « Trickster » - article ; n°1 ; vol.175, pg 17-46
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1969 - Volume 175 - Numéro 1 - Pages 17-46
I ) Analyse du phénomène rituel de la violation magique des interdits et de la situation dans laquelle le violateur vient à se trouver. — II) Examen rapide de trois figures de héros tricksters dans trois continents. Les traits qui les caractérisent sont ceux caractérisant le violateur. — III) Le trickster apparaissant comme la projection, sur le plan du mythe, du violateur rituel d'interdits, les contradictions formant la texture du personnage sont expliquées à la lumière des contradictions et de l'ambivalence inhérentes à la violation.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Laura Makarius
Le mythe du « Trickster »
In: Revue de l'histoire des religions, tome 175 n°1, 1969. pp. 17-46.
Résumé
I ) Analyse du phénomène rituel de la violation magique des interdits et de la situation dans laquelle le violateur vient à se
trouver. — II) Examen rapide de trois figures de héros "tricksters" dans trois continents. Les traits qui les caractérisent sont ceux
caractérisant le violateur. — III) Le "trickster" apparaissant comme la projection, sur le plan du mythe, du violateur rituel
d'interdits, les contradictions formant la texture du personnage sont expliquées à la lumière des contradictions et de
l'ambivalence inhérentes à la violation.
Citer ce document / Cite this document :
Makarius Laura. Le mythe du « Trickster ». In: Revue de l'histoire des religions, tome 175 n°1, 1969. pp. 17-46.
doi : 10.3406/rhr.1969.9394
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1969_num_175_1_9394Le mythe du « Trickster »
I ) Analyse du phénomène rituel de la violation magique des
interdits et de la situation dans laquelle le violateur vient à se
trouver. — II) Examen rapide de trois figures de héros tricksters
dans trois continents. Les traits qui les caractérisent sont ceux
caractérisant le violateur. — Ш) Le trickster apparaissant
comme la projection, sur le plan du mythe, du violateur rituel
d'interdits, les contradictions formant la texture du personnage
sont expliquées à la lumière des contradictions et de Vambi-
valence inhérentes à la violation.
De récents travaux d'ethnographie africaine1 ont versé
de nouveaux documents au dossier de la recherche sur le
problème du héros mythique qui va sous le nom de trickster2.
Ce qu'on avait cru d'abord n'être qu'amérindien,
et qui successivement s'était élargi, avec les travaux de
Luomala3 et de Lloyd Warner4, jusqu'à la sphère océanienne,
intéresse maintenant tout autant l'horizon africain. Cepen
dant, alors que l'ethnographie accumule les matériaux, on
ne voit point l'ethnologie progresser sur la voie de leur
1} On peut citer entre autres Evans-Pritchard, 1967 ; Marshall, 1962 ;
Wescutt, 1062; Wescott et Morton-Williams, 1962 (après Herskovits,
1933 et 1958, et Tegnaeus, 195m.
2; Trickster signifie « joueur de tours », mais avec une nuance de malice que
l'expression française ne rend pas. Un des premiers auteurs à s'être penché sur le
problème a écrit, au sujet de Napi, trickster des Indiens Blackfoot : « Dans les
contes sérieux, où il s'agit de la création, on parle de lui respectueusement et on
ne trouve aucune allusion aux qualités malicieuses qui le caractérisent dans
d'autres histoires, dans lesquelles il est puissant, mais parfois impotent ; plein de
sagesse, mais parfois si dépourvu d'esprit qu'il doit demander secours aux animaux.
Des fois, il se montre plein de sympathie pour les humains, alors que d'autres fois,
par pure méchanceté, il leur joue des tours pendables, vraiment diaboliques. Il
représente une combinaison de force, de faiblesse, de sagesse, de puérilité et fie
malice iGrinnell, 257 ; v. aussi Brinton, 1868, 161-2!.
3 19-19. Étude, de Maui, trirksle.r de la Polynésie et de la Nouvelle-Zélande.
t 19.r)š. Warner a étudié Bamapama, le Irirkslpr de l'Arnhem Land, Australie. .
.
;


REVUE DE L'HISTOIRE ; DES RELIGIONS 18
compréhension.. On pourrait même affirmer que certains-
efforts d'interprétation — comme ceux des psychologues Jung
et Kerényi' s'unissant à l'ethnologue * Radin ?.. pour, tenter de
déchiffrer l'énigme du; trickster des: Indiens Winnebago1 —
ont épaissi plutôt que dissipé l'obscurité du sujet.
