Le Synaxaire (présentation)
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Hiéromoine Macaire de Simonos Pétra Mont Athos LE SYNAXAIRE ; Vies des Saints de l’Eglise Orthodoxe PRÉSENTATION
LE SYNAXAIRE Qu’est-ce que le Synaxaire ? Le Synaxaire est, dans l’Église Orthodoxe, le recueil classique des Vies des saints abrégées, destiné à être lu au cours des assemblées liturgiques ou pour nourrir la prière personnelle des fidèles. De même que l’Église, en marche vers son accomplissement dans le Royaume des cieux, ne cesse de croître par l’addition des saints de chaque génération, de même le Synaxaire est un livre qui ne cesse d’être écrit par le sang des martyrs, les larmes des ascètes et les actions d’éclat des amants de Dieu, en tout lieu où a retenti la parole de l’Évangile. En préparant l’édition en grec moderne du Synaxaire de Constantinople, saint Nicodème l’Hagiorite († 1809), avait ajouté les mémoires d’un certain nombre de saints, notamment les néomartyrs. Dans le même esprit, cette édition française, prenant pour base l’œuvre de saint Nicodème en la complétant par le recours aux sources et aux études historiques, inclut les saints vénérés dans les différentes Églises orthodoxes locales (Russie, Roumanie, Géorgie, Serbie, Bulgarie, etc.), y compris les saints dont le culte a été reconnu depuis l’effondrement des régimes communistes. On y trouvera aussi un choix de saints occidentaux de l’Église indivise, en sorte que le Synaxaire est à ce jour la collection hagiographique de l’Église Orthodoxe la plus complète.

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Publié le 03 janvier 2013
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Langue Français
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Extrait

Hiéromoine Macaire de Simonos Pétra Mont Athos
L E SY N A X A I R E
Vies des Saints de l’Eglise Orthodoxe
PRÉSENTATION
Qu’est-ce que le Synaxaire ? eSynaxaireest, dans l’Église Orthodoxe, le recueil classique LdesViesdes saints abrégées, destiné à être lu au cours des assemblées liturgiques ou pour nourrir la prière personnelle des fidèles. De même que l’Église, en marche vers son accomplisse-ment dans le Royaume des cieux, ne cesse de croître par l’addition des saints de chaque génération, de même leSynaxaireest un livre qui ne cesse d’être écrit par le sang des martyrs, les larmes des ascètes et les actions d’éclat des amants de Dieu, en tout lieu où a retenti la parole de l’Évangile. En préparant l’édition en grec moderne duSynaxaire de Constantinople, saint Nicodème l’ (1809), avait ajouté les mémoires certain nombre de saints, nota ment les néomartyrs. Dans le mêm esprit, cette édition française, pre-nant pour base l’œuvre de saint Nicodème en la complétant par le recours aux sources et aux étu-des historiques, inclut les saints vénérés dans les différentes Églises orthodoxes locales (Russie, Rouma-nie, Géorgie, Serbie, Bulgarie, etc. y compris les saints dont le culte a reconnu depuis l’effondrement des r communistes. On y trouvera aussi un choix de saints occidentaux de l’Église indivise, en sorte que leSynaxaireest à ce jour la collec-tion hagiographique de l’Église Orthodoxe la plus complète.
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2. Pourquoi lire lesVies des saintsaujourd’hui ?
Les Vies des saints,qui pendant des siècles ont constitué, après l’Écriture sainte, la lecture favorite d’innombrables chrétiens, se trouvent souvent réduites aujourd’hui, en Occident du moins, au rang d’une littérature marginale et désuète. Cette situation de l’hagiographie chrétienne est en partie due e au style moralisant qu’elle avait prise, surtout auXIXs., et qui aujourd’hui ne « passe » plus guère, mais elle est aussi le résultat de la vaste entreprise de « déconstruction » ou « démythologisa-tion », dont elle a été victime depuis un peu plus d’un siècle. Prenant modèle de la critique biblique, on s’est en effet effor-cé d’expurger tous les éléments considérés comme légendaires ou « merveilleux » dans lesVies des saints, pour y chercher le noyau « historique », sans prendre en considération que cette dimension n’était peut-être pas superflue et que l’hagiographie empruntait une perspective et un langage différents des biographies histori-ques, lesquelles n’ont rien perdu de leur faveur auprès du public. À force d’expurger les éléments considérés comme adventices ou « rédactionnels », on s’est aperçu qu’il ne restait plus rien de ce qu’on estimait digne d’intérêt, et c’est pratiquement toute la litté-rature hagiographique qui s’est vue rejetée au rang des vieilleries. Mais, depuis quelques années, de même qu’il en advient pour certains savants biblistes, qui abandonnent la perspective histori-ciste pour lire les écrits bibliques dans leur contexte, la littérature hagiographique connaît un regain d’intérêt de la part des histo-riens de l’Antiquité tardive et du Moyen Âge, principalement à la suite des études de Peter BROWNsur le rôle de « l’homme saint » —, comme médiateur et modérateur des tensions sociales dans ces sociétés traditionnelles. De manière paradoxale, alors que se multiplient les études qui prennent en compte la spécificité du « discours hagiographique » comme témoin d’un fait de culture,
