Les cent voix de Quintanar - article ; n°4 ; vol.218, pg 487-577
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 2001 - Volume 218 - Numéro 4 - Pages 487-577
Le marranisme, même si l'on s'en tient à son acception la plus stricte (crypto-judaïsme), est multiple et complexe. On en dégage ici un modèle, celui de La Manche, dans la Nouvelle-Castille d'Espagne, à la fin du XVIe siècle, grâce aux témoignages croisés d'une centaine de « sans voix » prisonniers de l'Inquisition. On reconstitue ainsi, après avoir retracé une persécution particulièrement instructive, leurs rites et leurs pratiques « du berceau à la tombe » (premier article), leurs prières, transmises oralement depuis des générations, et leur culture, façonnée par des lectures militantes (second article). Les conclusions sont que, contrairement à certaines assertions de l'historiographie contemporaine, le crypto-judaïsme spécifiquement espagnol pouvait encore être vivant et riche un siècle après l'Expulsion des juifs, et que les archives inquisitoriales sont fiables, pour peu qu'on leur applique la grille de lecture adéquate en matière d'histoire religieuse.
The Hundred « Voiceless » of Quintanar. The Castilian pattern of Marranism (II)
Marranism, even if taken only in the strictest sense of the term (crypto-judaism) , is multi-faceted and complex. The model which is delineated here, from the collated testimonies of about one hundred « voiceless » prisoners of the Inquisition, is that of La Mancha in late sixteenth-century New Castile in Spain. Having traced back a particularly instructive example of persecution, their rites and practices are reconstituted « from the cradle to the tomb » (first article), and also their prayers, transmitted orally through the generations, and their culture, fashioned by militant readings (second article). The conclusions drawn are, first, that despite what contemporary historiography might sometimes maintain, crypto-judaism in its specifically Spanish form was still alive, even thriving one century after the expulsion of the Jews ; second, it becomes clear that the archives of the Inquisition are reliable, so long as the critical approach is one that befits religious history.
91 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Charles Amiel
Les cent voix de Quintanar
In: Revue de l'histoire des religions, tome 218 n°4, 2001. pp. 487-577.
Résumé
Le marranisme, même si l'on s'en tient à son acception la plus stricte (crypto-judaïsme), est multiple et complexe. On en dégage
ici un modèle, celui de La Manche, dans la Nouvelle-Castille d'Espagne, à la fin du XVIe siècle, grâce aux témoignages croisés
d'une centaine de « sans voix » prisonniers de l'Inquisition. On reconstitue ainsi, après avoir retracé une persécution
particulièrement instructive, leurs rites et leurs pratiques « du berceau à la tombe » (premier article), leurs prières, transmises
oralement depuis des générations, et leur culture, façonnée par des lectures militantes (second article). Les conclusions sont
que, contrairement à certaines assertions de l'historiographie contemporaine, le crypto-judaïsme spécifiquement espagnol
pouvait encore être vivant et riche un siècle après l'Expulsion des juifs, et que les archives inquisitoriales sont fiables, pour peu
qu'on leur applique la grille de lecture adéquate en matière d'histoire religieuse.
Abstract
The Hundred « Voiceless » of Quintanar. The Castilian pattern of Marranism (II)
Marranism, even if taken only in the strictest sense of the term (crypto-judaism) , is multi-faceted and complex. The model which
is delineated here, from the collated testimonies of about one hundred « voiceless » prisoners of the Inquisition, is that of La
Mancha in late sixteenth-century New Castile in Spain. Having traced back a particularly instructive example of persecution, their
rites and practices are reconstituted « from the cradle to the tomb » (first article), and also their prayers, transmitted orally through
the generations, and their culture, fashioned by militant readings (second article). The conclusions drawn are, first, that despite
what contemporary historiography might sometimes maintain, crypto-judaism in its specifically Spanish form was still alive, even
thriving one century after the expulsion of the Jews ; second, it becomes clear that the archives of the Inquisition are reliable, so
long as the critical approach is one that befits religious history.
Citer ce document / Cite this document :
Amiel Charles. Les cent voix de Quintanar. In: Revue de l'histoire des religions, tome 218 n°4, 2001. pp. 487-577.
doi : 10.3406/rhr.2001.987
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_2001_num_218_4_987CHARLES AMIEL
École des Hautes Études en Sciences sociales, Paris
Les cent voix de Quintanar
Le modèle castillan du marranisme (II)
Le marranisme, même si l'on s'en tient à son acception la plus
stricte (crypto-judaïsme), est multiple et complexe. On en dégage ici un
modèle, celui de La Manche, dans la Nouvelle- Castille d'Espagne, à la
fin du XVIe siècle, grâce aux témoignages croisés d'une centaine de
« sans voix » prisonniers de l'Inquisition. On reconstitue ainsi, après
avoir retracé une persécution particulièrement instructive, leurs rites et
leurs pratiques « du berceau à la tombe » (premier article), leurs
prières, transmises oralement depuis des générations, et leur culture,
façonnée par des lectures militantes (second article). Les conclusions
sont que, contrairement à certaines assertions de l'historiographie
contemporaine, le crypto-judaïsme spécifiquement espagnol pouvait
encore être vivant et riche un siècle après l'Expulsion des juifs, et que les
archives inquisitoriales sont fiables, pour peu qu 'on leur applique la
grille de lecture adéquate en matière d'histoire religieuse.
The Hundred « Voiceless » of Quintanar.
The Castilian pattern of Marranism (II)
Marranism, even if taken only in the strictest sense of the term
( crypto-judaism) , is multi-faceted and complex. The model which is
delineated here, from the collated testimonies of about one hundred
« voiceless » prisoners of the Inquisition, is that of La Mancha in late
sixteenth-century New Castile in Spain. Having traced back a
particularly instructive example of persecution, their rites and practices
are reconstituted «from the cradle to the tomb » (first article), and
also their prayers, transmitted orally through the generations, and their
culture, fashioned by militant readings (second article). The
conclusions drawn are, first, that despite what contemporary
historiography might sometimes maintain, crypto-judaism in its
specifically Spanish form was still alive, even thriving one century after
the expulsion of the Jews ; second, it becomes clear that the archives of
the Inquisition are reliable, so long as the critical approach is one that
befits religious history.
Revue de l'histoire des religions, 218 - 4/2001, p. 487 à 577 La première partie de cette enquête, parue dans une précé
dente livraison de la RHR\ contenait, en préliminaire, quel
ques considérations sur la méthodologie de la recherche en
matière de marranisme et présentait d'emblée le cas excep
tionnellement propice pour ce genre d'étude de deux localités
de La Manche (Nouvelle-Castille) à la fin du xvie siècle :
Quintanar de la Orden et Alcázar de Consuegra. Puis, après
avoir retracé l'histoire d'une persécution inquisitoriale qui en
six autodafés, à Cuenca et à Tolède, de 1590 à 1600, impliqua
un groupement familial d'une centaine de personnes, deve
nues autant d'informateurs pour l'historien par la grâce des
archives du Saint-Office, nous nous sommes livré à une
enquête d'anthropologie religieuse sur les rites et les pratiques
de ces judaïsants. C'est ainsi que nous avons successivement
étudié chez eux : les règles de pureté (corporelle, alimentaire
et conjugale) ; les époques (le sabbat, la néoménie, les fêtes,
les jeûnes) ; l'initiation et la mort - sans oublier certaines cou
tumes (telles l'enfouissement ou la crémation des ongles et des
cheveux, la bénédiction parentale more judaico, le balayage à
rebours).
Cette seconde partie est consacrée aux textes qui ryth
maient la vie des marranes de La Manche : leurs principales
prières et leurs lectures, en particulier celles qui révèlent leur
engagement religieux. Elle sera suivie de conclusions générales
sur l'Inquisition et le marranisme ainsi « revisités ».
1. Revue de l'histoire des religions, 218 (2001), p. 195-280.
Ci-après les abréviations déjà utilisées dans la première partie : adc =
Archivo Diocesano de Cuenca ; AHN = Archivo Historko Nacionál, Madrid
(les Archives nationales d'Espagne) ; Inq. = Inquisición, fonds d'Inqui
sition ; lma = Libro de mantenimiento de la aima, en el quai se contiene el
modo con que se à de régir el Iudio en todas sus actiones, traduzido dal
[sic] hebraico al spangol [sic] por Mosè Altaras. Con licencia de i [sic]
Superioři. [Venise, Baldisera Bonibelli] Aflo 5369 [1609] (version espagnole
d'un résumé du Shulhan 'Arukh, destinée à la rejudaïsation des marranes) ;
ТВ = Talmud de Babylone. LE MODÈLE CASTILLAN DU MARRANISME (II) 489
3/LA PRIÈRE DES MARRANES
Après tous ces rites et tous ces gestes qui, bien que ci
rconscrits à l'espace familial, couraient toujours le risque d'être
décelés par un regard étranger, nous allons pénétrer à présent
dans le tréfonds de ce monde du secret, celui de la prière.
Nous avions déjà remarqué en détaillant l'aide-mémoire des
dénonciations constitué au début des poursuites par le tribu
nal de Cuenca qu'aucun observateur n'avait franchi ce seuil.
La prière individuelle des marranes, qui par nécessité avait
pris la relève de la liturgie synagogale (essentiellement com
munautaire), était bien protégée. Retranchée dans le « for
intérieur », sans parler des formes fugaces d'oraison mentale
vers lesquelles elle a dû dériver, elle était destinée à rester
enfouie dans les mémoires et dans les cœurs, n'eussent été les
interrogatoires têtus de l'Inquisition et le désespoir des prison
niers pris au piège des dénonciations familiales, qui finissaient
par tout dire, pour en finir... Et c'est avec étonnement que
l'on va découvrir une somme fournie et variée de prières.
Identifiées et présentées dans l'étude qui suit, leurs textes ont
été regroupés et édités dans l'Annexe2.
LA GESTUELLE DE L'ORAISON JUIVE

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