Ethnologues, psychologues, mythologues, historiens- des
religions , se • penchant sur le trickster se trouvent en présence
d'un amas de contradictions. Le héros mythique transforme
laj nature et parfois, faisant -figure de* Démiurge,*, apparaît
comme; le Créateur, mais est en même temps um pitre, un
bouffon à - ne pas : prendre au sérieux. Il arrête la course du ^
soleil, . pourfend les monstres et défie les dieux,. et en même
temps est le protagoniste d'aventures obscènes dont ; il sort
humilié et avili. Ildonne aux hommes les arts, les outils et les
biens civilisateurs,- et en même temps: joue des tours pen
dables ■ dont ils • font les frais. - II : dispense les médecines qui
guérissent et qui sauvent et introduit la mort dans le monde.
Admiré, aimé, vénéré pour ses mérites et pour ses vertus, il
est représenté comme voleur, trompeur, parricide, incestueux,
cannibale. Le farceur malicieux est trompé par le * premier
venu, l'inventeur d'ingénieux stratagèmes est présenté comme
un idiot; le maître du pouvoir magique est parfois impuissant
à se tirer d'embarras. On dirait que chaque qualité ou chaque
défaut qui, lui; est attribué fait automatiquement, appel à
son: opposé; Le Bienfaiteur est aussi le Malin, le malintent
ionné. Enfin, sous ses aspects les plus prestigieux, comme sous
les plus méprisables, les plus grossiers et les plus vicieux, le
trickster est représenté comme un» être «■ sacré- », qualité
qu'aucun ridicule ou aucune - abomination ne paraît parvenir
à effacer.
Si l'on se borne à examiner ce complexe mythique en lui-
même, sans référence à des réalités qui lui sont extérieures,
on ne peut que choisir entre deux voies : s'efforcer d'expliquer
la coexistence Mie traits contradictoires en* un même person-
1) Le fripon divin, .1958. MYTHE DU « TRICKSTER » l'J LE
nage, ou le considérer comme le résultat de l'imbrication de
deux personnages différents. Ceux qui ont pris la première
voie se sont exténués en considérations psychologiques sans
parvenir à des résultats acceptables. La seconde voie part d'un
présupposé arbitraire et aboutit à désintégrer le personnage
mythique, sans pour cela rendre compte Ле^ deux figures
résultant de son démembrement, ni de leur présumée imbri
cation. Nous suivrons quant à nous une troisième voie. Nous
rechercherons quelle peut être, dans la vie sociale des peuples
qui possèdent ces mythes, la réalité d'expérience dont ils
seraient l'émanation1. Cette réalité ne peut être que fortement
contradictoire. Or, il est un phénomène très riche en contra
dictions et qui se place au centre de l'activité magique et rituelle
des sociétés tribales. C'est la violation des inlerdits.
L'observation ethnographique montre que les tabous,
qui en général sont l'objet du respect le plus strict, sont par
fois délibérément violés par des individus qui escomptent
obtenir par leur transgression des résultats favorables. La
croyance qui fonde ces comportements n'a pas jusqu'ici été
expliquée, et l'explication ne peut être recherchée que dans
l'étude des tabous qui sont ainsi transgressés.
Les tabous sont autant de mesures tendant à protéger
individus et collectivité contre des dangers le plus souvent
imaginaires et qui se présentent sous des formes diverses, mais
que nous considérons pouvoir être ramenés à une source
commune, le danger de sang. Quand il n'est pas investi d'une
signification spécifique, qui en écarte le danger2, le sang
1) Brelich observe que « pour créer, conserver, remodeler une figure mythique,
comme celle du Iricksler, une société doit, avoir eu ses raisons, ses nécessités, ses
fins ». « II est difficile de. voir quelle pourrait être la raison de créer et de conserver...
une lîsrure comme celle qui émerere de la reconstruction de Radin... qui... ne serait
pas aussi à l'origine d'importantes réalités » (l.'$4-l.'JT>).
2) Bien sûr, le sans* n'est pas toujours considéré comme maléfique, son usatre
n'inspire pas toujours la crainte et ne se heurte pas inévitablement à des interdits.
Il est employé, par exemple pour établir des pactes de fraternité ; ou encore le sanir
de certaines personnes est inséré afin «le se pénétrer de leurs qualités. Les Austral
iens emploient même le sanir pour faire adhérer à leur corps le duvet des déguise
ments rituels. La forme la plu

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