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LE SYNAXAIRE
les préjugés et le mépris ironisant sur l’hagiographie restent tena-ces dans de nombreux milieux religieux. Cette évolution récente dans l’appréciation du discours hagio-graphique n’a cependant pas été la raison de cette édition du Synaxaire, laquelle représente plutôt l’aboutissement d’un chemi-nement personnel qui a conduit l’auteur d’une quête existentielle à l’entrée dans la plénitude de la tradition spirituelle orthodoxe au Mont Athos. Dans les monastères de la Sainte Montagne, les moines vivent davantage dans le monde céleste que sur cette terre. Tout en accomplissant leurs besognes et répondant aux exigences de leur condition, ils vivent au rythme des fêtes, des jeûnes, en ayant les saints pour compagnons. À tel point que la « mémoire » des saints, commémorés chaque jour, devient vraiment une actualisa-tion de leur présence. Au lieu de e Monastère de Simonos Pétra, Athos (xivs.). se perdre en de vains bavardages sur les questions d’actualité, leurs conversations tournent sur les vrais événements du jour. Tel saint a souffert aujourd’hui tels tourments, mais tel autre, commémoré un autre jour, a montré encore plus de hardiesse et de familiarité avec Dieu. Telle est l’atmosphère dans laquelle baignent les moines dans un monastère ou les fidèles dans les pays orthodoxes. Cette fami-liarité avec les saints et avec le monde céleste est la réf lexion naturelle du mode d’existence transfiguré par la grâce, qui nous est ouvert par la communion avec tous les saints dans l’Église, qui est le Corps du Christ et aussi une « communion, une société, de déification », selon l’expression de saint Grégoire Palamas.
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Un monastère est une assemblée liturgique, une « synaxe », permanente de l’Église, anticipation du Royaume céleste. Le Ciel devient présent sur la terre, mais cette assemblée est aussi une échelle qui permet l’ascension des hommes vers le mode de vie céleste.
La vie d’un monastère est une danse perpétuelle, dans laquelle se mêlent, sans division et sans confusion, l’humain et le divin. C’est une impression qu’on peut ressentir particulièrement durant les vigiles nocturnes (agrypnies), au cours desquelles on fait tour-ner, à des moments déterminés, les lustres, où sont représentés les icônes de diverses catégories de saints. Le ciel et la terre dansent ainsi en chœur au rythme des chants et de l’encensoir, et les âmes des moines exaltent, transportées dans un élan de joie vers le chœur des saints. Quoi donc de plus naturel que de désirer connaître davantage cette famille divino-humaine dans laquelle nous avons été adoptés, en d’entrer en communion plus intime avec nos frères, les saints, en lisant leurVie?
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LE SYNAXAIRE
 LesVies des saints: une encyclopédie orthodoxe. Au moyen de la transmission écrite et orale des actes et mira-cles des saints, c’est en fait toute la tradition et la culture ortho-doxes qui se répandent de manière vivante et populaire. Par les Vies des saints, les fidèles orthodoxes ont toujours appris quels sont les dogmes, comment se conduire en disciples du Christ en toute circonstance, comment défendre et proclamer la Foi, comment faire régner l’esprit du Christ dans toutes les situations : dans nos pensées, dans notre famille, dans notre vie professionnelle, dans notre comportement moral ; comment lire, comment prier, com-ment chanter, comment regarder la nature, comment utiliser la technique pour la gloire de Dieu et non pour le service du Prince de ce monde. Les Vies des saintsdans la tradition de l’Église, ne sont donc pas seulement un guide spirituel indispensable, 1 elles constituent aussi une véritable « encyclopédie orthodoxe » . Elles nous transmettent toutes les connaissances utiles au chré-tien : théologie, philosophie, morale, psychologie, histoire civile, histoire et géographie ecclésiastiques, apologétique, exégèse de l’Écriture sainte, etc., et cela, non d’une manière sèche et acadé-mique, mais de manière simple et concrète, telle que ces vertus et ces connaissances se reflètent dans la vie de personnes qui les ont réellement vécues et expérimentées. En fait, lesVies des saintss’identifient avec la tradition de l’Église : elles sont la Tradition elle-même.
LesVies des saints: icônes narratives Toutefois, uneViede saint n’est ni une notice d’un diction-naire biographique, ni un chapitre d’un manuel d’histoire de l’Église, c’est uneicône verbaledu saint, qui doit certes rapporter
1. S. Justin (Popovitch) de Tchélié, « Avec tous les saints » (prologue de sonSy-naxaire) dansL’homme et le Dieu-Homme, trad. J-L. Palierne, Lausanne 1989, p. 100.
