Les sept premières années de vie active des jeunes non diplômés : la place des mesures publiques pour l emploi
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En 1998, 116 000 jeunes ont quitté le système éducatif sans diplôme. Dans un contexte d'accroissement général des niveaux de formation, ces jeunes ont plus de difficulté que les autres à trouver un emploi. Un sur trois s'insère néanmoins rapidement et durablement dans un emploi. Pour les autres, le processus d'insertion s'avère plus long : il dépasse très largement les trois premières années sur le marché du travail. Souffrant d'un manque de qualification, confrontés à la concurrence des plus diplômés ou aux réticences des employeurs, ces jeunes ont alors souvent recours aux mesures de la politique de l'emploi qui leur sont destinées. Plus de quatre jeunes non diplômés sur dix ont ainsi bénéficié d'une formation, d'un contrat en alternance, d'un contrat emploi solidarité ou d'un emploi jeune durant leurs sept premières années de vie active et pour 16 % des non diplômés cette expérience est même fortement structurante de ces premières années sur le marché du travail. Plus que par le passé ces passages par les dispositifs publics peuvent intervenir plusieurs années après la sortie du système éducatif. Ils s'inscrivent dans des trajectoires extrêmement variées : en particulier, ils ne sont pas forcément associés à la précarité puisque plus d'un jeune non diplômé sur quatre qui en a bénéficié connaît un parcours professionnel relativement stable. Néanmoins quatre fois sur dix les mesures se combinent avec des contrats à durée déterminée ou du chômage et une fois sur dix elles apparaissent dans des trajectoires marquées par l'inactivité.

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èrèree- - 1 - - - - - 16 44 32 17 24 21 19 17 18 27 0 11 11 0 5 6 7 7 4 8 - - - - - - - - - - - - - Au 1 6 - - - - Île- - - Au - - - - IV - - - Au - - - IV - - - IV -
EMPLOI
Les sept pr emières années de vie active
des jeunes non diplômés :
la place des mesur es publiques
pour l’emploi
Céline Gasquet et Valérie Roux *
En 1998, 116 000 jeunes ont quitté le système éducatif sans diplôme. Dans un contexte
d’accroissement général des niveaux de formation, ces jeunes ont plus de diffi culté que
les autres à trouver un emploi. Un sur trois s’insère néanmoins rapidement et durable-
ment dans un emploi. Pour les autres, le processus d’insertion s’avère plus long : il
dépasse très largement les trois premières années sur le marché du travail.
Souf frant d’un manque de qualifi cation, confrontés à la concurrence des plus diplômés
ou aux réticences des employeurs, ces jeunes ont alors souvent recours aux mesures de
la politique de l’emploi qui leur sont destinées. Plus de quatre jeunes non diplômés sur
dix ont ainsi bénéfi cié d’une formation, d’un contrat en alternance, d’un contrat emploi
solidarité ou d’un emploi jeune durant leurs sept premières années de vie active et pour
16 % des non diplômés cette expérience est même fortement structurante de ces premiè-
res années sur le marché du travail.
Plus que par le passé ces passages par les dispositifs pub lics peuvent intervenir plusieurs
années après la sortie du système éducatif. Ils s’inscrivent dans des trajectoires extrê-
mement variées : en particulier, ils ne sont pas forcément associés à la précarité puisque
plus d’un jeune non diplômé sur quatre qui en a bénéfi cié connaît un parcours profes-
sionnel relativement stable. Néanmoins quatre fois sur dix les mesures se combinent
avec des contrats à durée déterminée ou du chômage et une fois sur dix elles apparaissent
dans des trajectoires marquées par l’inactivité.

* Céline Gasquet et Valérie Roux appartenaient au Céreq au moment de la rédaction de cet article.
Les auteurs remercient Alberto Lopez, Olivier Sautory et deux rapporteurs anonymes de la revue pour leurs remarques
et leurs conseils.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 400, 2006 17 ans un contexte de chômage structurel La politique pub lique de l’emploi en faveur des Dimportant, les jeunes qui arrivent sans jeunes non diplômés en France s’est donc princi-
diplôme sur le marché du travail sont large- palement attachée à développer de telles mesures
ment affectés par le chômage, la précarisation (Gasquet, 2001) mais également à maintenir les
des contrats de travail et les retournements jeunes dans un milieu de travail, afi n de réduire au
conjoncturels (Céreq, 2005). Si une insertion mieux les risques d’une baisse de leur employa-
professionnelle rapide était envisageable pour bilité ou d’un retrait du marché du travail. Sont
nombre d’entre eux dans les années 1960 et ainsi créés, entre autres, les contrats de qualifi -
1970, elle est aujourd’hui plus diffi cile. Pas ou cation, le crédit formation individualisé – CFI
peu employables, en tout cas perçus comme tels jeune, les contrats emploi solidarité – CES, etc.
par les entreprises, les jeunes non diplômés ont À la fi n des années 1990, les pouvoirs publics
beaucoup de mal à trouver un emploi et, a for- ont également orienté leur intervention vers
tiori, un emploi qualifi é. De fait, les disparités une action directe sur la demande de travail
entre diplômés et non diplômés sont importan- avec l’instauration du programme « Nouveaux
1tes (Gasquet, 2003) et se sont même accrues ces emplois – nouveaux services ».
dernières années (Givord, 2005). « Les destins
Initialement destinés à faciliter la transition de des jeunes qui poursuivent des études, même
l’école à l’emploi, ces dispositifs publics ont courtes, mais sanctionnées par un diplôme ou
eu tendance à s’échelonner sur une période de un titre professionnel, et ceux qui abandonnent
plus en plus longue. Dans le même temps, la leur scolarité le plus tôt n’ont rien en commun
part des jeunes de 16 à 25 ans qui en bénéfi -et sont de plus en plus divergents » (Galland,
cient s’est accrue, passant de 5 % au milieu des 2000, p. 223).
années 1970 à 40 % depuis le milieu des années
1990. La politique de l’emploi est ainsi devenue Ces jeunes constituent alors l’une des cibles pri-
une véritable composante structurelle du pro-vilégiées des pouvoirs publics qui développent,
cessus d’insertion tentant aussi bien d’atténuer depuis la fi n des années 1970, des dispositifs
les obstacles à l’entrée dans la vie active que conçus pour eux. En combinant allègement du
d’éviter l’exclusion durable de l’emploi stable. coût du travail et formation, ces dispositifs sont
Cette évolution invite à analyser la place prise censés faciliter leur accès au marché du travail
par ces dispositifs publics dans les trajectoires en luttant contre la sélectivité qui y existe. Dans
professionnelles des jeunes. Structurées par le le cadre de la théorie du capital humain (Becker,
comportement des employeurs, ces trajectoires 1964), les individus ont en effet des producti-
le seraient donc aussi par l’intervention publi-vités différentes liées aux investissements en
2que et les dispositifs mis en place. capital humain qu’ils ont effectués tout au long
de leur vie. Les personnes ayant les plus faibles Des tra vaux ont déjà été conduits dans ce sens, uti-
productivités apparentes risquent alors de ne lisant les trois panels téléphoniques du Céreq (2)
pouvoir être embauchées si le salaire minimum (Werquin, 1997 ; Giret et Lopez, 2005). Ils
imposé sur le marché est supérieur à cette pro- ont fourni des informations sur le poids de ces
ductivité. Une faible productivité peut provenir mesures pour l’emploi chez les jeunes sortis du
d’une faible formation et / ou d’une faible expé- secondaire, sur le profi l des bénéfi ciaires, la tem-
rience professionnelle. Les jeunes non diplômés
cumulent les deux : ils ont donc une producti-
1. Pourtant, la pertinence même de ces politiques peut être mise vité « supposée » très faible. Elle peut égale-
en doute. Les politiques de diminution du coût du travail sont
ment être « perçue » comme très faible par les remises en cause dans le cadre des derniers développements
des analyses du fonctionnement du marché du travail (Perrot, employeurs, du seul fait des signaux qu’ils émet-
1992). Les théories des contrats implicites ou du salaire d’effi -
tent, de l’image qu’ils diffusent : dans le cadre cience par exemple mettent en avant l’existence de rigidités
fonctionnelles du salaire inhérentes à la relation de travail. De de la théorie du signal et du modèle de Spence
même les actions de formations sont remises en cause par les
en particulier (Spence, 1973), la formation n’a théories de la segmentation du marché du travail. En particulier,
en mettant en évidence la nature endogène de l’éclatement du qu’une pure fonction de tri et de signalement
marché du travail primaire (Hanchane, 1998), ces théories mon-
et ne modifi e pas la productivité potentielle trent que même si les mesures de formation permettent d’ac-
croître le capital humain des individus, l’existence de barrières des individus. Dans ces approches, le chômage
à l’entrée du secteur primaire les empêchent d’accéder à des
des jeunes non diplômés est directement lié à emplois stables et bien rémunérés.
2. De 1986 à 2000 le Cér eq a procédé à trois enquêtes télépho-un problème de coût du travail. Les politiques
niques par observations répétées des mêmes personnes dans
publiques d’emploi sont alors justifi ées et cher- le champ des jeunes qui n’on

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