Les chevaux colorés de l « Apocalypse ». II : Commentaires, iconographie et légendes de l Antiquité au Moyen Age - article ; n°4 ; vol.212, pg 379-396
19 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les chevaux colorés de l'« Apocalypse ». II : Commentaires, iconographie et légendes de l'Antiquité au Moyen Age - article ; n°4 ; vol.212, pg 379-396

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
19 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1995 - Volume 212 - Numéro 4 - Pages 379-396
The coloured horses in the Revelation of John : Part II : Commentaries, iconographie and legendary sources, from the Antiquity to the Middle Ages
Can the Dumezilian interpretation proposed concerning the coloured horses in the Revelation of John be somewhat strengh-tened by iconographie sources or later writings ? No suggestion whatsoever can be found in theological commentaries ; but, the illuminations of the Beatus commentaries testify to some Iranian influence, and especially so, in the way the white rider is depicted. And all the iconographie documents related to saint Georges add strength to the point. Legends, too, of Celtic or Germanic origin, demonstrate the Indo-European origin of that theme dealing with coloured horses or horsemen. This theme is deeply rooted into the medieval vision. To wind up the argument, the notions of borrowings and syncretism will be looked into.
L'interprétation dumézilienne que nous avons proposée pour les chevaux colorés de l' Apocalypse de Jean peut-elle s'appuyer sur les sources iconographiques ou les textes plus tardifs ? Les commentaires théologiques n'apportent rien ; mais les enluminures des commentaires du Beatus témoignent d'une influence iranienne, en particulier dans la représentation du premier cavalier ; et l'iconographie de saint Georges va dans le même sens. Des légendes d'origine celtique ou germanique démontrent l'origine indo-européenne du thème des cavaliers colorés. Ce thème est profondément enraciné dans l'imaginaire médiéval. On revient en conclusion sur les notions d'emprunt et de syncrétisme.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Sauzeau
André Sauzeau
Les chevaux colorés de l'« Apocalypse ». II : Commentaires,
iconographie et légendes de l'Antiquité au Moyen Age
In: Revue de l'histoire des religions, tome 212 n°4, 1995. pp. 379-396.
Abstract
The coloured horses in the "Revelation of John" : Part II : Commentaries, iconographie and legendary sources, from the Antiquity
to the Middle Ages
Can the Dumezilian interpretation proposed concerning the coloured horses in the "Revelation of John" be somewhat strengh-
tened by iconographie sources or later writings ? No suggestion whatsoever can be found in theological commentaries ; but, the
illuminations of the Beatus commentaries testify to some Iranian influence, and especially so, in the way the white rider is
depicted. And all the iconographie documents related to saint Georges add strength to the point. Legends, too, of Celtic or
Germanic origin, demonstrate the Indo-European origin of that theme dealing with coloured horses or horsemen. This theme is
deeply rooted into the medieval vision. To wind up the argument, the notions of borrowings and syncretism will be looked into.
Résumé
L'interprétation dumézilienne que nous avons proposée pour les chevaux colorés de l' "Apocalypse de Jean" peut-elle s'appuyer
sur les sources iconographiques ou les textes plus tardifs ? Les commentaires théologiques n'apportent rien ; mais les
enluminures des commentaires du "Beatus" témoignent d'une influence iranienne, en particulier dans la représentation du
premier cavalier ; et l'iconographie de saint Georges va dans le même sens. Des légendes d'origine celtique ou germanique
démontrent l'origine indo-européenne du thème des cavaliers colorés. Ce thème est profondément enraciné dans l'imaginaire
médiéval. On revient en conclusion sur les notions d'emprunt et de syncrétisme.
Citer ce document / Cite this document :
Sauzeau Pierre, Sauzeau André. Les chevaux colorés de l'« Apocalypse ». II : Commentaires, iconographie et légendes de
l'Antiquité au Moyen Age. In: Revue de l'histoire des religions, tome 212 n°4, 1995. pp. 379-396.
doi : 10.3406/rhr.1995.1248
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1995_num_212_4_1248PIERRE SAUZEAU
Université Paul- Valéry - Montpellier III
ANDRÉ
LES CHEVAUX COLORÉS DE L'« APOCALYPSE»
II: Commentaires, iconographie et légendes
de l'Antiquité au Moyen Age
L'interprétation dumézilienne que nous avons proposée pour
les chevaux colorés de /'Apocalypse de Jean peut-elle s'appuyer
sur les sources iconographiques ou les textes plus tardifs? Les
commentaires théologiques n 'apportent rien ; mais les enlumi
nures des commentaires du Beatus témoignent d'une influence
iranienne, en particulier dans la représentation du premier caval
ier ; et l'iconographie de saint Georges va dans le même sens.
Des légendes d'origine celtique ou germanique démontrent l'or
igine indo-européenne du thème des cavaliers colorés. Ce thème
est profondément enraciné dans l'imaginaire médiéval. On revient
en conclusion sur les notions d'emprunt et de syncrétisme.