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fidèlement son histoire réelle, tout en laissant transparaître la dimension cachée de l’œuvre opérée en lui par la grâce de Dieu. En effet, lorsqu’un fidèle orthodoxe approche une icône, ce n’est pas pour en examiner de manière analytique sa confor-mité physique avec le saint représenté, comme il le ferait «De même que les peintres, devant un portrait ou une quand ils peignent une image photographie, mais pour lad’après une autre image, jettent vénérer et entrer ainsi en com-fréquemment les yeux sur le modèle et s’efforcent d’en faire munion avec le saint, dans sa passer les traits dans leur propre relation avec Dieu, comme ouvrage ; de même l’homme qui participant déjà de la gloire s’applique à se rendre parfait du Royaume, laquelle est sug-dans toutes les parties de la gérée par le nimbe autour de vertu doit jeter les yeux sur la sa tête, par le fond d’or, et par vie des saints comme sur des tout un ensemble de procédés statues qui se meuvent et qui techniques qui constituent laagissent, et par l’imitation faire spécificité de l’art de l’icône.sien le bien qui était le leur. » De même, la lecture des Saint Basile le Grand,Lettre II, 3 Vies des saintsse fait-elle « enà saint Grégoire le Théologien Église » – même quand on les lit à la maison –, avec les yeux de la foi, et non avec les critères de la science profane. Cela n’implique pas crédulité naïve, mais sensibilité spirituelle au mystère du Christ en nous. Par l’entremise de procédés analogues dans le domaine nar-ratif à ceux de l’art de l’icône, elle nous permet d’entrer en com-munion avec la grâce de Dieu qui a permis au saint de dépasser les limites de la vie mortelle, pour témoigner du monde à venir. Le but des hagiographes n’était donc pas de rendre compte de manière purement historique des activités du saint, mais plutôt de suggérer sa « forme », sa personne transfigurée par la participa-tion à la grâce incréée du Saint-Esprit.
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Une ascèse de l’imaginaire
Il faut à cet égard constater l’admirable équilibre de la tradi-tion orthodoxe : alors que dans le domaine de laprière intérieure, elle rejette toute forme d’imagination – car celle-ci est devenue pour notre nature déchue une source de division –, elle a assumé cette puissance de représentation mentale pour la transfigurer et en faire une authentique voie d’accès à la communion avec Dieu en ses saints. Ce que certains désignent avec mépris comme « légende hagiographique » représente en fait l’histoire vraie d’un homme dans sa relation avec Dieu, telle qu’elle a été transmise dans la tradition de l’Église, par les moyens et dans le langage qui lui sont propres. Les tours rhétoriques prenant la place des cou-leurs et des conventions techniques qui sont le propre de l’icône byzantine. En occupant son esprit par les représentations mentales des exploits des saints, le fidèle peut se détourner de l’attachement aux objets et distractions de ce monde. Il purifie ses pensées et rend son esprit apte à l’exercice du « souvenir de Dieu » et à l’invo-cation continuelle de son Nom. Hagiographie et hésychasme sont donc complémentaires, comme le confirme l’expérience des Pères contemporains, tel le Père Éphrem de Katounakia ou le Père Païssios ou saint Justin de Tchélié, qui connaissaient admirablement lesVies des saints, étaient fréquemment emportés au sein de la cour céleste, surtout lorsqu’ils célébraient la Divine Liturgie, et vivaient littéralementles saints.avec tous
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LE SYNAXAIRE
Comment lire leSynaxaire?
L’expérience de dix siècles de prière ininterrompue sur la Sainte Montagne est là pour nous assurer que c’est par l’interces-sion, par la présence des saints dans notre vie, que l’on peut par-venir à la prière sans distraction et à la contemplation de Dieu. Puisque, d’après le prophète Daniel, les saintsse sont emparés du royaume(Dn 7, 22) – ou plus exactement l’accès au Royaume leur a été ouvert par le Christ –, ils sont chargés de nous le léguer. Ce sont les saints qui nous révèlent Dieu, lequel s’est révélé à eux et demeure de manière permanente en eux par sa grâce. Les saints, enseignait le Père Aimilianos, « sont notre avenir ». C’est pourquoi lorsque le moine, ou tout fidèle qui désire goûter au miel du rocher, referme la porte de sa cellule, il enfer-me avec lui, loin des troubles de ce monde, toute l’assemblée des premiers-nés, qui deviennent ses compagnons dans le silence et ses consolateurs dans les épreuves. Plus il sera retiré et coupé du monde, plus il les sentira proches. Le soir venu ou au petit matin, après av lu le résumé de la vie des saints commémoré ce jour-là dans leSynaxaire, après avoir vénéré leur icône, acquérant ainsi une relation per-sonnelle avec ces amis de Dieu présents invi-siblement à ses côtés, l’esprit rempli aussi des images et des leçons de l’Écriture sainte et des écrits des Pères théophores, il pourra progresser sans crainte sur la voie de laprière intérieure, et se tendre en avant,avec tous les saints, vers le Royaume qui vient, où ils nous o préparé une place.
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