Visions médiévales de l Axe du Monde - article ; n°1 ; vol.205, pg 25-55
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1988 - Volume 205 - Numéro 1 - Pages 25-55
Les visions — ici médiévales — de l 'Axe du Monde, sous l'une de ses multiples apparences, manifestent la réintégration du Centre, le rétablissement de relations entre Ciel et Terre, rétablissement de relations entre états, temps et espaces différents. L'Axe du Monde, symbole ou métaphore, est ici doté de valorisations spécifiquement chrétiennes (Croix ; Axe/Verbe), dont certaines se superposent à des données préchrétiennes (culte des saints /culte des arbres; archétype biblique de l'échelle de Jacob), ce qui aboutit au paradoxe suivant : la destruction d'Irminsul, colonne de l'Univers, s'accompagne du culte du saint, assimilé à une colonne.
Mediaeval Visions of the Axis of Universe
The visions — here mediaeval — of the Axis of Universe in one of its many forms, attest to the recapture of the Centre, the restoration of connections between Heaven and Earth, and the drawing up of connections between different states, times and spaces. The Axis of Universe, as symbol or metaphor, is here endowed with specifically Christian valorisations (Cross ; Axis/ Word), some of which being superimposed on pre-christian elements (cult of the saints /cult of the trees ; biblical archetype of Jacob's ladder), all of which results in the following paradox : the pulling down of Irminsul, the column of the Universe, coincides with the worship of the saint equated with a column.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-François Poignet
Visions médiévales de l'Axe du Monde
In: Revue de l'histoire des religions, tome 205 n°1, 1988. pp. 25-55.
Résumé
Les visions — ici médiévales — de l 'Axe du Monde, sous l'une de ses multiples apparences, manifestent la réintégration du
Centre, le rétablissement de relations entre Ciel et Terre, rétablissement de relations entre états, temps et espaces différents.
L'Axe du Monde, symbole ou métaphore, est ici doté de valorisations spécifiquement chrétiennes (Croix ; Axe/Verbe), dont
certaines se superposent à des données préchrétiennes (culte des saints /culte des arbres; archétype biblique de l'échelle de
Jacob), ce qui aboutit au paradoxe suivant : la destruction d'Irminsul, colonne de l'Univers, s'accompagne du culte du saint,
assimilé à une colonne.
Abstract
Mediaeval Visions of the Axis of Universe
The visions — here mediaeval — of the Axis of Universe in one of its many forms, attest to the recapture of the Centre, the
restoration of connections between Heaven and Earth, and the drawing up of connections between different states, times and
spaces. The Axis of Universe, as symbol or metaphor, is here endowed with specifically Christian valorisations (Cross ; Axis/
Word), some of which being superimposed on pre-christian elements (cult of the saints /cult of the trees ; biblical archetype of
Jacob's ladder), all of which results in the following paradox : the pulling down of Irminsul, the column of the Universe, coincides
with the worship of the saint equated with a column.
Citer ce document / Cite this document :
Poignet Jean-François. Visions médiévales de l'Axe du Monde. In: Revue de l'histoire des religions, tome 205 n°1, 1988. pp. 25-
55.
doi : 10.3406/rhr.1988.1936
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1988_num_205_1_1936JEAN-FRANÇOIS POIGNET
VISIONS MÉDIÉVALES
DE L'AXE DU MONDE
Les visions — ici médiévales — de l 'Axe du Monde, sous
l'une de ses multiples apparences, manifestent la réintégration
du Centre, le rétablissement de relations entre Ciel et Terre,
rétablissement de relations entre états, temps et espaces différents.
U Axe du Monde, symbole ou métaphore, est ici doté de valori
sations spécifiquement chrétiennes (Croix ; Axe/Verbe), dont
certaines se superposent à des données préchrétiennes (culte
des saints /culte des arbres; archétype biblique de V échelle de
Jacob), ce qui aboutit au paradoxe suivant : la destruction
ďlrminsul, colonne de V Univers, s'accompagne du culte du
saint, assimilé à une colonne.
Mediaeval Visions of the Axis of Universe
The visions — here mediaeval — of the Axis of Universe in
one of its many forms, attest to the recapture of the Centre, the
restoration of connections between Heaven and Earth, and the
drawing up of different states, times and
spaces. The Axis of Universe, as symbol or metaphor, is here
endowed with specifically Christian valorisations (Cross ; Axis/
Word), some of which being superimposed on pre-chrisiian
elements (cult of the saints /cull of the trees ; biblical archetype of
Jacob's ladder), all of which results in the following paradox :
the pulling down of Irminsul, the column of the Universe,
coincides with the worship of the saint equated with a column.
Revue de l'Histoire des Religions, r.cv-1/1988, p. 25 à 56 Les visions de l'Axe du Monde témoignent, avant tout,
que les communications avec le Ciel, et plus généralement
les autres mondes, sont possibles. Elles ne le sont qu'à titre
particulier, dans la mesure où seuls des êtres « religieux » au
sens strict de ce mot — « reliés » à la divinité — les rétablissent.
Os communications se développent dans le temps : elles sont
alors le signe de la volonté divine, elles rappellent le passé
ou indiquent le futur, l'ascendance ou la descendance, le
jugement particulier; dans la mesure où elles reprennent
des archétypes bibliques, comme l'échelle de Jacob, elles
manifestent également une continuité spirituelle, plutôt que
proprement littéraire. Ces communications se développent
aussi dans l'espace : elles rendent manifeste Г « Autre Monde »,
la réintégration du Centre du Monde, la liaison des divers
mondes, sensible en particulier par la concordance des litur
gies terrestre et céleste ; enfin, l'Axe permet l'observation
de ce bas monde. Il s'agit par conséquent d'un espace chargé
de sens, sacralisé, auquel les visions permettent, individuel
lement et temporairement, d'accéder. Elles permettent la
restauration des relations qui existaient jadis entre le Ciel
et la Terre, la restauration de l'état et du temps paradisiaques.
Comme l'écrit Mircea Eliade à propos de la « nostalgie du
paradis dans les traditions primitives » : « En ce temps para
disiaque..., les hommes pouvaient monter au Ciel en escala
dant une montagne, un arbre, une liane ou une échelle. »x
Les visions médiévales au cours desquelles se manifeste
l'une des représentations de l'Axe du Monde — arbre, chaîne,
colonne, corde, croix, échelle, fil, rayon de soleil, tour ou
voie lumineuse — sont nombreuses. Deux cas de figure se
présentent : celui de l'Axe qui mène, implicitement ou expli-
1. Mircea Eliade, Mythes, rêves et mystères, Paris, 1978, p. 79. Visions médiévales de V Axe du Monde 27
citement, au Christ et celui de l'identification du Christ et
de l'Axe, comme on le reconnaîtra dans les visions du Christ
géant. Dans tous les cas, elles nous signalent que les vision
naires sont les expérimentateurs d'une réalité cachée, inac
cessible à tout un chacun.
Incidemment, on remarquera que la notion même de
« vision » est reliée à celle de l'Axe. En effet, Honorius Augus-
todunensis et Césaire de Heisterbach élaborent une théorie
des visions sous la forme d'une échelle : « sur le degré supé
rieur de cette échelle des visions, nous situons le Christ, qui
est Dieu et homme, tête et racine de tous les saints »2. D'autre
part, quelques visions surviennent sous un arbre : ainsi pour
le célèbre Toile, lege ; Mie, lege adressé à saint Augustin,
alors qu'il est étendu sub quadam fîci arbore3 ; saint Oyend
est sujet à une vision à l'extérieur du monastère, sub arbore
solito* ; saint Agile a la vision d'une croix puis d'une rose,
alors qu'il est subter pomum arborera5 ; Lancelot eut une
vision au pied d'un peuplier6. Enfin, cet Axe, très présent
dans les récits de visions, l'est aussi dans toute la littéra
ture7 et l'iconographie médiévales. Ceci étant, son culte, en
tant qu'arbre ou colonne8, est radicalement prohibé.
2. Césaire de Heisterbach, Dialogue miraculorum, disl., VIII, chap. I,
éd. J. Strange, Cologne-Bonn-Bruxelles, 1851, t. II, p. 81 (l'échelle comprend
huit degrés) ; pour Honorius Aug., cf. Scala coeli major, dans Palrnlogie latine
(abrégé PL), t. CLXXII, col. 1229-1240 (l'échelle comprend trois degrés).
3. Confessions, liv. VIII, XII, 28-29, éd. et trad. P. de Labriolle, Paris,
1941, t. I, p. 199-200. Y a-t-il une réminiscence de Jean, I, 48-50 ? Cf. aussi
Gen., XVIII, 1.
4. Vita patrům jurensium, 153, éd. et trad. F. Martine, Paris, 1968, p. 402.
5.s. Agili abb., chap. IV, 22, dans Ada sanctorum bollandistarum
(abrégé AA. SS.), août, t. VI, Anvers, 1743, p. 582.
6. La Queste del Saint Graal, éd. A. Pauphilet, Paris, 1923, p. 141.
7. Cf. entre autres L. Beirnaert, Le symbolisme ascensionnel dans la liturgie
et la mystique chrétiennes, dans Eranos Jahrbuch, XIX (1951), p. 41-63 et
G.Penco, Un tema dell'ascesi monastica : la scola di Giacobbe, dans Vila
monastica, 62 (1960), p. 99-113.
8. Cf. Raoul Manselli, La religion populaire au Moyen Age. Problèmes de
méthode et ďhistoire, Montréal-Paris, 1975, p. 185-186, note 10 et Norman
Cohn, Démonolâtrie et sorcellerie au Moyen Age. Fantasmes et réalités, trad.,
franc., Paris, 1982, p. 194. 28 Jean-François Poignet
1. L'Axe médiateur
A / Le Centre
La signification « médiatrice », formelle ou implicite, de
l'Axe exprime la relation entre un espace terrestre, généra
lement consacré, et un espace céleste plus ou moins déterminé.
Dès lors qu'il s'agit de l'une des figures de l'Axe du Monde,
qu'elle atteint le Ciel, c'est que le Centre est retrouvé, puisque
le propre du Centre est de permettre la communicatio

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