Les droits de l homme, les réformés et la Révolution française - article ; n°1 ; vol.20, pg 52-65
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Les droits de l'homme, les réformés et la Révolution française - article ; n°1 ; vol.20, pg 52-65

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Description

Autres Temps. Les cahiers du christianisme social - Année 1988 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 52-65
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 4
Langue Français
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Extrait

Jacques Galtier
Les droits de l'homme, les réformés et la Révolution française
In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. N°20, 1988. pp. 52-65.
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Galtier Jacques. Les droits de l'homme, les réformés et la Révolution française. In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme
social. N°20, 1988. pp. 52-65.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_1988_num_20_1_1265BICENTENAIRE
Jacques Galtier
Nous sommes dans le temps des commémorations : 1985 a marqué le
troisième centenaire de la Révocation de l'Edit de Nantes, 1986 commém
orait le 450e anniversaire de l'établissement de la Réforme à Genève,
avec toutes les conséquences en découlant pour les églises qui portent ce
nom, 1987 indiquait que l'Edit de Tolérance rendant aux protestants
français un état civil avait deux siècles. 1988 célèbre les quarante ans de la
Déclaration universelle des droits de l'homme votée par l'ONU. 1989 fête
les deux cents ans écoulés depuis les débuts de la Révolution française et
quelques-uns de ses actes essentiels comme la Déclaration des droits de
l'homme et du citoyen. En rappelant ces événements, il ne s'agit pas de
tomber dans le travers dénoncé par Bruno Chenu : « La mode est aux
anniversaires. Sans doute est-ce la rançon d'une fin de siècle plus sou
cieuse de faire mémoire du passé que d'affronter de manière créative
l'inconnu de l'avenir ».
Nous allons découvrir quel a été le rôle des protestants, en particulier
formés par les théologies calvinistes dans l'avènement des droits de
l'homme, leur inscription dans l'histoire des hommes et leur maintenance
toujours à reprendre.
L'ÉMERGENCE DES DROITS DE L'HOMME
Une filiation qui n'a rien d'évident
La théologie de Jean Calvin prépare à la reconnaissance des droits de
l'homme grâce à la notion d'Alliance et de Loi. Dieu fait alliance avec son
peuple. Il lui donne une loi pour vivre dans cette alliance. C'est la notion
de contrat avant l'usage du terme. La Loi dans le cadre de l'Alliance est la
Jacques Galtier est pasteur ERF (Menton, Monaco).
52 pour le prince et ses sujets. Tous doivent s'y soumettre. Les droits même
de Dieu sur l'homme garantissent la reconnaissance des droits de tous les
hommes.
Mais Calvin redoute deux obstacles : l'absolutisme des princes, l'anar
chie chez les sujets. Le fonctionnement de l'Alliance et de la Loi suppose
un « bon » souverain, mais qu'arrivera-t-il lorsque le souverain sera
« mauvais » ?
Théodore de Bèze1 et les théologiens calvinistes qui connaîtront la
Saint-Barthélémy vont apporter une réponse à cette question laissée en
suspens. Non seulement les corps intermédiaires pourront se soulever
contre un « mauvais souverain », mais le peuple lui-même devra le faire.
On passe de la soumission au droit et même au devoir de résistance.
Cette notion d'Alliance et de Loi aboutissant à un contrat entre gouver
nants et gouvernés va trouver un point d'application dans les « Cove» que les sujets réformés écossais vont conclure entre eux, peuple et
noblesse, pour le maintien de la foi réformée, face à des rois catholiques
qu'ils acceptent comme souverains (très liés aux familles de France et de
Lorraine, champions du catholicisme sur le continent), mais qu'ils
n'acceptent pas comme fer de lance d'un catholicisme voulant leur con
version.
Aux Pays-Bas, tolérance et droit naturel
Les provinces unies des Pays-Bas sont gagnées au protestantisme
réformé. La crise arminienne2 va développer une contestation de la doc
trine rigide de la prédestination. Les tenants d'Arminius vont se recruter
parmi les partisans de la tolérance et parmi la bourgeoisie commerçante.
Ils sont aussi les héritiers de Ramus, philosophe huguenot, et de l'huma
nisme de la Renaissance. J. Lecler et J. Bauberot portent sur eux un juge
ment identique; ils sont « parmi les premiers apôtres de la tolérance ».
Parmi les partisans d'Arminius et les adversaires du Synode de Dor
drecht, il faut mentionner Hugo Frotius. Il sera à l'origine de la résur
gence du droit naturel3. Il recevra le titre posthume de « père du droit des
gens ». Il jette les premières bases du droit international. Avec lui, l'idée
démocratique ne s'exprime certes pas encore, mais elle montre déjà le
bout de l'oreille avec toutes les conséquences qui en découleront pour les
droits de l'homme.
L'étape suivante, l'émergence des droits de l'homme, nous vient
d'Angleterre
Lorsque le roi d'Ecosse, Jacques VI Stuart devient roi d'Angleterre, la
lutte entre les partisans du pouvoir absolu et divin du roi et les partisans
53 de la suprématie du Parlement prend une nouvelle ampleur. Elle se dou
ble d'un combat entre les tenants dans l'Eglise du pouvoir episcopal et les
partisans du presbytéranisme. Alors anglicans et presbytériens sont tous
des théologiens calvinistes. Les deux versants possibles de la théologie cal-
vinienne4, autoritaire ou démocratique, sont illustrés par deux hommes
hors du commun, Thomas Hobbes5 et John Locke.
Tous les deux reprennent les notions calviniennes de l'Alliance, de la
Loi, du Contrat, indispensables pour assurer l'existence de la société. Là
où ils divergent, c'est au sujet des conséquences à en tirer. Le pessimisme
calvinien de Hobbes lui fait dire que l'homme est toujours un loup pour
l'homme. Il est habité par l'orgueil et l'égoïsme qui mettent en danger sa
propre conservation. Pour éviter les violences destructrices, il faut des
lois, ce sont elles qui fondent les droits de l'homme, mais ceux-ci sont
remis au prince qui exerce la puissance pour le maintien de la paix. Son
pouvoir est absolu, le contrat passé ne peut être remis en question même si
le prince use mal de ce pouvoir. Nous avons là le versant conservateur et
absolutiste de Calvin.
Pour Locke6, les hommes sont la propriété du Dieu créateur et sage.
C'est lui qui fonde les droits de l'homme. Pour les protéger, la Loi nous
est donnée. Dieu est aussi l'ultime recours des victimes de l'oppression et
le juge éternel. Si les gouvernants sortent de leur rôle, s'ils oublient tout
ceci, alors le contrat qui lie et gouvernés se trouve rompu par
les premiers, et les seconds peuvent et doivent leur résister. Le contrat
n'est pas un chèque en blanc. Il est révocable par le peuple. Il y a un droit
et un devoir de résistance. Le pouvoir démocratique contrôle et au besoin
se dresse face aux détenteurs du pouvoir. Nous abordons avec Locke
l'autre versant esquissé par la théologie calvinienne : le versant du pou
voir démocratique et des droits de l'homme enraciné dans les droits de
Dieu à travers l'Alliance et la Loi.
Ces deux orientations triompheront successivement. La première avec
les Stuart et leur restauration, la seconde avec la mort de Charles Ier,
Cromwell, la « Glorious Revolution » et Guillaume d'Orange. Celui-ci
établira finalement les droits du Parlement et les droits de l'homme. Il est
alors intéressant de voir la réaction des oubliées de la Révolution, les
femmes7. Désormais un pas est franchi. Les droits de l'homme sont
reconnus à travers le droit et le contrôle démocratique.
En Amérique, l'expression des droits de l'homme
Les colonies anglaises de l'Amérique du Nord ont été fondées à partir
de chartes royales qui accordaient une autonomie politique réelle. C'est
ainsi qu'en Virginie apparaît, à côté du gouverneur nommé par le roi, une
chambre des bourgeois élue par la population. Ces colonies, au nombre
de treize, vont être peuplées en majorité d'Anglais qui ne sont pas en
54 accord avec l'église officielle : catholiques mais surtout anglicans au sud,
après les deux révolutions, indépendants ou congrégationalistes au nord le Commonwealth des Cromwell. Les Pilgrim's Fathers, eux, sont
des non-conformistes ayant fait un détour par les Pays-Bas. Le pacte du
May-Flower est un contrat social jetant les bases d'une vie démocratique
respectueuse des droits de l'homme. Ce pacte est conclu devant Dieu à la
manière des « Covenants » écossais et anglais. 95% de la popula

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