The coloured horses in the Revelation of John :
Part II : Commentaries, iconographie and legendary sources,
from the Antiquity to the Middle Ages
Can the Dumezilian interpretation proposed concerning the
coloured horses in the Revelation of John be somewhat strengh-
tened by iconographie sources or later writings ? No suggestion
whatsoever can be found in theological commentaries ; but, the
illuminations of the Beatus commentaries testify to some Iranian
influence, and especially so, in the way the white rider is depicted.
And all the iconographie documents related to saint Georges add
strength to the point. Legends, too, of Celtic or Germanic origin,
demonstrate the Indo-European origin of that theme dealing with
coloured horses or horsemen. This theme is deeply rooted into the
medieval vision. To wind up the argument, the notions of borro
wings and syncretism will be looked into.
Revue de l'Histoire des Religions, CCXIl-4/1995, p. 379 à 396 « Ce roi sur un cheval blanc avec l'arc poursuit
Sur un roux ce second avec l'éspée avance
Ce tiers dessus un noir brandit une balance
Puis la Mort sur un pâle a l'Enfer qui le suit... »
(Écrit sur un vitrail
à Saint-Martin de Troyes.)
On a tenté, dans un premier article consacré à l'analyse d'un
passage fameux de Г Apocalypse de Jean, de démontrer que le
thème des chevaux apocalyptiques, qui paraît en première ana
lyse directement issu de l'interprétation de textes bibliques,
dépendait en fait de traditions iraniennes, et fournissait un
exemple particulièrement clair de la symbolique fonctionnelle
indo-européenne des couleurs. Pour l'essentiel notre démonstrat
ion pouvait se conclure ainsi. Il vaut la peine, cependant, d'ex
plorer plus avant dans l'histoire le fonctionnement de ce thème
issu d'un héritage préhistorique et finalement recueilli dans le
corpus canonique du Nouveau Testament. Il conviendra égale
ment, pour conclure sur l'ensemble de notre dossier, de poser
rapidement le problème si délicat du point de vue méthodolog
ique, et actuellement si débattu, du syncrétisme.
Parcourons donc quelques siècles pour savoir dans quelle
mesure le symbolisme indo-européen des quatre cavaliers,
prouvé par la cohérence des attributs et des couleurs, a pu se
maintenir dans la longue durée1. « La symbolique des couleurs
est une notion floue dont on use et on abuse. Il n'y a pas de
symbolique des couleurs envisagée hors du temps et de l'e
space, mais seulement de multiples systèmes de la couleur où,
dans un contexte donné, précis, daté, localisé, les couleurs
prennent en charge tel ou tel réseau de significations...», nous
1. La potentialité symbolique des couleurs est un fait depuis longtemps établi
et étudié. La recherche moderne a été renouvelée par M. Pastoureau ; voir Figures
et couleurs: Études sur la et la sensibilité médiévales, Paris, 1986 ; Coul
eurs, images, symboles, Paris, sans date. LES CHEVAUX COLORÉS DE L'APOCALYPSE 381
rappelle M. Pastoureau2. De fait, l'interprétation (littéraire ou
iconographique) de la couleur et des attributs des cavaliers a
varié au cours des siècles, soit pour des raisons de fond théolo
giques3, soit pour des raisons techniques, soit . au gré des
conceptions esthétiques ou de la créativité des commentateurs
ou des artistes, faits de mentalité indissociables des grands évé
nements ou des grandes évolutions sociales. Tournons-nous
d'abord vers les commentaires, puis vers l'iconographie, enfin
vers les légendes ou les contes.
En effet Y Apocalypse de Jean г. suscité des commentaires
importants où les couleurs des chevaux et les attributs des caval
iers sont généralement interprétés dans une perspective théolo
gique à vrai dire hésitante et plutôt fumeuse. Le vin et l'huile du
troisième cavalier seraient selon Primase le sang du Christ et
l'onction du chrême, etc. Le Cavalier blanc, en particulier, a été
compris comme le symbole de l'Évangile conquérant (dès Victo-
rinus, au ИГ siècle). Césaire d'Arles explique que le Cheval Blanc,
c'est l'Église ; celui qui le chevauche, c'est le Christ ; le cheval
rouge, c'est le peuple mauvais, le diable ; le cheval noir, encore le
diable; le cheval pâle, les méchants, sortis contre le cheval
blanc4 ! Un des plus célèbres de ces commentaires, celui de
Beatus de Liebana (texte de la fin du Vllf siècle apr. J.-C.)5, fait
des flèches du cavalier les prédicateurs eux-mêmes (predicatores
tanquam sagittae). D'autres, plus tard, feront du cheval blanc
l'église purifiée par le baptême, etc. Ainsi les symboles de YApo-
2. M. Pastoureau, Couleurs..., op. cit., p. 47. Il faut sans doute nuancer l'affi
rmation de l'auteur : sinon la notion d'héritage (indo-européen par exemple) perd
son sens, et les exemples attestés deviennent inexplicables.
3. La même remarque est valable pour le texte de Zacharie. On peut avoir une
idée de l'interprétation donnée par les chrétiens de l'Antiquité tardive en lisant les
théories de Didyme l'Aveugle, Sur Zacharie, introd., texte, trad., notes de L. Dou-
treleau, Paris, 1962, p. 201 et sq. L'auteur est un Alexandrin du IVe siècle. Voici un
exemple de sa méthode : « L

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents