Les vœux des frères Charon, hospitaliers-enseignants - article ; n°146 ; vol.49, pg 19-45
28 pages
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1963 - Volume 49 - Numéro 146 - Pages 19-45
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Yves Poutet
Les vœux des frères Charon, hospitaliers-enseignants
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 49. N°146, 1963. pp. 19-45.
Citer ce document / Cite this document :
Poutet Yves. Les vœux des frères Charon, hospitaliers-enseignants. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 49.
N°146, 1963. pp. 19-45.
doi : 10.3406/rhef.1963.1718
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1963_num_49_146_1718LES VŒUX DES FRÈRES CHARON,
HOSPITALIERS-ENSEIGNANTS
Sœur Jeanne d'Arc attirait récemment l'attention sur les pro
blèmes posés par la « polyvalence des congrégations religieuses » *.
Il est curieux de voir, en effet, comment certains instituts se
sont défendus, dès l'origine, contre les tentatives déviationnistes
qui auraient pu les pousser, dans l'avenir, à prendre en charge
des œuvres nouvelles étrangères à leur esprit propre. C'est ainsi,
par exemple, que saint Pierre Fourier inscrivait dans les Const
itutions des chanoinesses de saint Augustin un vœu d'enseigner
les petites filles 2 et que saint Jean-Baptiste de La Salle, sans
proposer explicitement 3 un pareil vœu à ses Frères, rédigeait
ainsi leur formule de profession r « Je promets et fais vœu de
m'unir [...] et demeurer en société avec les Frères [,..] pour tenir
ensemble [...] les écoles gratuites » 4.
Vers la même époque naissait, au Canada, une congrégation
hospitalière dont la vie spirituelle n'a guère été étudiée. Fondée
par François Charon, elle porte le nom de Congrégation des
Frères Hospitaliers de Saint- Joseph de la Croix, mais est plus
généralement connue sous l'abréviation de « Frères Charon ».
Hospitaliers par nature, ceux-ci prirent en charge, conformément
aux usages de l'époque, tous les orphelins qui se présentaient.
4. Cf. La Vie spirituelle, Supplément, n° 55, 4e trimestre I960, p. 433 i
« Quelques réflexions sur la polyvalence des congrégations religieuses ».
2. Pierre Fourier (saint), Constitutions pour les religieuses de la Congré
gation de Nostre-Dame, Avec les déclarations tirées des Réglemens de leur
Révérend Père Instituteur et des Pratiques plus ordinaires de leur Congrégation
(Caen, Poisson, 1667, in-12, 454 pages), p. 185 : « Je [...] ratifie. [...] les
vœux que j'ay faits [...] de m'employer à l'instruction des petites filles ».
3. L'explicitation du « vœu d'enseigner gratuitement » n'entrera dans la
formule de profession des Frères des Écoles chrétiennes qu'à la réception
de la Bulle d'approbation accordée par Benoît XIII. Sur cette question,
voir l'étude exhaustive du F. Maurice-Auguste, parue dans Cahiers lasalliens,
n° 2 (Rome, 1960).
4. Formule du 6 juin 1694 qui se trouvera régulièrement reprise par la
suite (Archives des Frères, Rome, parmi les lettres autographes de saint
Jean-Baptiste de La Salle, cadre 21). Les Règles communes de 1718 conservent
une allusion identique dans la formule de rénovation des vœux. . ' ' .Y. POUTET 20
Face à l'ignorance de ces enfants, pouvaient-ils s'abstenir de les
instruire ? C'est ainsi que très vite, l'enseignement devint une
de leurs fonctions essentielles.
Désireux de consacrer à Dieu toute leur activité, ces laïcs
charitables en vinrent à prononcer des vœux de pauvreté, chas
teté, obéissance, stabilité, hospitalité et d'enseigner la jeunesse.
Par quel processus arrivèrent-ils à cette conclusion ? Quel fut
exactement le sens et la valeur de ces vœux ? Pourquoi cette
congrégation polyvalente n'a-t-ellé pas survécu à l'épreuve du
temps ? Autant de questions qui ne manqueront pas de jeter
quelques lumières sur nombre d'institutions analogues à celle
des Frères Charon, jaillies comme elle au cours du xvne siècle.
Nombre de documents inédits, réunis jadis par Etienne Michel
Faillon, fourniront la base de cette étude.
I. Les origines.
Le 28 juillet 1666, Pierre Charon, bourgeois français émigré
au Canada, achetait aux Sulpiciens, « seigneurs de Montréal »,
une concession de trente arpents de « terres en friche » qu'il se
proposait de mettre en valeur 8. Vingt-deux ans plus tard, son
petit- fils François Charon de la Barre se distinguait à Montréal
par sa piété et son zèle apostolique *. Avec quelques amis — Leber,
Bouat ou Boy, Guilhet, Pertuys — il animait une « Association
de la Sainte Vierge » 7. Ému d'une compassion évangélique pour
les invalides et les orphelins, il résolut, en 1688, de fonder un
hôpital pour les accueillir.
Le 28 octobre, il signe avec Dollier de Casson, représentant à
Montréal du Supérieur général de Saint-Sulpice, un accord aux
termes duquel il reçoit concession « d'un emplacement de neuf
arpents environ, aux environs du moulin du Château, pour fonder
un hôpital [...] et faire un établissement d'une espèce de Frères
de la Charité 8 ». François Charon ne se pique pas d'originalité :
il prend modèle sur une congrégation qui rend de grands services
5. Acte passé par devant Adhémar, notaire à Montréal, et signé du curé
Gabriel Souart, p. s. g. (copie aux Arch, de Saint-Sulpice, à Paris, rue du
Regard, ms. 1242).
6. Antoine Sattin, p. s. s., Mémoires pour servir à la vie de Madame You~
ville... (1828, manuscrit publié en 1950 in Sacra rituum congregatio, Sectio
historica, n° 72). Le chapitre xn, p. 165, fait l'éloge de François Charon.
7. M. Guyotte, p. s. s., étant curé de Villemarie, il est décidé, le 2 juil
let 1691, qu'une chapelle dédiée aux âmes du Purgatoire sera construite
en vue de faciliter les réunions de < l'Association de la Sainte Vierge, chaque
dimanche à huit heures » (Minutes d'Adhémar, à Montréal, copie aux Arch,
de Saint-Sulpice à Paris, ms. 1242, p. 261).
8. Arch, de Saint-Sulpice, ms. 1257, f° 66V. LES VŒUX DES FRÈRES CHARON 21
en France et, faute de disposer, au Canada, des religieux qui
tiendraient l'hôpital projeté, il va, personnellement, se dévouer
auprès des malades et des orphelins. Mais, d'abord, il faut
bâtir.
Sans attendre les lettres de confirmation relatives à l'acquisi
tion du 28 octobre 1688 (elles ne viendront qu'en 1692), François
Charon groupe autour de lui une petite équipe entreprenante :
Pierre Leber, Jean Fredin •. Le 17 septembre 1693, il étend son
domaine en achetant à Pierre Lemoyne, sieur d'Iberville, la
concession de la Pointe Saint-Charles : coût, sept mille livres,
l'équivalent de 30.000 NF 10. L'année suivante, le 15 avril,
Louis XIV accorde à François Charon les lettres patentes qui
approuvent la création d'un hôpital à Montréal u. Six mois
plus tard, le 19 octobre 1694, l'évêque de Québec, dûment informé
de l'œuvre entreprise, accorde à son tour l'approbation la plus
totale à la « communauté des Frères hospitaliers l8 ».
Jean, par la grâce de Dieu évêque de Québec. Notre très cher fils
François Charon, et Je» personnes qui sont avec lui, nous ayant repré
senté qu'ils se seraient employés, sous notre bon plaisir, à faire bâtir
une maison capable de recevoir des pauvres, loger les Frères destinés
pour les servir, et qu'ils peuvent subsister de la ménagerie qu'ils ont
auprès de leur maison et des autres revenus qu'ils ont en France [...],
nous avons agréé, et nous agréons, l'établissement dudit François
Charon, et des personnes qui sont unies avec lui, leur permettant de
vivre en communauté en qualité de Frères hospitaliers ia.
Forts de la double approbation, épiscopale et royale, les Frères
Charon entreprennent de nouvelles démarches auprès des seigneurs
de Montréal pour obtenir une autre concession de terres. Le
18 janvier 1695, Dollier de Casson leur reconnaît la légitime
possession de « quatre-vingts arpents sis à la Rivière Saint-
Pierre 18 ».
Dès lors, l'œuvre hospitalière prospère. Des dons variés et des
dévouements bénévoles lui viennent en aide. Le 30 mai 1699,
satisfait de l'entreprise, le roi confirme ses patentes de 1694 14,
et le 2 septembre suivant, l'hôpital s'engage 

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